Fret, météo, reprise de la demande, les marchés se sont envolés en août

 Fret, météo, reprise de la demande, les marchés se sont envolés en août
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Impactés principalement par les phénomènes météorologiques notamment la sécheresse aux Etats-Unis, un été très pluvieux en Europe et les gelées au Brésil, les prix des matières premières agricoles ont augmenté de 2% en août, du moins sur les trois premières semaines, souligne Rabobank dans son rapport de marché publié mercredi.

Mais avant tout, cerise sur le gâteau, la hausse du coût du fret a encore atteint un seuil dès le début du mois d’août lorsque les $ 20 000 ont été dépassés pour des conteneurs de plus de 20 000 pieds entre la Chine et les Etats-Unis.L’accélération du variant Delta de la Covid-19 a ralenti les opérations portuaires sans compte l’impact du typhon en Chine. Alors, certes, précise Rabobank, sur les trois premières semaines d’août, l’indice Drewry World Container Index (WCI) n’a augmenté « que » de 3% mais après avoir enregistré une envolée de 16% en juillet et surtout de 340% en un an. Si les prix commencent donc à se stabiliser, les perturbations que cela a occasionné sur les marchés commencent à toucher des pays comme le Brésil avec, notamment, des retards majeurs dans les rotations.Selon Bloomberg, la hausse du fret aurait été de 500% en un an entre la Chien et les Etats-Unis.

Les cours du blé sont demeurés très fermes sur ces trois premières semaines d‘août, gagnant 2,4% sur le CBIT et 9,3% sur le Matif. En effet, le département américain de l’Agriculture (USDA) a revu en profondeur ses prévisions de production pour la Russie, la réduisant de 7,5 Mt à 72,5 Mt. Ses exportations sont estimées n’être que de 35 Mt, voire même 32 Mt, notamment à cause de la fiscalité russe à l’export et la fermeté des prix sur le marché domestique. Ailleurs, la sécheresse laisse de lourds impacts aux Etats-Unis, au Canada et au Kazakhstan. La production de printemps de blé aux Etats-Unis pourrait être de 40% inférieure à l’année précédente, avec des stocks de fin de campagne qui pourraient être divisés par deux. En Europe, l’été très humide entrainera sans doute, selon Rabobank, des questions de qualité, avec une production attendue en hausse de blé de fourrage par rapport au blé meunier. Les volumes exportables d’UE et du Royaume Uni sont actuellement estimés à 35 Mt par l’USDA, voire moins si on se heurte à des questions de qualité.

S’agissant du café, les prix actuels -Arabica et Robusta confondus- sont 50% plus élevés que leur moyenne sur les cinq dernières années. De ce fait, la matière première pourrait représenter jusqu’à 50% du prix du paquet qu’on trouve en supermarchés, ce qui laisse dire aux analystes de la banque qu’on peut logiquement s’attendre à une hausse du prix du produit à la consommation. Cela peut décourager les achats sur certains segments mais sur d’autres, cela ne devrait guère impacter la demande qui connait une forte croissance, notamment là où les marges sont les moins élevées. En réalité, la première réaction des torréfacteurs sera sans doute de revoir leurs mélanges et d’accroître là où c’est possible la part de Robusta dont le prix est en hausse mais qui demeure nettement meilleur marché. Ils vont aussi annuler toutes décotes et ristournes.

Quant au cacao, les prix ont augmenté de 8,8% à New York et de 6,3% à Londres sur les trois premières semaines d‘août car la saison des pluies a été lente à démarrer en Afrique de l’Ouest. Pour Rabobank, cela impactera les chiffres notamment au Ghana même si les pluies sont actuellement très bonnes. Car il ne faut pas se leurrer, indique Rabobank. Les excellents chiffres du Ghana pour la campagne actuelle, à plus d’un million de tonnes, comprennent des volumes entrés frauduleusement de Côte d’Ivoire estimés à 150 000 tonnes par la banque néerlandaise, fine connaisseuse des marchés. Côté demande mondiale, Rabobank estime qu’elle progressera de 3% en 2021/22, voire davantage. Autre facteur qui devrait soutenir les prix dans les mois à venir, les niveaux de stocks de fèves notamment aux Etats-Unis qui continuent de baisser.

Sur les trois premières semaines d’août, le sucre roux s’est renchéri de 10%, réagissant aux gelées brésiliennes mais aussi à la concurrence du marché de l’éthanol, grand rival dans l’utilisation de la canne à sucre. Cette envolée des prix du sucre réduit la tension sur l’Inde, les subventions à l’exportation n’étant plus guère de mise à de tels niveaux de cours internationaux.

La fibre de coton s’est caractérisée par la fermeté de ses prix durant ce mois d’août, le Département américain de l’Agriculture (USDA) estimant que la demande va augmenter alors que l’approvisionnement sera plus étroit. Rabobank estime que l’USDA pourrait revoir à la hausse ses chiffres de production américaine à 18 millions de balles contre les 17,3 millions avancés jusqu’à maintenant. La banque souligne également la position exceptionnellement longue des spéculateurs qui déteindraient 85 000 lots, le chiffre le plus élevé depuis 2018 lorsqu’ils avaient atteint une position nette de 115 000 lots.  Ceci dit, à l’inverse, les acheteurs commerciaux auraient une position nette courte de – 184 500 lots. Les regards sont tournés vers le Brésil où la récolte est retardée et ne montre guère de signes d’amélioration.

 

 

 

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