La Chronique matières premières agricoles du 25 septembre 2020

 La Chronique matières premières agricoles du 25 septembre 2020
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La semaine a été dominée par le doute sur la reprise économique. Si on a assisté hier à un rebond des valeurs technologiques américaines, ceci a un peu compensé l’impact négative de la hausse inattendue des inscriptions au chômage aux Etats-Unis. la nouvelle a plombé les marchés financiers européens qui ont terminé en baisse hier soir. Le regain d’aversion au risque continue de favoriser la hausse du dollar qui a atteint son plus haut niveau depuis deux mois face à un panier de devises de référence, l’euro cotant hier soir $ 1,1658, reculant de plus de 1,6% depuis le début de la semaine. En soutien, l’espoir d’un nouveau plan de relance économique aux Etats-Unis. Le marché pétrolier est hésitant, avec un Brent à $ 41,65 le baril et un brut léger américain (WTI) à $ 39,91.

CACAO – CAFÉ – CAOUTCHOUC – COTON– HUILE DE PALME – RIZ – SUCRE

CACAO

Belle remontée du cacao à Londres alors que la campagne 2019/20 égrène sa dernière semaine : la nouvelle campagne démarre jeudi 1er octobre en Afrique de l’Ouest comme dans de nombreux auprès pays producteurs à travers le monde.

Sur la période sous revue, la tonne de cacao est donc passée de £ 1 870 vendredi dernier à £  1 891  hier soir. En revanche, à New York, elle a glissé de $ 2 641 en fin de semaine dernière à $ 2 599 la tonne hier. En cause, entre autres, l’inquiétude de l’industrie américaine à l’égard  d’une fête d’Halloween fin octobre qui pourrait être morose. Or, c’est un des moments importants de l’année outre-Atlantique en terme de consommation de confiserie.

Mais le marché s’inquiète surtout de la tension politique en Côte d’Ivoire ce qui a fait grimper les prix mardi à leur niveau le plus élevé depuis la mi-mai. En effet, mardi, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, parti d’Alassane Ouattara, a déclaré que les élections se tiendraient bel et bien fin octobre, avec ou sans participation de l’opposition. Une douzaine de personnes ont déjà trouvé la mort dans diverses démonstration depuis que le Président sortant ait été officiellement investi, le 22 août, candidat de son parti pour un troisième mandat à l’élection présidentielle. Rappelons que  lors des évènements en 2010/11, 3 000 personnes ont trouvé la mort mais le commerce du cacao n’a guère été perturbé, mouvements spéculatifs mis de côté.

Les arrivages aux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 2,068 Mt entre le 1er octobre et le 20 septembre, selon les chiffres des exportateurs, en baisse de 5% sur la même période la campagne dernière. La Côte d’Ivoire où la première pierre d’un complexe industriel chinois de transformation de cacao a été posée mardi (lire nos informations : Deux unités de transformation de cacao pour la Chine en construction en Côte d’Ivoire)

Dans les zones de production en Côte d’Ivoire, la pluviométrie est en-dessous des moyennes saisonnières, ce qui rassure les planteurs car cela limite la propagation des maladies. On commence à récolter et il y aurait pas mal d’acheteurs déjà sur le terrain. Ceci dit, les planteurs préfèreraient attendre pour vendre, espérant que le prix garanti sera encore plus élevé qu’anticipé lors du démarrage officiel de la campagne le 1er octobre, rapporte Reuters.

Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo a annoncé hier que le prix garanti au planteur serait de 10 560 cedis la tonne pour la campagne 2020/21 contre 8 240 cedis en 2019/20, soit une hausse de 28%. Rappelons que le Conseil du café-cacao (CCC) en Côte d’Ivoire avait indiqué le 10 septembre prévoir d’augmenter de 21% à FCFA 1000 le kilo contre FCFA 825 en 2019/20 son propre prix garanti au planteur (lire nos informations : La Côte d’Ivoire augmenterait son prix au planteur de cacao à FCFA 1 000 sur 2020/21).

Autre actualité cacaoyère cette semaine, l’ouverture par la Commission européenne d’un dialogue multipartite entre la Côte d’Ivoire, le Ghana, les représentants du Parlement européen, la société civile, etc. avec pour objectifs d’améliorer la durabilité du secteur du cacao, de limiter la déforestation et le travail des enfants (lire nos informations : Cacao durable : l’Union européenne lance un dialogue avec la Côte d’Ivoire et le Ghana).

