La Chronique Matières premières agricoles au 28 mai 2020

 La Chronique Matières premières agricoles au 28 mai 2020
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Les marchés financiers ont été sensibles à l’espoir d’une reprise de l’économie mondiale avec le déconfinement dans de nombreux pays à travers le monde et le plan de relance de la Commission européenne de € 750 milliards, qui devrait permettre aux pays du bloc de rebondir, cet optimisme prenant le pas sur les incertitudes concernant les relations tendues entre Pékin et Washington. Le Parlement chinois a donné hier  son feu vert pour poursuivre le processus d’adoption d’un projet de loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, considéré comme une menace pour l’autonomie et les libertés par de nombreux pays occidentaux dont les Etats-Unis, qui pourraient engager en retour une action contre la Chine et retirer le statut spécial accordé à Hong Kong. L’euro est remonté à un pic depuis le 30 mars, à $ 1,1067.

Hier, les cours du pétrole se sont repliés pour la deuxième séance d’affilée après l’annonce par l’American Petroleum Institute (API) et par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) d’une hausse inattendue et marquée des stocks de brut aux Etats-Unis. Le Brent recule à $ 34,71 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 32,8.

CACAO

Les marchés du cacao à Londres et à New York  continuent de faire bande à part, avec une tonne de fèves qui est passée de $ 2 394 la tonne vendredi dernier à New York à $ 2 429 hier soir, tandis que Londres glissait de £ 1 983 à £ 1 963 sur la même période.

Le cacao sera parmi les produits agricoles dont les cours devraient augmenter ces prochains mois car la situation de la production en Afrique de l’Ouest préoccupe. Toutefois, la demande des consommateurs pourrait fléchir en 2021 suite à l’impact du Covid-19, estime Fitch Solutions. Ceci dit, à court terme, la hausse des cours du cacao pourrait ne pas se maintenir car de nombreux broyeurs en Europe et aux Etats-Unis sont déjà bien fournis et ne devraient pas se porter à l’achat de façon significative prochainement, surtout à ce niveau de prix, souligne ABN-AMRO dans un rapport publié en début de semaine.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre et le 24 mai ont baissé de 6,3%, à 1,960 million de tonnes (Mt), selon les exportateurs. Pour sa part, le Conseil du café-cacao (CCC) a précisé mardi que les arrivages entre le 1er octobre et le 30 avril étaient en baisse de 5,7%, à 1,729 Mt.

En outre, sur les quatre premiers mois de l’année, les exportations de fèves ont reculé de 3% par rapport à la même période en 2019, à 1 251 199 tonnes (t) et celles de produits semi-transformés (poudre et beurre) de 14% à 222 782 t (lire Chute des exportations ivoiriennes de cacao, café et coton sauf de caoutchouc ).

Côté entreprises, Barry Callebaut a annoncé mercredi avoir signé un accord pour la reprise de l’australien GKC Foods spécialisé dans la fabrication de fourrages et d’enrobages vendus sur son marché local et en Nouvelle-Zélande, précise le communiqué. La société propose également du chocolat vegan et biologique. Barry Callebaut investira dans la rénovation de l’usine et installera une nouvelle ligne de production. L’Australie et la Nouvelle-Zélande constituent des marchés prometteurs pour le chocolat, déclare le géant suisse. La consommation annuelle moyenne de 5 kg/habitant est la plus élevée de la région Asie-pacifique, selon les données d’Euromonitor, et le secteur enregistre une croissance supérieure à la moyenne mondiale. Les détails financiers de l’opération n’ont pas été précisés.

CAFE

L’Arabica est repassé hier soir en dessous de la barre du dollar, terminant à 99,1 cents la livre (lb) à New York contre $ 1,036 vendredi dernier sur l’échéance juillet. Le Robusta a glissé aussi, de $ 1 207 la tonne à $ 1 177 à Londres.

