Cri d’alarme des exportateurs de vanille à Madagascar : éviter le crash à $ 30

 Cri d’alarme des exportateurs de vanille à Madagascar : éviter le crash à $ 30
Partager vers

Les filières des matières premières agricoles en Afrique sont nombreuses à connaître de profonds changements. A Madagascar, pour la première fois depuis 2009, le premier producteur et exportateur mondial de vanille a fixé fin février un prix fixe FOB à l’exportation de $ 350 le kilo pour toutes les qualités de vanille, essayant ainsi d’enrayer l’impact sur la Grande Ile de la chute des prix du marché (-50% depuis 2018) suite à une baisse de la demande et d’une offre soutenue au plan mondial (lire nos informations : Marcel Goldenberg, Mintec : le prix de la vanille va s’effondrer ces prochains mois ). Deuxième bouleversement, un Conseil national de la vanille vient d’être créé pour réguler la filière et maintenir Madagascar dans sa positon de leader mondial de la vanille.

De $ 350 à $ 250

La semaine dernière, alors que la campagne de collecte des gousses a démarré le 15 juillet dans la région de la Sava, poumon mondial de la vanille, le tout nouveau Conseil national de la vanille malgache a annoncé ramener de $ 350 à $ 250 ce prix fixe, toujours toutes qualités confondues. “Cela s’explique par l’augmentation de l’offre de production de la vanille cette année. En effet, nous nous basons toujours sur la compétitivité de ce produit stratégique sur le rapport qualité/prix, afin de maintenir la position de Madagascar en tant que leader mondial sur le marché. Le pays détient d’ailleurs plus de 70% de part de marché sur le plan international. Et la détermination de ces prix de référence minimal a également été basée sur les prévisions de production et les prix affichés par les autres pays concurrents. L’objectif vise à avoir une meilleure visibilité à l’international pour pouvoir pérenniser le marché », a expliqué la ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (Mica) Lantosoa Rakotomalala, rapporte Midi Madagascar. La date de démarrage de la campagne d’exportation de la vanille n’a pas encore été fixée ; elle devrait être en octobre-novembre. Et d’aucuns de s’interroger si ce prix minimum pourra être respecté.

Un prix en contradiction avec la demande mondiale

De son côté, pour le secteur privé, notamment pour le Collectif des exportateurs de vanille de Madagascar, la cause est entendue. Il  vient d’adresser un communiqué aux autorités dénonçant cette fixation “unilatérale” du nouveau prix qui ne correspondrait en rien à la réalité du marché.

Le MICA a fixé unilatéralement « le prix de référence » de la vanille pour la nouvelle campagne 2020/2021 à 250 USD/kg à l’export. Cela en parfaite connaissance du contexte international, en total contradiction avec la demande mondiale en berne. Nous dénonçons cette décision, qui va à l’encontre de l’avis d’une majorité des opérateurs de la filière.  Nous estimons que cette stratégie est contreproductive même à court terme et hypothèque l’avenir de la filière“, souligne le Collectif dans un communiqué.

Le nivelage de la qualité vers le bas

En style télégraphique, il détaille les répercussions que devrait engendrer cette décision : “Aucune valorisation des différents grade ne sera possible : le cuts sera vendu au prix de la Noire = nivelage de la qualité vers le bas ; Mauvaise répartition des retombées économiques, les paysans seront les grands perdants = perte de pouvoir d’achat, recrudescence potentiel du travail des enfants dans la filière ; Intérêt grandissant des acheteurs pour les autres origines qui sont moins chères et produisent davantage chaque année ;  Stock d’invendus conséquent  en fin de campagne ; Crash sur les prochaines campagnes = filière en péril ; Arrivée d’intervenant opportunistes et spéculateurs dans la filière ; Blanchiment, corruption”.  

Le Collectif estime la production malgache cette année à 2 000 t, soit en nette hausse, alors que la demande internationale ne serait que de 1 500 t. En outre, 500 t sont “actuellement achetés dans les autres pays producteurs“, précise-t-il.

Le calcul est donc simple : la demande internationale pour la vanille malgache ne serait que de 1 000 t cette campagne. L’objectif maintenant, conclut le Collectif, est d'”éviter un crash à $ 30.”

A ce jour, le Collectif n’a eu aucun retour de la part du gouvernement, précise à CommodAfrica un porte-parole de ces exportateurs.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *