La Chonique Matières Premières Agricoles au 28 juin 2018

 La Chonique Matières Premières Agricoles au 28 juin 2018
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Un premier semestre s’achève marqué par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde, les incertitudes politiques et la poursuite par la Réserve fédérale du relèvement de ses taux. Aujourd’hui a été marqué, en outre, par une forte appréciation de l’euro qui a gagné 0,75% à 1,1655 dollar, après l’accord trouvé à Bruxelles sur les questions migratoires. La monnaie unique a aussi bénéficié de l’annonce que l’inflation dans la zone euro avait atteint en juin la barre des 2% pour la première fois depuis février 2017,

Sur le marché pétrolier, les cours du brut se maintiennent sur les plus hauts atteints ces derniers jours, alors que les exportations de pétrole iraniennes sont sous la menace de sanctions américaines.

 

CACAO

Jean qui rit, Jean qui pleure. Sur l’ensemble du deuxième trimestre, la deuxième échéance du contrat cacao sur le marché à terme de Londres aura perdu 5,4% car les conditions météorologiques se sont globalement améliorées alors qu’elle avait fait un bond de 36% au premier.

Cette semaine a connu une douche froide semblable : mercredi, la tonne de cacao sur l’échéance septembre perdait 2,6% sur le marché à terme de Londres, tandis qu’elle reprenait 3% le lendemain, clôturant hier soir à £ 1 809 la tonne contre £ 1 804 vendredi dernier ; à New York, elle perdait 3,7% pour regagner 3% hier et terminer à $ 2 451 ; vendredi dernier, elle avait clôturé $ 2 514. La faiblesse de la livre sterling face au dollar a pesé sur le marché britannique mais aussi l’amélioration des conditions météorologiques en Côte d’Ivoire avec une bonne pluviométrie après la période de sécheresse enregistrée.

 “Je pense que ce sont des mouvements techniques, mais c’est assez impressionnants“, souligne Jack Scoville, vice-président de Price Futures Group à Chicago.

A noter que l’échéance juillet  était hier £ 93 plus chère que septembre, alors que le 14 juin elle affichait une décote de £ 78. La raison ? On manque de fèves de qualité actuellement ; elles sont petites. Surtout, souligne un trader américain à Reuters, le marché a l’impression que des fèves camerounaises de faible qualité ne vont pas être retirées du marché mais seront transformées et mélangées avec des qualités supérieures.

Côté Côte d’Ivoire, le n°1 mondial a exporté un total de 1 250 886 t de fèves entre le 1er octobre, démarrage de l’actuelle campagne, à fin mai, en hausse de 9% sur la campagne précédente sur la même période, selon les données provisoires portuaires. En revanche, la hausse des ventes de produits semi-transformés est plus faible, de l’ordre de 2%, à 291 267 t.

Du 1er octobre au 24 juin, les exportateurs estiment les arrivages de fèves aux ports à 1,743 million de tonnes , en baisse de 3% sur la même période la campagne dernière.

L‘Indonésie, quant à elle, estime que le prix de référence du cacao baissera en dessous du seuil de $ 2 750 la tonne en juillet. Par conséquent, le ministre du Commerce a annoncé mercredi réduire à 5% pour le mois de juillet son droit à l’exportation de fèves de cacao contre 10% en juin.

CAFÉ

Les deux variétés de café ont terminé en baisse hier soir, le Robusta à Londres clôturant à $ 1 697 la tonne sur septembre contre $ $ 1 705 vendredi dernier, et l’Arabica, à New York, à $ 1,1575 la livre contre $ 1,1695. Sur l’ensemble du deuxième trimestre, l’Arabica aura glissé de 3,7%. Surtout, c’est le troisième trimestre consécutif de baisse.

Côté marchés asiatiques, on est encore dans une ambiance de vacances en Indonésieles congés de fin de Ramadan ont eu lieu du 11 au 20 juin et mercredi était férié en raison des élections régionales. L’activité a donc été très réduite sur les marchés. Les primes par rapport à la cotation à Londres pour el Grade 4 80 défauts sont demeurés inchangés par rapport à la semaine dernière, à $ 70 la tonne. Au Vietnam, le prix du Robusta acheté au planteur a été légèrement plus élevé cette semaine que la précédente, à 36 000 – 35 200 dongs le kilo ($1,57-1,58) contre 35 500 dongs la semaine dernière. Les planteurs sont récalcitrants à vendre à des niveaux de prix inférieurs à $ 1 700. A l’export, le Grade 2 5% brisures et grains noirs s’est vendu à une décote de $ 60 à $ 70 par rapport à Londres.

Toujours en Asie, le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, a enregistré une hausse de 9,6% de ses volumes de café exportés de janvier à juin par rapport au premier semestre 2017, à 1,028 Mt. Mais ses recettes ont chuté de 6%, à $ 1,98 milliard.

Au Brésil, la campagne 2017/18 s’est achevé avec des stocks au plus bas depuis 2012, à 9,82 Ms (lire nos informations). Selon l’agence gouvernementale des statistiques agricoles Conab, la récolte 2018/19 est attendue à 58 Ms.

Côté entreprise, la chaîne américaine The Coffee Bean and Tea Leaf entend tripler le nombre de ses points de restauration aux Etats-Unis d’ici 2028, alors que le n°1 mondial des cafés, Starbucks, a annoncé fermer environ 150 cafés aux Etats-Unis durant son prochain exercice fiscal face à la concurrence à la fois des maisons de café haut de gamme et les fast-food bas de gamme. Actuellement, 75% des magasins de The Coffee Bean and Tea Leaf se trouvent en Asie.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc, très bas, a repris quelque couleur. Après avoir accusé une perte de 3,6% la semaine dernière et un creux de 21 mois pour clôturer vendredi à 173,4 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et 10 480 yuans la tonne à Shanghai, les prix du caoutchouc ont enregistré trois séances consécutives de hausse pour s’établir jeudi à 175,2 yens ($1,59) le kilo et 10 455 yuans ($1 578). Une légère reprise impulsée par la hausse des prix du pétrole, qui ont atteint $70 le baril en raison d’une perturbation de l’approvisionnement au Canada, de la chute des stocks américains, de l’incertitude entourant les exportations libyennes mais aussi après que les autorités américaines ont demandé aux importateurs d’arrêter d’acheter à partir de novembre du brut iranien.

Les cours ont été aussi aidés par les investisseurs après un plus bas atteint depuis octobre 2016 et les spéculateurs. « Les spéculateurs qui ont accumulé des positions courtes au cours du mois écoulé ont rapidement dénoué leurs positions » a déclaré un négociant basé à Tokyo, ajoutant que la hausse des prix du pétrole mercredi a également stimulé l’appétit pour le risque des investisseurs.

Les contrats du caoutchouc ont perdu environ 15% au cours du dernier mois et pourraient rester sous pression en raison des craintes suscitées par les conflits commerciaux. De même au niveau des fondamentaux,  ils demeurent faibles avec  une hausse des stocks en Chine et des stocks restant élevés au Japon tandis que l’offre devrait s’accroître à la sortie de l’hivernage. Toutefois un négociant basé à Tokyo estime « Je m’attends à ce que le Tocom se rétablisse à environ 185 yens, le marché ayant été survendu récemment ».

Le marché du caoutchouc devrait être équilibré entre offre et demande  en 2018, estime l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC). Sur les cinq premiers mois de l’année, la consommation mondiale de caoutchouc naturel a augmenté de 6,2% pour atteindre 5,822 millions de tonnes (Mt) tandis  l’offre mondiale a progressé de 7,7%, à 5,252 Mt. Le déficit de 570 000 tonnes a contribué à absorber en partie la disponibilité excédentaire sur le marché, indique l’ANRPC. Au cours de l’année 2018, la production mondiale devrait augmenter de 6,1% à 14,150 Mt et la consommation mondiale de 6,9% à 14,300 Mt.

L’ANRPC observe que les prix du caoutchouc se sont légèrement améliorés en mai 2018 par rapport à avril, une reprise marginale en partie favorisée par la dépréciation du yen. Mais, « Les inquiétudes suscitées par l’aggravation des problèmes de guerre commerciale et les éventuelles révisions futures des taux d’intérêt directeurs par la Réserve fédérale américaine alimentent une sentiment baissier pour  la plupart des matières premières asiatiques et le caoutchouc naturel ne fait pas exception » estime l’organisation qui conclut  « le marché du caoutchouc naturel reste obscurci par des incertitudes largement attribuables à des facteurs externes au secteur ».

COTON

Les cours du coton ont continué à glisser cette semaine mais avec une moindre ampleur et volatilité et dans un marché calme. De 85,3 cents la livre à la clôture vendredi dernier, ils se sont établis jeudi à 83,55 cents la livre enregistrant une baisse de 1,5% la veille de la publication du rapport de l’USDA sur les superficies cultivées aux Etats-Unis.  Selon un sondage réalisé par Reuters, elles seraient de 13,781 millions d’acres pour la récolte 2018/19.

« La bulle haussière n’a pas encore éclaté, mais de l’air commence à s’en échapper » observe Plexus Cotton pour conclure « Si le manque de dynamisme, un rapport de superficie potentiellement «baissier» et une incertitude sur le front commercial États-Unis / Chine pourraient entraîner de nouvelles pertes à court terme, de nombreux facteurs potentiellement haussiers pourraient à tout moment revenir en jeu, comme une récolte difficile au Texas, un pipeline presque vide, 14 millions de balles de ventes sur appel non fixées ou une forte demande qui continue ».

En Côte d’Ivoire, un an après sa privatisation en janvier 2017, la Compagnie Ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT) a doublé sa production de coton qui est passée de 32 000 tonnes en 2016/17 à plus de 65 000 tonnes en 2017/18, selon un communiqué de la CIDT. Elle précise que FCFA 4, 372 milliards ont été versés et payés aux producteurs de la zone CIDT ainsi que les ristournes de l’ordre de FCFA 82, 8 millions. Pour 2018/19, la CIDT table sur 80 000 tonnes de coton.

La Tanzanie compte multiplier par cinq ses recettes d’exportations de coton en les portant à $150 millions contre $30 millions actuellement en deux ans selon une déclaration  à l’Assemblée nationale de la vice-ministre de l’Agriculture, Mary Mwanjelwa. La production devrait atteindre 600 000 tonnes en 2020.

En Egypte, la production commence à se redresser. Les superficies ensemencées ont progressé de 118 000 feddans cette année à 334 621 feddans contre seulement un plus bas atteint en 2016 à 130 000 feddans, selon le ministère de l’Agriculture et de la réhabilitation des sols. Le ministère prévoit de doubler la production de coton au cours de l’exercice clos en juillet, pour atteindre 1,4 million de kantars (environ 247 000 tonnes), contre 700 000 kantars au cours du dernier exercice.

Du côté entreprise, The Seam a créé  en coopération avec l’American Cotton Shippers Association et la National Cotton Council and International Cotton Association, la Cotton Technology Alliance. L’alliance offrira un forum neutre permettant aux experts en logiciels de l’industrie du coton de collaborer en définissant, étendant et contribuant aux normes de données, en explorant les technologies émergentes et en communiquant plus étroitement sur les changements industriels et réglementaires, indique The Seam. Parmi les premières sociétés membres figurent Cargill, Dunavant, EWR Inc., Louis Dreyfus Company, Mallory Group, PCCA, The Seam, Staplcotn, Three Rivers Cotton Systems, USDA AMS Cotton and Tobacco Program et Wakefield Inspection Services.

HUILE DE PALME

Reprise des cours de l’huile de palme cette semaine. Au facteur monétaire, la dépréciation du ringgit, s’est ajoutée l’anticipation d’un ralentissement de la production en Indonésie et en Malaisie en raison d’une perturbation dans le processus de récolte des fruits. Les petits planteurs indonésiens ont submergé les moulins en se précipitant pour vendre des fruits après une pause plus longue que d’habitude suite aux  jours fériés de l’Aïd, tandis que les planteurs malaisiens sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre après les vacances. En outre, la proposition de l’Environmental Protection Agency des États-Unis  de rétablir un mandat de mélange de biocarburants plus élevé a également soutenu les prix. De 2 284 ringgits ($570,86) la tonne vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont clôturé jeudi à 2 343 ringgits ($579,95).

Une légère embellie mais les exportations malaisiennes d’huile de palme entre le 1er et le 25 juin ont chuté de 14,1% par rapport à la période correspondante en mai, selon la SGS avec la faiblesse de la demande des marchés clés comme l’Europe, la Chine et le Pakistan.  Depuis l’instauration de droits de douane de 35% sur l’huile de palme, les importations d’Inde ont aussi fortement chuté de 350 000 tonnes en mai et d’un même montant vraisemblablement en juin.

L’analyste Mistry est plutôt pessimiste à court terme sur l’évolution des cours qui devraient chuter à 2 100 ringgits  ($520,60) la tonne au cours de deux prochains mois en raison de l’augmentation de la production. « Alors que la production reprendra à partir de juillet, les prix devront baisser pour un différentiel de $100 dollars avec l’huile de soja FOB »,  a-t-il déclaré lors d’un séminaire à Jakarta ajourant  « Cela permettra à huile de palme de regagner des parts de marché et de garder les stocks sous contrôle » en supposant que les prix du Brent restent dans une fourchette de $75 à $85  le baril. Actuellement le différentiel avec l’huile de soja est de $78.

Toutefois, le différend commercial Chine/Etats-Unis pourrait apporter un soutien à l’huile de palme avec la réduction potentielle des importations chinoises de soja américain.

La Côte d’Ivoire a décidé de céder 30% de sa participation dans Palmafrique au groupe Financial BC (cf. nos informations).

La Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO) a tenu cette semaine sa réunion européenne à Paris (cf. nos informations).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde et en Thaïlande ont baissé avec la dépréciation de leur monnaie respective tandis que les prix sont stables pour le Vietnam.

En Inde, le prix du riz étuvé 5% a perdu $2  à $392-$396 la tonne, atteignant un plus bas d’un an, la dépréciation de la roupie – 8% depuis janvier – permettant aux négociants de réduire leurs prix. Toutefois, en dépit d’une baisse des prix en dessous de $400 la tonne, la demande est encore faible souligne un exportateur basé à Kakinada dans l’Etat d’Andhra Pradesh.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont chuté à $385-$395 la tonne  contre $390- $400  la tonne la semaine dernière. La aussi, la dépréciation du bath – il a perdu 3,4% ce mois-ci – a entraîné une baisse des prix, tandis que la lenteur de la logistique due à la saison de la mousson demeure un problème. Les prix vont probablement encore fléchir, car une nouvelle récolte devrait commencer à arriver vers la fin juin ou début juillet jusqu’en août, selon les négociants.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés pour une deuxième semaine consécutive à $50-$455 la tonne. Les prix pourraient baisser au cours des prochaines semaines, car la récolte estivale-automnale devrait commencer à la mi-juillet. Toutefois indique un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville, « les prix intérieurs ne baisseront probablement pas de manière significative étant donné que le coût de production du riz pour la récolte été-automne est supérieur à celui de l’année dernière, principalement en raison de l’affaiblissement du dong par rapport au dollar ».  Selon un communiqué du ministère des Finances, le coût de la production de paddy pour la récolte été-automne de cette année devrait atteindre 4 059 dongs le kilo, en hausse de 4% par rapport à l’année précédente.

Les exportations de riz du Vietnam de janvier à juin ont progressé de 26,2%  par rapport à la même période en 2017 pour atteindre 3,61 millions de tonnes. En valeur, elles augmentent de 44,3% à $1,84 milliard. Sur le mois de juin, le Vietnam a exporté 650 000 tonnes  pour une valeur de $340 millions.

SUCRE

Le sucre roux se maintient au dessus des 12 cents mais a fortement baissé durant la période sous revue. Il a terminé hier soir à 12,25 cents la livre (lb) sur le marché à terme de New York contre 12,41 cents vendredi dernier, tandis que le blanc à Londres stagnait à $ 344 la tonne ($ 3 44,50 en fin de semaine dernière).

Le temps très sec au Brésil continue de préoccuper le marché mais ce facteur, généralement haussier, est compensé par la chute de la monnaie brésilienne, le real, ce qui incite toujours les opérateurs à exporter, voulant profiter de l’avantage commercial. En outre, l’attention des opérateurs est rivée sur la prochaine campagne qui devrait demeurer excédentaire.

L’Organisation internationale du sucre a tenu son Conseil cette semaine à Addis Abeba avec comme enjeu la renégociation de l’accord international. Nous reviendrons sur ses conclusions.

 

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