La Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique tous azimuts

 La Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique tous azimuts
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La Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique s’est ouverte hier à Harare au Zimbabwe dans un climat de crise lié aux impacts de la Covid-19 sur la sécurité alimentaire et la nutrition avec, en filigrane, le besoin urgent de transformation des systèmes alimentaires. Traditionnellement, ces conférences -dont c’est la 31ème session- constituent un forum pour discuter des priorités nationales et régionales actuelles et des questions urgentes dans la région en matière alimentaire et agricole. La Covid est, bien évidemment, en haut de l’agenda, d’autant plus qu’elle a accentué des situations très dégradées.

$ 670 millions de dommages par an liés à la météo

Ainsi, il est fait état de l’aggravation de la sous-alimentation en Afrique subsaharienne ces cinq dernières années ; elle a atteint 22% en 2019 ou 235 millions de personnes, en hausse de 15,6% par rapport à 2015. Elle s’est aggravée à cause des conflits, de la pire invasion de criquets pèlerins observée ces 25 dernières années, de la baisse des prix de certaines matières premières exportées, ou encore, tout dernièrement, de la Covid-19, souligne la FAO. En Afrique, ces 10 dernières années, 16 millions de personnes ont été touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont provoqué chaque année des dommages estimés à $ 670 millions.

Des solutions numériques prêtes à l’emploi

Il doit aussi être question, bien entendu, du rôle du numérique dans l’agriculture et l’alimentation en Afrique.  L’occasion de rappeler, si besoin en est, que : près de 60% des Africains ont moins de 25 ans ; que le nombre d’Africains devrait doubler d’ici 2050 et que la plupart d’entre eux seront absorbés par les villes ; qu’au cours des 30 dernières années, le volume des denrées alimentaires acheminées des zones rurales vers les zones urbaines en Afrique a augmenté de 800% ; que la Zone de libre-échange continentale africaine compte 1,2 milliard de personnes … .

Il est donc essentiel de tirer parti des technologies numériques pour innover dans l’agriculture et les systèmes alimentaires. La FAO rappelle plusieurs solutions «intelligentes» expérimentées au Rwanda et au Sénégal en 2017-2018 et qui “sont désormais prêtes à être reproduites cette année dans d’autres pays tels que la République-Unie de Tanzanie, notamment: 1) l’application «Cure and Feed Your Livestock» qui fournit des informations en temps réel sur les stratégies d’alimentation animale et de lutte contre les maladies d’origine animale; 2) l’application «Weather and Crop Calendar» qui associe des informations sur les prévisions météorologiques, les calendriers des cultures et les systèmes d’alerte; 3) l’application «Agri-Market Place» qui met en relation des producteurs, des commerçants et des consommateurs afin de faciliter le commerce et l’accès aux intrants; et 4) l’application «E-Nutrifood» qui fournit des informations sur la consommation d’aliments nutritifs.”

“Main dans la main” pour le grand chamboule-tout

Un autre axe abordé lors de cette conférence est l’Initiative Main dans la main lancée par la FAO en octobre 2019. Rappelons que la FAO et son dynamique directeur général, le Chinois Qu Dongyu, entré en fonction le 1er août 2019, entend changer la façon dont les choses se font.

Il ne s’agit pas d’un programme à part entière mais d’une approche à l’échelon des pays. L’Initiative Main dans la main entend pallier “plusieurs limites bien connues qui caractérisent de nombreux projets internationaux d’aide au développement” que ce soit la fragmentation des interventions entre les partenaires de développement et l’incapacité de trouver et d’exploiter des synergies ou d’opérer des arbitrages, le manque de transparence à l’égard des pays hôtes et une concurrence insuffisante entre les partenaires et les organismes de développement, les faibles capacités pour fournir des données; une hiérarchisation insuffisante des projets et des investissements, etc.

Toujours pas de vaccin contre la peste porcine

Thématique plus sectorielle, dès hier, la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont présenté pour la première fois sur la scène internationale leur initiative mondiale de lutte contre la peste porcine africaine (PPA) lancé sous l’égide du Cadre mondial pour la maîtrise progressive des maladies animales transfrontalières. Ils entendent sisiar l’opportunité de la Conférence régionale pour lancer une “Manifestation consacrée à l’appel à l’action“. Cette manifestation en ligne, qui durera la semaine, devrait permettre aux responsables gouvernementaux, aux vétérinaires et spécialistes du monde entier de mettre en commun leurs connaissances et leurs expériences sur les outils, les approches et les recherches les plus récentes, souligne la FAO.  

La propagation de la PPA ne montre aucun signe de ralentissement. Cette maladie contagieuse a entraîné la perte de plus de 7 millions de porcins en Asie depuis son apparition dans la région. Actuellement, plus de 50 pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe sont touchés et les pays du continent américain essaient d’empêcher l’entrée de la maladie sur leur territoire. Le taux de mortalité de la maladie peut aller jusqu’à 100% chez les porcins sauvages et domestiques et il n’existe pas de vaccin efficace.

Plutôt pertes ou plutôt gaspillages alimentaires ?

Enfin, la conférence est aussi le moment pour clarifier des données. Ainsi, en 2011, la FAO avait annoncé que les pertes et les gaspillages concernaient chaque année environ 30% de la nourriture dans le monde. Un chiffre qui a fortement marqué les esprits mais qui est en passe d’être précisé entre d’un côtéun indice des pertes alimentaires, de l’autre un indice du gaspillage alimentaire.

Car il ne faut pas confondre pertes et gaspillage, précise la FAO. Les pertes alimentaires portent sur la partie de la chaîne d’approvisionnement qui commence après la récolte et se termine juste avant la vente au détail. Le gaspillage alimentaire, quant à lui, englobe celui imputable aux consommateurs et aux détaillants.

En général, les pertes sont plus élevées pour les fruits et légumes que pour les céréales et les légumes secs, en particulier lorsque les conditions d’entreposage frigorifique ou de transformation ne sont pas optimales. La part des pertes de fruits et de légumes imputable à la piètre qualité des infrastructures est plus importante dans les pays à plus faible revenu que dans les pays industrialisés. De fait, de nombreux pays à faible revenu perdent des quantités notables de denrées alimentaires durant le stockage, et ces pertes sont souvent dues à des installations – entrepôts frigorifiques notamment – insuffisantes. “

Les causes des gaspillages de nourriture au niveau de la vente au détail sont liées à la durée de conservation, au fait que l’aspect de certains produits ne correspond pas aux attentes concernant la couleur, la forme et la taille, et à la variabilité de la demande, en particulier pour les produits frais. Les gaspillages imputables aux consommateurs découlent souvent de mauvaises pratiques d’achat et d’une planification inefficace des repas, d’achats excessifs influencés par la taille également excessive des portions mises en vente, d’une confusion entre la date limite d’utilisation optimale et la date de péremption et d’un stockage inapproprié.”

Tout un programme …

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