L’agriculture au coeur du Plan 2016-2020 du Burkina présenté aux bailleurs à Paris en décembre

 L’agriculture au coeur du Plan 2016-2020 du Burkina présenté aux bailleurs à Paris en décembre
Partager vers

Les 7 et 8 décembre prochain, à Paris, les partenaires internationaux du Burkina Faso seront appelés à contribuer au financement du Plan national de développement économique et social du Burkina Faso (PNDES) 2016-2020, un plan qui devrait transformer notamment les secteurs agricole et agro-industriel.

En effet, adopté le 20 juillet dernier en Conseil des ministres par le gouvernement burkinabè, le PNDES part du constat que la pauvreté au Burkina Faso est "fondamentalement rurale, avec une incidence de 47,5% contre 13,6% en milieu urbain". A noter qu'entre 1960 et 2014, le revenu par habitant n'a augmenté que d'environ 2% par an alors que la croissance démographique annuelle a été de 3,1% par an. L'objectif du PNDES est d'atteindre, à l'horizon 2020,  un taux de croissance annuel moyen de 8% et ramener le taux de pauvreté de 40,1% à 35%.

Selon le FMI, le taux de croissance moyen du Burkina était de 5,9% de 2004 à 2008, et de près de 5,6% entre 2009 et 2015. Une croissance prévue à 5,2% et 5,9% en 2016 et 2017, toujours selon le FMI.

Une hausse de 2% par an de la production céréalière de 2011 à 2015

Le PNDES adresse l'ensemble des secteurs économiques, sociaux, politiques et structurels mais force est de constater que l'évolution des secteurs agricoles, ruraux et agro-industriels sont une des clefs majeures de tout le processus de dynamisation économique.

Or, sur la période 2011 à 2015, l'augmentation moyenne de la production céréalière n'a été que de 2% par an avec un accroissement moyen du PIB agricole de 1,8% l'an (base 1999) face, rappelons-le, à une croissance démographique de 3,1%. La pauvreté en milieu rural est passée de 52,8% en 2009 à 47,5% en 2014.

"D'une manière générale, ces performances ont été en-deçà des résultats escomptés en raison : (i) de la dépendance du sous-secteur de l'agriculture aux aléas, (ii) de l'intensification insuffisante de la production, (iii) de la faible durabilité du système agricole, notamment son impact sur les écosystèmes et l'environnement, (iv) du faible niveau d'équipement des exploitations agricoles, (v) du faible niveau d'accès au crédit agricole (moins de 15% des producteurs), (vi) du faible développement de la transformation, (vii) d'une faible commercialisation (moins de 20% de la production), (viii) de la faible diversification de la production et (ix) du fort taux d'analphabétisme",  constatent les auteurs du PNDES.

Quant à l'élevage, de 2011 à 2015, les effectifs des bovins ont augmenté de 8,24% et de 12,55% pour les petits ruminants et la volaille. "Les insuffisances sont importantes et portent principalement, sur la productivité et la compétitivité des productions animales, la transformation des produits d'élevage, la promotion des entreprises de productions animales modernes et l'organisation des marchés d'élevage", lit-on dans le rapport.

La part du secteur secondaire dans le PIB a régressé entre 1986 et 2010, passant de 21,5% sur la période 1986-1990 à 17,3% entre 2006 et 2010. Le PNDES fait état de la nette baisse de la contribution des industries manufacturières modernes autres que l'égrenage de coton de 13,9% sur la période 1986-1990 à 1,2%, sur la période 2011-2015. Parallèlement, on note la nette progression de la contribution des industries extractives, passant de 1,5% sur la période 1986-1990, à 9,2% sur la période 2011-2015. Or, " l'essor du sous-secteur minier ne s'est pas accompagné d'une création importante d'emplois décents et d'un effet d'entraînement important sur les autres secteurs de l'économie, surtout au niveau local", constatent les auteurs.

" Dès 1993-1994, les exportations des produits manufacturés ont cédé la place aux exportations du coton. De plus, la dévaluation du franc CFA de 1994 n'a pas contribué à améliorer la compétitivité des industries manufacturières nationales. La part des exportations manufacturières dans les exportations totales de biens, a régressé de 32,7% en 1993 à 28,6% en 1994. Cette contraction s'est poursuivie jusqu'en 1997, avec une part des produits manufacturés dans les exportations qui n'était plus que de 8%. Cela traduit le tournant pris par l'économie burkinabè dans la spécialisation des produits primaires (coton et or non monétaire), au détriment de l'industrie manufacturière à fort potentiel d'effets multiplicateurs sur les économies locales, en termes d'emplois et de diversification du tissu productif", selon le PNDES.

L'ambition d'augmenter la productivité agricole de 50%

Face à ces constats, et toujours dans le cadre de l'agriculture et de l'agro-industrie qui nous intéresse ici, le PNDES prévoit une productivité agricole qui passerait de FCFA 357 000 par actif en 2015 à FCFA 535 en 2020, soit une progression de 50%. La part du secteur primaire dans le PIB baisserait des 30,3% actuels à 28% en 2020 alors que, simultanément, la part du secteur secondaire évoluerait des 20,10% actuellement à 22,4% en 2020. La part de l'industrie manufacturière doublerait, des 6,6% actuels à 12%. A la clé, le taux de transformation des produits agricoles passerait de 12% en 2015 à 25% 5 ans après.

