La Chronique matières premières agricoles au 26 janvier 2023
Les marchés financiers en Europe et aux Etats-Unis ont salué hier les dernières données américaines comme une preuve que l'économie outre-Atlantique pourrait connaître un atterrissage en douceur, plutôt que de basculer dans une sévère récession. Aux Etats-Unis, la croissance au quatrième trimestre a été supérieure aux attentes, à 2,9% en rythme annualisé ; les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué alors que le consensus général les donnait en augmentation et les commandes de biens durables ont progressé de 5,6% le mois dernier, plus de deux fois ce qui était attendu, indique Reuters.
"Dans l'ensemble, les données étant meilleures que prévu, cela suggère qu'il y a plus de résilience dans l'économie que ce que bon nombre de personnes prévoyaient", a déclaré Joe Manimbo de chez Convera. "La modération des chiffres de l'inflation dans les données du quatrième trimestre suggère un scénario économique de 'Goldilocks' (un ralentissement de l'inflation sur fond de croissance modérée, Ndlr)", a ajouté l'analyste.
La perspective de plus en plus nette de voir mercredi prochain la Réserve fédérale freiner le rythme de son resserrement monétaire, alors que l'inflation ralentit, a également apporté un soutien aux actions depuis plusieurs jours. Mais certains stratèges craignent également que les statistiques économiques n'illustrent pas encore tous les effets de la politique restrictive de la banque centrale américaine.
"Les hausses de taux de la Fed ont commencé il y a environ un an. Il faut un an à 18 mois pour qu'elles fassent vraiment effet, donc je pense que d'ici le milieu de l'année, nous verrons un ralentissement du marché et il y a une grande probabilité d'avoir un PIB négatif d'ici le milieu de l'année", a déclaré Chris Grisanti de chez MAI Capital Management.
Le dollar a terminé en hausse hier face à l’euro, à $ 1,0863.
Quant au pétrole, les bonnes statistiques américaines du jour et l'optimisme sur la demande en Chine ont entrainé les prix du pétrole à la hausse. Le Brent a terminé à $ 87,4 dollars le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 81,33.
CACAO - CAFÉ - CAOUTCHOUC - COTON - HUILE DE PALME - RIZ - SUCRE
CACAO
Les fèves se sont hissées au-dessus de la barre des £ 2 000 sur l’échéance mars à Londres pour clôturer hier soir à £ 2 033. Vendredi dernier, la tonne était encore à £ 1 978 après même avoir touché son plus bas depuis décembre à £ 1 947. Quant à New York, la tonne est passée de $ 2 569 en fin de semaine dernière à $ 2 629 hier soir.
Contrairement au Ghana où la maladie du swollen shoot continue de mettre en péril les cacaoyers, les perspectives de production sont bonnes en Côte d’Ivoire même si on constate un temps sec et chaud qui pourrait impacter la récolte intermédiaire qui court d’avril à septembre en Afrique de l’Ouest. Les perspectives sont toutefois globalement bonnes chez le leader mondial de la fève mais aussi au Cameroun et au Nigeria, ce qui pèse sur les cours mondiaux. En outre, le marché craint un ralentissement de la consommation mondiale en cacao après la publication des chiffres de broyages décevants sur le quatrième trimestre 2022 (lire nos informations : Chute de 8% des broyages de cacao aux USA, de 0,7% en Europe mais hausse de 3,1% en Asie ).
En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports ont totalisé 1,48 Ms du 1er octobre au 22 janvier, en hausse de 7,6% par rapport à la même période la campagne dernière.
Côté demande, lundi, l’association de consommateurs américaine Consumer Reports a exhorté quatre géants de la confiserie chocolatée -Hershey, Mondelez, Theo Chocolate et Trader Joe's- à s'engager d'ici la Saint-Valentin à réduire les quantités de plomb et de cadmium dans leurs produits de chocolat noir. Le mois dernier, Consumer Reports a déclaré que 23 des 28 barres de chocolat noir testées contenaient des niveaux potentiellement nocifs de plomb, de cadmium ou des deux pour les personnes qui mangent plus d'une once de chocolat par jour. Or, souligne l’association, une exposition à long terme aux métaux peut entraîner des problèmes du système nerveux, une suppression du système immunitaire et des lésions rénales. Le danger serait plus grand pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Les chocolatiers n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires mais des poursuites judiciaires ont déjà été engagées par des consommateurs contre ces groupes suite à la publication du rapport, indique Reuters.
