La Chronique Matières premières agricoles au 27 juin 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 27  juin 2019
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Une fin de semaine chaude avec l’ouverture aujourd’hui à Osaka, au Japon, du sommet du G20, tandis que les présidents américain et chinois, Donald Trump et Xi Jinping, devraient se rencontrer demain en marge des réunions pour évoquer les négociations commerciales. Ce qui fait grimper la nervosité des marchés. Car ils ne se sont pas revus depuis le mois de novembre et mercredi le chef d’Etat américain a menacé de nouvelles taxes si cela devait s’avérer nécessaire. Rappelons que face à l’échec des négociations entre les deux pays, les droits de douane américains sur $ 200 milliards d’importations chinoises aux Etats-Unis ont été relevés en mai. Surtout, la Chine demande à Washington d’annuler immédiatement les sanctions contre le groupe chinois d’équipement de télécommunications Huawei.

Ce programme de politique internationale si chargé rend hésitant l’évolution sur les marchés des changes, l’euro terminant hier soir à $ 1,1371. L’or, valeur refuge traditionnelle par excellence, a touché mardi son niveau de prix le plus élevé depuis six ans, à $ 1 438 l’once, puis est redescendu pour clôturer hier soir à New York à $ 1 407 l’once. Quant au pétrole, son cours a reculé hier après avoir grimpé mercredi. Un recul qui s’explique par l’attentisme avant le sommet du G20 mais aussi la réunion de l’Opep qui devrait reconduire l’accord de limitation de la production. Le Brent a terminé hier soir à $ 66,21 le baril contre $ 66,85 la veille, un niveau de prix qu’il n’avait plus enregistré depuis le 30 mai.

 

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

 

CACAO

Le cacao a glissé cette semaine, terminant à Londres hier soir à £ 1 821 contre £ 1 844 la tonne (t) vendredi dernier, tandis que New York passait de $ 2 502 à $ 2 453.

En Côte d’Ivoire, on ploie sous les fèves. La récolte intermédiaire -actuellement en cours et qui s’achèvera fin septembre- est estimée atteindre le record de 600 000 t, selon les estimations des exportateurs et des compteurs de cabosses. Habituellement, elle est plutôt de l’ordre de 300 000 à 400 000 t. Six cent mille tonnes, c’est davantage que le cumul de la production annuelle des pays africains producteurs que sont le Cameroun et le Nigeria (moins de 500 000 t) et les deux tiers de celle du Ghana (850 000 à 900 000 t). S’agissant du Ghana, sa récolte intermédiaire est attendue en chute de 50% par rapport à celle de l’année dernière, à 120 000-130 000 t contre 250 000 t la campagne dernière.

Quant à la prochaine campagne ivoirienne 2019/20 qui va s’ouvrir début octobre, on s’inquiète actuellement du temps inhabituellement sec dans les zones cacaoyères pour cette période de l’année, ce qui pourrait impacter la floraison et donc la prochaine récolte principale qui court d’octobre à mars. Car les pluies en juillet déterminent le nombre de fleurs sur les arbres, qui se transforment ensuite en cabosses.

La Côte d’Ivoire qui a annoncé cette semaine son nouveau plan de lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture notamment, décidant de s’attaquer à la cause du problème qui est la pauvreté des familles de producteurs (lire € 116 millions et un nouvel angle d’attaque contre le travail des enfants dans le cacao ivoirien : la pauvreté).

Enfin, toujours chez le leader mondial de la fève, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 2,076 millions de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 23 juin, en hausse de 12% sur la même période en 2017/18. Mais notons que ces arrivages ralentissent plus rapidement que l’année dernière, avec 25 000 t entre le 17 et le 23 juin contre 31 000 t sur la semaine correspondante l’année dernière.

Pour le mois de juillet, l’Indonésie a annoncé hier maintenir sa taxe à l’exportation de cacao à 5%, sur la base d’un prix de référence de $ 2 454,93 la tonne.

Selon une nouvelle étude du Grand View Research, le marché de la fève de cacao devrait croître annuellement de 7,3% d’ici 2025 pour atteindre alors une valeur de $ 16,32 milliards. Car si la marché du chocolat a des beaux jours devant lui, la fève va trouver, de façon croissante, des débouchés dans la santé et la cosmétique (lire notre information).

CAFÉ

Le froid au Brésil et les couvertures de positions courtes par les spéculateurs ont soutenu les prix du café cette semaine, même si l’offre mondiale demeure pléthorique. Hier soir, l’Arabica a terminé relativement stable, à $ 1,067 la livre (lb) contre $ 1,0065 en fin de semaine dernière, tandis que le Robusta grimpait à $ 1 430 la tonne contre $ 1 414 vendredi dernier.

Sur les marchés asiatiques, les prix ont été soutenus. On commence à manquer de café au Vietnam et les planteurs n’ont guère vendu en dessous de 35 000 dong ($ 1,50) le kilo contre 33 000 à 34 000 dong la semaine dernière. En réalité, il y a eu très peu de transactions, les quelques achats réalisés étant pour honorer des contrats passés antérieurement. La prime du café vietnamien à l’export par rapport à la cotation du Robusta à Londres a grimpé à $ 110-120 la tonne contre $ 100 la semaine dernière. En revanche, elle a atteint $ 180 pour le Grade 4, 80 défauts, en Indonésie, contre une fourchette allant de $ 150 à $ 180 la semaine dernière. Environ 1 000 t ont été échangées chaque jour cette semaine.

Au Vietnam, les exportations de café au premier semestre devraient avoir baissé de 10,6% par rapport à début 2018, à 928 000 t (15,47 Ms), selon le Bureau général des statistiques. Les recettes devraient chuter de 21,1%, à $ 1,58 milliard.

En Europe, les stocks de café dans les ports (Anvers, Hambourg, Gênes, Le Havre, Trieste et Barcelone) ont augmenté de 2% au mois d’avril, selon les chiffres de la Fédération européenne du café (FEC) publiés lundi. Ils ont totalisé 695 894 t contre 681 937 t un mois auparavant.

Côté entreprise, les discussions se poursuivent en Inde entre Coca-Cola et la plus grande chaîne indienne Café Coffee Day (CCD), filiale de Coffee Day Group. Ces négociations “exclusives” ont pour date butoir la mi-juillet. Rappelons que la stratégie de Coca-Cola répond à la tendance des consommateurs de se détourner des boissons sucrées. D’où son intérêt croissant pour le café, entre autres.

Les bénéfices de Starbucks au Royaume Uni en 2018 ont chuté de 21% durant l’exercice fiscal 2018 qui s’achève au 30 septembre 2018, des coûts plus élevés absorbant la modeste croissance des revenus.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc chute cette semaine et s’oriente vers une troisième baisse hebdomadaire. Les cours ont clôturé jeudi sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) à 194,6 yens ($1,8) le kilo contre 199,8 yens vendredi dernier et sur le marché de Shanghai, ils ont atteint jeudi 11 590 yuans ($1686) la tonne contre 11 735 yuans vendredi dernier. “Sur le Tocom se joue une lutte acharnée alors que les prix physiques plus élevés en Thaïlande soutiennent les contrats rapprochés tandis que les contrats à terme plus faibles de Shanghai pèsent sur les contrats éloignés“, estime Hideshi Matsunaga, analyste chez Sunward Trading. Ajoutant que le différentiel de prix entre les contrats de juillet et de décembre est de plus de 40 yens.

Tous les yeux étaient rivés sur la rencontre samedi entre les présidents chinois et américain au sommet du G20 pour détecter tout signe de dégel dans les relations entre les deux pays. “À moins d’une bonne nouvelle inattendue sur l’accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine lors de la réunion du G20 prévue plus tard dans la semaine, le Tocom devrait rester baissier » estime Hiroyuki Kikukawa, directeur général de la recherche chez Nissan Securities.

COTON

Les cours du coton ont chuté pour la première fois en quatre séances jeudi mais ils se sont appréciés sur la période sous revue passant de 65,56 cents la livre vendredi dernier à 66,79 cents à la clôture jeudi. Le marché est dans l’attente du rapport annuel sur la superficie cultivée aux Etats-Unis et bien sur d’éventuelles avancées dans les négociations commerciales entre Washington et Beijing lors du sommet du G20 à Osaka au Japon les 28 et 29 juin.

Un sondage Reuters cette semaine a montré que la superficie cotonnière américaine atteindrait 13,819 millions d’acres pour la campagne 2019/20.

La banque néerlandaise Rabobank anticipe des prix du coton inférieurs à 68 cents la livre sur les douze prochains mois si la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis perdure. Elle anticipe une baisse des prix à 65 cents la livre au quatrième trimestre 2019 avec la disponibilité des nouvelles récoltes américaines. Toutefois, souligne la banque, si la tendance est baissière, trois facteurs pourraient faire remonter les prix : la spéculation à court terme, les risques climatiques en Inde et aux Etats-Unis et le dégel des relations commerciales entre Washington et Beijing.

HUILE DE PALME

L’huile de palme plonge accusant six séances consécutives de baisse pour atteindre un plus bas de sept mois jeudi à $1 963 ringgits ($473,93) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 2 022 ringgits la tonne vendredi dernier. En cause le ralentissement de la demande. Les exportations d’huile de palme de Malaisie du 1erau 25 juin ont chuté de 15,3% pour SGS, de 17,8% pour ITS et de 14% pour AmSpec Agri Malaysia par rapport à la même période en mai. La faiblesse des cours du soja pèse également sur le marché.

La Malaisie a maintenu inchangée à 0% ses droits d’exportation sur l’huile de palme brute pour le mois de juillet, selon une circulaire publiée par le Malaysian Palm Oil Board. Le droit est à 0% depuis septembre. Elle avait déclaré en mai qu’elle reporterait au 31 décembre les droits d’exportation sur l’huile de palme brute, dans le but de stimuler les exportations d’huile de palme et de pénétrer de nouveaux marchés.

En Afrique de l’Ouest, les huiles végétales font partie des cinq produits prioritaires ciblés par la CEDEAO pour être certifiées (voir La CEDEAO cible cinq produits prioritaires pour la certification).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde ont légèrement augmenté cette semaine, aidés par une hausse de la demande, tandis que le baht a soutenu les prix de la Thaïlande face à une consommation en baisse.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%, ont progressé à $369-$372 la tonne contre $367-$370 la semaine dernière. “Nous constatons un intérêt croissant sur les marchés ouest-africains“, a déclaré Nitin Gupta, vice-président pour le secteur du riz d’Olam India.

Au 21 juin, les superficies ensemencées en riz s’élèvent à 630 000 hectares, en baisse de 32% par rapport à la même période en 2018, selon des données provisoires du ministère de l’Agriculture, la mousson ayant fourni des précipitations inférieures à la moyenne.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont augmenté à $395-$415 la tonne contre $390-$407 la semaine dernière, en raison de l’appréciation du bath qui a gagné plus de 5% par rapport au dollar depuis le début de l’année. Toutefois, l’offre de riz diminue également progressivement pendant la saison des pluies, alors que la demande est restée stable.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant entre $340-$345.

Les exportateurs de riz vietnamiens continueront à avoir du mal à conclure de nouveaux accords sur le reste de l’année en raison d’une demande plus faible de la Chine, son principal marché d’exportation de riz, a annoncé le ministère de l’Industrie et du commerce dans un communiqué cette semaine. Les expéditions de riz du Vietnam vers la Chine au cours des cinq premiers mois de cette année ont chuté de 74% par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 223 078 tonnes. Une baisse imputable à la hausse des stocks ainsi qu’à décision de Pékin d’imposer des barrières non tarifaires plus strictes, selon le communiqué.

SUCRE

Le sucre poursuit sa remontée. Le roux a clôturé hier soir à New York à 12,53 cents la livre (lb) après avoir atteint un pic à 12,57 en cours de séance et contre 12,48 vendredi dernier, tandis que le blanc terminait à $ 328,70 contre $ 324,6. Sur le roux, l’échéance juillet expire aujourd’hui et on s’attendait à une méga livraison, toujours signe d’abondance et de demande en berne, ce qui peut peser sur les prix. Or, hier, la poussée de fièvre est redescendue, ce qui montre que la livraison serait plus faible qu’anticipée même si elle serait importante.

En Inde, on s’inquiète toujours des niveaux de pluviométrie : les niveaux de mousson, du 1er juin (démarrage de la saison des pluies) au 26 juin, sont de 24% inférieurs aux niveaux moyens enregistrés les années précédentes.

Au Brésil, la production des raffineries dans sa principale zone sucrière du centre-sud a été de 1,87 million de tonnes (Mt) sur la première quinzaine du mois de juin, en baisse de 6,1% sur la même période l’année dernière. Les broyages de canne ont totalisé 42,37 Mt, en légère baisse sur l’année dernière, souligne le groupe industriel Unica.

L‘Indonésie a modifié cette semaine sa taxation à l’importation de sucre indien. Auparavant, l’imposition était de 550 ($ 0,0389) rupiah le kilo alors que maintenant les autorités vont appliquer un tarif de 5% estimé plus favorable au développement des échanges entre les deux pays. Ce nouveau taux entrera en application le 8 juillet. L’objectif est d’inciter l’Inde à faire de même afin que l’Indonésie puisse plus facilement exporter son huile de palme vers ce marché géant.

Côté entreprise, le monde sucrier a suivi à la loupe cette semaine l’assemblée générale du groupe français Tereos qui s’est tenue mercredi. Face à la plongée des résultats, un comité de supervision des réformes de gestion a été élu. Rappelons que le groupe, un des acteurs majeurs du monde sucrier mondial, avec 12 000 producteurs français de betterave, a annoncé au début du mois la multiplication par dix de ses pertes. Ses ventes ont chuté de 7% à € 4,4 milliards avec une dette nette en hausse de 6% à € 2,5 milliards (lire La Chronique Matières premières agricoles au 20 juin 2019 et  Tereos est à son tour touché par la crise historique du sucre).

La filiale sucre au Brésil du groupe de négoce Bunge a enregistré en mai et juin ses meilleurs résultats de broyages de canne depuis la création de ses sept usines en 2007, à 2,65 Mt.

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