CAFÉ

Le café est encore en baisse cette semaine, avec la livre (lb) d’Arabica qui est passée de $ 1,135 vendredi dernier à $ 1,1115 hier soir à New York, après avoir touché $ 1,0905 mercredi. La semaine dernière, l’Arabica a perdu 14% de sa valeur… Le Robusta, quant à lui, a évolué de $ 1 356 à $ 1 352 la tonne à Londres.

Un marché du café qui n’en peut plus de la surabondance physique brésilienne à laquelle s’est ajouté cette semaine l’affaiblissement du réal face au dollar, incitant les Brésiliens à exporter leur café plus que jamais compétitif.

En Asie, les primes aux origines ont remonté pour compenser la baisse des cours sur les marchés mondiaux. Au Vietnam, où à ce point de la campagne l’offre de café est quasi inexistante, les producteurs dans les Central Highlands se sont vus offrir 33 500 dongs ($ 1,45) le kilo, soit en-deçà des 34 200-34 500 dongs proposés la semaine dernière. En revanche, les traders ont vendu à l’export le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une prime de $ 110 contre $ 70 à $ 80 l’année dernière. En Indonésie, la prime pour du Robusta de Sumatra a grimpé pour s’établir dans une fourchette allant de à $ 100-200 la tonne contre $ 50 à $ 160 la semaine dernière. Les arrivages et les exportations sont encore volumineux.

Au Brésil, l’agence de statistiques agricoles estime que la production en 2020 serait de 61,62 Ms, un véritable bond par rapport aux 49,3 Ms en 2019 et très légèrement en-dessous du record de 2018 qui était de… 61,66 Ms. En janvier, dernières estimations publiées par la Conab, les chiffres avancés s’établissaient dans une fourchette allant de 57,15 à 62,02 Ms. Cette année, la production d’Arabica atteindrait 47,37 Ms contre 34,29 Ms l’année dernière (43,2 à 45,98 Ms estimé en janvier). La production de Robusta est attendue à 14,25 Ms contre 15 Ms en 2019. A noter que selon un sondage réalisé par Reuters auprès d’analystes et de traders, la production brésilienne serait beaucoup plus importante, de l’ordre de 68 Ms.

Selon la Conab, cette hausse de production serait liée à ce qu’on est actuellement dans l’année haute du cycle végétatif bisannuel mais aussi parce que les producteurs ont de plus en plus recours à l’irrigation et à la récolte mécanisée. Le Brésil a enregistré en 2018 et 2020 ses plus hauts rendements historiques, à 33 sacs par hectare. La superficie en caféiculture a progressé de 1,4% entre 2019 et 2020, toujours selon la Conab, à 2,16 Mha ; 300 000 ha de caféiers plantés il y a quelques années seulement sont entrés en production.

CAOUTCHOUC

Si la prévision d’un resserrement de l’offre faite par le Conseil tripartite international du caoutchouc a donné quelques couleurs au marché du caoutchouc, les cours ne sont pas parvenus à maintenir l’élan de la semaine dernière où ils avaient gagné plus de 5%. Les doutes  sur la reprise économique, en particulier au Japon où l’activité des usines est toujours en déclin en septembre, pèsent sur les cours. Sur l’Osaka Echange, partis de  186 yens le kilo vendredi dernier, les cours sont tombés hier à 182,7 yens ($1,73). A Shanghai, ils ont clôturé hier à 12 390 yuans ($1815) la tonne contre 12 550 yuans  vendredi dernier.

Le Conseil tripartite international du caoutchouc (ITRC), qui regroupe la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie, anticipe une baisse de la production de caoutchouc  d’au moins 859 000 tonnes pour 2020 par rapport à celle de 2019 qui s’était élevée à 8,79 millions de tonnes (Mt) pour ces trois pays. Une baisse attribuable  à la pandémie de la Covid-19 qui a perturbé la saignée des hévéas mais aussi à des conditions météorologiques irrégulières et à la maladie de la chute des feuilles (Pestalotiopsis leaf fall disease). L’ITRC estime que la production devrait à nouveau décliner au début de 2021.

