La Chronique matières premières agricoles au 27 octobre 2022

 La Chronique matières premières agricoles au 27 octobre 2022
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C’est la morosité sur les marchés financiers après que Amazon et Apple aient abandonné respectivement 16,7% et 2,7% dans les échanges hors séance hier soir suite aux prévisions décevantes pour le dernier trimestre de l’année, le géant mondial du commerce en ligne évoquant de son côté l’impact de l’inflation sur la consommation. Meta Platfoms a chuté de 22,82%.

En revanche, le Dow Jones a profité du chiffre supérieur au consensus du PIB américain au troisième trimestre, dont la croissance ressort à 2,6% en rythme annualisé contre 2,4% attendu.

Hier, la Banque centrale européenne (BCE) a, sans surprise, annoncé un nouveau relèvement de trois quarts de point de ses taux directeurs et sa présidente, Christine Lagarde, a clairement dit que de nouvelles hausses étaient à prévoir. Elle s’est, toutefois, refusée à tout commentaire sur leur rythme et leur ampleur, en soulignant que les risques entourant les perspectives de croissance restaient orientés à la baisse, rapporte Reuters.

On attendait aujourd’hui de nouveaux indicateurs économiques susceptibles d’alimenter les craintes inflationnistes avec, entre autres, la première estimation de l’évolution du PIB et l’inflation en Allemagne. En France, la croissance de l’économie a ralenti au troisième trimestre à 0,2%, un niveau conforme aux attentes.

Les déclarations de la BCE ont pénalisé l’euro qui est repassé hier soir, à la clôture des marchés, sous la parité avec le dollar, terminant à $ 0,9984 après être monté à $ 1,0093 en début de journée, son plus haut niveau depuis le 13 septembre.

Hésitant en début de journée, le marché pétrolier est désormais solidement orienté à la hausse, profitant du reflux des craintes de récession aux Etats-Unis, qui l’emporte sur l’inquiétude pour la demande chinoise. Le Brent a clôturé à $ 96,62 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 89,11.

 

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE 

 

CACAO

Un marché du cacao drivé cette semaine essentiellement par des facteurs monétaires. Ainsi, à Londres, la tonne (t) de cacao est passée de £ 1 907 vendredi dernier à £ 1 869 à la clôture hier soir à Londres sur l’échéance mars, tandis que New York grimpait de $ 2 306 à $ 2 314 la tonne sur décembre.

En Côte d’Ivoire, la météo est favorable à la cacaoculture, boostant les perspectives de production sur la campagne. Mais pour l’heure, les volumes d’arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pédro sont faibles, inférieurs de 26,4% par rapport à la même période l’année dernière, à 204 000 t entre le 1er et le 23 octobre, selon les exportateurs.

Côté entreprise, Barry Callebaut a annoncé hier « l’arrivée de la deuxième génération de chocolat », un chocolat dont le processus de fabrication est repensé à partir du « principe de la culture du cacao et de l’artisanat du chocolat principe (Cocoa Cultivation & Craft – CCC). Il s’agit d’identifier les caractéristiques propres à chaque fève de cacao et d’en extraire toutes les saveurs, ce qui permet, lors de la fabrication du chocolat, de réduire au maximum le nombre d’ingrédients ajoutés (la vanille, par exemple) et de réduire aussi la quantité de sucre et de lait (lire nos informations :  Comme pour le vin et le café, Barry Callebaut dégage les richesses de chaque cacao).

Pour sa part, le géant américain Mondelez International s’engage à dépenser $ 600 millions supplémentaires d’ici 2030 pour lutter contre le travail des enfants, la pauvreté des agriculteurs et la déforestation dans le cacao (lire nos informations : Mondelez met encore $ 600 millions pour un cacao durable).

CAFE

C’est la dégringolade ! Le café Arabica coté à New York, est passé de $ 1,909 en fin de semaine dernière à $ 1,7885 hier soir sur l’échéance décembre, tandis que le Robusta à Londres glissait de $ 1 996 à $ 1 878 la tonne sur janvier. Les deux cafés sont au plus bas en 14 mois. Toutefois, dans une note publiée en début de semaine, le courtier Sucden Financial mise sur un renversement de tendance à court terme.

