La Chronique Matières premières agricoles au 25 avril 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 25 avril 2019
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Les marchés attendent aujourd’hui la publication du PIB américain que certains estiment à environ 2% tandis que d’autres n’écartent pas qu’il soit plus élevé, sur fond d’indices mitigés : une hausse sans précédent depuis 19 mois du nombre des inscriptions hebdomadaires au chômage mais la plus forte hausse en huit mois des commandes de biens d’équipement en mars. Ce serait une bonne nouvelle car le climat général mondial est resté morose cette semaine, avec un regain de crainte pour l’économie mondiale à la suite de la contraction inattendue de l’économie sud-coréenne au premier trimestre, de la dégradation du climat des affaires en Allemagne et des déclarations réservées du Premier ministre chinois sur la situation de la deuxième puissance économique mondiale.

Les valeurs de la livre sterling et du real brésilien face au dollar ont baissé, cette semaine, au plus bas en 10 semaines et quatre semaines respectivement, influençant lourdement le prix de certaines matières premières comme le sucre ou encore le café. Le Brent revient sous les $ 75 le baril, à $ 74,88, après avoir atteint $ 75,60 pour la première fois depuis le début de l’année, l’arrêt d’une partie des exportations de brut russe vers l’Europe venant s’ajouter à l’annonce du durcissement des sanctions américaines contre l’Iran. Le brut léger américain WTI, quant à lui,  a terminé en baisse à $ 66,28,  dollars, lésé par la hausse des stocks de brut aux Etats-Unis annoncée mercredi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

 CACAO

Le cacao a enfin clôturé en hausse hier soir, après quatre sessions ininterrompues de dégringolade, mais il a perdu sur l’ensemble de la période sous revue. Ainsi, parti de $ 2 342 à la clôture lundi à New York (Londres était resté fermé depuis jeudi soir pour Pâques), la tonne de cacao a terminé hier soir à $ 2 285 la tonne.  A Londres, il a clôturé à £ 1 735, sa hausse effaçant la baisse de la veille. Un marché londonien soutenu par la baisse de la livre sterling qui est tombée à son plus bas en dix semaines face au dollar.

Globalement, le marché continue de se consolider après l’envolée en début de mois qui avait conduit les prix, le 11 avril, à un plus haut en trois mois. Ceci dit, les fondamentaux sont plutôt bons avec, certes, une abondance de fèves -les arrivages aux ports ivoiriens sont de 14% plus volumineux que sur la même période l’année dernière- mais la consommation est soutenue : tous les chiffres de broyages, publiés la semaine dernière, témoignent d’une demande dynamique, plus élevée qu’anticipée par les analystes (lire nos informations La Chronique Matières premières au 18 avril 2019).

En Côte d’Ivoire, les arrivages de fèves aux ports ont totalisé 1,803 Mt entre le 1er octobre, démarrage de la campagne 2018/19, et le 21 avril, estiment les exportateurs, en hausse de 14% par rapport à la même période la campagne dernière. Dans les zones de culture, les pluies sont en dessous de la moyenne alors qu’on est en pleine saison humide, de fin mars à fin octobre ; les fortes pluies sont attendues en mai. En raison de ce manque d’eau, les fèves sont petites.

Au Ghana, les arrivages au port de fèves gradées et estampillées, prêtes à être expédiées, ont atteint 698 553 t entre le 1er octobre et le 4 avril contre 657 604 t sur la même période la campagne dernière, a indiqué mardi le Cocobod. Rappelons, cependant, que les volumes cette campagne sont attendus en baisse à 850 000 t contre 900 000 t la campagne dernière.

Côté entreprise, Barry Callebaut (BC) a présenté ce matin ses résultats mensuels, montrant sa prédominance dans le secteur.

CAFÉ

Le marché du café est toujours fragile. Le Robusta a clôturé hier soir à Londres à $ 1 390 la tonne, après être tombé à $ 1 369, son plus bas sur sa deuxième position depuis mars 2016. Quant à l’Arabica coté à New York, parti de 92,85 cents la livre (lb) lundi, il a terminé à 93,35 cents hier soir. La semaine dernière, il avait touché 89 cents, son plus bas en 13 ans et demi.

Une récolte brésilienne massive l’année dernière tant d’Arabica que de Robusta et des perspectives plutôt bonnes en termes de volumes  pour cette campagne encore pèsent lourdement sur ces marchés. Sans oublier, ces derniers jours, la baisse du real qui, mercredi, était à son plus bas en quatre semaines face au dollar, ce qui incite le pays à exporter.

Mais côté Vietnam, le n°1 mondial de Robusta,  les exportations sont attendues en baisse sur ce mois d’avril qui s’achève bientôt, à environ 2 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre 2,87 Ms en mars, estiment les traders. En effet, les prix sont si bas que les producteurs sont réticents à vendre leurs grains. Cette semaine encore, les caféiculteurs ont vendu bord champ leur café à 30 400-31500 dongs le kilo ($ 1,31-1,36) contre 30 500-31 400 dongs la semaine dernière. A l’export, la décote par rapport au cours de Londres est demeurée stable, à -$ 45 la tonne pour du Grade 2, 5% brisures et grains noirs.

De son côté, la prime sur Londres pour du Grade 4 d’Indonésie, 80 défauts, a grimpé à $ 130 par rapport au contrat sur juillet alors qu’elle n’était que de $ 100 à $ 110 la semaine dernière. “Les prix augmentent face à une demande en hausse”, explique à Reuters un trader sur place.

En Côte d’Ivoire, la filière a le vent en poupe. Le pays a exporté 15 500 t entre le 1er janvier et le 31 mars, un volume en hausse de 151% par rapport à la même période l’année dernière, selon les données provisoires portuaires.

Mardi, l’Ethiopie et la Chine ont signé un accord tendant, entre autres, à accroître les exportations de café éthiopien avec pour cible les jeunes consommateurs chinois. Côté éthiopien, on souligne vouloir recourir à la technologie du blockchain afin de maximiser la valeur ajoutée en Ethiopie dans le cadre de cette montée en puissance attendue des exportations.

Côté entreprises, les bons résultats trimestriels de Starbucks laissent penser au géant américain du café que ses performances sur 2019 pourraient être meilleures qu’il l’avait initialement anticipé, avec des ventes maintenant attendues en progression annuelle de 3 à 4%. Notons que Starbucks ouvre 600 nouveaux magasins en Chine par an avec l’objectif de 6 000 points de vente d’ici 2022. D’ores et déjà, ses 2 100 magasins situés dans 35 villes offrent comme prestation la livraison de café en moins de 20 mn ; en fin d’année, l’américain devrait compter 3 000 magasins dans 50 villes.

Tata Coffee, filiale du géant indien Tata Global Beverage et la plus importante entreprise intégrée de la filière café en Asie,  a annoncé un résultat de Rs 757 crore (€ 97,1 million) sur l’exercice avril 2018 à mars 2019, en baisse face aux 762 crore l’exercice précédent.  Ceci dit, ses bénéfices ont grimpé à Rs 72 crore contre Rs 63 crore grâce aux meilleures performances au niveau de ses plantations et de son café instantané. Sur le premier trimestre 2019, son revenu a été de Rs 212 crore contre Rs 207 crore sur les trois premiers mois de 2018, notamment en raison du dynamisme du marché africain, a souligné son directeur général Chacko Thomas.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a grimpé cette semaine en grande partie en raison de la fermeté des prix du pétrole suite à la décision des Etats-Unis de sanctionner à partir du 2 mai tout pays qui achèterait du pétrole à l’Iran mettant ainsi fin aux exceptions accordées à certains acheteurs du brut iranien. De 188,5 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) vendredi dernier les cours ont atteint 191 yens ($1,709) le kilo à la clôture jeudi. La tendance est moins marquée sur le marché de Shanghai, les cours progressant faiblement passant de 11 470 yuans vendredi dernier à 11 495  yuans ($1 706,23) à la clôture jeudi. Toutefois vendredi matin les cours reculaient les investisseurs ajustant leur position avant la période de fêtes au Japon où les marchés seront fermés du 29 avril au 6 mai.

Au Vietnam, les exportations de caoutchouc se sont élevées à 103 500 tonnes pour une valeur de $144,4 millions en mars, en progression respectivement de 35% et 26%, selon les données des douanes. Sur le 1er trimestre 2019, les exportations progressent de 30% en volume à plus de 340 000 tonnes et de 16% en valeur à $450 millions. La Chine est le premier client du Vietnam (64,4% des exportations sur le 1er trimestre), puis se situent l’Inde (8,7%) et la République de Corée (3,2%).

Au Cambodge, les exportations de caoutchouc ont augmenté de 23% au premier trimestre 2019 par rapport à la même période en 2018 pour atteindre 48 192 tonnes avec un prix moyen en recul de 12% à $1 279 la tonne, selon les chiffres de la Direction générale du caoutchouc du ministère de l’Agriculture, des forêts et de la pêche.

COTON

Stabilité sur le marché du coton où les cours ont  clôturé jeudi à 78, 32 cents la livre contre 78,47 cents lundi, le marché de New York étant fermé vendredi saint.

En Chine, les ventes aux enchères de coton en provenance de ses réserves stratégiques démarreront le 5 mai pour s’achever le 30 septembre 2009 pour un volume total d’environ un million de tonne ont annoncé la National Food and Strategic Reserves Administration et le ministère des Finances. En principe, les volumes d’enchères quotidiens seront d’environ 10 000 tonnes. Le prix de vente de base sera calculé à partir du prix moyen du coton domestique et du coton sur le marché international de la semaine précédente. Il sera ajusté chaque semaine.

En Côte d’Ivoire, la production de coton devrait atteindre 500 000 tonnes en 2019/20, contre 430 000 tonnes la campagne précédente, selon l’Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d’Ivoire (Aprocot-CI).

Au Malawi, la production de coton marquerait une hausse significative en 2019 à 24 000 tonnes contre 15 000 tonnes en 2018, selon le directeur du Cotton Council of Malawi (CCM), Cosmas Luwanda.

Le Pakistan, cinquième producteur mondial de coton, veut élargir ses marchés à l’exportation de produits textiles. Lors de la deuxième édition de Textile Expo, qui s’est déroulée du 11 au 14 avril à Lahore, le Pakistan a affirmé vouloir développer ses exportations de produits textiles vers de nouveaux marchés, notamment vers les pays asiatiques, principalement le Japon et l’Indonésie. Aujourd’hui les exportations pakistanaises sont essentiellement dirigées vers les Etats-Unis et l’Europe. Elles se sont élevées à $ 13,85 milliards en 2017/18 et le pays a pour objectif de les porter à $26 milliards en 2019.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ne sont pas parvenus , en dépit d’un rebond du pétrole,  à maintenir leur élan de la semaine dernière où ils ont gagné 1,3% grâce à la dépréciation du ringgit et un complexe du soja haussier. Les cours ont clôturé jeudi à 2 157 ringgits ($521,77) la tonne contre 2190 ringgits vendredi dernier. Les inquiétudes persistent sur le niveau élevé des stocks chez le deuxième producteur mondial, la Malaisie. La production ne baisse pas et la demande n’est pas aussi dynamique qu’espérée ! Sur la période du 1er au 20 avril, les exportations ont progressé que de 1,5 à 2,2% selon respectivement SGS et Intetek mais ont baissé de 1,8% selon AmSpec Agri Malaysia.

La Malaisie exportera davantage d’huile de palme vers la Chine sur les cinq prochaines années. A l’occasion de la visite officielle du Premier ministre malaisien Tun Dr Mahathir Mohamad en Chine un  protocole d’accord a  été signé hier entre le Malaysian Palm Oil Council (MPOC) et la China Chamber of Commerce of Import and Export of Foodstuffs, Native Produce and Animal By-products (CCCFNA) pour l’achat par la Chine de 1,9 million de tonne (Mt) supplémentaires (Mt) d’huile de palme pour une valeur de 4,56 milliards de ringgits  – avec un prix de base de $600 la tonne – entre 2019 et 2023.  La Chine était le troisième marché d’exportation de l’huile de palme de la Malaisie en 2018 avec 1,86 Mt, après l’UE (1,91 Mt) et l’Inde ( 2,51 Mt).

La Malaisie poursuit son offensive pour développer de nouveaux marchés, deux missions économiques se sont déroulées cette semaine en Arabie Saoudite et en Ethiopie.

