Chronique : le rendez-vous Matières du jeudi
100 euros de hausse sur le coton Afrique zone Franc en un mois
Bois : Au début du mois de juin, le prix des grumes africaines est demeuré relativement stable face à des stocks importants car la Chine a réduit ses achats. L’okoumé est l’essence la plus touchée par ce facteur mais d’autres le sont également, souligne le numéro de juin du Tropical Timber Market Report. En conséquence, des exploitants forestiers auraient cessé d’abattre certaines essences comme l’andoung, le faro, le dabema, l’okan, le temps que la situation se rétablisse. De leur côté, les vendeurs cherchent activement d’autres marchés qu’ils avaient négligé ces dernières années au bénéfice de la Chine, comme le Maroc, la Turquie et divers pays européens. Toutefois, ils ne regardent guère du côté de l’Espagne dont la demande a fortement chuté cette année, après avoir été très dynamique avec le boom de son BTP.
Les producteurs locaux de contreplaqué et les scieries en général accroissent leur production de produits transformés et semi-transformés, profitant de ces grumes qui ne trouvent plus preneurs à l’exportation et qu’ils tentent ainsi d’acheter à des prix intéressants. Mais le moment est mal choisi car la période estivale des vacances démarre pour les Européens et l’activité se ralentit en général.
Cacao : « Jusqu’à maintenant, on en parlait seulement. Aujourd’hui, nombre d’acteurs sur le marché réalise le déficit », souligne un négociant en cacao. Les fèves ont pris £ 50 la tonne en une semaine, le beurre départ usine Pays-Bas franchissant la barre des £ 3000. Hier, 27 juin,
les contrats à terme sont montés à un pic de plus de 4 ans et demi suite à des achats spéculatifs et à une absence de ventes qui ont déclenché des achats stop, ont expliqué des négociants.
Outre la spéculation, on constate des tensions là où se situent les usines de broyage en Asie par exemple : on commence à parler de réelle pénurie de fèves. Dans les origines aussi, les volumes physiques se raréfient. Ce qui n’est pas le cas en Europe où les stocks sont encore bien garnis de cacao des précédentes récoltes. La raison de cette hausse des prix, rappelons-le, est le déficit attendu pour cette campagne qui avoisinerait les 300 000 t, suite à de mauvaises conditions météorologiques en Afrique de l’Ouest.
En effet, contrairement à bien d’autres marchés de matières premières, on ne peut pas attribuer cette hausse à une flambée de la consommation chinoise. Celle-ci évolue, certes, mais encore tout doucement. Mais, en toute logique, elle devaritr croître. La Chine importe déjà de façon croissante des produits cacaoyers transformés ou semi-transformés, et elle devrait, tôt ou tard, se lancer elle-même dans la production de ces produits et importer des fèves. Mais on n’en n’est pas là, loin s’en faut. Les perspectives sont réelles mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Café : L’Arabica à New York s’est redynamisé mercredi 27 juin, les achats spéculatifs de fin de séance ayant soutenu les prix après le creux de cinq semaines du lundi. « Il y avait deux acheteurs dans le marché aujourd’hui, des non commerciaux. L’un a fait des achats directs et l’autre a fait des achats contre Londres. L’arbitrage entre New York et Londres s’est élargi », a dit un négociant. En revanche, à Londres, les cours du Robusta ont fini en baisse sous la pression vendeuse des spéculateurs et des prises de bénéfices consécutives à un récent pic de neuf ans.
Caoutchouc : A Tokyo, le caoutchouc s’est effondré aujourd’hui, 28 juin. Il a touché des plus bas remontant à janvier, sous une forte pression vendeuse des fonds investisseurs européens après que le contrat de référence soit passé en dessous de la plupart des seuils techniques. Décembre s’est enfoncé jusqu’à 249,4 yens le kilo, au plus bas depuis le 11 janvier, face à d’importantes liquidations, précise Reuters. La chute des cours du caoutchouc s’est accélérée lorsque la livraison de référence s’est enfoncée en dessous de sa moyenne mobile de 200 jours de 254,0 yens. « C’est comme si la tendance était devenue complètement baissière; et comme le marché a vu les prix du caoutchouc tomber en dessous de nombreux seuils graphiques clé, il va maintenant tester le plus bas de l’année de 235,8 yens », explique Shuji Sugata, directeur de Mitsubishi Corp. Futures et Securities Ltd, faisant allusion au niveau atteint le 8 janvier.