La bonne pluviométrie au Brésil ces dernières semaines augure d’une bonne récolte chez le leader, voire d’une récolte record. Ce qui, naturellement, pèse sur les cours mondiaux. Ce facteur, conjugué aux inquiétudes quant à l’évolution de la demande, ont provoqué une forte vente de contrats sur ce mois d’octobre, indique Rabobank dans une note de marché.  

Seul facteur qui permet d’éviter que le marché dégringole totalement : le niveau des stocks certifiés de l’ICE au plus bas depuis 23 ans. Les analystes s’attendent à ce qu’ils baissent encore ces prochaines semaines.

En Asie, au Vietnam, les prix intérieurs du Robusta ont chuté pour la troisième semaine consécutive. Nous ne sommes qu’au démarrage de la nouvelle campagne 2022/23, depuis le 1er octobre, et il pleut dans les zones de production ce qui ralentit le murissement des grains : le produit physique ne commencera à sortir des zones de production que fin novembre, est-il estimé.

Quelques transactions sur de faibles volumes ont été réalisées cette semaine à un prix bien en-dessous à celui de la semaine dernière, à 40 900-43 200 dongs le kilo ($ 1,65-1,74) contre 43 300-45 000 dongs. « Les taux de change jouent maintenant un rôle important dans la fixation des prix du café », a expliqué à Reuters un trader établi dans la province de Dak Lak.  « Un dollar plus fort a mis la pression à la fois sur les pays producteurs et les pays consommateurs de café ». A l’export, les traders ont offert du 5% grains noirs et brisés avec une décote allant de $ 150 à $ 170 par rapport au contrat mars à Londres.

En revanche, en Indonésie, la raréfaction du produit a fait basculer de décote à prime le prix payé pour cette origine, le Robusta de Sumatra se vendant à $ 10 au-dessus du contrat novembre à Londres contre une décote de $ 10 la semaine dernière. Sur l’échéance janvier, un trader a même obtenu $ 100 au-dessus de Londres contre +$70 la semaine dernière. Sur l’ensemble du mois de septembre, le pays a exporté 53 269 t de Robusta, quasiment le double par rapport à il y a un an.

En Amérique centrale, région des Arabica Doux, l’Institut du café du Costa Rica (Icafe) estime que la production sur la campagne 2022/23 qui vient de commencer, devrait progresser de 11,5%, à 1,43 million de sacs de 60 kg (Ms) contre 1,82 Ms, car c’est l’année haute du cycle végétal biannuel. En outre, les nouveaux plants devraient donner davantage. En 2021/22, les exportations avaient chuté de 8,8% par rapport à la campagne précédente.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc est toujours en petite forme avec un nouveau recul des cours cette semaine. Sur l’Osaka Echange, ils ont clôturé hier à 216 yens ($1,48)  contre 221,2 yens vendredi dernier tandis que sur le marché de Shanghai, ils ont atteint hier 12 055 yuans ($1 671) la tonne contre 12 340 yuans vendredi dernier.

Comme prévu, la confiance du marché faiblit en réponse non seulement aux politiques zéro-Covid en Chine, mais aussi à l’annonce d’une nouvelle série de mesures de confinement dans plusieurs villes, encore une fois”, a déclaré à Reuters un négociant basé à Singapour. Les villes chinoises de Wuhan, dans le centre de la Chine, à Xining, dans le nord-ouest, redoublent d’efforts pour lutter contre le Covid-19, sceller les bâtiments et verrouiller les quartiers. En outre, les bénéfices des entreprises industrielles chinoises ont chuté à un rythme plus rapide au cours de la période janvier-septembre, les freins du Covid-19 et la crise immobilière continuant de peser lourdement sur l’activité des usines.

Côté entreprise, le groupe français de pneumatique Michelin a annoncé une hausse de 20,5% des ses ventes sur les 9 premiers mois de 2022 par rapport à la même période en 2022 à €20,732 milliards.  Mais, les volumes sont en baisse de 2,4% en raison de l’arrêt de ses activités en Russie depuis le mois de mars et de la faible demande de la Chine notamment au deuxième trimestre. Le groupe clermontois a révisé à la baisse ses prévisions de cash-flow libre structurel annuel à € 0,7 milliard  contre €1,2 milliard précédemment, principalement en raison de l’inflation.  Michelin a cependant confirmé sa perspective de résultat opérationnel des secteurs supérieur à €3,2 milliards.

Toyota Motor Corp a annoncé à plusieurs de ses fournisseurs qu’il avait abaissé son objectif de production mondiale pour l’année à 9,5 millions d’unités, ont déclaré jeudi à Reuters deux personnes proches du dossier.

COTON

Le coton poursuit sa chute. Partis de 79,13 cents vendredi dernier sur l’ICE, ils ont clôturé hier à 75,11 cents. En deux mois, les cours ont perdu 42,57 cents ! Au cœur de la chute la demande, qui s’effondre en droite ligne avec le marasme économique mondial. Mais, les cours sont toujours volatils ne suivant aussi la fluctuation du dollar. Le marché est baissier mais des rebonds épisodiques  ne sont pas exclus.

“La tendance à la baisse est très constante depuis plusieurs semaines, et une grande partie de cela résulte de la baisse de la demande sur le marché du coton pour les commandes en aval, les usines textiles et les fabricants“, a déclaré Bailey Thomen, responsable du risque coton chez StoneX Group. Ajoutant “Il est certain que les craintes de récession pèsent également sur le marché… et que le dollar augmente, ce qui rend le coton plus cher pour les acheteurs d’autres pays”.

Les perspectives pour la campagne 2022/23 ne sont pas la pour rassurer. Le spécialiste Cotlook a révisé à nouveau à la baisse la consommation mondiale de coton, en retirant 630 000 tonnes par rapport à sa prévision du mois de septembre. La diminution de la consommation est sensible en Inde (-270 000 tonnes), en Chine (-150 000 t.), au Vietnam (-100 000 t.) et dans une moindre mesure en Turquie, au Brésil et en Indonésie. Du côté de la production, elle recule de 87 000 tonnes,  la forte révision à la hausse de l’estimation de la production au Brésil (+325 000 t.) compense partiellement les chutes au Pakistan (-175 000 t.), en Afrique Zone Franc  (-127 000 t.) et en Ouzbékistan (-100 000 t.). Ainsi la prévision d’octobre de Cotlook sur  les stocks de clôture 2022/23 est augmentée de 995 000 tonnes, soit près du double de sa prévision du mois de septembre.

Fitch Solutions prévoit des prix du coton en moyenne à 110 cents par livre cette année et de 94 cents par livre en 2023, selon une note de recherche.

HUILE DE PALME

Les cours se sont légèrement appréciés cette semaine avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 151 ringgits ($880,76) la tonne contre 4 100 ringgits la semaine dernière. Les cours pourraient bénéficier du soutien d’un ralentissement de la production suite aux pluies excessives dans les principaux pays producteurs, l’Indonésie et la Malaisie.  Toutefois, les exportations d’huile de palme  en Malaisie  sur la période du 1er au 25 octobre ont chuté de 3,5 %, par rapport à la même période en décembre, selon Intertek Testing Services mais de 0,6% selon SGS. Quant à  AmSpec Agri Malaysia, elle estime que les exportations ont augmenté de 6,6%.

En Indonésie, un audit du secteur de l’huile de palme a révélé que la taille globale de ses plantations d’huile de palme est plus grande que ne le montre la base de données. Le pays disposerait de 16,8 millions d’hectares de zones plantées d’huile de palme, par rapport à son chiffre officiel de 16,38 millions d’hectares. L’audit public de l’industrie vise à améliorer la gouvernance et la transparence dans le secteur, en veillant à ce que les entreprises paient correctement les impôts, à mieux protéger la forêt et à améliorer les estimations de production. L’audit pourrait également contribuer à accroître l’adoption du programme de replantation de palmiers pour les petits agriculteurs, qui a du mal à démarrer car les petits exploitants peinent à prouver leurs droits fonciers.

RIZ

Grande stabilité cette semaine des prix sur les principaux marchés en Asie.

En Inde, les prix du riz étuvé  5 %  se sont  légèrement appréciés avec une roupie plus forte pour atteindre $375-$384 la tonne contre $374-$382 la semaine dernière. De fortes pluies ont endommagé le paddy juste avant la récolte dans les Etats de l’Uttar Pradesh, l’Haryana et le Pendjab, ce qui pourrait réduire la taille de la récolte.

Au Vietnam, les prix du Viet 5 % sont inchangés à $425-$430 la tonne. Les exportations de riz du Vietnam au cours des 10 premiers mois de l’année  se sont élevées à 6,07 millions de tonnes (Mt), en hausse de 17,2% par rapport à l’année dernière.  En valeur, elles ont progressé de 7,4% à $2,94 milliards. Les exportations d’octobre ont atteint à 700 000 tonnes.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi stables à $405 la tonne. La demande est stable.

Au Bangladesh,  le cyclone Sitrang a détruit des cultures de riz sur 6 000 hectares, selon les estimations préliminaires du ministère de l’Agriculture, portant probablement un coup au pays, qui tente de faire baisser les prix intérieurs élevés après que les inondations du début de l’année aient détruit 254 000 tonnes.

L’Indonésie cherche à constituer des réserves suffisantes de divers aliments pour tenter d’assurer une certaine stabilité des prix dans cette période de forte inflation. Ainsi, le gouvernement chercherait à sécuriser environ 1,2 million de tonnes (Mt) de réserves de riz d’ici à la fin de l’année. La priorité des achats sera  donnée à la production nationale pour environ 500 000 tonnes, l’agence nationale d’approvisionnement alimentaire Bulog disposant actuellement de 700 000 tonnes de riz dans ses stocks. La production de riz de cette année devrait augmenter de 2,29 % pour atteindre environ 32,07 Mt tonnes, la production d’octobre à décembre étant estimée à 5,9 Mt, selon le bureau indonésien des statistiques.

SUCRE

Le sucre fond ! De 18,38 cents vendredi dernier sur le marché à terme de New York, la livre (lb) de roux a clôturé hier soir à 17,71 cents sur l’échéance mars. Quant au sucre blanc coté à Londres, la tonne est passée de $ 533 la tonne à $ 517,20 hier soir sur décembre. Selon des négociants interrogés par Reuters, les fonds d’investissements devraient encore liquider des positions ces prochaines semaines mais les cours ne devraient guère tomber beaucoup plus étant donné la relative fermeté des positions rapprochées par rapport aux éloignées.

Les filières sucre et éthanol au Brésil devraient continuer à se redresser la campagne prochaine, suite à la campagne dévastatrice 2021/22 lorsqu’aux plus fortes gelées en 40 ans se sont succédées la plus forte sécheresse en 90 ans, rappelle le consultant agricole brésilien Datagro. Il voit la production de canne à sucre atteindre 590 Mt en 2023/24 (avril/mars) contre les 542 Mt attendus cette campagne en cours. La production de sucre pourrait être de 38,5 Mt contre 33,2 Mt actuellement et les 32 Mt de la campagne précédente.

Le Brésil, grand producteur de sucre mais aussi grand consommateur de confiseries ! Sa production de confiseries et chocolat a fait un bond de 11,7% à 312 000 tonnes (t) au premier semestre, a annoncé hier le groupe industriel Abicab qui a pour membres, entre autres, Mars, Hershey’s, Mondelez, Ferrero. Une des raisons citées serait le succès croissant de la fête de Halloween – dénommée la « Fête des sorcières » au Brésil- dont le pilier est la distribution de confiseries aux enfants. L’export n’est pas en reste avec une progression de 5% en volume au premier semestre, à 55 000 t avec pour principales destinations les Etats-Unis, le Paraguay et le Chili.

Datagro a révisé à la hausse ses estimations d’excédent sur la campagne 2022/23, l’estimant maintenant à 1,87 Mt contre 1,49 Mt lors de ses précédentes prévisions.

Côté entreprise, le géant nigérian Dangote annonce aujourd’hui des revenus trimestriels au 30 septembre de 102,86 milliards de naira contre 63,55 milliards sur le même trimestre l’année dernière.

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