La Chronique Matières premières agricoles au 28 août 2020

 La Chronique Matières premières agricoles au 28 août 2020
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Les marchés financiers ont tout d’abord accueilli avec scepticisme la déclaration hier par la Réserve fédérale américaine de sa nouvelle stratégie puis ils ont rebondi. Ainsi, après deux ans d’études et de débats, la Fed a choisi d’être plus flexible sur l’inflation afin de pouvoir se concentrer sur l’emploi. Sa nouvelle stratégie laisse augurer d’un maintien prolongé de taux d’intérêt quasi nuls aux Etats-Unis et une tolérance accrue à une inflation supérieure à 2%. Le scepticisme premier des marchés s’explique, selon Jack Janasiewicz, gérant de portefeuille au sein de Natixis Investment Managers. “Aucun nouvel outil spécifique n’a été annoncé, ce qui laisse ouvert le débat sur les contraintes de la politique monétaire, alors que nous nous approchons du plancher zéro”, rapporte Reuters. “La Fed peut continuer à essayer de tout mettre en œuvre de son côté mais il faut passer le relais au volet fiscal pour stimuler la croissance.”

La campagne pour l’élection présidentielle américaine de novembre est en toile de fond, Donald Trump ayant formellement accepté hier sa nomination comme candidat du Parti républicain face à son rival démocrate Joe Biden.

Sur le marché des devises, le dollar a dans un premier temps piqué du nez en réaction aux annonces de la Fed mais il a ensuite effacé ses pertes pour clôturer avec un euro à $ 1,1820. La livre sterling a touché un plus haut de huit mois face au dollar à £ 1,3283 avant de clôturer à £ 1,3170.

Le marché pétrolier est en net recul après le passage de l’ouragan Laura sur le Texas et la Louisiane, qui a mis à l’arrêt la quasi-totalité des capacités de raffinage de cette région. Le Brent a terminé à $ 45,20 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 43,09.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Sur la période habituellement sous revue dans ses chroniques, soit de la clôture vendredi dernier à hier soir, le cacao a fortement grimpé, passant de $ 2 409 à $ 2 539 la tonne à New York et de £ 1 659 à £ 1 720 à Londres. Entre autres facteurs, le marché s’inquiète du temps sec qui pourrait affecter la récolte à venir en Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire où la campagne 2019/20 va entamer son dernier mois. Les arrivages aux deux ports ont totalisé 2,03 millions de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 23 août, en baisse de 6,7% sur la même période la campagne dernière. Toutefois, les exportations de fèves, d’octobre à juin, ont légèrement augmenté, de 0,2%, par rapport à la même période la campagne dernière, à 1,426 Mt, selon les données provisoires portuaires publiées mi-août. Les broyages locaux ont augmenté de 2,6% sur la campagne à fin juillet, à 469 000 t contre 457 000 t sur la même période en 2018/19, le n°1 du cacao rivalisant avec les Pays Bas pour le haut du podium des transformateurs. Sur le seul mois de juillet, les volumes étaient de 47 000 t contre 48 000 t en juillet 2019. Rappelons que ses capacités totales de transformation installées en Côte d’Ivoire sont de 712 000 t.

D’autre part, le n°1 mondial de la fève a vendu plus de 1,3 Mt de contrats de cacao à l’export pour la campagne 2020/21 contre 1,6 Mt habituellement. Ces contrats ont été vendus à un prix qui comprend le différentiel de revenu décent (DRD) de $ 400. La baisse de volumes s’expliquerait, selon certains, par le surenchérissement du prix du fait de cette inclusion devenue obligatoire sur les contrats à partir de cette prochaine campagne (lire nos informations : Lancement de l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana).

