Des importations de blé en hausse au Nigeria mais les États-Unis perdent des parts de marché
Les attaques de Boko Haram ainsi que des conditions climatiques peu favorables dans les principales régions de production devraient conduire à une baisse de 17% de la production de blé au Nigeria à 60 000 tonnes en 2015/16. En effet, les États du nord du Nigeria de Bornou, Yobe, Jigawa, Kano, Zamfara, Katsina, Adamawa, Sokoto et Kebbi, sont des zones majeures de culture du blé et où sévit notamment la secte.
Quant à la consommation, elle est estimée à 4,7 millions de tonnes (Mt) en hausse de 17% par rapport à 2014/15. Plusieurs facteurs contribuent à la croissance de la consommation, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Un des produits le plus populaire localement, et surtout dans les zones urbaines, est la semoule, fabriquée à partir d’une farine de froment. L’USDA souligne que pour ce produit, les transformateurs locaux utilisent maintenant plus de blé, de préférence importé, à la place des denrées locales, comme la farine de manioc. Le changement des habitudes de consommation avec le développement de la classe moyenne – par exemple le pain fait aujourd’hui parti d’un petit déjeuner « moderne » -, le développement de la restauration rapide mais aussi des boulangeries ainsi que la production de pâtes (les importations de nouilles étant interdites) contribuent à accroître la consommation de blé.
Par ailleurs, avec les attaques de Boko Haram, les organismes donateurs achètent plus de blé et de produits à base de blé pour aider à nourrir plus d'un million de personnes déplacées à l'intérieur du pays, principalement des agriculteurs.
Les importations de blé sont estimées à 5Mt en 2015/16, en augmentation de 4% avec un hausse attendue de la demande en blé bon marché et de qualité inférieure en provenance du marché mondial et de l’aide apportée aux déplacés.
L’USDA estime que les exportations américaines de blé au Nigeria devraient atteindre 2,3 Mt en 2015/16, en recul de 17% par rapport à la campagne précédente. Une baisse largement imputable aux taxes à l’importation. Selon des sources commerciales, la part du marché américain dans les importations de blé au Nigeria s’élève à environ 55%. En 2012, cette part de marché était de 90% ! En cause le changement de politique du Nigeria et la mise en place des mesures de restriction des importations.
Un nouveau prélèvement de 15% sur les grains de blé importés de toutes origines a propulsé le droit effectif 5 à 20 %. Le blé et les produits à base de blé sont devenus plus onéreux sur le marché mais avec notamment la dévaluation de la monnaie nigériane, les meuniers ont eu du mal à répercuter la hausse des prix sur les consommateurs, souligne l’USDA. Pour rester compétitifs, les importateurs et les meuniers ont donc cherché à réduire les coûts. Une des manières d’y parvenir a été l'achat de fournitures bon marché et de blé de qualité inférieure en provenance d'Ukraine, de la Russie et de l'Argentine ; en outre les minotiers ont mélangé du blé de qualité inférieure avec de la haute qualité et du blé américain plus cher. La dévaluation de la monnaie a réduit le pouvoir d'achat des consommateurs et augmenté la demande les produits à base de blé moins chers.