Le marché du café se cherche, tiraillé entre la crainte de perturbations dans l’approvisionnement car le Brésil est fortement impacté par le coronavirus, et l’incertitude quant à la demande avec de nombreux coffee shops et cafés encore fermés ou seulement partiellement ouverts à travers le monde. Selon un trader américain interrogé par Reuters : “Il semble inévitable que l’Arabica redescende en dessous des 100 cents à court terme, essentiellement à cause d’un approvisionnement abondant et une révision à la baisse du niveau de la demande mondiale.” D’autre part, la baisse de la demande de cafés de spécialités aux prix très élevés devrait être impactée par la crise économique que le monde va traverser.

Au Brésil, la coopérative Cooxupe, premier exportateur du pays, a annoncé hier que ces membres avaient récolté 6,06% de leurs superficies caféières au 22 mai, soit un peu plus que les 5,5% sur la même période en 2018, la dernière année haute du cycle végétal biennal du caféier, mais nettement moins que les 11,7% à pareille époque en 2019.

En Asie, les prix du café ont légèrement grimpé cette semaine. Dans les Central Highlands, la ceinture caféière du Vietnam, le kilo a été acheté à 32 000 dongs ($ 1,37) au planteur  contre 31 800 dongs la semaine dernière ; on commence à s’inquiéter de l’impact de la sécheresse même s’il a plu récemment mais les planteurs ont délaissé les caféiers déjà impactés . A l’export, la prime sur Londres a été de $ 200 à $ 220 contre $ 200 la semaine dernière pour du Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisures. A ce jour, les planteurs vietnamiens ont vendu 95% à 98% de leur récolte.

A noter qu’entre le 1er janvier et fin mai, les exportations vietnamiennes ont augmenté de 4,7% à 813 000 t, selon des statistiques gouvernementales publiées aujourd’hui.  Les recettes sont aussi en progression, mais de façon plus limitée, de l’ordre de 2,9% à $ 1,37 milliard. Sur le seul mois de mai, le pays aurait exporté 130 000 t générant $ 218 millions.

En Indonésie, dans la province de Lampung, le Robusta de Sumatra s’est vendu cette semaine avec une prime allant de $ 290 à $ 300 la tonne par rapport à l’échéance juillet à Londres, inchangée par rapport à la semaine dernière. Les volumes récoltés continuent d’augmenter.

La Côte d’Ivoire, producteur de Robusta, a enregistré une chute de 19,3% de ses exportations  de café depuis le début du mois de janvier, à 18 957 t. Sur le seul mois d’avril, elles auraient chuté à 3 605 t contre 8 005 t en avril 2019 ; elles avaient déjà glissé à 6 268 t en mars contre 8 431 t en mars 2019 (lire Chute des exportations ivoiriennes de cacao, café et coton sauf de caoutchouc).

En Ouganda, Nespresso a lancé un nouveau café “AMAHA awe UGANDA”, “l’espoir de l’Ouganda”. Il s’agit d’un café saisonnier -comme la bière de Noël- provenant des Monts Ruwenzori, le troisième sommet d’Afrique après le Kilimandjaro et le Mont Kenya. Le café a ainsi été nommé “l’espoir de l’Ouganda” car il s’agit pour Nestlé de réhabiliter la caféiculture dans cette région très touché par les changements climatiques et els conflits, entre autres.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc s’est apprécié dans la période sous revue, les cours passant de 150,5 yens sur le Tokyo Commoditiy Exchange (Tocom) vendredi dernier à 153,6 yens ($1,4) le kilo hier à la clôture et de 10 190 yuans à 10 270 yuans ($1435) la tonne sur le marché de Shanghai. Mais l’élan du début de semaine, porté par la levée de l’État d’urgence à Tokyo et dans quatre zones du pays avec l’espoir d’une reprise économique au Japon ainsi que la hausse des cours du pétrole et un yen plus faible, est venu se heurter à une recrudescence des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Le regain de tensions sino-américaines s’est cristallisé cette semaine sur Hong Kong où la Chine veut imposer une loi sur la sécurité nationale, qui a reçu jeudi l’aval du Parlement chinois. Ce projet prévoit de punir les activités séparatistes, « terroristes », la subversion, ou encore l’ingérence étrangère dans le territoire autonome chinois. De plus, les prix du pétrole se sont abaissés suite à une hausse surprise des stocks de brut aux Etats-Unis. En outre, si « Les pays développés assouplissent lentement les restrictions imposées pour lutter contre la pandémie, d’autres, comme le Brésil et la Russie, continuent de subir une détérioration de la pandémie. Cela limite les gains dans les produits de base, y compris le caoutchouc » estime Satoru Yoshida, analyste des matières premières chez Rakuten Securities.

La Côte d’Ivoire a exporté 422 721 tonnes de caoutchouc naturel au cours des quatre premiers mois de 2020, en hausse de 67,2% par rapport à la même période l’an dernier, selon les données provisoires du port (lire notre article).

En Thaïlande, les exportations de gants en caoutchouc ont bondi de 16% en glissement annuel pour la période de janvier-avril 2020, exportations stimulées par la pandémie du Covid-19.  « La demande mondiale de gants de protection monte en flèche. Au cours des quatre premiers mois, les exportations de gants en caoutchouc ont augmenté de 16% pour atteindre $449,2 millions par rapport à la même période l’an dernier », a déclaré dans un communiqué Auramon Supthaweethum, directrice générale du département thaïlandais des négociations commerciales du ministère du Commerce.

L’année dernière, la Thaïlande a produit plus de 20 milliards de gants en caoutchouc, dont 89%, soit $1,2 milliard, ont été exportés. Les dix principaux marchés d’exportation des gants en caoutchouc de la Thaïlande sont les États-Unis, avec des exportations d’une valeur de $193,90 millions, suivis de l’Union européenne ($82,90 millions), de la Chine ($31 millions), du Japon ($22,60 millions) et de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est ($18,30 millions).

COTON

Le marché du coton a peu varié cette semaine, les cours ayant clôturé hier à 57,57 cents la livre contre 57,61 cents vendredi dernier. Alors que les achats de la Chine de coton américain dans le cadre de l’accord de phase 1 signé en janvier dernier soutenait le marché du coton, les tensions ravivées entre la Chine et les Etats-Unis sur Hong Kong et l’adoption de la loi sur la sécurité interroge sur la poursuite des achats de la Chine qui pourrait se tourner vers d’autres origines de coton plus compétitives avec de nouvelles potentielles sanctions annoncées par Washington envers Pékin. Avec la chute de la roupie, le coton indien est particulièrement compétitif. La chute de la roupie a fait du coton indien le moins cher du monde et attrayant pour les acheteurs asiatiques, a déclaré Atul Ganatra, président de la Cotton Association of India (CAI). Précisant que le coton indien est vendu à environ 62 cents la livre CAF aux acheteurs asiatiques, comme le Bangladesh, tandis que le coton américain se situe à environ 70 cents. Les exportations indiennes pourraient atteindre 4,7 millions de balles en 2019/20, en hausse de 12% par rapport à l’estimation précédente.

L’Inde qui est toutefois soumis à des attaques de criquets pèlerins, les pires constatées depuis 27 ans, localisées pour l’instant dans le Nord de l’Inde mais pourraient se déplacer vers le Sud et les États producteurs de coton (Le Gujarat et le Maharashtra).

Les fondamentaux du marché restent pour l’instant inchangés avec une abondance de coton dans le monde et une consommation fortement heurtée par le confinement des pays suite au Covid-19 et aujourd’hui par la récession mondiale. Plexus Cotton estime qu’en dépit d’un redressement des économies, il faudra trois ans avant de revenir aux niveaux de consommation de coton de 2019.

La Côte d’Ivoire a exporté 99 068 tonnes de coton au cours des quatre premiers mois de 2020, en baisse de 25,1% par rapport à l’année précédente, selon les données provisoires du port (lire nos informations). Le principal port d’Abidjan est également le principal point d’exportation du coton produit dans les pays voisins enclavés de la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso.

Au Burkina Faso, le conseil des ministres pour la campagne cotonnière 2020/21 a décidé de maintenir le niveau de subvention pour le prix de cession des engrais et des insecticides et d’ajouter un soutien de FCFA 10 par kilo pour le prix d’achat du coton graine. La production de coton en 2020/21 est attendue 550 000 tonnes contre 464 000 tonnes réalisées en 2019/20.

L’Inde devrait produire 33 millions de balles au cours de la campagne de commercialisation se terminant le 30 septembre, en baisse de 7% par rapport à l’estimation précédente, a indiqué la Cotton Association of India (CAI). Malgré une production et des exportations plus faibles, l’Inde affichera un excédent suffisant en raison d’une forte baisse de la consommation, qui, selon le CAI, pourrait tomber à 28 millions de balles au cours de l’année en cours, en baisse de 15% par rapport à l’estimation précédente.

HUILE DE PALME

Rebond du marché de l’huile de palme sur une semaine écourtée, la Bursa Malaysia Derivatives Exchange étant fermée les 25 et 26 mai pour la fête de Aïd el-Fitr, marquant la fin du Ramadan. Après avoir enregistré un gain hebdomadaire de 3,64% la semaine dernière, les cours ont encore progressé clôturant hier à 2 267 ringgits ($520,07) la tonne contre 2 167 ringgits vendredi dernier.

L’huile de palme a été soutenue par de bonnes performances à l’exportation de la Malaisie – avec une progression de 5,1% à 9,8% du 1er au 25 mai – et la perspective d’une baisse de la production en mai dans certaines parties de la Malaisie. La Southern Peninsular Palm Oil Millers Association a, en effet, estimé que la production de la Malaisie du 1er au 25 mai chuterait de 6% par rapport au mois précédent.

Le régulateur de l’industrie malaisienne, le MalaysianPalm Oil Board, a également annoncé que les prix de l’huile de palme brute pourraient atteindre 2300-2400 ringgit ($528,37 -$ 551,34) la tonne dans les prochains mois, au fur et à mesure que les relations s’améliorent avec le principal importateur, l’Inde. 

RIZ

Le prix du riz à l’exportation du riz indien a reculé cette semaine après un pic de plus d’un an, tandis que les prix vietnamiens se sont maintenus près d’un sommet de deux ans.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont tombés à $370- $ 375 la tonne contre $385 -$389 la semaine dernière, avec le ralentissement de la demande suite à une hausse des prix.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont demeurés inchangés à $450- $460 la tonne. Mais les prix seraient susceptibles de grimper dans les semaines à venir selon les négociants. “La demande augmente plus rapidement que l’offre de la récolte été-automne qui vient de commencer”, a déclaré un commerçant basé dans la province du delta du Mékong à An Giang. Ajoutant : “Nous constatons une augmentation de la demande de Cuba, de la Malaisie et des Philippines, qui accumulent des stocks en prévision de la pandémie de coronavirus.”

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement baissé à $489- $490 contre $480 -$505 la semaine dernière, les acheteurs se tournant vers l’Inde et le Vietnam où les offres sont moins chères. “Des ventes ont eu lieu mais il n’y a eu aucun accord majeur car les prix sont encore assez élevés“, a déclaré un négociant basé à Bangkok.

SUCRE

Le sucre roux a glissé cette semaine mais s’est maintenu au dessus des 10 cents la livre (lb). Parti de 10,93 cents vendredi dernier mais après avoir atteint 11,32 cents jeudi 21 mai, il a terminé hier soir à New York à 10,80 cents après être tombé à 10,55 en cours de séance. Le sucre blanc a suivi la même tendance, passant de $ 366,9 la tonne en fin de semaine dernière à $ 361,50 hier.

Un marché en manque actuellement de nouvelles qui puissent le dynamiser, hormis le nombre croissant de navires qui font la queue au port brésilien de Santos pour être chargés. Sans doute les prix vont-il rester dans ces fourchettes jusqu’à ce qu’il y ait des changements dans les fondamentaux, a souligné à Reuters un courtier européen.

Selon Archer Consultancy, les raffineurs brésiliens auraient déjà hedgé, à fin avril,  81,7% de leur sucre exportable soit 19,2 Mt.

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