La Chronique matières premières agricoles au 27 mai 2021

 La Chronique matières premières agricoles au 27 mai 2021
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Les places financières européennes ont fini hier soir en ordre dispersé après la publication de solides statistiques américaines. La croissance du PIB outre-Atlantique a atteint au premier trimestre l’un de ses plus hauts niveaux de ces 20 dernières années, à 6,4% en rythme annualisé, un chiffre inchangé par rapport à la première estimation. En outre, les Etats-Unis enregistrent un nouveau recul des inscriptions au chômage revenues à 406 000, son plus faible niveau depuis le début de la pandémie en mars 2020. Selon le New York Times, l’administration Biden devrait persévérer dans la relance budgétaire et on s’attend à ce que le président américain présente aujourd’hui un projet de budget pour l’Etat fédéral avec $ 6 000 milliards (€ 4,925 milliards) de dépenses notamment en faveur des infrastructures et des familles.

Ceci dit, sur le marché des changes, le dollar est en léger repli contre un panier de devises internationales et l’euro a terminé autour de $ 1,22.

Les bonnes statistiques américaines portent le marché du pétrole où le Brent a terminé hier soir à $ 69,1 et le brut léger américain (WTI) à $ 66,57.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

 

CACAO

Les cours du cacao se sont plus ou moins bien tenus cette semaine sous revue, avec une hausse à New York mais un léger glissement à Londres. Sur le marché à terme de Londres, partie vendredi dernier de £ 1 634, la tonne de fèves a clôturé hier soir à £ 1 631, tandis que sur le marché à terme de New York, la tonne est passée de $ 2 456 à $ 2 468.

La grande nouvelle cette semaine est le décret pris en Conseil des ministres mercredi en Côte d’Ivoire attribuant 20% des exportations de fèves de cacao mais aussi de grains de café aux exportateurs et transformateurs ivoiriens (lire nos informations : En Côte d’Ivoire, 20% des exportations de cacao alloués aux négociants locaux).

En Côte d’Ivoire toujours, les arrivages aux ports totalisent 1,963 millions de tonnes (Mt) sur la période du 1er octobre au 23 mai, estiment les exportateurs, en hausse de 7,9% sur la même période la campagne dernière. Le n°1 mondial s’inquiète quant au bon déroulement de sa campagne intermédiaire en cours, jusqu’à fin septembre, car on manque d’eau alors que le pays est dans sa saison des pluies qui dure d’avril à mi-novembre habituellement.

CAFE

C’est toujours l’euphorie sur les marchés du café. Partie de $ 1,501 vendredi dernier, la livre (lb) d’Arabica a clôturé hier soir à New York à $ 1,5535, tandis que le Robusta caracolait de $ 1 478 à $ 1 517 à Londres. Depuis le début du mois d’avril, le prix du café Arabica a gagné 30% en valeur, le conduisant la semaine dernière à un plus haut en quatre ans.

En raison notamment du manque persistant de pluies au Brésil et alors qu’on s’attend à une belle reprise de la consommation avec la réouverture un peu partout des cafés et restaurants, la situation est étroite actuellement sur les marchés du café et on commence à s’inquiéter pour la campagne prochaine. D’où la forte hausse des cours.

Face au déficit de volumes qui s’annonce, les producteurs brésiliens essaient actuellement de renégocier avec les exportateurs et traders leurs contrats de vente déjà négociés. Ceci fait craindre à l’industrie et à l’ensemble de la filière des défauts d’exécution de contrats. « Les producteurs qui ont vendu leur café entre 450 et 650 reals (207) cherchent maintenant au prix spot à 800 », a expliqué à Reuters un trader basé à Rotterdam. « Les défauts vont, je pense, être un gros problème ».  

Au Brésil où la campagne progresse plus lentement que l’année dernière. Au 25 mai, 17% des superficies caféières avaient déjà été récoltées contre 19% à pareille époque l’année dernière et 20% en moyenne sur les cinq dernières années. L’agence gouvernementale de statistiques agricoles Conab estime que la production de café cette année 2021 sera de 48,8 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit 22% de moins qu’en 2020 et son plus faible volume depuis 2017. Dans sa deuxième estimation de l’actuelle campagne, Conab estime que la production d’Arabica sera de 33,36 Ms, soit 31% de moins qu’en 2020, et celle de Robusta de 15,4 Ms soit 8% de plus que la campagne précédente. Cette estimation de Conab est la plus faible de toutes celles publiées à ce jour concernant le Brésil. Pour sa part, l’analyste du marché Gil Barabach de chez Safras estime la production à 56,5 Ms dont 9,3 Ms auraient déjà été récoltées.

D’autre part, en Colombie, l’activité de la filière continue à être très perturbée par les manifestations. Selon l’importateur Caravela aux Etats-Unis, les livraisons de café de Colombie subiront un retard allant jusqu’à cinq semaines.

Le Robusta profite allègrement de la hausse de prix de l’Arabica et les producteurs font quelque peu de la rétention, espérant que les prix vont encore augmenter. Pourtant, on devrait enregistrer une hausse des volumes de production cette année, ce qui devrait peser sur les cours.

En Asie, il n’y a donc plus ou quasiment plus de café (Robusta) au Vietnam. Quelques lots ont été vendus cette semaine par les caféiculteurs des Central Highlands à 33 400- 34 300 dongs ($ 1,44-1,49) le kilo contre 32 800-34 000 dongs la semaine dernière. Les Central Highlands où les pluies sont bonnes, ce qui est de bon augure pour la prochaine campagne qui démarrera début octobre. En attendant, cette semaine, les exportateurs vietnamiens ont vendu leur Grade 2, 5% grains noirs et cassés, avec une prime de $ 20 sur l’échéance septembre à Londres. La semaine dernière, la prime était aussi de $ 20 mais sur juillet.

Le Département américain de l’Agriculture (USDA) estime que la production du Vietnam sur 2021/22 sera de 30,83 Ms grâce à une meilleure météorologie et au recours plus large à l’irrigation ce qui accroît la productivité. S’agissant de l’actuelle campagne 2020/21 en cours, l’USDA a révisé à la baisse ses estimations d’exportation du Vietnam, à 23,65 Ms en raison d’une concurrence plus forte sur les marchés et des difficultés logistiques ; les stocks en fin de campagne devraient donc être plus élevés, de l’ordre de 7,23 Ms.

Quant à l’Indonésie, l’activité a été plutôt faible cette semaine, le pays se remettant lentement au travail après les fêtes de l’Aïd et la fête mercredi de Waisak commémorant l’anniversaire de Bouddha. Les prix n’ont donc guère changé par rapport à la semaine dernière pour le Robusta de Sumatra, la prime sur les contrats de juillet à Londres étant de $ 110 à $ 120 la tonne. La campagne ne bat pas encore complètement son plein mais il y a un bon flot de café qui arrive des zones de production : 2 900 t ont été livrées cette semaine.

En Tanzanie, le gouvernement a annoncé lundi vouloir booster la production nationale sur 2021/22 notamment grâce à l’utilisation de plants hybrides de haute qualité. L’objectif des 70 000 t a été annoncé par le ministre de l’Agriculture, Adolf Mkenda. Pour ce faire, le Tanzania Coffee Board (TCB) a été missionné pour distribuer 20 millions de ces semences hybrides dans 30 districts de production caféière. En outre TCB mettra en place 40 fermes de démonstration dans 20 districts de production et il veut créer 10 grandes plantations dans 10 districts. En outre, deux centres de recherche sur le café seront construits à Kigoma et Mara.

CAOUTCHOUC

Reprise du marché du caoutchouc, qui devrait enregistrer un gain de plus de 3,5% cette semaine. Sur l’Osaka Exchange, les cours ont clôturé hier à 255,4 yens ($2,32) le kilo contre 251,3 yens vendredi dernier. Quant à Shanghai, ils sont quasi-stables à 13 665 yuans ($ 2 144) la tonne contre 1 3675 yuans. Les cours ont été surtout portés par l’évolution anticipée de l’économie au Japon, économie entravée par les restrictions dues à la pandémie. Tokyo a intensifié sa campagne de vaccination avec l’ouverture des premiers centres de vaccination de masse avec l’objectif de vacciner la majorité de sa population âgée avant le début des Jeux Olympiques. En outre, le gouvernement japonais devrait mettre en place un budget supplémentaire en octobre ou novembre, a déclaré le député du parti au pouvoir, Kozo Yamamoto, appelant à des dépenses d’environ $239 milliards pour amortir le coût économique de la pandémie.

Rebond attendu de la consommation mondiale de caoutchouc naturel en 2021. L’International Rubber Study Group (IRSG) estime qu’elle devrait augmenter de 7% en 2021, après avoir baissé de 8,1% en 2020 en raison de la pandémie. Toutefois, la reprise de la demande cette année pourrait être plus lente que prévu, malgré la croissance en Asie, a déclaré mercredi le secrétaire général Salvatore Pinizzotto au 18ème Shanghai Derivatives Market Forum. Quant à la demande de caoutchouc synthétique, elle progresserait de 7,2% en 2021. Du côté de la production, le secrétaire général de l’IRSG indique qu’elle grimperait de 5% précisant que toute baisse dans les pays d’Asie du Sud-Est sera compensée par une augmentation dans d’autres zones de production Salvatore Pinizzotto estime que le changement climatique est un facteur à plus long terme qui aura un impact sur la production de caoutchouc naturel, avec de fortes pluies, un temps plus sec et des températures plus élevées pouvant affecter les plantations.