Ces "cibles 2020", tant pour le secteur primaire que secondaire, consignées dans le PNDES, seraient atteintes en intervenant sur les facteurs suivants, peut-on lire dans le document : la maîtrise de l'eau pour l'agriculture, le développement des infrastructures rurales, l'accès aux marchés, al sécurisation foncière en milieu rural, l'accès aux financements, le renforcement des capacités, la création et le développement des appuis aux financements des PME/PMI ainsi que la création d'un fonds de garantie et d'une caisse des dépôts et consignation.

Le PNDES livre des objectifs précis dont voici des extraits. D'ici à 2020, "au niveau du secteur primaire, la valeur ajoutée devrait connaître une croissance moyenne de 5,3% par an, avec une légère hausse à partir de 2018, portée par les sous-secteurs de l'agriculture et de l'élevage. L'agriculture tirera avantage entre autres, de l'opérationnalisation des agropoles (Samendéni-Sourou, Bagrépôle), ainsi que de celle de nouveaux pôles de compétitivités (pôle de croissance du Sahel, pôle éco touristique de l'Est, Zones économiques spéciales (ZES), etc.), de la mécanisation agricole, de l'augmentation des superficies aménagées, de la mise à disposition des intrants et équipements agricoles. Quant à l'élevage, il sera soutenu par l'intensification et l'augmentation des produits de l'élevage, l'encadrement et l'appui-conseil des acteurs du sous-secteur, ainsi que la prévention des maladies d'animaux et épizooties."  

"L'ambition est d'accroître la part des productions irriguées dans la production agricole totale de 15% en 2015 à 25% en 2020, le taux de couverture des besoins céréaliers de 96% en 2015 à 140% en 2020, la productivité du secteur primaire de 50% à l'horizon 2020, le taux de commercialisation des produits agricoles (y compris les cultures de rente) de 25% en moyenne entre 2005 et 2010 à 37,5% en 2020, le taux d'accroissement de l'approvisionnement de l'agro-industrie à 50% en 2020, la proportion des actes fonciers délivrés sur les demandes d'actes de 4,9% en 2015 à 45% en 2020, le nombre moyen d'emplois créés dans le secteur primaire de 39 000 en 2015 à 110 000 en 2020, le taux de couverture des besoins alimentaires du cheptel de 69% en 2015 à 80% en 2020, le taux de couverture vaccinale contre la maladie de New Castle de 40% en 2015 à 70% en 2020 et la quantité de poissons produite de 20 000 tonnes en 2015 à 30 000 tonnes en 2020."

"Il s'agira de faire passer la part des deux premiers produits d'exportation de 85% en 2015 à 65% en 2020, la part des produits manufacturés dans les exportations de biens de 10,6% en 2014 à 20% en 2020, de réduire la part des produits alimentaires de consommation dans les importations de biens de 10,1% en 2015 à 6% en 2020 et d'augmenter la quantité de viande exportée de 88 tonnes en 2015 à 2 000 tonnes en 2020", lit-on.

64% du coût du PNDES à la charge de l'Etat

Le coût total du PNDES, estimé à FCFA 15 395,4 milliards (€ 23,4 milliards), serait financé sur ressources propres de l'Etat à hauteur de 63,8%, soit  9 825,2 milliards (€ 14,9 milliards). Des financements doivent être trouvés pour les 36,2% restants, soit FCFA 5 570,2 milliards (€ 8,4 milliards) avec l'étalement par année comme suit (tableau ci-après).

Pour situer les ordres de grandeur, on peut comparer ces chiffres aux $ 1,120 milliard (€ 1 milliard) d'aide publique au développement nette reçue par le Burkina Faso en 2014, selon les chiffres publiés par la Banque mondiale et tirés du Comité d'aide au développement de l'OCDE.

Alors, rendez-vous est donné aux bailleurs à Paris début décembre. Pourquoi Paris, loin des réalités du quotidien des Burkinabè ? "Il s’agit d’une question de raison et de bon sens, car le Burkina ne dispose pas d’infrastructures adaptées pour accueillir une conférence internationale digne de ce nom. 'Même s’il faut aller en enfer pour chercher l’argent, j’irai, ça ne me gêne pas' ", a martelé lundi le Premier ministre Paul Kaba Thiéba lors d'un point presse annonçant la tenue de la Conférence en décembre,  rapporte notre confrère Lefaso.net.

PNDES : Plan total de financement (en milliards de francs CFA)

  2016 2017 2018 2019 2020 TOTAL
Coût du plan 1 998,4 2 952,0 3 199,8 3 484,7 3 760,6 15 395,4
Ressources propres 1 286,9 1 769,6 1 995,5 2 242,9 2 526,3 9 825,2
Besoins de financement 711,4 1 182,4 1 200,3 1 241,8 1 234,3 5,570,2
Source : PNDES, p. 69            

 

 

 

 

 

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *