La Chronique matières premières agricoles au 28 octobre 2021

 La Chronique matières premières agricoles au 28 octobre 2021
Partager vers

Une semaine d’intenses publications de résultats financiers par les grandes entreprises cotées en bourse, ce qui a conduit Wall Street à se rapprocher de ses précédents records. Un marché un peu à l’aveugle car les actions mondiales continuent de profiter du rebond plus rapide qu’attendu des profits des sociétés cotées, notamment aux Etats-Unis, laissant de côté les signes de ralentissement du rythme de la reprise économique comme les inquiétudes suscitées par l’inflation.

A cet égard, notons que la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a reconnu hier que le taux d’inflation resterait élevée plus longtemps qu’initialement prévu. Mais, contrairement à plusieurs autres grandes banques centrales, la BCE ne devrait pas resserrer sa politique monétaire dans l’immédiat. La hausse des prix dans la zone euro est actuellement supérieure à 3% sur un an. Mais la BCE ne modifie pas son analyse selon laquelle l’accélération de la hausse des prix est un phénomène temporaire arguant du fait que l’inflation sous-jacente reste assez basse pour justifier le maintien d’une politique accommodante, rappelle Reuters.

Cette déclaration de Christine Lagarde a fait grimper l’euro de 0,73% face au dollar à € 1,1689 à la clôture des marchés européens hier.

Les prix du pétrole sont tombés à leur plus bas niveau depuis deux semaines après l’annonce de la reprise d’ici fin novembre des discussions directes entre l’Iran et les pays européens sur le programme nucléaire iranien et celle d’une augmentation plus importante qu’anticipé des stocks aux Etats-Unis. Le Brent a terminé hier soir à $ 83,75 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 82,01.

 

CACAO CAFE CAOUTCHOUC COTON HUILE DE PALME RIZ SUCRE

 

CACAO

La perspective d’une belle récolte encore cette campagne en Côte d’Ivoire continue de peser sur les cours. Londres a perdu £ 32 depuis vendredi dernier, passant de £ 1777 à £ 1 745 la tonne. New York a glissé aussi, de $ 2 583 à $ 2 571 la tonne.

En Côte d’Ivoire, les conditions météorologiques sont actuellement très favorables au développement de la récolte principale qui court d’octobre à mars. Plusieurs producteurs ont indiqué à Reuters que la récolte gagnerait nettement en momentum le mois prochain car de nombreuses et grosses cabosses sur les arbres étaient presque mûres. Pour le moment, les pluies ne facilitent pas les opérations de séchage.

A l’export, les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 277 000 t entre le 1er octobre et le 24 octobre, estiment les exportateurs, en baisse de 15,3% par rapport à la même période l’année dernière.

Côté entreprises, c’est l’optimisme ! Le géant américain Hershey prévoit des ventes nettes en 2021 à 8-9% contre les 6 à 8% initialement envisagées. Il prévoit aussi une hausse de 8 à 10% de ses dividendes qui atteindraient ainsi entre $ 6,98 et $ 7,11 par action, soit largement plus qu’initialement anticipé. Et la filiale nigériane du britannique Cadbury caracole au troisième trimestre avec des revenus en hausse de 16% (lire nos informations : L’industrie de la confiserie chocolatée se porte bien ! )

CAFE

Le Robusta est plus robuste que jamais même s’il a terminé en baisse hier soir ! A Londres, la tonne a atteint mardi un pic de 4 ans et demi à $ 2 278 puis a baissé sur des prises de bénéfices pour clôturer hier soir à $ 2 177. Elle était à $ 2 141 vendredi dernier. Quant à l’Arabica, la livre (lb) s’est installée en position de flirt avec les $ 2, clôturant hier soir à $ 1,9995 contre $ 1,9985 vendredi dernier.

Evolution du cours du Robusta depuis janvier

Un marché qui demeure soutenu en raison des tarifs de fret qui demeurent très élevés et de la disponibilité limitée en conteneurs alors qu’on est à quelques encablures du démarrage de la campagne d’export du n°1 mondial du Robusta, le Vietnam.

Au Vietnam, précisément, où les exportations ont baissé de 5,1% sur les dix premiers mois de l’année par rapport à la même période l’année dernière, à 1,27 Mt (22,1 millions de sacs -Ms), annonce aujourd’hui le Bureau général des statistiques. En revanche, la belle hausse des cours mondiaux du Robusta ces derniers mois conduisent à une hausse de 4,1% des recettes caféières vietnamiennes, pour totaliser $ 2,42 milliards sur ces mêmes 10 mois. Les recettes d’exportations baissent un peu moins, de 4,1%.

Il devrait fortement pleuvoir dans la ceinture caféière des Central Highlands mais cela ne devrait pas abîmer les cerises de Robusta qui devraient être récoltées en novembre, expliquent à Reuters des traders sur place. Cette semaine, des producteurs ont vendu du café entre 40 500 et 42 500 dongs le kilo ($1,78 à $ 1,87), soit en hausse par rapport à la fourchette de 39 400 à 41 800 dongs de la semaine dernière.

Les traders vietnamiens interrogés soulignent que le café vietnamien sera plus cher cette campagne car le coût des engrais et de la main d’œuvre augmente, suivant en cela l’inflation un peu partout dans le monde. En outre, le coût du fret pèse sur la filière. « Les coûts de production étaient auparavant de 33 000 dongs le kilo mais maintenant ils sont autour de 40 000 dongs […]. Des prix plus chers peuvent conduire à une baisse de la demande. » A l’export du Vietnam cette semaine, le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une décote de $ 250 à $ 270 la tonne sur le contrat de janvier alors que cette décote n’était que de $ 220 la semaine dernière.

En Indonésie, dans la province de Lampung, les traders ont proposé leur Robusta avec une décote de $ 210 à $ 220 sur les contrats de novembre et décembre et de $ 250 sur le contrat de janvier. La semaine dernière, elle était de $ 230-250 sur les contrats de janvier et février.

Au Brésil, il continue de pleuvoir ce qui améliore les perspectives de culture caféière ; un véritable soulagement après des mois de sécheresse.

Côté entreprises, le géant américain du café Starbucks a annoncé hier un bénéfice par action ordinaire qui aurait quasiment doublé durant son quatrième trimestre 2020/21 qui s’est achevé le 3 octobre, à un dollar. Ses revenus ont augmenté de 31% à $ 8,1 milliards. Mais  ses ventes de café en Chine ont baissé de 7% sur ce même 4ème trimestre entrainant une baisse de  plus de 6% de son titre en préouverture de Wall Street ce matin.

CAOUTCHOUC

Après avoir atteint des sommets de quatre mois, le marché du caoutchouc était plutôt sur la défensive cette semaine. Partis de 230,9 yens le kilo vendredi sur l’Osaka Exchange, les cours ont clôturé hier quasi-inchangés à 230,8 yens ($2) le kilo. En revanche, sur le marché de Shanghai, les cours ont progressé passant de 14 750 yuans la tonne à 15 170 yuans ($2372) la tonne hier. Les cours sur le marché japonais ont glissé avec la baisse des marchés du pétrole et des actions ce qui a érodé l’appétit pour le risque des investisseurs. La fermeté du yen par rapport au dollar a aussi a incité à la vente.

Toutefois, les perspectives pour le caoutchouc naturel mondial ont été revues à la baisse alors que les gouvernements membres ont mis à jour leurs chiffres pour 2021. Une croissance plus faible est  attendue pour la production mondiale à 1,4% la portant  13,787 millions de tonnes (Mt) tandis que la demande mondiale progresserait de 8,9% à 14,116 millions de tonnes en 2021, indique l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC). Malgré ces fondamentaux positifs, les prix sur le marché physique et à terme ont été baissiers en septembre 2021 par rapport au mois précédent. La moyenne des prix FOB sur le marché du caoutchouc a enregistré une contraction de 5% sur les marchés de Bangkok et de Kuala Lumpur. Alors que l’écart de prix entre RSS-3 à Bangkok et RSS-4 à Kottayam est passé de $0,60 par kilo à $0,52 par kg vers la fin du mois, observe l’ANRPC. Les deux marchés ont également affiché un prix moyen inférieur au cours de cette même période de référence.

En Inde, la production de caoutchouc naturel devrait chuter fortement en octobre et novembre, car de fortes pluies ont perturbé l’activité de saignée dans le premier État producteur du pays, le Kerala. La baisse de la production pourrait contraindre l’Inde, deuxième consommateur mondial de caoutchouc naturel, à augmenter ses importations dans les prochains mois en provenance d’Indonésie, de Malaisie et de Thaïlande, soutenant les prix mondiaux. “De fortes pluies perturbent l’exploitation du caoutchouc depuis le mois dernier. En octobre, nous nous attendons à une forte baisse de la production par rapport à septembre“, a déclaré George Valy, président de la Fédération indienne des revendeurs de caoutchouc. L’Inde a produit 67 000 tonnes de caoutchouc naturel en septembre, estime l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC). La production devrait également être inférieure en novembre, car le début de la mousson du nord-est entraînera de fortes précipitations, mais la production reprendra à partir de décembre, a-t-il déclaré.

Le Kerala a reçu 117% de précipitations de plus que la normale jusqu’à présent en octobre, selon le département météorologique. Les approvisionnements sont aussi  limités par la pénurie de main-d’œuvre.

Le ralentissement de la production a forcé les fabricants de pneus à augmenter les importations, qui sont moins chères que les approvisionnements locaux, estime le négociant N. Radhakrishnan. L’Inde a importé 46 000 tonnes de caoutchouc naturel en septembre contre 40 500 tonnes en août, selon les estimations de l’ANRPC. Les importations en octobre pourraient dépasser les 50 000 tonnes, car les fortes pluies ont créé un écart important entre la demande et l’offre, estime George Valy.

COTON

Le marché du coton tourne toujours autour de la Chine avec une demande en coton toujours dynamique. Les cours ont atteint un plus haut de 113,73 cents la livre hier contre 108,26 cents vendredi dernier sur l’ICE.

Source : ICE

La Chine semble rattraper rapidement son retard. Le dernier rapport hebdomadaire du département américain de l’Agriculture (USDA) montre à nouveau des ventes américaines de coton soutenues vers la Chine mais aussi la Turquie.

En outre, les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ont repris, ce qui alimente des échanges anticipés de coton, maïs, blé souligne Keith Brown, directeur Keith Brown and Co en Géorgie. Le vice-Premier ministre chinois Liu He s’est entretenu avec la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen le 26 octobre par appel vidéo sur la situation macroéconomique et les relations bilatérales, selon un communiqué du ministère chinois du Commerce. Par ailleurs la Chine mettra aux enchères environ 30 000 tonnes de coton de ses réserves d’État le 27 octobre, selon un communiqué publié mardi sur le site Web de l’industrie.

A noter que les spéculateurs ont réduit leur position longue nette sur le coton de 9 561 contrats à 83 803 au cours de la semaine précédant le 19 octobre, la deuxième semaine consécutive d’une réduction nette de près de 10 000 contrats, a annoncé vendredi la Commodity Futures Trading Commission (CFTC).

Au Bangladesh, la Bangladesh Cotton Association (BCA) a exprimé son inquiétude quant à la disponibilité du coton et à la hausse de son prix, appelant les exportateurs de prêts à porter à être prudents quant à la hausse des prix et à négocier en conséquence lors des commandes. Elle a aussi demandé au gouvernement de prendre les mesures nécessaires, y compris la création de missions étrangères dans les pays producteurs de coton, en particulier ceux d’Afrique de l’Ouest, et d’encourager les investissements étrangers et locaux dans la production de vêtements à base de fibres synthétiques.

De son côté, la Bangladesh Textile Mills Association (BTMA), qui a fixé le prix du fil entre toutes les parties prenantes, a demandé à ses usines membres de maintenir le taux jusqu’au 30 novembre et a informé les exportateurs que le prix du fil pourrait encore augmenter en décembre en fonction du prix du coton.

Enfin, le président de la Bangladesh Terry Towel and Linen Manufacturers and Exporters Association, Shahadat Hossain Sohel, a demandé à ce  que le gouvernement autorise l’importation en franchise de droits de toutes sortes de fil pendant un ou deux ans pour compenser la période de crise. Il y a un droit réglementaire de 37% sur l’importation de fil, a-t-il précisé.

HUILE DE PALME

Après le record atteint la semaine dernière, et un gain de plus de 5% ce mois ci après un bond de 8% au mois de septembre,  les cours de l’huile se sont stabilisés s’orientant à la baisse ces derniers jours, les investisseurs prenant leurs bénéfices dans le sillage de la faiblesse des huiles végétales concurrentes et de la baisse du pétrole. Les cours ont clôturé hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 927 ringgits ($1187,80) la tonne contre  4 923 ringgits ($1 186,8) vendredi dernier.

Mais les niveaux d’approvisionnement en Malaisie et en Indonésie restent préoccupants alors que la production a culminé en août. « L’offre restreinte due au manque de rythme de production d’huile de palme en Malaisie et en Indonésie soutient constamment la hausse des prix et le marché haussier de l’énergie couvre l’incendie »,  souligne Anilkumar Bagani, responsable de la recherche du courtier en huiles végétales Sunvin, basé à Mumbai. Les rendements de l’huile de palme malaisienne devraient diminuer vers la fin de l’année et rester probablement faibles au premier trimestre 2022 en raison de la pénurie de main-d’œuvre liée au coronavirus, a-t-il ajouté. Quant à l’Indonésie, elle a révisé à la baisse ses perspectives d’exportation pour 2022, tandis que les prévisions de production ont été abaissées à 47,5 millions de tonnes (Mt) contre 49 Mt auparavant.

RIZ

Les prix à l’exportation en Asie ont été différenciés cette semaine, en hausse en Inde, en baisse au Vietnam et stables en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont grimpé à  $363-$367  la tonne contre $362-$365 la semaine dernière. Des prix en hausse pour la troisième semaine consécutive et à un  plus haut de 3,5 mois en raison de l’appréciation de la roupie et des faibles approvisionnements. Ces derniers pourraient augmenter le mois prochain et contribuer à faire baisser les prix locaux.  

Au Vietnam, les prix du riz du Viet 5% sont tombés à $425- $430 la tonne contre $430-$435 la semaine dernière. “Les prix ont légèrement baissé en raison des prix compétitifs du riz offert par d’autres producteurs, notamment la Thaïlande et l’Inde“, a déclaré un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les données d’expédition préliminaires ont montré que 321 555 tonnes de riz devaient être chargées au port de Ho Chi Minh-Ville en octobre, la majeure partie du riz se dirigeant vers les Philippines, l’Afrique et Cuba. “Nous nous attendons à ce que les exportations augmentent pendant le reste de l’année en raison de la demande croissante, en particulier de la part des importateurs asiatiques”, a déclaré un autre commerçant basé dans la ville.

Sur les 10 premiers mois de 2021, les exportations de riz du Vietnam auraient baissé de 4,6% par rapport à la même période l’année dernière, à 5,1 Mt. En revanche, ses recettes d’exportation augmenteraient de 2,2% à $ 2,7 milliards, selon le Bureau général des statistiques.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se situent à $385-$406 la tonne contre $385-$390 la semaine dernière.

Au Bangladesh, les prix intérieurs du riz sont restés élevés en dépit de récoltes d’été record et des importations importantes. “Un énorme volume de riz est importé principalement d’Inde via des ports terrestres. Mais les prix sont toujours élevés. Le gouvernement devrait supprimer les droits d’importation”, a déclaré un commerçant basé à Dhaka.

SUCRE

Franchira ? Ne franchira pas ? Le sucre roux continue à tourner autour des 20 cents la livre sur le marché à terme de Londres, l’échéance mars étant passée de 19,08 cents la livre (lb) vendredi dernier à 19,62 cents à la clôture hier soir. En revanche, le sucre blanc a été plus déterminé sur la place de Londres, grimpant allègrement de $ 500,60 la tonne vendredi dernier à $ 515,60 hier.

Le soutien du marché provient du Brésil essentiellement car la production serait moindre dans le Centre Sud et une part beaucoup plus importante de la canne serait destinée à la fabrication d’éthanol : mardi, les prix du gasoil au Brésil ont été relevés de 7%… Selon le groupe industriel Unica, les raffineries n’ont broyé que 19,69 millions de tonnes (Mt) de canne durant la première moitié du mois d’octobre, soit 46% de moins qu’il y a un an sur la même période. En outre, toujours selon Unica, les raffineurs n’ont consacré que 39% de la canne à la production de sucre durant cette première moitié du mois d’octobre contre 45% l’année dernière : la production de sucre a donc chuté de 56% à 1,14 Mt. A noter que la production d’éthanol émanant de la canne à sucre a baissé d’un peu moins, de 40%, ce qui demeure considérable. A ce jour, 67 raffineries ont terminé leurs activités de broyages et elles annoncent une baisse de 22% de leurs volumes broyés.

On comprend en quoi les pluies qui tombent au Brésil sont accueillies avec soulagement pour tout le secteur agricole, notamment du sucre car on estime que la production devrait pouvoir se redresser l’année prochaine.

L’Inde, pour sa part, devrait produire environ 30,5 Mt de sucre cette campagne qui a démarré le 1er octobre, estime l’Indian Sugar Mills Association qui a, ainsi, révisé à la baisse de 1,6% ses prévisions du mois de juin. L’explication se trouverait, comme au Brésil, dans ce que davantage de canes aillent à la production d’éthanol plutôt que de sucre. Rappelons que le pays a pour objectif d’atteindre 20% d’éthanol dans son essence d’ici 2025 afin de réduire ses importations de brut et réduire son énorme production de sucre.

En Egypte, important consommateur de sucre, les réserves stratégiques sont suffisantes pour couvrir la demande jusqu’en janvier-février, a indiqué un responsable du ministère de l’agriculture. Le pays devrait produire 2,85 Mt cette année ce qui couvrirait 90% de la consommation nationale.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *