La Chronique matières premières agricoles au 25 octobre 2018

 La Chronique matières premières agricoles au 25 octobre 2018
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Les regards sont tournés vers le Brésil en cette fin de semaine, où le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro est très bien positionné pour remporter la présidence du géant latino-américain, un pays majeur sur un grand nombre de marchés de matières premières agricoles tant à l’import qu’à l’export et comme consommateur. Côté devises, l’euro a terminé en baisse hier soir face au dollar, le bras de fer entre Rome et Bruxelles, autour du budget italien, témoignant de la “fragilité” de l’union monétaire, comme l’a souligné le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi. De son côté, le dollar est boosté par une bonne tenue de Wall Street, en attendant la publication des premières estimations du PIB américain au troisième trimestre. Les cours du pétrole sont, pour leur part, à la hausse : “Les craintes sur l’économie mondiale constituent, maintenant, un facteur plus important pour l’évolution des cours que les fondamentaux de l’offre et de la demande”, confie à Reuters Fiona Cincotta, analyste chez Citi Index.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE 

CACAO

Partie de £ 1 606 vendredi dernier, la tonne de cacao sur le marché de Londres a terminé hier soir en forte hausse, à £ 1 675. En revanche, la fève a connu une semaine difficile sur le marché de New York, glissant trois sessions consécutives pour se re-hisser hier au-dessus de la barre des $ 2 200 et clôturer à $ 2 209 ; elle avait terminé la semaine dernière à $ 2 162.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro continuent à être beaucoup plus importants que l’année dernière à pareille époque : les exportateurs les estiment à 165 000 t entre le 1er octobre, démarrage de l’actuelle campagne 2018/19, et le 21 octobre contre 113 000 t. Une envolée de 46%…

Le rythme de récolte chez le n°1 mondial de la fève continue à s’accélérer dans les campagnes mais des pluies plus importantes que la moyenne dans l’est du pays rendent difficile les opérations de séchage. En outre, on craint que ne se propage encore plus vite la maladie de la pourriture noire. Ainsi, à Abengourou, Reuters a relevé que 37 mm de pluie étaient tombées la semaine dernière contre 11 mm en moyenne ces 5 dernières années. A Agboville, cela a atteint 60,7 mm contre 35,9 mm, à Soubré 12,1 mm contre 8,7 mm et à Daloa 10,9 mm contre 8 mm.

Côté entreprises, Mondelez International a annoncé étendre au Brésil son initiative de cacao durable, Cocoa Life. Ainsi, $ 200 000 seront investis chaque année pendant 3 ans dans ce pays où le géant est présent dans la cacaoculture depuis 2014.

CAFÉ

Le café a dérapé cette semaine, notamment sur fond de real fort à l’approche des élections brésiliennes, mais aussi parce que, notamment le Robusta, avait atteint la semaine dernière un pic de prix depuis mai dernier. Ainsi, parti de $ 1 739 vendredi dernier, le Robusta a clôturé hier soir à $ 1 707 la tonne, tandis que l’Arabica terminait à $ 1,2115 la livre (lb) contre $ 1,221 en fin de semaine dernière. Mais il a atteint hier, en cours de séance, $ 1,2310.

Ceci dit, la tendance globale demeure positive et, en toute logique, les prix devraient continuer à grimper. Côté Arabica, depuis la mi-septembre, lorsqu’ils étaient tombés au plus bas en douze ans et demi, les prix ont regagné environ 30%, les fonds ayant racheté une bonne partie de leurs positions courtes. Et on peut imaginer que si le chouchou des marchés, le candidat populiste Jair Bolsonaro, remporte dimanche le second tour des élections présidentielles au Brésil, le real va être encore plus vigoureux, rendant les exportations brésiliennes moins compétitives ce qui, mécaniquement, réduit leurs volumes à l’export, restreint l’offre mondiale et donc contribue à la hausse de leurs cours sur les marché internationaux.

S’agissant du Robusta, c’est l’Inde qui devrait être l’élément moteur à la hausse des cours. En août, les pires inondations recensées depuis un siècle dans les Etats caféiers du Karnataka et du Kerala (90% de la production nationale) devrait faire chuter la production 2018/19 (qui a démarré le 1er octobre) à 310 000 t ; les prévisions initiales donnaient une belle récolte, de l’ordre de 400 000 t, explique à ReutersRamesh Rajah, président de l’Association des exportateurs de café en Inde. Ce serait alors la deuxième mauvaise campagne consécutive puisque celle qui vient de s’achever, 2017/18, a totalisé 316 000 t, dont 221 000 t de Robusta et 95 000 t d’Arabica. Si cette offre limitée n’a pas trop affecté le marché la campagne dernière, c’est parce que les stocks de report étaient abondants, de l’ordre de 60 000 t. En revanche, la baisse de production cette année se fera davantage ressentir car les stocks ne sont que de 20 000 t au démarrage de cette campagne 2018/19. Les exportations du 6ème producteur mondial de café sont estimées chuter de 8%, à 230 000 t en 2019. Une situation qui devrait donc soutenir les cours du Robusta en particulier, qui sont déjà à leur niveau le plus haut en 8 mois et demi.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, le Vietnamien -n°1 mondial- a été très actif alors que l’Indonésie maintenait des prix favorables. Les planteurs vietnamiens n’ont pas réussi à maintenir les prix élevés d’achat de la semaine dernière, lorsqu’ils ont grimpé à leur plus haut en près d’un an. Ils ont vendu à 36800-37000 dongs le kilo ($ 1,58) contre 38000-38500 la semaine dernière. Le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est venu avec une décote de $ 70-90 sur Londres contre $ 60-80 la semaine dernière. Quant au café indonésien, en très faibles volumes, la prime demeure quasi inexistante sur Londres, oscillant dans une fourchette allant de $ 0 à $ 20 par rapport à l’échéance janvier.

En Inde, on commence à récolter l’Arabica fin novembre et le Robusta à partir du mois de décembre. Ce sont essentiellement l’Italie, l’Allemagne et la Belgique qui sont amateurs de café indien. Actuellement, le Robusta indien se vend avec une prime d’environ $ 400 la tonne par rapport à la cotation de Londres, tandis que l’Arabica est offert à 17 cents au-dessus de New York, selon un exportateur à Bengaluru interrogé par Reuters.

En Afrique, les exportations de café d’Ouganda -du Robusta- ont chuté de 14,2% en septembre par rapport à septembre 2017, à 293 199 sacs de 60 kg, selon Uganda Coffee Development Authority (UCDA), engrangeant $ 28,9 millions en recettes. Cette baisse est à attribuer à des cours mondiaux en baisse et à une faible récolte dans le sud-ouest du pays. L’UCDA souligne que l’Ouganda a exporté 4,3 ms sur la campagne 2017/18 (octobre/septembre) contre 4,6 Ms la campagne précédente.

CAOUTCHOUC

L’environnement économique mondial – la chute des marchés boursiers en occident et en Asie, le ralentissement de l’économie chinoise, le risque géopolitique – a pesé sur le marché du caoutchouc qui a à nouveau reculé clôturant jeudi à 165 yens ($1,47) le kilo sur le Tocom et 11 785 yuans ($1697) la tonne à Shanghai contre respectivement 166,8 yens et 12 015 yuans à la clôture vendredi dernier. “Les fondamentaux du caoutchouc restent inchangés. L’humeur pessimiste sur l’économie a pesé sur les prix de tous les produits de base, y compris le caoutchouc“, a déclaré Shen Xiaoxia, analyste chez Zheshang Futures.

La Côte d’Ivoire accueillait cette semaine la Conférence internationale sur le caoutchouc naturel, IRC 2018. A cette occasion, le ministre de l’Agriculture a annoncé que la production ivoirienne atteindra 2 millions de tonnes d’ici 2023, soit plus de trois fois son niveau actuel avec une extension des superficies cultivées, les agriculteurs passant du cacao au caoutchouc à la recherche de revenus plus stables. De son coté, le président de l’APROMAC, Eugene Kremien, a déclaré que près de 165 000 agriculteurs plantaient de l’hévéa sur environ 600 000 hectares et que le chiffre d’affaires de ce secteur s’élevait à FCFA 495 milliards ($880 millions) en 2017 (cf. nos informations).