Au Nigeria, cinquième producteur mondial, la production de cacao pourrait chuter d’au moins 20% cette campagne, les mesures visant à freiner la propagation du Covid-19 et le temps plus sec augmentant les chances d’une mauvaise récolte, a déclaré à Reuters le président de l’association du cacao du Nigeria, Mufutau Abolarinwa. La production 2019/20 ne serait que de 250 000 tonnes, soit moins que les prévisions de l’Organisation internationale du cacao de 260 000 tonnes (lire nos informations : Chute d’au moins 20% de la production de cacao au Nigeria en 2020/21)

Côté entreprise, l’agence russe Tass dont le service fédéral anti-monopole accuse Lindt & Sprungli de faire une différence dans la qualité du chocolat qu’il vend sur le marché d’Europe de l’Ouest et de Russie. Le Suisse a répondu mardi en précisant que dans ses usines, il n’y avait aucune différenciation de fabrication selon la destination du chocolat, faisant valoir un audit indépendant réalisé à sa demande.

CAFÉ

Si le prix du café Robusta a terminé hier soir quasiment là où il était vendredi dernier, soit à $ 1 405 la tonne contre $ 1 406, il n’en a pas été pour autant peu volatil. En effet, mercredi  il grimpait à un plus haut de huit mois à $ 1 448. L’Arabica, coté à New York, est passé, pour sa part de $ 1,198 la livre (lb) à $ 1,2235 hier soir.

Parmi les facteurs haussiers, on note que les stocks certifiés, c’est-à-dire ceux détenus par les bourses de marchandises, ont chuté à 1,32 millions de sacs (Ms) au 24 avril contre 2,36 Ms il y a un an. A ceci s’ajoute la fermeté du réal brésilien, ce qui conduit habituellement ce pays à moins vendre à l’international car son café est moins compétitif. Toutefois, les volumes brésiliens demeurent impressionnants cette campagne : au 10 août, les producteurs avaient vendu 51% de leur récolte contre 37% en moyenne ces cinq dernières années. On s’achemine vers une récolte record que certains estiment atteindre 68 Ms.

Quant au Robusta, on est toujours sur la vague d’une consommation mondiale à domicile soutenue, là où on consomme habituellement davantage de mélanges Arabica-Robusta que dans les débits de boisson qui servent plutôt de l’Arabica.

Au Vietnam, les prix ont atteint jeudi leur plus haut niveau de l’année, suivant en cela la belle envolée sur le marché à terme de Londres mais aussi face aux faibles volumes disponibles dans le pays en cette fin de campagne 2019/20 : au 25 août, les stocks de café étaient à 109 080 t contre 150 000 t il y a un an. Dans la ceinture caféière des Central  Highlands, on a offert 34 000 à 34 500 dongs ($ 1,47-1,49) aux planteurs pour leur kilo de café, ce qui ne s’était pas vu depuis août 2019. Ceci dit, la nouvelle récolte 2020/21 se présente bien  avec des pluies régulières et des cerises qui  apparaissent aussi grosses que l’année dernière, selon un trader sur place, mais certains anticipent une légère baisse de volumes. A l’export, les traders vietnamiens ont offert le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, avec une prime de $ 80 sur l’échéance novembre à Londres contre $ 80 à $ 90 la semaine dernière.

En Indonésie, les prix ont un peu baissé car l’offre est abondante ; la récolte pourrait durer jusqu’à fin octobre, estime un trader interrogé par Reuters. Ceci dit, la demande des torréfacteurs locaux est soutenue, faisant concurrence à l’export. La prime a été d’environ $ 140-$ 200 sur novembre contre $ 160- $ 210 la semaine dernière.

En Ouganda, les exportations ont fait un bond de 17,2% en juillet par rapport à il y a un an, expédiant 543 251 sacs de 60 kilos. C’est le volume mensuel  le plus élevé depuis 1991. Deux raisons principales à cela, selon l’Uganda Coffee Development Authority (UCDA) : les nouveaux vergers qui entrent en production et la fin des restrictions liées à la lutte contre le coronavirus.

Côté entreprises, chez le géant Starbucks, depuis mardi dernier, les clients des magasins aux Etats-Unis trouvent un code barre dans leur sac qui leur permet de savoir d’où viennent les grains du café qu’ils boivent, où ils ont été torréfiés ainsi que certaines petites recettes de barista. Encore plus intéressant, un code inverse permet au producteur de tracer jusqu’au consommateur son produit. Ce nouvel outil a été mis au point par Microsoft et utilise la technologie de la blockchain. Starbucks rappelle à cette occasion que depuis plus de dix ans il travaille à tracer ses produits (lire nos informations de ce jour).

D’autre part, lle torréfacteur américain JM Smucker, propriétaire de marques telles que Folgers ou encore Dunkin’ Donuts, a annoncé mardi une hausse de 23% de ses ventes au détail aux Etats-unis durant son trimestre financier à fin juillet.

L’exportateur brésilien de café Comexim a nommé Alex Park, ancien dirigeant de ETG (Export Trading Company) pour diriger son nouveau bureau européen basé à Genève.

Enfin, de RD Congo, Nespresso vient de lancer une gamme de cafés bios appelés Kahawa Ya Congo dans le cadre de son programme Les Origines Ravivées.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc  s’est propulsé à un plus haut de six mois pour atteindre hier sur l’Osaka Stock Exchange (OSE) 184,3 yens ($1,74) le kilo contre 173,3 yens vendredi dernier. Les cours sont soutenus par une demande plus élevée de la Chine (voir ci-dessous la reprise du marché automobile), un certain optimisme sur l’accord commercial sino-américain avec l’engagement du respect de l’accord de phase 1 mais aussi  les inquiétudes concernant le resserrement de l’offre de la Thaïlande en raison d’une pénurie de main-d’œuvre suite à  la pandémie de la Covid-19.  Par rapport à la fin du mois de juillet, les cours ont progressé de près de 20 yens (164,8 yens). Sur le marché de Shanghai, la reprise est toutefois moins nette avec une clôture hier à 12 615 yuans ($1834 ) la tonne contre 12 380 yuans vendredi dernier et 10 885 yuans fin juillet.

L’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANPRC) dans sa dernière note se montre assez optimiste sur le marché du caoutchouc naturel. En effet, elle estime que la consommation mondiale de caoutchouc devrait à nouveau entrée en territoire positif suite aux politiques de relance et à l’amélioration de l’activité économique en Chine, aux Etats et dans d’autres grands pays consommateurs. Ainsi, la consommation devrait croitre de 2,6%  sur les trois mois d’août à octobre après avoir chuté de 15% sur le premier semestre et de 2,7% en juillet.  L’ANPRC observe que les prix du caoutchouc naturel, à l’exception du latex, sont sur une trajectoire de reprise en juillet. « Malgré les inquiétudes croissantes concernant une éventuelle deuxième vague de la pandémie et la détérioration des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine, les prix du caoutchouc naturel ont le potentiel de continuer à suivre la voie d’une reprise marginale, à court terme, soutenus par une multitude de facteurs, notamment une amélioration marginale de la consommation mondiale, des facteurs limitant la production mondiale et la disponibilité physique du caoutchouc, la baisse des stocks détenus dans les entrepôts désignés de la bourse de Shanghai, la faiblesse persistante attendue du dollar américain et le soutien du marché du pétrole brut » indique l’ANPRC.

La Côte d’Ivoire a exporté 475 077 tonnes de caoutchouc naturel au cours des six premiers mois de 2020, enregistrant un bond de près de  27% par rapport à la même période en 2019 (374 048 tonnes), selon les données provisoires du port mercredi.

En Malaisie, les exportations de caoutchouc naturel ont augmenté de 14,2% en juin 2020 pour atteindre 38 587 tonnes contre 33 780 tonnes en mai 2020, selon le Département des statistiques de Malaisie (DOSM). La principale destination des exportations était la Chine (68,1%), suivie de la Finlande (4,2%), de l’Allemagne (3,8%), des États-Unis (2,9%) et de Taïwan (2,7%). «Les gants en caoutchouc sont toujours le principal produit d’exportation, la valeur des exportations augmentant de 30,7%, passant de 2,13 milliards en mai à 2,78 milliards de ringgit malais ($667 millions) en juin», indique le statisticien en chef Datuk Seri Dr Mohd Uzir Mahidin dans un communiqué. Précisant que l’industrie des gants en caoutchouc représentait 34 358 tonnes ou 77,7 % de la consommation intérieure totale. Dans l’ensemble, la consommation intérieure de caoutchouc naturel a augmenté de 8,7% en juin pour s’établir à 44 217 tonnes par rapport au mois précédent. Quant à la production de caoutchouc, elle a bondi de 59,3% en juin pour s’établir à 33 531 tonnes, contre 21 044 tonnes le mois précédent. Cependant, la production a diminué de 8,9 % en juin par rapport au même mois de l’année précédente. Enfin, les stocks ont diminué de 12,6% à 254 105 tonnes contre 290 607 tonnes en mai 2020. Mohd Uzir a déclaré que le prix moyen du concentré de latex s’est amélioré à 479,90 sen par kg en juin  contre  432,16 sen par kg en mai, tandis que le prix du caoutchouc malais standard 20 (SMR 20) a progressé à 484,33 sen par kg contre 470,13 sen par kg. .

En Chine, la reprise des ventes d’automobiles se confirme après le creux atteint suite à la pandémie de la Covid-19. Les ventes ont grimpé de 16,7% en juillet, en hausse pour le quatrième mois consécutif, pour atteindre 2,11 millions de véhicules selon les statistiques de la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM). Le niveau des ventes sur les sept premiers mois de 2020 est toutefois inférieur de 12,7% à celui atteint sur la même période en 2019.  L’association s’attend à ce que les ventes d’automobiles chutent d’environ 10% cette année, sauf si une deuxième vague d’infections intervient, la baisse pourrait alors se situer à environ 20%.  Signe prometteur pour de nombreux constructeurs automobiles mondiaux qui ont investi massivement dans les véhicules électriques pour le marché chinois, les ventes de véhicules à énergie nouvelle (NEV) ont mis fin à 12 mois consécutifs de baisse avec un bond de 19,3% à 98 000 unités. La CAAM estime que les ventes NEV devrait atteindre 1,1 million de véhicules cette année, en baisse d’environ 11% par rapport à l’année dernière. Les ventes de camions et d’autres véhicules utilitaires, qui représentent environ un quart du marché, ont bondi de 59,4%, tirées par les investissements gouvernementaux dans les infrastructures ainsi que par des règles d’émissions plus strictes introduites cette année. Les ventes de véhicules particuliers ont augmenté de 8,5%.

Aux Etats-Unis, le Trésor américain a déterminé que la monnaie du Vietnam était sous-évaluée en 2019 de 4,7% par rapport au dollar en partie en raison de l’intervention du gouvernement, selon une nouvelle évaluation envoyée au département américain du Commerce. L’évaluation a été menée dans le cadre d’une enquête antisubventions sur les importations de pneumatiques pour véhicules légers en provenance du Vietnam. L’excédent commercial du Vietnam avec les États-Unis s’est élargi à $30,88 milliards au cours des sept premiers mois de cette année, contre $24,82 milliards à la même période l’année dernière, selon les données des douanes vietnamiennes.

COTON

Les cours de la fibre de coton restent extrêmement soutenus, au plus haut depuis 6 mois, au dessus de 65 cents la livre,  alors que l’on s’attend à des stocks mondiaux record en 2019/20 et 2020/21 et à une chute de la consommation mondiale de coton.  Les  dégâts potentiels causés par les tempêtes tropicales Laura et Marco qui ont frappé le golf du Mexique mais aussi le regain d’optimisme concernant les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine avec une réaffirmation de part et d’autre d’un respect de l’accord de phase 1 ont soutenu la fibre qui a clôturé hier à New York à 65,37 cents la livre, en légère hausse par rapport à vendredi dernier (64,28 cents) ainsi que par rapport à fin juillet (62,66 cents).

Evolution des cours du coton

Source : ICE

Dans ces dernières projections, Cotlook table sur une hausse des stocks mondiaux de coton de plus d’un million de tonnes à la fin de 2020/21 avec une production de 24, 616 millions de tonnes (Mt), en progression de 219 000 tonnes suite à des augmentations significatives en Inde et aux Etats-Unis, et une consommation inchangée à 23,539 Mt. Pour la campagne en cours, 2019/20, les stocks devraient grimper de 3,8 Mt, la production s’établissant à 25,788 Mt pour une consommation réduite à 21,976 Mt.

La production de coton biologique en 2018/19 a progressé de 31% pour atteindre 239 787 tonnes s’approchant du niveau record atteint en 2009/10 (242 722 tonnes), selon le dernier rapport de Textile Exchange, qui estime qu’elle devrait progresser de 10% en 2019/20 (Lire : Net rebond de la production mondiale de coton biologique).

En Côte d’Ivoire, la production de coton a enregistré un nouveau record en 2019/20 à 490 423 tonnes permettant au pays de maintenir sa place de troisième producteur africain de coton, derrière le Bénin et le Mali. Pour la campagne 2020/21, le prix au producteur a été maintenu au niveau élevé de FCFA 300 le kilo (Lire : L’engouement de la Côte d’Ivoire pour le coton se confirme). En revanche, l’impact du coronavirus se fait sentir au niveau des exportations sur le 1er semestre 2020 avec une chute de 45% par rapport à la même période en 2019 à 131 057 tonnes, selon les données provisoires du port. Ces statistiques comprennent aussi le coton du Burkina Faso et du Mali.

En Inde, les exportations annuelles de coton de l’Inde au cours de la campagne 2019/20 (octobre-septembre) devraient augmenter de 19% à  5 millions de balles (170 kilos) selon l’estimation de la Cotton Association of India (CAI). Ceci représente une hausse de 800 000 balles par rapport à 2018/19. La CAI a aussi revu à la hausse la production indienne de coton à 35,450 millions de balles tandis que la consommation domestique est abaissée à 25 millions de balles.

Au Vietnam, les importations de coton sont en recul de 9,1% sur le mois de juillet à 121 100 tonnes par rapport à juillet 2019. On observe toutefois une légère progression, plus 2,6%, par rapport au mois de juin.  De janvier à juillet 2020, les importations se sont élevées à 899 900 tonnes, en baisse de 4,5% par rapport à la même période en 2019.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a été volatil cette semaine pour terminer sensiblement au même niveau à 2 680 ringgits ($642,69) la tonne hier contre 2 678 ringgits vendredi dernier, soit le même niveau qu’à la fin juillet. Depuis le mois de juin, les cours de l’huile de palme brute ont progressé d’environ 16% grâce à la reprise de la demande, les mesures de confinement s’étant atténué dans de nombreux pays. “Le réapprovisionnement en Chine et en Inde a été le principal moteur des bons prix de l’huile de palme brute, mais nous prévoyons que la demande du quatrième trimestre ralentira un peu”, a déclaré Haris Fadzilah Hassan, directeur général du groupe malaisien FGV, lors d’une conférence de presse. Il s’attend à ce que les prix de l’huile de palme baissent au second semestre avec une  baisse de la demande au quatrième trimestre. Le plus grand producteur mondial d’huile de palme brute a estimé que les prix de l’huile de palme brute se négocieront entre 2 400 et 2 600 ringgits  la tonne.

D’ores et déjà, la baisse de la demande est perceptible sur le mois d’août avec des exportations malaisiennes en baisse entre 14% et 16% selon les inspecteurs sur la période de 1er au 25 août.

En Inde, les importations d’huile de palme en juillet ont augmenté de 1,4% par rapport à l’année précédente pour atteindre un sommet de 824 078 tonnes en 10 mois, l’assouplissement progressif du confinement suite à la Covid-19 ayant augmenté la demande dans les hôtels et restaurants, selon la Solvent Extractors’ Association of India (SEA). Les importations d’huile de soja du pays en juillet ont bondi de 52% par rapport à il y a un an à 484 525 tonnes, tandis que les importations d’huile de tournesol ont augmenté de 4% à 208 747 tonnes. Globalement, les importations d’huile comestible dont progressé de 13% en juillet à 1,52 million de tonnes, un plus haut de 11 mois, selon la SEA. Les stocks d’huile comestible avaient considérablement diminué en raison de la baisse des importations de mars à mai, ce qui a incité les raffineurs à augmenter leurs importations en juillet, a déclaré B.V. Mehta, directeur exécutif de la SEA.

Toujours en Inde, la production de soja pourrait grimper de 32% en 2020 à 12,25 millions de tonnes en raison de l’augmentation de la superficie consacrée aux oléagineux et du fait que les rendements devraient augmenter avec les pluies abondantes de la mousson, selon la Soybean Processors Association of India. Une hausse qui pourrait réduire les importations d’huile végétale du pays. 