En Russie, les importations d’huile de palme ont progressé de 13,8% en janvier-février pour atteindre 193 000 tonnes, un niveau inférieur à la progression enregistrée en janvier-février 2018 (+36,7%) selon le Federal State Statistics Service (Rosstat). Les importations d’huile de coco et de babassu ont augmenté de 32% pour atteindre 13 100 tonnes et celles d’huile de tournesol, de carthame et de coton ont diminué de 85,5% à 600 tonnes.

Sur l’année 2018, la Russie a importé 1,06 million de tonne d’huile de palme, en hausse de 18,9%, 74 400 tonnes d’huile de coco et de babassu (+2%) et 74 400 tonnes d’huile de tournesol, de carthame et de coton (+ 0,3%).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz au Vietnam ont augmenté pour la première fois en six semaines  tandis que la faiblesse des devises locales a pesé sur  prix en Inde et en Thaïlande.

Au Vietnam,  les prix du Viet 5% ont augmenté à $360 ​-$370  la tonne contre $360  la semaine dernière sous l’impulsion d’une hausse de la demande mais aussi en raison de pénuries d’eau dans les provinces du Delta du Mékong au moment où  les agriculteurs commencent à semer pour la récolte été-automne.

En Inde, les prix du riz étuvée 5% sont tombés à environ $375-$378 la tonne contre $377-$380 la semaine dernière. “La demande des acheteurs africains et asiatiques est faible, même après la réduction des prix”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’Etat d’Andhra Pradesh. Les ventes agressives de vieux stocks par la Chine aux acheteurs africains pèsent également sur les prix.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5%  sont aussi en recul à $385-$388 la tonne contre $393-$411 la semaine dernière, principalement en raison de l’affaiblissement du baht par rapport au dollar américain. En dépit de la baisse des prix, le riz thaïlandais reste moins compétitif par rapport à d’autres exportateurs comme l’Inde et le Vietnam, soulignent les négociants.

La Tanzanie a dévoilé hier un plan visant à augmenter la production annuelle de riz de 2,2 millions de tonnes (Mt) à 4,5 Mt d’ici 2030. La nouvelle stratégie nationale de développement de la riziculture sera mise en œuvre avec l’appui de la Coalition for African Rice Development et des fonds en provenance de la Banque mondiale, de la BAD et de l’agence japonaise Jica a affirmé le secrétaire permanent au ministère tanzanien de l’Agriculture, Mathew Mtigumwe.

SUCRE

Le sucre a terminé la période sous revue en baisse mais, s’agissant du roux, il est resté dans sa fourchette de 12 à 13 cents la livre (lb), avec une clôture hier soir à New York  à 12,69 cents contre 12,54 cents lundi. Quant au sucre blanc coté à Londres, il a glissé hier soir à $ 340,10 la tonne.

Un marché qui a été quelque peu soutenu cette semaine par la lenteur du démarrage de la récolte brésilienne. Au cours des deux premières semaines de la nouvelle campagne, la production de sucre dans la ceinture sucrière du Centre-Sud a chuté de 52% par rapport à la même période l’année dernière, à 340 000 t. S&P Global Platts l’avait envisagée à 436 000 t… L’écart est de taille.

Toutefois, cette nouvelle du Brésil, qui allège le marché, a été compensée cette semaine par des rumeurs selon lesquelles l’Amérique centrale mettrait des volumes non anticipés sur le marché.

L’Ukraine a annoncé cette semaine que, face à l’excédent mondial,  sa production de sucre pourrait chuter de 23 à 29% durant la nouvelle campagne, à 1,3-1,4 Mt contre 1,8 Mt en 2018, car les superficies en betterave sucrière sont en baisse à 205 000-210 000 contre 230 000 à 280 000 ha en 2018. Le nombre de raffineries pourrait passer des 42 actuellement à 34 ou 35.

Face à la hausse soudaine du prix du sucre importé de Russie, de l’ordre de 20 à 25%, le Kazakhstan a décidé de réintroduire des droits préférentiels à l’import de pays tiers. Notons que 95% des importations de sucre du Kazakhstan proviennent de pays membres de l’Union économique eurasienne.

Côté entreprises, l’Ethiopie privatise sa filière et recherche des acheteurs pour ses 13 raffineries dont Tendaho, Fincha, Metehara, Wonji Shoa, Arjo Dedesa, Kessem ou encore Omo Kuraz.

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