Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 28 septembre 2022

 Chronique Énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest au 28 septembre 2022
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Un très intéressant rapport est sorti cette semaine intitulé Énergies renouvelables et emplois : bilan annuel 2022 publié par l’Agence internationale pour l’énergie renouvelable (Irena). L’angle -l’emploi- souligne combien l’Afrique aurait à gagner sur tous les plans à développer ses énergies renouvelables.mais que l’effort à faire est considérable au regard des autres régions du monde.

Quant à l’actualité, le géant néerlandais Shell se positionne sur l’Afrique du renouvelable en achetant le nigérian Daystar Power tandis que TotalEnergies Marketing Guinée décide de travailler avec la Société nationale d’électricité. La Banque africaine de développement renfocre la force de frappe financière de la Covid-19 Off-Grid Recovery Platform et la France veut réduire son aide à l’export à ses entreprises du pétrole et du gaz. Pour terminer, deux avis sur l’avenir de l’énergie durabel en Afrique, celui du Franco-Béninois Lionel Zinsou et de la Mo Ibrahim Foundation.

 

IRENA 

Les énergies renouvelables, source d’emplois, ont pour nain mondial l’Afrique

Les emplois sont d’une grande importance dans toute économie. Leur création est en nombre particulièrement important au fur et à mesure que la transition énergétique se déroule dans un pays, compte tenu des changements et des perturbations attendus dans les structures économiques, souligne l’Agence internationale pour l’énergie renouvelable (Irena) qui a publié, avec l’Organisation internationale du travail (OIT), la neuvième édition de son rapport « Énergies renouvelables et emplois : bilan annuel 2022 ».

Basé sur un large éventail d’études et de rapports, le rapport examine le paysage mondial de l’emploi dans les énergies renouvelables à partir de 2021, mettant en lumière les problèmes de qualité de l’emploi et de normes de travail dans l’extraction et le traitement des intrants à la filière (en amont) ainsi que dans la manipulation des matériaux une fois que les installations de production d’énergie renouvelable sont en fin de vie (en aval).

La Covid-19, les différends commerciaux et les rivalités géopolitiques renforcent l’idée qu’il faut sourcer le plus localement possible tout ce qui entre dans la chaîne de valeur des énergies renouvelables.

Des filières globalement dynamiques

Si le nombre d’emplois généré par les énergies renouvelables en 2021 totalisent 12,7 millions, les deux-tiers sont en Asie avec 42% pour la seule Chine. Car, sans surprise, le nombre d’emplois généré par la construction, l’installation, l’opérationnalité et la maintenance des équipements d’énergies renouvelables, dépend de la taille du marché domestique, indique le rapport. Sans doute faut-il lire en filigrane par le pouvoir d’achat des marchés domestiques…

De ces 12,7 millions d’emplois au niveau mondial, 4,3 millions l’étaient dans le solaire photovoltaïque, 2,4 millions dans l’hydraulique, tout autant dans les biocarburants et 1,3 million dans l’éolien.

En 2021, environ 257 gigawatts (GW) d’énergies renouvelables ont été installées, augmentant de 9% la capacité existante pour atteindre 3 068 GW. Le solaire et l’éolien représentent 88% de cette augmentation pour atteindre respectivement 133 GW et 93 GW. En revanche, l’hydroélectricité n’a progressé que de 25 GW en 2021et les bioénergies de 10 MW. La production de biocarburants a été d’environ 160 milliards de litres en 2021, soit le même niveau qu’en 2019, avant la Covid. De ces nouvelles installations, 50% de l’éolien l’ont été en Chine.

L’Afrique aux abonnés quasi absents…

Des perspectives plutôt attirantes pour l’Afrique ? Oui, si le continent, du moins l’Afrique sub-saharienne, ne passe pas à côté. Car force est de constater qu’elle est très absente de la scène, et du rapport….

C’est pour les énergies renouvelables hors réseau qu’Irena évoque véritablement le continent pour la première fois. Plus précisément l’Afrique de l’Ouest.  Selon GOGLA, l’association industrielle de l’énergie solaire hors réseau, les ventes au second semestre 2021 ont atteint 4 millions d’unités mais sont restées inférieures de 10% aux ventes d’avant la Covid, soit au second semestre 2019. Là, l’Afrique de l’Ouest est en tête avec une augmentation de 23% de ses ventes devant les +19% en Asie du Sud par rapport au premier semestre 2021. En revanche, les ventes en Afrique de l’Est ont augmenté d’un maigre 4 %.

En Afrique, le secteur formel de l’énergie employait environ 3 millions de personnes en 2019, principalement dans l’énergie conventionnelle, auxquels s’ajoutent les millions d’emplois informels dans la biomasse traditionnelle, y compris une vaste économie dans le charbon de bois. Étant donné que la part du continent dans les investissements dans les énergies renouvelables est très faible, ses capacités installées sont équivalentes à seulement environ 1 % des capacités mondiales d’énergie solaire photovoltaïque et éolienne. Par conséquent, l’emploi dans les énergies renouvelables est encore limité.

« Cela pourrait changer », soulignent les auteurs du rapport, « si une transition énergétique ambitieuse s’ouvrait qui favoriserait l’accès aux énergies renouvelables centralisées et décentralisées (permettant la création d’emplois supplémentaires dans l’agriculture, les services de santé, le commerce et d’autres utilisations productives) et pour des modes de cuisson propres. »

Il existe peu d’information sur les emplois générés par le déploiement des énergies renouvelables décentralisées, indique le rapport. Parmi les entreprises opérant sous le régime du « paiement au fur et à mesure », M-KOPA a franchi le seuil du million de clients pour le solaire et emploie plus de 1 000 personnes (855 en 2018), essentiellement au Kenya et en Ouganda. BBOXX a vendu plus de 500 000 systèmes solaires domestiques dans plus de vingt pays africains et emploie plus de 1 000 personnes en RD Congo, Kenya, Rwanda et Togo, dans la vente uniquement car l’entreprise a son siège au Royaume Uni et son équipement vient de Chine.

Au Nigeria, le géant de l’Afrique, plus de 90 millions de personnes n’ont pas accès à l’énergie. Sur les 49 600 personnes estimées travaillant dans le secteur, 31% sont en situation de travail informel. Husk Power Systems entend atteindre 400 000 nouvelles connexions hors-réseau d’ici 2026.

 


EN BREF

  • Le géant néerlandais du pétrole, le groupe Shell, annonce aujourd’hui son premier achat dans l’énergie sur le continent africain, en achetant le principal fournisseur de solutions solaires aux industriels d’Afrique de l’Ouest, le nigérian Daystar Power. Aucun montant de transaction n’a été indiqué. Daystar est actuellement actif au Nigeria, au Ghana, au Sénégal et au Togo. Avec cette reprise, la société pourrait étendre son activé en Afrique de l’Est et australe.
  • TotalEnergies Marketing Guinée et la Société d’électricité de Guinée (EDG) ont signé le 14 septembre un protocole d’accord pour collaborer à la recherche et à la production d’énergies propres, abordables et disponibles pour la population guinéenne.
  • La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un financement concessionnel de $ 20 millions pour mettre en œuvre la deuxième phase de la Covid-19 Off-Grid Recovery Platform tendant à mobiliser des capitaux privés pour permettre aux entreprises de redémarrer suite à la pandémie selon les principes d’une économique verte. Le Fonds pour l’énergie durable en Afrique, un fonds multidonateurs géré par la BAD va apporter $ 7 millions et le Fonds pour l’environnement mondial $ 13 millions. La mise en œuvre de la deuxième phase de la Covid-19 Off-Grid Recovery Platform contribuera à générer un financement additionnel de $ 70 millions.
  • En France, le projet de loi de Finances présenté lundi matin devant l’Assemblée nationale propose que l’État français cesse dès le 1er janvier 2023 l’octroi de garanties export à la quasi-totalité des projets pétroliers et gaziers, de l’exploration à la distribution. Une exception notable : les centrales de production électrique à base de gaz ou pétrole.
  • Pour Lionel Zinsou, qui intervenait au Forum de l’Economiste du Bénin, le problème du développement des énergies renouvelables en Afrique repose sur « la lenteur des montages financiers des projets solaires et renouvelables qui peuvent s’étaler sur quatre ans alors que le déploiement technique se fait en 6 mois. Ces lenteurs réduisent l’avantage comparatif des prix relatifs des énergies renouvelables comparés aux importations des hydrocarbures », rapporte notre confrère de Financial Afrik.
  • Selon le rapport Remédier au déficit énergétique de l’Afrique : changement climatique, énergies renouvelables et gaz, publié le 22 septembre par la Fondation Mo Ibrahim, la transition énergétique en Afrique doit reposer à la fois sur les énergies renouvelables et le gaz naturel qui serait le combustible fossile le moins polluant, est-il déclaré.

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