Âpres négociations entre exportateurs ivoiriens et multinationales du cacao en Côte d’Ivoire

 Âpres négociations entre exportateurs ivoiriens et multinationales du cacao en Côte d’Ivoire
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Avant que le couperet des $ 400 la tonne de différentiel du revenu décent (DRD) ne tombe à l’ouverture de la prochaine campagne cacaoyère en Afrique de l’Ouest le 1er octobre prochain, on se bat à Abidjan pour engranger des volumes. Et, de surcroit, des volumes de cacao certifié afin de répondre aux exigences croissantes du marché mondial et permettre aux multinationales d’honorer leur calendrier d’engagements en matière de cacao durable.

Rappelons la situation (lire : Les négociants ivoiriens de cacao victimes du cacao certifié durable). Les opérateurs locaux, membres du Groupement des négociants ivoiriens (GNI), ont besoin de 150 000 t de fèves d’ici la fin de la campagne, fin septembre, pour honorer leurs contrats. Or, ils ne les trouvent pas car ils ne parviennent pas à concurrencer en terme de prix  les géants mondiaux du cacao qui travaillent de plus en plus entre eux en Côte d’Ivoire, mettant d’énormes sommes pour avoir un cacao traçable et certifié. Ainsi, les grands chocolatiers comme Lindt, Heshey, Ferrero, etc. achètent de plus en plus du cacao certifié équitable aux multinationales comme Barry Callebaut, Cargill ou Olam bien implantés tant en Côte d’Ivoire qu’au Ghana. Ils paieraient actuellement la tonne de fève à FCFA 975-980 la kilo. Rappelons que le prix minimum garanti est de FCFA 825. Les multinationales auraient la main sur 75 à 80 des arrivages de cacaoaux ports ivoiriens et des exportations. En outre, ils stockeraient actuellement 200 000 t de fèves, selon le Gepex, et rechercheraient de nouveaux contrats d’exportation auprès du CCC.

Ainsi, pour les opérateurs nationaux, le risque de défaut sur des contrats se fait de plus en plus fort. “Onze de nos membres sont sur le point de faire faillite et de faire défaut car ils ne peuvent pas honorer leurs contrats (à l’export, Ndr)”, soulignait en début de semaine le GNI.

Toute cette semaine, des négociations ont été menées entre le GNI, le Groupement professionnel des exportateurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire (Gepex) et le Conseil du café-cacao (CCC), régulateur de l’industrie, afin de trouver une solution. Et hier, les multinationales ont accepté de vendre 60 000 tonnes (t) aux négociants ivoiriens afin de leur permettre d’honorer leurs contrats et d’éviter un défaut d’exécution comme il y a deux et trois ans. Rappelons qu’en 2016/17 et 2017/18, le CCC a perdu FCFA 300 milliards ($ 496,7 millions) pour voler au secours d’exportateurs locaux qui étaient en défaut d’exécution de leurs contrats.S’agissant de ces 60 000 t, Reuters indique que le prix et les conditions de vente accordés par le Gepex au GNI permettraient aux entreprises ivoiriennes de ne pas acheter les fèves à perte.

En échange, les multinationales réclament des volumes d’exportations supplémentaires auprès du CCC ainsi que la levée de l’interdiction de payer plus que le prix officiel.

De son côté, le GNI demande au CCC d’assurer à ses membres des contrats représentant 200 000 tonnes d’exportation de cacao certifiés.

Environ 45 % de la production de cacao en Côte d’Ivoire est certifiée, les primes au-dessus du prix garanti variant entre $ 70 et $ 200 la tonne. Ces primes seraient à 97% accordées par les multinationales installées en Côte d’ivoire avec lesquelles les membres du GNI sont en concurrence.

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