COTON

Le marché du coton a fait preuve d’une grande stabilité cette semaine se maintenant au fil des jours autour de 82 cents la livre. Hier, ils ont clôturé à 82,61cents la livre. Les pluies tombent sur la première région productrice des Etats-Unis, le Texas, et les exportations américaines de coton demeurent robustes.

L’Australie, après l’une de ses plus petites récoltes en 40 ans, inférieure à 600 000 balles, devrait récolter la saison prochaine 4 millions de balles de coton avec de meilleures conditions météorologiques, estime Adam Kay, directeur général de Cotton Australia. Dans le même temps, l’industrie est toujours confrontée à la perte de son plus grand marché, la Chine, qui représentait environ $800 millions par an, et doit donc trouver de nouveaux marchés.  Selon Adam Kay, sont examinés le Vietnam, le Bangladesh, l’Indonésie, la Thaïlande, la Corée du Sud.

Au Bénin, les chiffres définitifs de la campagne 2020/21 ont été donnés vendredi dernier par le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui. La production de coton s’est élevée à 731 000 tonnes avec un rendement de 1,185 tonne à l’hectare. Le ministre a fixé le cap de 1 million de tonnes, niveau atteignable d’ici une ou deux campagnes selon lui.

HUILE DE PALME

Stabilisation du marché de l’huile de palme après la chute de 11% la semaine dernière à 3 917 ringgits ($946,59) hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 3 993 ringgits vendredi dernier. Mais les cours ont été volatils dans le sillage des cours des huiles concurrentes, en particulier l’huile de soja à Chicago et Dalian.

De nombreux analystes s’attendent à ce que la tendance soutenue des prix du de l’huile de palme brute ne se maintienne que jusqu’au milieu de cette année, avant que les prix ne commencent à baisser, a déclaré jeudi Joseph Tek Choon Yee, directeur général d’IJM Plantations Bhd, dans un communiqué. “Il est possible que la tendance haussière actuelle ne soit pas durable car la dynamique de la production saisonnière s’accélère au second semestre“, a-t-il ajouté.

En Malaisie, les exportations d’huile de palme ont augmenté de 26,9% sur la période de janvier à avril 2021 pour atteindre 17,12 milliards de ringgits, contre 13,49 milliards de ringgits sur la même période en 2020. Selon, le ministre des Industries et des produits de base des plantations, Mohd Khairuddin Aman Razali, la hausse est consécutive  à l’augmentation des prix de l’huile de palme et des autres huiles concurrentes sur le marché mondial. Le ministre est convaincu que l’objectif d’exportation d’huile de palme de 75 milliards de ringgits cette année pourrait être atteint avec le soutien des  nouveaux programmes :  le Programme stratégique pour l’autonomisation des personnes et de l’économie (PEMERKASA)avec des subventions de 20 millions de ringgits en faveur de 65 coopératives productrices de palmiers à huile durables et des subventions de 30 millions de ringgits pour encourager les investissements dans la mécanisation et l’automatisation.

Toujours en Malaisie, la Bursa Malaysia Derivatives Exchange prévoit de lancer un nouveau contrat à terme sur l’huile de palme au troisième trimestre, permettant aux négociants des deux plus grands États producteurs de palmier – l’Etat de Sabah et le Sarawak – une meilleure détermination des prix et une option viable pour la livraison physique (Lire : La Malaisie va lancer un nouveau contrat sur l’huile de palme).

Côté entreprises, le malaisien Sarawak Oil Palm a vu son bénéfice net progresser de 11% au 1er trimestre 2021 à 79,06 millions de ringgits ($19,7 millions) et son chiffre d’affaires de 52,2% à 788,32 millions de ringgits. En revanche, le malaisien Genting Plantations a enregistré sur le 1er trimestre une chute de 30,2% de son bénéfice net à 63,73 millions de ringgits ($15,7 millions) en raison principalement de la baisse du volume des ventes dans le segment de fabrication en aval.

