La Chronique Matières du Jeudi (27/07/2017)

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Le dollar a fait un exercice de yo-yo cette semaine, tombant mercredi après que la Réserve fédérale ait manifesté son manque d'empressement à relever les taux d'escompte, mais a regagné aujourd'hui après la publication de bons chiffres macro économiques. Toutefois, le dollar demeure faible face à l'euro, ayant perdu 11%  depuis le début de l'année.

CACAO

De vendredi dernier à mercredi soir, le cacao a encore perdu de sa valeur sur les marchés à terme. Partie de £ 1 561 sur le marché à terme de Londres et de  $ 1 968 à New York vendredi dernier, la tonne a clôturé mercredi soir respectivement à £ 1 525 et $ 1 957 la tonne.

Malgré les facteurs monétaires -notamment la faiblesse du dollar qui impacte l'ensemble des marchés de matières premières, la tendance sur le cacao demeure lourde car la demande mondiale est molle et les disponibilités très abondantes. L'agitation militaro-politique en Côte d'Ivoire ces derniers jours n'a pas vraiment eu d'impact, le pays allant résolument vers les 2 millions de tonnes (Mt) de cacao cette campagne. Un record ! Toutefois, de plus en plus d'indicateurs pointent vers une baisse de production la prochaine campagne qui démarrera le 1er octobre et donc une hausse des cours en vue, comme le précise Commerzbank dans sa note de marché.

Les exportateurs en Côte d'Ivoire estiment que les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1,926 Mt au 23 juillet et ce, depuis le démarrage de la campagne le 1er octobre dernier. A pareille époque la campagne dernière, les arrivages étaient bien moindres, de l'ordre de 1,431 Mt.

Côté entreprise, le fabricant suisse de chocolat Lindt & Spruengli a annoncé mardi réduire ses prévisions de croissance de son revenu sur 2017. La performance aux Etats-Unis n'est pas à la hauteur des espoirs, la réorganisation et la transformation du confiseur outre-Atlantique Russel Stover étant plus compliquées que prévue car les ventes en ligne ne cessent de se développer et la demande pour des produits toujours plus sains est croissante. Rappelons que le Suisse a racheté l'Américain en 2014.

CAFE

L'Arabica a terminé mercredi sur le marché à terme de New York, à $ 1,3540 la livre (lb) contre $ 1,3655 vendredi dernier, tandis que le Robusta cotait à Londres $ 2 137 sur l'échéance septembre après avoir touché en cours de séance mercredi $ 2 157 la tonne, contre $ 2 143 à la clôture en fin de semaine dernière.

La force du real, la monnaie brésilienne, ainsi que les craintes suscitées par la prolifération de scarabées qui perforent les cerises, ont soutenu le prix de l'Arabica, le Brésil étant premier producteur et exportateur mondial. L'Arabica a gagné 3,32% sur la seule séance de mercredi et était encore à la hausse jeudi. En effet, un real ferme rend moins attrayant  l'exportation de café du Brésil, car les prix sont moins compétitifs, restreignant ainsi les volumes mis sur le marché.

Il s'agirait de la pire infestation de "broca" -de scarabées- depuis longtemps, cette invasion faisant suite à l'interdiction en 2013 du pesticide Endosulfan utilisé depuis une quarantaine d'années.  Les scarabées sont apparus dans des régions caféières majeures du Brésil, le Cerrado et le Sul de Minas (sa dernière infestation remonte à 2010), qui approvisionnent notamment des compagnes mondiales comme Starbucks ou encore Nestlé; les estimations des dommages au café vert oscillent entre 5 et 30% de la production. ABIC, l'association brésilienne des torréfacteurs de café, recommande aux transformateurs de bien vérifier leurs livraisons de café vert et de refuser toute livraison ayant plus de 5% de cerises endommagées.

Ces scarabées -notamment les femelles qui perforent les cerises pour pondre leurs Å“ufs-  impactent tant les rendements que la qualité des cerises de café. Ce fléau s'ajoute à une conjoncture caféière déjà peu favorable, le Brésil étant dans son année creuse du cycle biennal du caféier, avec une météorologie peu clémente dans certaines régions et la fatigue de la plante après une grosse année de production.  Avant même le problème des scarabées, le gouvernement avait estimé, dès la mi-mai,  que la récolte 2017 serait inférieure de 11,3%  à celle de l'année précédente, à  45,6 millions de sacs de 60 kilos (Ms).

Côté Asie, la décote des Robusta indonésiens par rapport aux cotations de Londres s'est resserrée cette semaine car, les stocks s'amenuisant, les producteurs font de la rétention. Le Robusta Grade 4, 80 défauts, se vend actuellement dans une fourchette allant d'une décote de $ 20 à une prime de $ 10 sur la cotation de l'échéance septembre à Londres alors que la semaine dernière, il était en décote de $ 30 à $ 40.

Au Vietnam, la demande en grains de qualité n'a pas pu être assouvie car le n°1 mondial du Robusta n'a plus beaucoup de volumes en stock. Le marché à terme de Londres étant en déport -l'échéance septembre est plus chère que celle de novembre,  le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, commence à se vendre à prime de $ 10 par rapport à novembre mais demeure relativement inchangé, à $ 40-50 de décote sur l'échéance septembre. Rappelons que le Vietnam a exporté 981 000 t sur le premier semestre, en hausse de 18% par rapport aux six premiers mois de 2016.

Côté entreprises, Starbucks a déclaré vouloir racheter à son partenaire JV les  50% restants du capital de East China pour $ 1,3 milliard. Ceci donnerait au géant américain la propriété de 1300 magasins à Shanghai,  et dans les provinces de Jiangsu et Zhejiang. Ceci toujours avec en ligne de mire les 5 000 magasins en Chine d'ici 2021.

CAOUTCHOUC

Après avoir gagné 6,4% la semaine dernière, les cours du caoutchouc ont évolué en dent de scies cette semaine alternant baisse et hausse au gré de l’évolution du marché de Shanghai, des cours du pétrole et du yen face au dollar. Les échanges sont faibles.

Jeudi, le contrat de janvier sur le Tokyo Commodity Exchange (TOCOM) clôturait à 214,5 yens ($1,93) le kilo. A Shanghai, le contrat de janvier a terminé à 16 115 yuans ($2 392) la tonne, perdant 100 yuans.

« Les marchés du caoutchouc sont encore en mode  récupération qui a démarré  au début du mois de juin », a déclaré Satoru Yoshida, analyste chez Rakuten Securities

Les stocks sont en augmentation tant en Chine au qu’au Japon. Les stocks dans les entrepôts gérés par le  Shanghai Futures Exchange en Chine ont progressé  vendredi dernier de 1,5% par rapport à la semaine dernière.  Ceux dans les  ports japonais se sont élevés à 6 723 tonnes au 10 juillet, en hausse de 5,9% par rapport à la dernière date d'inventaire, a indiqué jeudi dernier Rubber Trade Association of Japan.

Côté entreprises, le groupe français Michelin a fait état mardi d'une légère baisse (0,9%) de son bénéfice opérationnel semestriel à €1,393 milliard. Le groupe a confirmé son objectif de croissance en 2017 grâce au plein effet des augmentations tarifaires sur la deuxième partie de l'exercice, augmentations qui devraient compenser la hausse du prix du caoutchouc et du pétrole estimée autour de €800 millions sur l'ensemble de l'année. Au premier semestre, les ventes nettes du groupe ont progressé de 7,5% à 11,059 milliards d'euros, tandis que les volumes ont augmenté de 4,1%.

Le japonais Asahi Kasei Corp a déclaré lundi qu'il augmentera les capacités de production du caoutchouc styrène-butadiène – un caoutchouc synthétique utilisé pour des pneus économes en carburant – de  son usine à Singapour à 130 000 tonnes par an contre 30 000 tonnes actuellement.

COTON

Les cours du coton se sont situés cette semaine autour de 68 cents la livre. Ils ont clôturé mercredi à 68,4 cents la livre. Les investisseurs ont réduit leur position.

Rabobank observe que le risque climatique soutient les cours  avec une forte attention sur le développement de la culture aux Etats-Unis qui s’annonce importante, mais aussi sur celles de l’Inde et du Pakistan. Si la banque néerlandaise estime qu’un prix à 68 cents la livre est réaliste compte tenue de l’augmentation  de l’offre mondiale, elle n’exclut pas une hausse des prix au fur et à mesure que « nous entrons dans la phase la plus critique de l’hémisphère nord ». Ajoutant que les conditions de récolte en cours seront donc essentielles à court terme. Tout aussi bien « une amélioration des conditions aux Etats-Unis une météo non menaçante et une plus grande confiance dans  la production américaine pourraient provoquer un effondrement de nos prévisions de prix à moins 63 cents la livre».

La Chine préparerait un lot additionnel de 410 000 tonnes de coton pour ses enchères publiques quotidiennes afin de faciliter les approvisionnements qui sont serrés, selon le site Cncotton.com. Les ventes chinoises pourraient donc se poursuivre sur un mois supplémentaire. Démarrées le 6 mars, les ventes  quotidiennes de coton de  la réserve d’Etat ont atteint aujourd’hui plus de 2 millions de tonnes de coton.

Le Bénin a reconduit pour la campagne cotonnière 201718, les prix du coton aux producteurs ainsi que ceux des engrais et insecticides (cf. nos informations).

L’Ethiopie affiche ses ambitions en matière de production de coton et d’industrie textile (cf. nos informations : Les ambitions de l’Ethiopie dans la production de coton et l’industrie textile).

L’Egypte a signé un accord de coopération de €1,5 avec l’Onudi pour renforcer l’ensemble de la chaine de valeur du coton (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont été cette semaine très influencés par l’évolution des huiles concurrentes et en particulier de l’huile de soja avec une tendance plutôt haussière. Mercredi les cours ont clôturé sur la Malaysia Derivatives Exchange à 2 629 ringgits ($613,89) la tonne. L’écart de prix entre l’huile de palme et l’huile de soja est croissant – $166 la tonne vendredi dernier – ce qui stimule la demande en huile de palme. Les Chinois reconstituent leurs stocks. Ils ont achetés mardi trois cargaisons – environ 35 000 tonnes – pour des expéditions en octobre et novembre  selon un rapport du China National Grain and Oils Information Center (CNGOIC) ajoutant qu’environ 25 cargaisons d'huile de palme pour le quatrième trimestre de l'année.

Les exportations d’huile de palme de Malaisie sont soutenues. Du 1er au 20 juillet, elles ont progressé entre 38% et 58% selon les deux entreprises de vérification.

Pour la première fois en six ans, les importations d’huile comestible en Inde devraient  baisser à 14,3 millions de tonnes (Mt) en 2016/17 (à la fin octobre 2017), en baisse de 300 000 tonnes (2%) par rapport à 2015/16, selon Dinesh Shahra, directeur général de Ruchi Soya Industries. Une baisse  qui intervient dans un contexte où les prix de l’huile de palme ont diminué d’environ 13% depuis le début de l’année mais aussi des autres huiles comestibles, ce qui compromet le broyage local des graines oléagineuses.  Ainsi pour soutenir les prix domestiques des oléagineux, l’Inde pourrait augmenter les droits   d’importation sur les huiles ce qui limiterait davantage les achats à l’étranger et contribuerait à rendre plus rentable le broyage local des graines. « Une hausse globale des taxes sur les huiles comestibles brutes et raffinées favorisera le broyage domestique des oléagineux » a déclaré Dinesh Shahra à Reuters.  Il préconise de tripler les droits d'importation sur l’huile de palme brute pour les porter à 20 % contre 7,5% actuellement.

L'augmentation des volumes de broyage est essentielle parce que la production d'oléagineux indienne devrait augmenter de 20% à 38,2 Mt en 2016/17, selon Solvent Extractors Association of India (SEA). De plus, des stocks importants de la récolte de cette année seront prélevés pour broyer la saison prochaine, car de nombreux agriculteurs hésitent à vendre aux prix actuels, a estimé Dinesh Shahra. Toutefois pour 2017/18, les agriculteurs pourraient se porter sur des cultures plus lucratives comme le coton ce qui pourrait réduire de 10% la superficie en soja en Inde a ajouté le directeur général.

Les achats d'huile comestible en Inde – principalement l'huile de palme en provenance de Malaisie et d'Indonésie et l'huile de soja d'Argentine et du Brésil – ont augmenté chaque année depuis 2010-2011, selon SEA. En moyenne sur la dernière décennie (2005/06 à 2015/16), elles ont augmenté de 12% par an, ce qui fait de l’Inde le premier importateur mondial d’huiles comestibles. L'huile de palme représente plus de la moitié des importations totales d'huile comestible de l'Inde. Ses achats devraient se situer entre  8,5 MT – 8,7 Mt  cette année, contre 8,44 Mt en 2015/16, a déclaré Dinesh Shahra.

Les importations d'huile de tournesol – perçues comme une option plus saine par de nombreux Indiens – pourraient augmenter de 33% à 2 Mt cette année, car elle est devenue plus compétitive par rapport à l’huile de soja. Ainsi, en juin, dans les ports indiens, le coût de huile de tournesol était de $9 la tonne moins élevé que l’huile de soja. Il y a un an, huile de tournesol était de $99 la tonne plus chère que l’huile de soja, selon les statistiques de la SEA.  Ainsi, la majeure partie de la baisse des importations d’huiles  comestibles viendra des achats de soja, qui devraient chuter de près de 17% à 3,5 Mt selon Dinesh Shahara.

RIZ

Le marché du riz est calme en Asie avec une demande faible. Les prix sont trop élevés pour susciter des achats. Après avoir dénoncé les prix trop élevés en Inde, le Bangladesh qui a émergé cette année comme un importateur majeur de riz cette année (voir nos précédentes chroniques), a indiqué qu’il pourrait aussi suspendre ses importations de riz de Thaïlande pour les mêmes raisons. Le pays se tournerait vers le Cambodge.

En Thaïlande, le Thaï 5% a légèrement augmenté cette semaine à $395-$408 la tonne. Une hausse imputable à l’appréciation du bath par rapport au dollar, le commerce étant ralentit et la demande faible.

Au Vietnam, le Viet 5% s’est stabilisé à $400-$405 la tonne.

En Inde, le prix du riz étuvé 5% a perdu $ 5 la tonne à $400-$403. La demande est faible.

En Irak, la production de riz, dont la récolte démarre en octobre, devrait s’élever à 250 000 tonnes, selon le ministère de l’Agriculture. Ainsi, la demande d’importation devrait s’élever à environ 1 million de tonnes.

SUCRE

Le sucre roux a terminé, mercredi soir, en hausse sur la veille, à 14,32 cents la livre, mais en légère baisse par rapport à vendredi dernier lorsqu'il a clôturé à  14,40 cents.  Quant au sucre blanc, il cotait mercredi soir à Londres $ 391,20 la tonne contre $ 394 en fin de semaine dernière.

A l'instar du café, les prix du sucre tirent leur fermeté cette semaine du regain de force du réal, la monnaie brésilienne, face aux autres devises. Un real fort signifie une moindre compétitivité des produits brésiliens, dont le sucre, sur les marchés mondiaux et donc une offre brésilienne moins abondante, restreignant les volumes et donc faisant augmenter les prix.

En outre, le marché a grimpé suite à au feu vert judiciaire donné au gouvernement brésilien l'autorisant à procéder à une hausse de la taxe sur les carburants, dont l'éthanol, dérivé de la canne à sucre,  afin de réduire le déficit budgétaire. Ce changement de fiscalité pourrait conduire à ce que davantage de canne aille à la production d'éthanol plutôt que de sucre, restreignant donc les volumes de sucre, ce qui fait grimper les cours.

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