En Indonésie, les exportations et la production d’huile de palme ont chuté au premier semestre en raison du temps plus sec et de la baisse de la demande provoquée par la pandémie du coronavirus, selon une déclaration du président de l’Indonesian Palm Oil Association (GAPKI) Joko Supriyono.  La production de l’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, a chuté de 8,9% à 23,5 millions de tonnes (Mt) pour la période janvier à juin. “Je pense que le facteur principal est le temps sec de l’année dernière et les conséquences de 2018, lorsque les prix étaient très bas“, a estimé Joko Supriyono.

Selon GAPKI, les exportations d’huile de palme au premier semestre sont tombées à 15,5 Mt, en baisse de 11,7% par rapport à 17,55 Mt au premier semestre 2019. “70% de notre huile de palme est exportée et presque tous les pays de destination des exportations ont connu une contraction de la demande en raison du confinement“, a déclaré Joko Supriyono. Ajoutant “Les principaux marchés d’Europe, d’Inde, de Chine … ont connu une baisse très importante“.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme de la Malaisie sont tombés à leur plus bas niveau depuis trois ans en juillet, la production ayant diminué en raison de pénuries de main-d’œuvre et de fortes pluies, tandis que les exportations ont augmenté dans un contexte d’assouplissement des freins liés au coronavirus, selon les  données du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Les stocks de fin juillet ont diminué de 10,55% par rapport au mois précédent à 1,7 Mt, tandis que la production a chuté de 4,14% à 1,81 Mt. Quant aux exportations d’huile de palme, elle ont augmenté de 4,19% en glissement mensuel pour s’établir à 1,78 Mt, marquant le cinquième gain mensuel consécutif.

La Grande-Bretagne a déclaré lundi qu’elle lancerait un processus de consultation sur une nouvelle loi potentielle qui obligerait les grandes entreprises à nettoyer leurs chaînes d’approvisionnement – cacao, caoutchouc, soja, huile de palme – en leur infligeant une amende si elles utilisaient des produits cultivés sur des terres illégalement déboisées (Lire : La Grande-Bretagne planche sur les chaînes d’approvisionnement liées à la déforestation).

Côté entreprises, le malaisien Sime Darby Plantation a  enregistré une forte hausse de son bénéfice net au deuxième trimestre, la hausse des prix de l’huile de palme ayant atténué l’impact de la pandémie de la Covid-19. Le bénéfice net s’est établi à 378 millions de ringgit ($90,67 millions) pour la période avril-juin, contre 27 millions de ringgit au trimestre de l’an dernier. Le chiffre d’affaires a augmenté de 12% à 3,22 milliards de ringgits. “Nous nous attendons à ce que la demande s’améliore au second semestre de cette année alors que les pays assouplissent les restrictions de confinement permettant aux entreprises de reconstituer leurs stocks”, a déclaré le directeur général du groupe Mohamad Helmy Othman Basha. Il a également ajouté que la société explorait toutes les voies disponibles pour atténuer une pénurie de main-d’œuvre due au coronavirus. Suite à la Covid-19 et aux restrictions de déplacement, les plantations font face à un déficit de main d’œuvre d’environ 37 000 personnes, soit près de 10% de la main d’œuvre totale. Le malaisien FGV Holdings Bhd a aussi vu son bénéfice croître au second trimestre à 20,5 millions de ringgit, contre une perte nette de 52,2 millions de ringgit l’an dernier. Une hausse consécutive à l’augmentation des prix de l’huile de palme et à la réduction des pertes dans le secteur sucre. Les revenus ont légèrement augmenté pour atteindre 3,29 milliards de ringgit, contre 3,28 milliards de ringgit l’année dernière. “Cependant, la performance globale a été affectée par la pandémie de coronavirus qui continue de se propager dans le monde“, a déclaré Haris Fadzilah.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien ont augmenté pour une troisième semaine consécutive, tandis que les préoccupations concernant les faibles précipitations ont soutenu les prix thaïlandais.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont grimpé à $384-$390 la tonne contre $383-$389 de la semaine dernière, les inondations ayant également réduit la mouture du riz avec des pluies de mousson susceptibles de rester fortes pour le reste du mois. Jusqu’à la semaine dernière, les semis de riz, principale culture d’été, s’élevaient à 37,8 millions d’hectares, contre 33,9 millions d’hectares à la même période l’an dernier.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont progressé pour atteindre $500-$520 la tonne contre $480-$500 la semaine dernière. Des précipitations irrégulières dans certaines provinces rizicoles de Thaïlande ont alimenté les craintes d’une baisse des rendements en 2020/21, les commerçants mettant également en garde contre une récolte de contre-saison décevante.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés pour une deuxième semaine consécutive à $480-$490 la tonne. Les négociants s’attendant à ce que les prix restent élevés au cours des prochaines semaines, dans un contexte de demande accrue de la Chine, qui a également souffert d’inondations. Les exportateurs ne peuvent pas signer de nouveaux contrats d’exportation en raison de la rareté des approvisionnements nationaux et se concentrent plutôt sur l’exécution des contrats signés avec la Malaisie, les Philippines et Cuba, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

En Chine, la production de riz devrait, après 7 années consécutives de baisse,  progresser de 3,9% en 2020 à 27,29 millions de tonnes, selon le Bureau national des statistiques (NBS). Une hausse principalement due à une augmentation des zones de culture, bien que de graves inondations dans certaines parties du sud de la Chine aient entraîné une baisse du rendement par unité de surface, a précisé Li Suoqiang, un responsable du NBS.

SUCRE

Le prix du sucre a baissé cette dernière semaine. La livre (lb) de roux est passée de 12,83 cents vendredi dernier à 12,77 cents hier soir à New York, tandis qu’à Londres, la tonne de sucre blanc a glissé de $ 370,60 à $ 362.

La tendance globale n’est pas claire, estiment certains traders interrogés par Reuters. Certes, la production brésilienne est en hausse mais elle est en baisse chez des acteurs sucriers majeurs comme la Thaïlande, l’Union européenne ou encore la Russie, et on se demande à quelel hauteur cela compense. Selon Agritel, la production européenne et britannique baisserait de 7% à 15,98 Mt, la France accusant la chute le plus forte. En outre, la rumeur laisse entendre que la Chine pourrait faire une pause dans ses achats alors que c’est son intervention qui a fait grimper le sucre au plus haut en cinq mois.

Au Brésil, la production de sucre a augmenté de 51% sur la première quinzaine du mois d’août par rapport à début août 2019, à 3,21 Mt, a annoncé mercredi le groupe industriel Unica. Les raffineries ont continué à favoriser la production de sucre à celle d’éthanol à partir de la canne, car les ventes de biocarburants sont en baisse de 18% par rapport à il y a un an. Plus précisément, dans l’importante zone de production du Centre-Sud, la production de sucre sur la première quinzaine d’août devrait avoir grimpé de 53% à 3,249 Mt, selon un sondage effectué par S&P Golden Platts. Si cela s’avérait exact, ce serait un record absolu pour un début du mois d’août. Les broyages auraient atteint 46,68 Mt, en hausse de 8,9% sur l’année dernière.

Aux Etats-Unis, l’ouragan Laura a endommagé des champs de canne en Louisiane  alors que la récolte démarre mi-septembre. Ceci dit, le marché mondial continue d’être très bien approvisionné, la hausse de production au Brésil ne décélérant pas. La hausse de production serait de 50% cette année.

En Egypte, le Conseil du sucre au ministère de l’Agriculture a annoncé que els réserves stratégique du pays en sucre suffisent à couvrir la demande durant 6 mois. Durant la campagne 2020, le pays a produit 2,3 Mt de sucre, dont 860 000 t provenant de la canne et 1,4 Mt de la betterave.

Côté entreprises, le britannique Czarnikow va développer son activité sur les marchés brésiliens de l’éthanol et de l’énergie. Elle va créer une nouvelle entreprise nommée CzEnergy. Rappelons que l’éthanol représente près de 40% de l’énergie consommée par les véhicules légers au Brésil, le deuxième marché au monde derrière les Etats-Unis en biocarburants.

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