RIZ

Les prix du riz en Inde ont prolongé leurs gains ainsi qu’en Thaïlande, tandis que ceux au Vietnam demeurent stables. La région de Calcutta en Inde et l’ouest du Bangladesh ont été frappés la semaine dernière par un violent cyclone Amphan causant plusieurs dizaines de morts et pouvant potentiellement détruire des cultures. En particulier, les responsables du Bangladesh ont déclaré qu’ils craignaient que les cultures sur pied ne soient endommagées car de vastes étendues de terres fertiles dans ce pays densément peuplé sont inondées d’eau salée à marée haute. Toutefois, le riz ne devrait pas être touché, la récolte d’été étant presque terminée.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont augmenté à $382- $388 la tonne contre $379- $385 la semaine dernière. La roupie a atteint un sommet de deux mois ce qui a soutenu les prix mais la demande est stable.

L’Inde devrait produire un montant record de riz cette année affirme le ministère de l’Agriculture dans sa troisième révision pour la campagne agricole courant jusqu’en juin 2021. La récolte de riz du 1er exportateur mondial est estimé à 121,46 millions de tonnes (Mt).

En Thaïlande, les prix Thaï 5% ont progressé à $457-$485 la tonne contre $454-$475 la semaine dernière. Une hausse imputable à l’augmentation des taux de fret des conteneurs, tandis que la demande de l’étranger reste modérée.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangés pour la troisième semaine à $490-$495 la tonne. “Les approvisionnements sont faibles, alors que certains exportateurs hésitent à signer de nouveaux contrats en raison des problèmes de pénurie de conteneurs, en particulier pour les expéditions vers l’Europe et le Moyen-Orient”, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh Ville. Avec la réduction des tarifs d’importation sur le riz, la demande de la Chine et des Philippines a rebondi.

SUCRE

Ça y est ! On a dépassé les 17 cents. Partie de 16,67 cents vendredi dernier sur le marché à terme de New York, la livre (lb) de sucre roux a terminé hier soir à 17,12 cents. Pourtant, elle était tombée lundi à un plus bas en un mois de 16,54 cents. Le niveau de soutien du marché serait autour des 16,50 cents. Quant au sucre blanc, parti de $ 447,40 en fin de semaine dernière, il a clôturé hier soir à $ 457,50 à Londres.

Selon le courtier StoneX, le marché mondial du sucre passerait d’une situation déficitaire de 3,7 millions de tonnes (Mt) sur l’actuelle campagne 2020/21 à un petit excédent de 1,7 Mt en 2021/22 qui démarrera en octobre prochain. En effet, face à la hausse des cours mondiaux et à une météorologie favorable, StoneX estime que la production mondiale progressera de 3,9% à 190,1 millions de tonnes (Mt) alors que la demande n’augmenterait que de 0,9% à 188,4 Mt. Le courtier émet une réserve : si la situation liée au coronavirus s’améliore en Inde, il sera amené à réviser ses prévisions de demande.

L’Inde dont StoneX estime que la production augmentera de 4,2% en 2021/22 pour atteindre 32 millions de tonnes (Mt) tandis que celle en Thaïlande bondirait de 32% à 10 Mt. Ces performances s’ajouteraient à celles attendues en Union européenne mais aussi au Royaume Uni, une région qui devrait enregistrer une hausse de 10,4% de sa production sur la prochaine campagne et ce, malgré les fortes gelées en France tard dans le printemps. S’agissant de l’UE, l’unité de gestion des cultures Mars a révisé légèrement à la baisse des estimations de rendements en Europe de betterave sucrière à 75,5 t/ha contre les 75,6 t/ha annoncé en avril.

En revanche, à cause de la sécheresse, la production dans la ceinture brésilienne de production qu’est le centre-sud devrait baisser de 7%, estime encore StoneX, pour se positionner à 35,7 Mt en 2021/22 (avril-mars).

En Inde, les raffineries ont commencé à exporter du sucre sans le soutien des subventions gouvernementales, a expliqué à Reuters Prakash Naiknavare, directeur de la Fédération nationale des usines coopératives de sucre. « L’Inde pourrait facilement exporter 6,5 Mt durant l’actuelle campagne. Les exportations pourraient augmenter davantage encore si les prix augmentaient au-delà des 18 cents. » Selon un négociant qui a requis l’anonymat, les raffineries auraient conclu des contrats sans subventions totalisant 150 000 t de sucre au prix de 29 500 roupies la tonne alors que sur le marché local le prix est de 31 000 roupies et plus. Mais les raffineries vendent quand même à l’international car ils ont besoin de cash pour payer les producteurs de canne.

Côté entreprises, le n°2 français du sucre, Cristal Union a annoncé mercredi avoir enregistré un bénéfice de € 69 millions durant son dernier exercice à fin janvier après deux années de pertes, dont € 89 millions en 2019. La coopérative devrait annoncer début juin des résultats complets.

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