CAFÉ
Il grimpe, il grimpe l’Arabica. Il a clôturé hier soir à New York à $ 1,6715 la livre (lb) sur l’échéance mars après avoir atteint en cours de séance $ 1,6775, parti de $ 1,548 en fin de semaine dernière. En réalité, après avoir touché le 11 janvier un plus bas en un an et demi à $ 1,4205, l’Arabica n’a cessé de regrimper ces quinze derniers jours. Quant au Robusta, il est passé de $ 1 944 vendredi dernier à $ 1 974 mercredi, son prix le plus élevé en trois mois, pour clôturer hier soir à $ 1 962. A noter que les marchés asiatiques sont fermés pour les fêtes du Nouvel an .
Selon des négociants interrogés par Reuters, la « spec » détient sa plus forte position courte depuis octobre 2019, ce qui indique qu’elle mise sur une chute des cours à venir.
Ceci dit, pour l’instant, le marché physique enregistre d’importantes primes, ce qui témoigne de l’étroitesse de l’offre actuelle et explique que des acheteurs se tournent vers les stocks certifiés pour s’approvisionner.
Les exportations ougandaises de café en décembre ont chuté de 22% par rapport au même mois un an plus tôt en raison de l'impact d'une sécheresse dans certaines régions productrices de café, selon l'Autorité ougandaise de développement du café (UCDA). Le pays d'Afrique de l'Est a exporté 418 829 sacs de 60 kg (Ms) de café en décembre. L'Ouganda est le plus grand exportateur de café d'Afrique, suivi de l'Éthiopie (Arabica) et les expéditions de grains sont une source essentielle de devises pour le pays. "La baisse des exportations a été principalement attribuée à la baisse des rendements cette année (2022) qui a été caractérisée par la sécheresse dans la plupart des régions", a déclaré l'UCDA. Actuellement, l'Ouganda produit environ 6 Ms par an.
CAOUTCHOUC
Le caoutchouc poursuit son rebond avec un quatrième gain hebdomadaire consécutif, les perspectives d’une reprise économique chez le principal acheteur, la Chine, ont maintenu le sentiment de la demande à un niveau élevé.
Partis de 228,3 yens le kilo vendredi sur l’Osaka Exchange, les cours du caoutchouc se sont établis hier à 236 yens ($1,82). Les marchés financiers chinois sont fermés cette semaine pour les vacances du Nouvel An lunaire, qui ont officiellement commencé le 21 janvier. Ils reprendront le lundi 30 janvier. "Le marché actuel espère que le retour de la Chine la semaine prochaine poursuivra cette tendance haussière", indique à Reuters Farah Miller, PDG d'Helixtap Technologies.
Le Sri Lanka a exporté pour 327 milliards de roupies ($900 millions) de produits en caoutchouc en 2022, en recul de 10% par rapport à 2021, selon le Rubber Development Department. Les principaux marchés pour les produits finis en caoutchouc sont les États-Unis, l'Allemagne et le Japon, tandis que le Pakistan, l'Allemagne et le Japon sont les principaux marchés pour le caoutchouc naturel du Sri Lanka.
Aux Philippines sur l’île de Basilan sévit une maladie provoquée par le champignon Pestalotiopis microspora affectant les hévéas de la province, qui si elle n’est pas maîtrisée pourrait menacer 50 000 hectares de plantations et affecter quelque 17 000 travailleurs. Le gouverneur de Basilan, Jim Salliman, a signé lundi la résolution Sangguniang Panlalawigan déclarant toute la province en état de calamité.
COTON
Le coton a poursuivi son ascension cette semaine dans un contexte de demande modérée, la Chine étant absente du marché, en vacances pour le Nouvel An Lunaire. Les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 87,5 cents la livre contre 86,7 cents vendredi dernier.
Pour la deuxième semaine consécutive, les ventes hebdomadaires de coton américain sont en hausse et nettement plus élevées que la moyenne des quatre semaines précédentes. La Chine a été le plus gros acheteur de coton américain cette semaine avec 59 200 balles, suivie de près par la Turquie avec 55 200 balles, conformant l’espoir d’un retour de la demande chinoise.
La Chine dont les prévisions de consommation a été revue à la hausse pour 2022/23 par le spécialiste Cotlook avec quelque 200 000 tonnes ajoutées. Quant à la production mondiale en 2022/23, elle a été revue marginalement à la baisse (-35 000 tonnes), la forte révision à la baisse de la production de l’Inde (-215 000 tonnes) et des pays de la Zone Franc (-135 000 tonnes) et dans une moindre mesure du Brésil (-25 000 tonnes) étant presque compensée par la hausse de celle de la Chine (+275 000 tonnes) et des Etats-Unis (+95 000 tonnes). Ainsi, la hausse des stocks mondiaux de clôture sera moindre. Ils sont estimés à 1,023 million de tonnes contre 1,258 Mt le mois dernier en 2022/23.
Aux Etats-Unis, S&P Global Commodity Insights anticipe une forte baisse des superficies de coton en 2023/24 à 10,892 millions d’acres, soit 20,9% de moins. Les agriculteurs américains se tournant plus vers le blé avec une hausse anticipée de 9% des superficies et dans une moindre mesure vers le sorgho (+3,9%), le maïs (+2,2%) et le soja (+0,6%).
Au Zimbabwe, la production de coton a chuté de 59% pour la campagne 2021/22 pour atteindre 57 000 tonnes contre 137 762 tonnes en 2010/21. Une baisse attribuable aux inondations et à une vague de froid, selon le directeur général de l’Agricultural Marketing Authority (AMA), Clever Isaya. Il a ajouté que les retards de paiement de la saison avaient également frustré certains agriculteurs.
Au Burkina Faso, malgré une hausse de 4% des superficies cotonnières, à 617 607 hectares, sur cette campagne 2022/23 en cours, la production de coton graine conventionnel baisserait de 7% par rapport à la campagne précédente, pour se situer à 482 585 tonnes (t). En cause, la chute attendue de 10% des rendements moyens, à 781 kilogrammes par hectare (Lire : La production de coton au Burkina chuterait de 7% en 2022/23).
HUILE DE PALME
Chute du marché de l’huile de palme où les cours ont atteint un creux de plus de six semaines avec hier une clôture sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 771 ringgits ($888,76) la tonne contre 3 904 ringgits vendredi dernier. A noter que la bourse a été fermée lundi et mardi pour les vacances du Nouvel An lunaire.
Une chute alimentée par l’appréciation du ringgit vis-à-vis du dollar, la faiblesse des autres huiles, dont le soja, et l’anémie de la demande. Sur les 25 premiers jours du mois de janvier, les exportations d’huile de palme de la Malaisie ont diminué entre 32,9% et 34,7%, selon les inspecteurs par rapport à la même période en décembre.
En outre, l’Inde, le premier consommateur mondial d’huile végétale, a vu des importations d’huile de tournesol fortement grimper en janvier (Lire ci-dessous) alors que les producteurs de la Mer noire cherchent à diminuer leurs stocks. Cela pourrait réduire la achats d’huile de palme ce trimestre et donc peser sur les prix.
En Inde, les importations indiennes d'huile de tournesol en janvier devraient atteindre un record de 473 000 tonnes, soit près du triple des importations mensuelles moyennes alors que les principaux exportateurs, la Russie et l'Ukraine, cherchent à réduire leurs stocks, ont déclaré à Reuters des responsables de l'industrie. Les importations indiennes mensuelles d'huile de tournesol se sont élevées en moyenne à environ 161 000 tonnes au cours de la campagne de commercialisation 2021/22 qui s'est terminée le 31 octobre.
Des importations record qui surviennent alors que la remise de l'huile de tournesol sur l'huile de soja rivale s'est élargie à un plus haut niveau en neuf mois, la rendant attractive pour les acheteurs indiens. En outre, la décision de l'Inde d'autoriser les importations d'huile de tournesol en franchise de droits jusqu'en mars 2024 rend également l'achat attrayant pour les raffineurs indiens.
En Indonésie, les exportations d’huile de palme ont chuté de 8,5% en 2022 pour atteindre 30,8 millions de tonnes (Mt) en raison d’un environnement réglementaire volatil et d’une production atone. En effet, pour contrôler la flambée des prix de l'huile de cuisson domestique l'année dernière, le gouvernement a mis en œuvre divers changements dans la politique d'exportation d'huile de palme, y compris une interdiction d'exportation de trois semaines à compter de fin avril.
En outre, la production d’huile de palme n’a augmenté que marginalement à 46, 7 Mt, soit 0,4% de plus qu’en 2021. "C'est la quatrième année de production stagnante alors que la consommation intérieure continue d'augmenter", a déclaré Joko Priyono, président de l’Indonesia Palm Oil Association (Gapki). Les stocks d'huile de palme de l'Indonésie s'élevaient à 3,65 millions de tonnes fin 2022.
Alors que la production devrait encore stagner en 2023 en raison du prix élevé des engrais, selon le président de Gapki, le passage au B35 en février devrait doper la consommation intérieure.
RIZ
En Asie, les prix du riz sont inchangés cette semaine en se maintenant à un niveau élevé tant en Inde qu’en Thaïlande.
En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont maintenus à leur plus haut niveau depuis deux ans à $387- $395 la tonne, inchangés par rapport à la semaine dernière. La demande est robuste et en dépit de la récente hausse des prix, le riz indien est compétitif pour les acheteurs par rapport aux autres origines d’Asie.
En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont inchangés cette semaine à $500 la tonne, un plus haut depuis mars 2021. Des prix élevés consécutifs à l’appréciation du bath. "La nouvelle demande est limitée car le prix est plus élevé que celui du riz indien. L'offre diminue également car il s'agissait de la dernière récolte", a déclaré à Reuters un négociant basé à Bangkok. Ajoutant "Si le baht continue de s'apprécier, les exportations de riz thaïlandais pourraient manquer leur cible". La semaine dernière, l'association thaïlandaise des exportateurs de riz a abaissé son objectif d'exportation de riz pour 2023 à 7,5 Mt contre 8 Mt de la vigueur du baht.
Au Vietnam, les marchés sont fermés cette semaine pour les vacances du Nouvel An lunaire. La semaine dernière, les prix du Viet5 % se situaient à $445- $450 la tonne.
SUCRE
Le sucre roux a rebasculé mercredi par-dessus les 20 cents, clôturant hier soir à New York à 20,68 cents contre 19,72 cents vendredi dernier sur l’échéance mars. Quant au blanc, il est passé de $ 546,40 la tonne vendredi dernier à $ 555 hier soir sur l’échéance mars.
Au Brésil, l’entreprise publique pétrolière Petrobas pourrait augmenter le prix des carburants. Une telle information incite toujours les raffineries à consacrer davantage de canne à sucre à la fabrication d’éthanol plutôt que de sucre ce qui, mécaniquement, renchérit le prix de ce dernier.
Toujours au Brésil, on a continué à broyer de la canne dans le centre-sud du pays durant la première quinzaine du mois de janvier alors que l’année dernière à pareille époque, cette activité avait déjà cessé, indique le groupe industriel Unica.
Mais ce qui a surtout fait le buzz sur le marché sucrier cette semaine, le poussant à la hausse, est la perspective en Inde de voir le gouvernement confirmer son interdiction d’exporter davantage de sucre cette campagne en raison de sa baisse de production de sucre. Ainsi, les sucreries du Maharashtra, l'État indien le plus producteur avec plus d'un tiers de la production nationale de sucre, devraient cesser de broyer la canne 45 à 60 jours plus tôt que l'année dernière, car les intempéries ont réduit la disponibilité de la canne à sucre, a déclaré vendredi à Reuters un haut responsable de l'État. Le Maharashtra pourrait produire 12,8 Mt de sucre au cours de la campagne de commercialisation 2022/23 qui a débuté le 1er octobre, contre une prévision antérieure de 13,8 Mt, a déclaré le commissaire au sucre du Maharashtra, Shekhar Gaikwad. "Des précipitations excessives ont réduit la croissance végétative de la canne à sucre. Cette année, la canne inférieure est disponible pour le broyage", a-t-il expliqué. Quelques raffineries dans la partie centrale de l'État pourraient commencer à cesser leurs activités dans 15 jours, et d'ici la fin avril, tous sauf trois ou quatre moulins devraient avoir cessé de broyer.
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