La plate-forme mondiale pour le caoutchouc naturel durable (GPSNR), lors de son assemblée générale le 23 septembre, a inclus les petits exploitants dans le processus décisionnel de la plateforme avec la création d’une nouvelle catégorie autonome. Rappelons que les petits exploitants contribuent à 85% de l’approvisionnement mondial en caoutchouc. A été aussi approuvé un nouveau cadre politique destiné à aider les entreprises membres du GPSNR à établir ou à mettre à jour les engagements de durabilité de la chaîne d’approvisionnement à travers leurs politiques d’achat. Le cadre définit huit thèmes primordiaux qui incluent des engagements en matière de conformité légale, de moyens de subsistance communautaire, d’écosystèmes sains et fonctionnels (y compris l’absence de déforestation) et de respect des droits de l’Homme. Les sociétés membres du GPSNR représentent près de la moitié du volume mondial de caoutchouc naturel.

Côté entreprise, pour la toute première fois, le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ) et la société Continental rendent une chaîne d’approvisionnement en caoutchouc parfaitement traçable électroniquement – de la culture à West Kalimantan en Indonésie à la transformation jusqu’à la production de pneus dans l’usine de Continental en Allemagne (Lire : Continental trace numériquement la chaîne du caoutchouc en Indonésie).

COTON

Le marché du coton a été surtout dominé cette semaine par les conditions météorologiques dans les principales régions productrices de coton aux Etats-Unis avec son lot de tornades, tempêtes et ouragans et leurs impacts sur les cultures en cours. Avec toujours en toile de fonds, les incertitudes sur le plan économique, la reprise des cas de coronavirus en Europe, l’emploi aux Etats-Unis, l’évolution du dollars et des bourses … Mais globalement sur la semaine les cours se sont appréciés pour atteindre  65,46 cents la livre hier à la clôture contre 64,81 cents vendredi dernier.

La société spécialisée Cotlook a légèrement révisé à la baisse ses prévisions de production pour 2020/21 à 24,531 millions de tonnes (Mt), en raison principalement d’une moindre récolte anticipée aux Etats-Unis et ce en dépit d’une révision à la hausse en Chine, au Brésil et en Ouzbékistan. Mais avec une consommation aussi réduite, les stocks mondiaux devraient progresser de près de 1,1 Mt d’ici la fin de la campagne.

Au Mali, la filière cotonnière est en pleine crise avec une chute anticipée de 77% de la production en 2020/21. Conjuguée à la baisse de la demande suite à la pandémie de la Covid-19, les exportations devraient reculer de 66%, après avoir été divisées par deux en 2019/20 (Lire : Chute considérable de la production de coton au Mali en 2020/21).

Aux Etats-Unis, un nouveau standard de durabilité pour le coton, U.S Cotton Trust Protocol, a été mis en place avec l’objectif que d’ici à 2025 plus de la moitié du coton américain le respecte (Lire : Nouveau standard de durabilité pour le coton américain).

HUILE DE PALME

C’est la chute ! Après sa plus forte hausse hebdomadaire depuis septembre 2015, les cours gagnant 9,6% pour atteindre vendredi dernier 3 082 ringgits la tonne, ils se sont fortement repliés avec une clôture hier à 2 758 ringgits ($662,03) la tonne. Le marché a été secoué par le repli de l’huile de soja tant sur le Dalian Exchange que le Chicago Board of Trade, une production croissante saisonnière en Indonésie et en Malaisie et l’incertitude politique en Malaisie après que le chef de l’opposition Anwar Ibrahim ait déclaré mercredi qu’il avait obtenu une majorité pour évincer le Premier ministre.

Des facteurs qui l’ont emporté sur la hausse de la demande. En effet, les exportations de Malaisie ont bondi de 9% à 17% du 1er au 20 septembre alors que les expéditions vers la Chine se sont accélérées avant la Golden Week qui commence  le 1er octobre.

L’Indonésie a exporté 3,13 Mt d’huile de palme en juillet, y compris des produits raffinés, a annoncé  l’Association indonésienne de l’huile de palme (Gapki). Un montant en hausse tant par rapport à juillet 2019 (2,92 Mt) qu’au mois  de juin 2010 (2,77 Mt). Quant à la production, elle s’est établie  à 4,23 Mt en juillet tandis que les stocks ont atteint 3,62 Mt, selon Gapki.

L’Union européenne et la Grande-Bretagne ont importé 1,41 million de tonnes (Mt) au 20 septembre au cours de la campagne 2020/21 qui a débuté en juillet, contre 1,32 Mt sur la même période en 2019/20.

L’Afrique, avec des besoins croissants en huile végétale et une production domestique très insuffisante, est une opportunité pour la Malaisie pour accroître ses parts de marché sur le continent, qui sont déjà de 37% (Lire : L’Afrique : un marché d’avenir pour l’huile de palme de la Malaisie ?).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz ont chuté dans les principaux pays d’Asie cette semaine.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  ont glissé à $470-$475 la tonne contre $485-$490 la semaine dernière. La nouvelle récolte automne-hiver a démarré dans certaines parties du Delta du Mékong et devrait s’intensifier pour atteindre son maximum en octobre. Un approvisionnement devenant abondant au moment aux les Philippines ont interrompu ses achats au Vietnam.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $475 -$495  la tonne contre $480-$504 la semaine dernière en raison d’une demande modérée et d’un léger changement des taux de change.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont aussi baissé à $379-$385 la tonne contre $387-$394 la semaine dernière, suite à la dépréciation de la roupie mais aussi à une demande modérée.

SUCRE

Le sucre roux continue sa progression, franchissant la barre des 13 cents la livre : partie de 12,77 cents vendredi dernier à New York, la livre (lb) a clôturé hier soir à 13,37 cents. A Londres,  le sucre blanc a évolué de $ 371,50 à $ 374,20 la tonne hier soir.

Un marché qui fait fi de la conjoncture économique morose et de la surabondance physique pour se concentrer cette semaine sur la météo défavorable dans les zones de production du Centre-Sud brésilien, d’Europe et de Russie. Ceci dit, le marché ne s’est guère préoccupé des  incendies dans le centre-sud brésilien qui, en fait, changent peu ou pas la donne car ils ont eu lieu, pour la plupart, dans des endroits déjà récoltés. Pour la deuxième année consécutive, le pays enregistre une pluviométrie en dessous de la moyenne, créant des conditions propices aux incendies mais facilitant la récolte. Les broyages de canne sur la première quinzaine de septembre se sont élevés à 44,39 Mt, en hausse de 12% par rapport à début septembre 2019. La production d’éthanol à partir de canne a baissé de 4,6% par rapport à début septembre l’année dernière, à 2,29 milliards de litres, tandis que la production de sucre a bondi de 55%, à 3,18 Mt. Sur cette même période, 47% de la canne est allée à la production de sucre cette année contre 35% début septembre 2019.

Quant à l‘Inde, autre acteur majeur, ses sévères difficultés économiques devraient conduire les autorités à réduire l’année prochaine ses généreuses subventions à l’exportation.

Côté consommation, le groupe néerlandais Rabobank estime que la consommation mondiale augmenterait de 1,9% en 2020/21 (octobre/septembre) après une baisse de 1,5% cette campagne 2019/20. Cette baisse a conduit la banque a fortement révisés ses chiffres provisoires pour la campagne 2019/20 qui ne devrait être déficitaire que de 1 Mt et non pas de 4,3 Mt comme initialement estimé. Ceci est dû à une plus forte production au Brésil et à une baisse de la consommation liée au coronavirus. La campagne 2020/21 devrait être légèrement excédentaire de 200 000 t avec une récolte indienne qui ferait un bond de 16% sur 2019/20 pour atteindre 33,5 Mt en 2020/21. Rabobank maintient ses prévisions de 36,4 Mt pour la région sucrière du centre-sud au Brésil alors que celle en Thaïlande baisserait de 10% par rapport à 2019/20, à 7,8 Mt. Face à tout cela, la demande en 202/21 demeurerait soutenue. Par conséquent, la banque spécialisée dans les matières premières s’attend à ce que les cours du sucre roux se maintiennent dans une fourchette allant de 11 à 13 cents la livre sur la prochaine campagne.

En août 2020, la Chine a importé 680 000 t de sucre, en hausse de 44% par rapport à août 2019. Depuis le mois de janvier, le cumul des importations a été de 2,23 Mt, en hausse de 13%, selon les chiffres des douanes chinoises.

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