Coton : « Le blanc de la fibre recommence à briller dans les yeux des producteurs. » Le mois de juin aura été une véritable bouffée d’oxygène pour la filière cotonnière. Le coton Afrique zone Franc CAF ports européens a gagné en un mois 100 euros la tonne, à € 1030,72 aujourd’hui. On retrouve environ la même progression du Cotlook. Evidemment, en US cents, cela se traduit par un gain de 6 cents la livre….
S’agissant de l’Afrique zone Franc (voir nos vidéos sur http://www.africablog.sequencemedia.com), l’envolée est due à ce qu’on ne trouve quasiment plus de coton de la récolte actuelle dans les pays d’origine, sauf entre les mains de quelques marchands. Il semblerait que seul le Cameroun en disposerait encore un peu, de l’ordre de 10 000 à 15 000 t, estime un négociant.
Actuellement, les pays de la zone vendent la nouvelle récolte. Ce qui est assez exceptionnel à cette période de l’année. On estime que 100 000 à 150 000 t seraient déjà vendues sur la campagne à venir 2007/08 dont l’égrenage devrait démarrer en novembre et les premiers embarquements se situer fin décembre-début janvier. Selon les chiffres du Département américain de l’Agriculture (USDA), la production à venir devrait atteindre les 800 à 850 000 t, un volume jugé optimiste par notre interlocuteur qui voit plutôt une production de l’ordre de 700 000 à 750 000 t. « Si on dépasse les FCFA 700, on peut estimer que la zone France se portera massivement à la vente », souligne-t-il, tout en ajoutant, prudent, que la tentation d’attendre des prix encore plus élevés est toujours là.
Le déclic à la hausse, début juin, des cours du coton (le parent pauvre des matières premières jusque là) a été l’évolution des positions spéculatives. « Auparavant, les fonds étaient sur des positions légèrement longues ; aujourd’hui ils sont carrément 23 à 24% net long ! Ce sont des volumes très importants », souligne-t-on.
Mais la situation ne serait pas que spéculative. On aurait du mal aujourd’hui à trouver du coton au niveau mondial. La très forte hausse des prix de certaines autres matières, comme le maïs notamment, a incité les producteurs américains à faire plus de céréales que de fibre blanche. Le Brésil est un peu dans ce même état d’esprit mais est plus récalcitrant car des investissements très lourds ont été réalisés ces dernières années dans la cotonculture.
En réalité, c’est bien l’Inde qui serait l’étoile montante et devrait devenir le premier exportateur mondial de coton dans els années à venir, estiment les analystes. D’ores et déjà, l’Etat du Gujarat, au Nord de Bombay, produit déjà plus que l’ensemble de l’Afrique zone Franc réunie. « Les Indiens suivent les cours de très près ; ils s’adaptent en permanence au marché » explique-ton. En outre, le prix du fret Bombay-Chine est le tiers du coût pour faire venir de la fibre d’Afrique de l’Ouest vers la Chine ! Difficile d’être compétitif dans ces conditions ! Sans oublier que chaque année, en Inde, les rendements et la qualité s’améliorent. « Ils sont très compétitifs, explique un observateur, car de petits marchands indiens vendent directement à l’international. Ils coupent les intermédiaires. Et plus on réduit le nombre d’intermédiaires, plus les prix sont intéressants pour tout le monde ! »
Riz : En juin, les cours mondiaux se sont une nouvelle fois raffermis, stimulés par une forte demande d’importation et des faibles disponibilités exportables, souligne Osiriz (Cirad) dans sa lettre mensuelle. En revanche, les cours outre-Atlantique continuent à baisser dans un marché relativement calme. La pression sur les prix mondiaux devrait se maintenir encore jusqu’à l’arrivée progressive de la deuxième récolte asiatique fin juillet. Ce regain de l’offre pourrait cependant être insuffisant pour renverser la tendance haussière compte tenu de la reprise de la demande globale.
En juin, l’indice OSIRIZ/InfoArroz (IPO) a progressé de 2 points à 139,6 points (base 100 = janvier 2000) contre 137,6 points en mai.