La Chronique Matières Premières Agricoles au 26 juillet 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 26 juillet 2018
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Les déclarations hier du président de la Banque centrale européenne ont fait faire à l’euro un tour de yoyo. Tout d’abord, la monnaie européenne a effacé ses pertes face au dollar lorsque Mario Draghi a fait état du recul des incertitudes concernant les perspectives d’inflation, puis l’euro est reparti à la baisse quand il a annoncé ne pas toucher aux taux avant l’été 2019.

CACAOCAFÉ  – CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE 

CACAO

Partie de £ 1 699 vendredi dernier à Londres, la tonne de cacao a terminé à £ 1 693 hier soir. La performance à New York est identique, en baisse de $ 7 la tonne sur la semaine, à $ 2 315 la tonne contre $ 2 322 vendredi dernier. La veille, on a touché un plus bas en cinq mois, le marché réagissant aux opérations de couverture des producteurs et aux liquidations de positions longues des investisseurs.

Ceci dit, on a l’impression que cela souffle le chaud et le froid sur le marché du cacao. Côté producteurs, la situation semble difficile à apprécier. Depuis début juillet, les producteurs se félicitaient des bonnes pluies et de la floraison abondante des cacaoyers, laissant présager d’une bonne récolte sur la récolte principale, à partir de début octobre. Toutefois, ces derniers jours, les pluies ont été si fortes qu’elles ont endommagé les fleurs et les cabosses naissantes, ont expliqué hier à Reuters des compteurs de cabosses et des agriculteurs. Certains planteurs soulignent que les prix du cacao ont tellement baissé qu’ils doivent réduire sur la main d’œuvre et donc sur l’entretien, sans compter les traitements contre les insectes et maladies. Il est encore trop tôt pour évaluer le taux d’impact, et les avis divergent, certains soulignant que ce n’est qu’en août où on pourra faire un comptage pertinent.

En revanche, côté demande, les industriels apportent des nouvelles réconfortantes, même si, en toile de fond, on sait que les chocolatiers sont couverts quasiment jusqu’en 2020, ayant profité de la baisse des cours. Hier, le géant de la confiserie américaine Hershey a annoncé des ventes sur son marché national en hausse de 5,3% au second trimestre, atteignant $ 1,56 milliard et renversant la tendance morose des périodes précédentes. Mercredi, Mondelez, n°2 de la confiserie, avait surpris le marché en annonçant une hausse de ses ventes pour le quatrième trimestre consécutif, une hausse de l’ordre de 5,2%, à $ 4,55 milliards.

Quant à l’Organisation internationale du cacao (ICCO), elle maintient ses prévisions de production totales, Côte d’Ivoire/Ghana, à 2,88 Mt sur la campagne 2017/18, a indiqué hier son directeur exécutif Jean-Marc Anga dans une interview à Reuters. La Côte d’Ivoire serait à 2 Mt et le Ghana à 880 000 t. Ceci dit, a-t-il précisé, même si le leader mondial enregistre cette nouvelle récolte record, elle n’est pas sur-approvisionné. L’ICCO maintient également ses prévisions de prix à $ 2 500 la tonne sur la période 2016-2020. Et le patron de l’ICCO de mettre en garde : face à la volonté politique du Ghana et de la Côte d’Ivoire de coordonner leur stratégie commerciale, il ne faudrait pas que les opérateurs tentent de manipuler le marché.

Notons que les arrivages aux deux ports ivoiriens ont atteint 1,824 Mt entre le 1er octobre et le 22 juillet, en baisse d’environ 3% sur la même période l’année dernière, selon les estimations des exportateurs. Il est également estimé que la récolte intermédiaire cette année ne serait que de 400 000 t contre 2520 000 t l’année dernière, estiment certains acteurs de la filière.

Pour sa part, l’Indonésie maintient en août sa taxe à l’export à 5% sur ses fèves de cacao, le gouvernement ayant maintenu son prix de référence de marché en dessous des $ 2 750 la tonne. Rappelons, côté Asie, que vendredi dernier, l’Association du cacao en Asie a annoncé des broyages en hausse de 15% au second trimestre, à 185 394 t (lire nos informations).

Côté industrie, aux Etats-Unis, la société de venture capital Sunrise Strategic a annoncé investir dans la marque américaine de chocolat labellisée Little Secrets.

CAFÉ

L’Arabica a terminé hier soir à New York, en dessous du $ 1,1, clôturant à $ 1,0955 la livre (lb) contre $ 1,1065 vendredi dernier. Le Robusta a également dégringolé à $ 1 652 hier soir contre $ 1 683 vendredi.

Sur le segment des Robustas en Asie, les perspectives de récoltes abondantes pèsent également sur les prix des marchés locaux. Les agriculteurs dans les Central Highlands ont offert cette semaine leurs grains de café à 35 600-35 700 dongs le kilo ($ 1,54) contre 34 300-35 200 dongs la semaine dernière. Toutefois, à l’export, le café est offert à une décote plus importante que précédemment par rapport au marché de Londres, une décote cette semaine de $ 105 la tonne contre $ 90-$100 la semaine dernière. Même tendance en Indonésie où l’habituelle prime du café local par rapport à la cotation de Londres n’était que de $ 50 cette semaine contre $ 70 la semaine dernière sur le terme de septembre.

Selon le négoce, la production au Vietnam serait de 1,85 Mt ou encore de 30,8 millions de sacs de 60 kg durant la campagne à venir 2018/19, ce qui serait une hausse de 4% sur la campagne qui s’achève. En revanche, dans la province indonésienne de Lampung, la production de Robusta est attendue en chute libre de 40%, selon l’Association indonésienne des exportateurs et industriels du café (AEKI). Une chute liée aux conditions météorologiques.

Au Brésil, les exportations de café en juillet seraient de 2 Ms en juillet mais devraient augmenter en août.

Côté entreprise, Starbucks a annoncé hier des ventes en hausse de 1% dans ses magasins à travers le monde mais aussi aux Etats-Unis. En revanche, en Chine, ses ventes ont baissé de 2%. Sur le trimestre, ses revenus nets ont été de $ 852,5 millions et son chiffre d’affaires de $ 6,31 milliards.

CAOUTCHOUC

Après avoir perdu 1,2% de leur valeur la semaine dernière, les cours du caoutchouc ont à nouveau glissé pour clôturer jeudi à 167,1 yens ($1,51) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et à 10 295 yuans ($ 1 519) la tonne sur le marché de Shanghai, contre respectivement 170,8 yens et 10 285 yuans. Les fondamentaux – la hausse des stocks et la baisse de la demande – n’ont guère varié depuis 4 à 5 semaines. Parmi les facteurs qui ont précipité les cours plus bas cette semaine, on trouve l’envolée du yen, les inquiétudes sur le ralentissement de l’économie mondiale, et en particulier de la Chine avec l’escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine – Donald Trump menaçant d’imposer des droits de douane sur $500 milliards supplémentaires de marchandises importées ne provenance de Chine.

Afin de réduire l’offre et de stimuler le marché, la Thaïlande envisage de supprimer chaque année entre 40 000 et 50 000 tonnes de caoutchouc naturel en réduisant les zones productrices de caoutchouc. « Nous avons un plan pour réduire les plantations d’hévéas de 200 000 rai (32 000 hectares) par an pendant cinq ans, ce qui fera un million de rai (160 000 hectares). Le plan démarrera à partir de septembre”, a déclaré Yium Tavarolit, le gouverneur par intérim de la Rubber Authority of Thailand à Reuters. Les producteurs de caoutchouc qui souhaitent se joindre au programme et se convertir à d’autres cultures recevront une compensation de 20 000 bahts ($601,14 dollars) par rai, a-t-il précisé.

COTON

Les cours du coton ont légèrement progressé cette semaine, passant de 87,08 cents la livre à la clôture vendredi dernier à 88,23 cents la livre jeudi, dans un marché calme avec de faibles volumes échangés. Mais, la demande demeure soutenue sur plusieurs marchés, observe Mambo, en particulier en Inde, au Vietnam et au Bangladesh, surtout pour des cotons de qualité.

Tandis que le marché est toujours attentif aux développements du conflit américano-chinois, les yeux sont aussi tournés vers le Texas où sévit une vague de chaleur. Le dernier rapport hebdomadaire de l’USDA sur l’état d’avancement des récoltes a montré lundi que 33% de la récolte était dans un état pauvre à très mauvais contre 28% il y a une semaine. Chez le premier Etat producteur, le Texas, 49 % de la récolte était dans un état médiocre à très mauvais, contre 42% la semaine précédente.

Cotlook a fortement réduit son estimation des stocks mondiaux de coton dans ses prévisions sur l’offre et la demande de coton en juillet. Il table sur une réduction de 1,053 millions de tonnes (Mt) à la fin 2018/19 contre 717 000 tonnes estimés un mois auparavant. Une révision consécutive à une forte hausse de l’estimation de la consommation mondiale (+225 000 tonnes) tandis que la production mondiale est moindre de 110 000 tonnes, principalement en raison des Etats-Unis, par rapport à l’estimation de juin.

En Inde, la grève illimitée des camionneurs, entamée le 20 juillet, perturbe le commerce des produits essentiels comme les céréales et les légumes, mais nuit également au commerce du coton. En effet, la grève touche durement le secteur textile, stoppant l’acheminement des matières premières et des produits finis non seulement pour les revendeurs et détaillants mais aussi pour les exportateurs. Les filatures ne rencontrent aucun problème dans l’approvisionnement en coton – elles disposent pour l’instant de stocks – mais le transport de leur fil vers les usines de textile pour la fabrication de tissus a été complètement arrêté.« Les mouvements de toutes les marchandises ont cessé. Le retard d’embarquement a pour conséquence, outre une perte financière pour les exportateurs, de nuire à la crédibilité de l’Inde sur les marchés étrangers “, a déclaré Ujwal Lahoti, président exécutif de Lahoti Overseas et président du Cotton Textiles Export Promotion Council.

De son côté, le président de l’Association cotonnière indienne, Atul Ganatra, a déclaré que «Les usines d’égrenage sont sur le point de fermer à cause du manque de matières premières. Les traders ne sont pas en mesure de transporter le coton vendu et tous les paiements sont bloqués en raison du non acheminement du fil ».

Toujours en Inde, le Cotton Advisory Board (CAB) a estimé que les exportations de coton en 2017/18 (octobre 2017-septembre 2018) devraient progresser de 20% par rapport à 2016/17 pour atteindre 7 millions de balles. En outre, le CAB a estimé la production de coton 2017/18 à 37 millions de balles.

Aux Etats-Unis, le président Trump a approuvé un programme d’aide agricole de $12 milliards en faveur des agriculteurs américains affectés par le conflit commercial Chine-Etats-Unis. Les producteurs de soja, de sorgho, de blé, de maïs, de coton, de produits laitiers et de viande seraient susceptibles d’en bénéficier mais pour l’instant aucun détail n’a été donné (cf. nos informations). 

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont grimpé de 2% jeudi pour clôturer à 2,201 ringgits ($542,39) la tonne contre 2194 ringgits la semaine dernière. L’huile de palme semble donc s’acheminer vers une deuxième semaine de hausse. Une reprise impulsée par un redressement de la demande d’exportation et les hausses des prix du soja et du pétrole aux Etats-Unis.

Les exportations de Malaisie pour la période du 1er au 25 juillet ont augmenté de 5% par rapport à la période correspondante le mois dernier, selon la société d’inspection AmSpec Agri Malaysia et  SGS. En Indonésie, on observe aussi un regain d’exportation (voir ci-dessous).

En Indonésie, les exportations d’huile de palme et de palmiste ont augmenté de 7,5% en juin par rapport juin 2017 pour atteindre 2,29 millions de tonnes, selon l’association indonésienne d’huile de palme (GAPKI). La raison ? Une augmentation surprise des importations de l’Inde, qui étaient plus du double de celles du mois de mai, a indiqué GAPKI et ce malgré  la forte taxe à l’importation. Les stocks d’huile de palme sur la période se sont élevés à 4,85 Mt contre 4,76 Mt en mai, en dépit d’une baisse de la production d’huile de palme et de palmiste en juin.

RIZ

Les prix du riz à l’exportation en Inde ont rebondi cette semaine tandis qu’en Thaïland et au Vietnam, les pirx sont stables dans un marché calme. 

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont gagné de $3 la tonne à $389-$393 la tonne après être tombés au plus bas niveau depuis avril 2017 la semaine dernière. “Le riz indien est devenu compétitif en raison de la récente baisse des prix, les acheteurs africains sont en train de passer commande“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’Etat d’Andhra Pradesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine précédente, se situant entre $390-$395 la tonne. Le marché est calme. “Bien que les récoltes d’été et d’automne se poursuivent, de fortes pluies ralentissent la récolte, ce qui maintient le prix du paddy domestique“, a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement baissé à $380-$385 la tonne contre $380 à $395 la semaine dernière. Avec une moyenne de $382,50 la tonne, le prix du riz thaïlandais a atteint son plus bas niveau depuis novembre dernier. Le marché est aussi calme.

Mardi, le gouvernement thaïlandais a approuvé une série de mesures d’une valeur de 60 milliards de bahts ($1,80 milliard) pour aider les agriculteurs à stocker les 9 millions de tonnes de riz attendues de la nouvelle récolte afin de prévenir d’une offre excédentaire.

La Chine a accepté d’importer du riz de 14 des 19 exportateurs de riz enregistrés de l’Inde, tandis que les cinq restants – principalement des vendeurs de riz basmati – ont été invités à améliorer leurs installations de stockage et d’isolement avant de les renouveler. La Chine n’autorise l’importation que du riz basmati en provenance de l’Inde, mais avec cette autorisation, même le riz non basmati peut être exporté. Une autorisation qui s’inscrit dans la montée des tensions entre les États-Unis et la Chine, Pékin cherchant  de nouveaux marchés pour augmenter ses stocks.

SUCRE

Le sucre roux a touché hier un plus bas en trois mois à 10,83 cents la livre(lb). Finalement, il a repris un peu de vigueur vers la clôture, terminant en définitive à 11,03 cents mais très en-deçà des 11,12 cents/lb vendredi dernier. En revanche, la blanc a pris des couleurs sur la semaine écoulée : partie de $ 322,2 la tonne en fin de semaine dernière, elle cotait $ 324,10 hier soir sur le marché à terme de Londres.

Au Brésil, les broyages de canne sur la première moitié de juillet ont atteint les 45 Mt, légèrement en-deçà des niveaux sur la même période l’année dernière. Il fait sec, un temps idéal pour les broyages. Les unités sont résolument sur l’éthanol : seulement 38% des cannes vont à la fabrication de sucre, soit 23% de moins que durant cette même quinzaine l’année dernière. Au premier semestre, les raffineries ont vendu 1,2 milliard de litres d’éthanol, 17% de plus que début 2017.

Cocoa-Cola a enregistré une hausse de 5% de ses ventes au second trimestre et de 2% de ses volumes, avec les performances les plus élevées pour ses produits à moindre teneur en sucre comme Diet Coke, Coke Zero ou encore les eaux gazeuses. Les ventes aux Etats-Unis comme en Europe ont été très bonnes, toutes deux en hausse de 7%. L’action Coca Cola cote $ 46,49.

 

La Chronique Matières Premières Agricoles s’interrompt pour reprendre le 30 août. 

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