COTON

Les cours du coton ont globalement fini la semaine inchangé clôturant jeudi à 77, 68 cents la livre contre 76, 37 cents la livre vendredi dernier. Mais, le marché a joué les montagnes russes sous la semaine sous revue gagnant 3% lundi suite des dommages causés à la fibre naturelle par les pluies tombées dans les principales régions productrices de coton aux Etats-Unis pour ensuite chuter avec les marchés financiers, les investisseurs délaissant les matières premières agricoles pour se tourner vers les valeurs refuges.  S’ajoute également l’appréciation du dollar. Les craintes sur l’économie mondiale, si elles s’avariaient exactes, pourraient abimer la consommation mondiale de coton en fragilisant la demande. Les ventes hebdomadaire américaines de coton en hausse sont toutefois au dessous d’environ un quart de la moyenne des quatre semaines précédentes. D’un autre côté, l’offre de coton est incertaine, en particulier celle des Etats-Unis.

En Inde, la disponibilité du coton dans le pays serait confortable pour la campagne 2018/19 (octobre-septembre), selon la Fédération cotonnière indienne (ICF). Les superficies ensemencées sont en hausse, les conditions météorologiques de la mousson sont favorables et les mesures préventives prises pour lutter contre le ver rose et ravageurs devraient se traduire par une production accrue et une meilleure qualité du coton a déclaré J Thulasidharan, président d’ICF. La production est estimée à 37,3 millions de balles (de 170 kilos), en hausse de 8,1% par rapport à 2017 /18. Rappelons que les agriculteurs ont bénéficié d’une hausse de 26 à 28% du prix de soutien minimum pour la campagne 2018/19.

HUILE DE PALME

Nouvelle glissade des cours de l’huile de palme cette semaine qui ont clôturé jeudi, après trois séances consécutives de baisse, à 2 179 ringgits ($522,79) sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 2223 ringgits la tonne vendredi dernier. La faiblesse des huiles associées sur le Chicago Board of Trade (CBOT) et le Dalian Commodity Exchange, la baisse des prix du pétrole et la hausse de la production de l’huile de palme, conformément à la tendance saisonnière, ont pesé sur le marché .

En Malaisie, la production d’huile de palme de la Malaisie stagnera ou sera légèrement en baisse cette année en raison de rendements plus faibles, a déclaré Datuk Lee Yeow Chor, président du Malaysian Palm Oil Council (MPOC) lors de la Malaysia-China Palm Oil Trade Fair and Seminar. L’année dernière la production avait progressé de 15% à 19,9 millions de tonnes.

En Russie, les importations d’huile de palme sont en hausse. Elles ont progressé de 23,8% sur la période de janvier à août 2018, par rapport à la même période en 2017, pour atteindre 652 000 tonnes, selon l’agence statistique russe Rosstat. Celles d’huile de tournesol, carthame ou de coton ont aussi progressé (+27,8%) à 18 100 tonnes tandis que celles de coco, palmiste ou babassu sont restées quasi stables à 50 200 tonnes.

RIZ

L’Inde, le premier producteur, a vu son prix tomber à son plus bas niveau en 21 mois, sous la pression d’une demande tiède et d’une récolte exceptionnelle attendue, alors que les espoirs d’accords avec les Philippines ont soutenu les prix au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se situaient autour de $361-$367 la tonne, soit son plus bas niveau depuis janvier 2017, contre $365-$370 la semaine dernière. “L’offre pour la nouvelle saison sera disponible dans deux semaines. Les traders ne sont pas sûrs des prix puisque le gouvernement a augmenté le prix de soutien (pour les agriculteurs)”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh. La production de riz semé d’été devrait augmenter de 1,8% pour atteindre 99,24 millions de tonnes. En juillet, le gouvernement indien a augmenté les prix payés aux agriculteurs locaux pour le riz paddy de qualité commune de 13% par rapport à il y a un an à 1 750 roupies ($25,50) pour 100 kilos pour l’année. Le prix plus élevé fixé par le gouvernement, qui entraînera une augmentation des coûts d’approvisionnement pour les exportateurs, ne se traduira probablement pas par des prix à d’exportation plus élevés en raison de la faiblesse de la roupie estiment les négociants. La roupie indienne est tombée à un minimum record de 74,48 contre un dollar ce mois-ci, augmentant ainsi la marge des exportateurs.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% progressent et ont atteint $410-$415 la tonne, contre $405-$410 la tonne la semaine dernière. Une hausse imputable à une forte demande des négociants conjuguée à une diminution de l’offre intérieure. “Les exportateurs augmentent leurs achats auprès des agriculteurs locaux en prévision de la multiplication des accords de gouvernement à gouvernement avec les Philippines”, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Ajoutant que « toutefois, l’activité a été modérée car les prix étaient comparativement plus élevés que ceux proposés par d’autres grands exportateurs ».

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont chuté à $400-$402 la tonne, contre $405-$407 la semaine dernière, la demande ne se renouvelant pas. Les négociants ont ajouté que certains exportateurs avaient arrêté leurs achats dans l’attente d’une nouvelle baisse des prix, avec l’augmentation de l’offre de riz de saison de la mi-novembre à décembre.

La Thaïlande prévoit d’exporter entre 10 et 11 millions de tonnes (Mt) de riz en 2019, a annoncé mercredi le ministère du Commerce. Pour 2018, elles devraient atteindre l’objectif des 11 Mt, le pays ayant exporté 8,93 Mt de riz entre le 1er janvier et le 19 octobre, en hausse de 2,7% par rapport à la même période de l’année dernière, a déclaré Adul Chotinisakorn, directeur général du département du Commerce extérieur du ministère du Commerce.

Au Bangladesh, la production de riz augmenterait de 6% par rapport à l’année précédente pour atteindre environ 34,54 millions de tonnes en 2018/2019, selon le Département de l’agriculture des Etats-Unis (USDA).

En Afrique, la production de riz serait passés de 14 millions de tonnes (Mt) en 2008 à 28 Mt attendues cette année, selon la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (cf. nos informations).

La plus grande banque de gènes de riz au monde basée aux Philippines à l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI) est assurée de pouvoir fonctionner grâce à un financement permanent accordé par Crop Trust, ONG basée à Bonn (cf. nos informations).

SUCRE

Une semaine encore haussière pour le sucre ! Partie de 13,89 cents vendredi dernier, la livre (lb) de sure roux a terminé hier soir à Londres à 13,97. Mercredi, il a franchi la barre des 14 cents pour toucher les 14,21 cents la livre, son plus haut depuis janvier. Quant au blanc coté à Londres, il a clôturé hier soir à $ 381,40 la tonne contre $379 en fin de semaine dernière.

On peut s’attendre à une chasse pour corriger à la baisse, mais toute la question est de savoir qui va entamer la chasse“, a expliqué à Reutersun négociant américain.

Des cours qui demeurent soutenus par la forte production d’éthanol au Brésil au détriment du sucre lorsque sont transformées les cannes, mais aussi par les pluies qui tombent dans les régions de production et qui retardent les opérations de transformation. Dans la région centre-sud du pays, la plus importante zone de canne, les usines ont produit 1,11 Mt de sucre durant la première quinzaine du mois d’octobre contre 1,28 Mt les deux semaines précédentes et surtout contre 2 Mt sur la même période l’année dernière. Les broyages de canne ont été, respectivement de 25,58 Mt contre 27,64 Mt fin septembre et 32,5 Mt début octobre 2017. Environ 68% de la canne est allée à la production d’éthanol et 32% au sucre.

Une situation brésilienne qui conduit le consultant brésilien Datagro à entrevoir maintenant une campagne mondiale 2018/19 déficitaire de 710 000 t alors que, jusque là, il avait estimé qu’elle serait excédentaire de 3,68 Mt. Rappelons que 2017/18 avait enregistré un surplus de 8,35 Mt. Si ces prévisions se concrétisent, il s’agira du plus important retournement de situation d’une campagne sucrière à l’autre dans l’histoire de cette denrée. Le consultant a, de nouveau, révisé à la baisse ses estimations de production de sucre au Brésil, à 27,29 Mt contre 27,93 Mt, essentiellement à cause de cet important détournement de la canne vers la production d’éthanol.

Quant à l’Inde, la société d’Etat MMTC a émis une offre internationale pour exporter 50 000 t de sucre blanc d’ici le 31 octobre, avec une option pour 50 000 t supplémentaires.

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