Au nord du Burkina Faso, l’insécurité fait chuter de 70% la production agricole

 Au nord du Burkina Faso, l’insécurité fait chuter de 70% la production agricole
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Au Burkina Faso, les incidents de sécurité à l’encontre des forces de sécurité et des civiles sont quasi quotidiens ces derniers mois et obligent les populations à abandonner leurs champs dans la zone sahélienne et dans les environs, alors qu’on est en pleine récolte principale dans cette région, souligne aujourd’hui le réseau d’alerte de l’USAID, Fews Net (Famine Early Warning Systems Network).

 

En début de saison, les activités agricoles ont été réduites de 70 % dans la plupart des communes de la province du Soum et de 20 à 50% dans les communes voisines. Les personnes déplacées représentent plus de 20% de la population des provinces du Soum, Oudalan, Sanmatenga, Bam, Loroum et leur nombre augmente en moyenne de 20% par mois depuis le début de l’année, en particulier dans les provinces du Soum et du Sanmatenga.

 

Les mois d’aout et de septembre ont été particulièrement marqués par la multiplication des attaques terroristes avec respectivement 21 et 25 incidents qui ont fait 106 morts dans six régions, est-il précisé dans le bulletin mensuel publié ce matin. Ces incidents sont quasi quotidiens depuis le début du mois d’octobre. Du fait de ces attaques, la pratique des activités agricoles a été réduite d’environ 70%. Les populations qui ont pu se déplacer avec leurs bétails les bradent sur les marchés locaux des zones d’accueil. Sur le marché de Djibo, l’offre de caprins a augmenté d’environ 16% comparé à la moyenne. Malgré la présence d’acheteurs nationaux et étrangers (ghanéens et ivoiriens), les prix ont enregsitré  en septembre une baisse de 18 % par rapport à la moyenne quinquennale.

 

Une situation plutôt bonne dans le reste du pays

 

Cette situation dans le nord du pays vient se greffer à une campagne qui a connu des périodes sèches en juin alors qu’habituellement c’est la saison des pluies, des inondations en août dans certaines régions de l’ouest, des périodes de sécheresse en septembre dans certains endroits alors que dans d’autres les pluies se prolongeait. Ces différents facteurs “limitent la performance de la présente campagne agricole“, souligne le réseau, et “les productions agricoles seront globalement inférieures à la moyenne dans le pays”.

 

Cependant, dans les régions calmes du Burkina Faso, du centre, du sud et de l’ouest, les stocks sont très abondants chez les commerçants et le démarrage de la nouvelle récolte réduit la demande en denrées. De ce fait, les prix des céréales sont actuellement en baisse d’environ 30% par rapport à l’année écoulée et de 20% comparé à la moyenne quinquennale.

 

La pression sur les villes

 

L’agence américaine estime que, dans la moitié nord du pays, la situation devrait s’empirer jusqu’en mai, avec des productions agricoles en dessous de la moyenne. “Dans le nord et le nord-est du pays, les séquences sèches plus longues en septembre affectent sévèrement les rendements des cultures et des pâturages. Ailleurs, c’est la prolongation des pluies en octobre qui entraine des pertes sur les récoltes liées aux pourrissements des grains.”

 

Ceci devrait encore accentuer le nombre de personnes déplacées, notamment vers les villes où l’assistance alimentaire sous forme de vivres et d’argent liquide est concentrée dans les centres urbains plus accessibles, et ce jusqu’en décembre.

 

Cet exode rural, au-delà de l’impact sur les marchés alimentaires urbains, pourrait  “exercer une forte pression sur la demande d’emploi dans ces zones dans un contexte économique déjà marqué par le fonctionnement au ralenti des entreprises et la taxation plus importante. Ce manque d’opportunité pourrait augmenter les migrations vers les pays voisins“.

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