Professeur Pedro Berliner, CNULCD : l’apport des techniques de conservation des sols et de l’eau d’Israël à la COP15

 Professeur Pedro Berliner, CNULCD : l’apport des techniques de conservation des sols et de l’eau d’Israël à la COP15
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A l’initiative de l’ambassadeur d’Israël en Côte d’Ivoire Léo Vinovezky et du Comité d’Organisation de la Cop 15 et en présence du directeur général de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INPHB), Moussa Kader Diaby ainsi que du directeur de l’Ecole nationale d’agriculture (ESA) Siaka Koné, une visite a été organisée le 15 mai à la ferme expérimentale israélienne Mashav (Agence israélienne de coopération internationale au développement) basée sur les systèmes d’irrigation.

Créée en 2019, cette ferme expérimentale bâtie sur 2 ha a permis de former plus de 800 jeunes, notamment des étudiants de l’INP-HB, des étudiants d’autres établissements et des jeunes déscolarisés dans les cultures du cacao, de la banane plantain, du manioc, de la tomate, du gombo, du piment, de la courgette, du concombre, de l’aubergine et dans le métier de l’élevage de volailles et de porcs.

’’Par nos pratiques agronomiques, nous faisons des rotations et des associations de cultures et l’agroforesterie. Nous développons l’utilisation de certains engrais biologiques et pratiques agricoles durables. Ce qui fait qu’il y a très peu d’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides. Nous pratiquons aussi l’utilisation efficiente de l’eau à travers notre retenue d’eau dont nous disposons. Tout ceci contribue à la protection de la nature’’, a expliqué Siaka Koné.

« Cette ferme est un bel exemple de coopération entre l’Israël et la Côte d’Ivoire. Notre ambition est de déployer ce projet dans l’ensemble des régions du pays », a déclaré l’ambassadeur Léo Vinovezky.

Présent à la réunion de la COP15 à Abidjan, le professeur Pedro Berliner du Point focal Israël dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et chercheur à The Jacob Blaustein Institutes for Desert Research de l’Université Ben Gurion du Negev livre son analyse.

Quels sont les enjeux de l’agenda de la COP15 sur la sécheresse ?

Professeur Pedro Berliner : Il existe une série de défis. Le premier point est d’améliorer la procédure de prévision de la sécheresse car si vous savez que vous aurez une sécheresse dans un mois, les gouvernements peuvent préparer une réponse à temps. Ceci est l’un des besoins qui a été identifié.

Le second est de mettre en œuvre des politiques. Il s’est avéré que de nombreux pays n’ont pas de politique contre la sécheresse. Quand il y a une sécheresse, les différents ministères ne sont pas coordonnés, il n’y a pas de loi qui leur fasse prendre une décision. Des politiques doivent être mises en œuvre et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) sera un instrument qui permettra aux pays de préparer un ensemble de politiques à adopter par les différents gouvernements.

Le troisième point est que même s’il existe des politiques en place et un système d’alerte précoce, certains pays auront encore besoin de recevoir une aide extérieure. La façon d’améliorer la situation est d’améliorer l’efficacité avec laquelle l’eau est utilisée dans l’agriculture parce que, si les précipitations diminuent, il est possible de compenser cette diminution par des techniques de conservation de l’eau. Le rendement peut être inférieur à celui qui serait obtenu normalement mais le rendement ne sera pas égal à zéro, ce qui est généralement le cas si l’agriculteur continuait à travailler pendant la période de sécheresse comme s’il le faisait pendant les années normales.

Israël peut aider parce que des techniques de conservation des sols et de l’eau ont été développées en Israël afin de minimiser les effets de la sécheresse.

Quelle est votre analyse sur la façon dont les connaissances, le savoir-faire, les politiques et les projets d’Israël dans le domaine de l’agriculture en Afrique de l’Ouest peuvent aider à atteindre les objectifs de la COP15 ?

La plupart des technologies qu’Israël exporte ont été testées et mises au point lors du développement du désert israélien, dans la partie sud du pays. Ce désert a une précipitation inférieure à 200 mm, ce qui est en effet très sec. C’est un climat méditerranéen ce qui signifie qu’il n’y a que trois à quatre mois de pluie. Cette zone s’est cependant développée au cours des 50 dernières années et elle est devenue l’une des régions agricoles les plus productives et les plus riches d’Israël.

Ces technologies ont donc fait leurs preuves et peuvent aider les pays africains en général et les pays d’Afrique de l’Ouest en particulier et de fait, toutes les zones où l’eau est un facteur limitant de la production végétale.

L’eau est actuellement un facteur limitant sur de grandes parties de notre planète mais la diminution attendue des précipitations due au changement climatique entraînera une augmentation spectaculaire des zones touchées. En d’autres termes, aujourd’hui, la production dans certaines régions peut encore être raisonnable mais si, comme prévu dans 5 ou 10 ans, la quantité de pluie diminue de manière significative, ils devront compléter la pluie avec un certain type d’irrigation et les technologies qu’Israël développe.

La réponse est une réponse à plusieurs composants. Au centre se trouvent des systèmes d’irrigation intelligents, basés sur l’irrigation au goutte-à-goutte qui diminue la quantité d’eau qui doit être fournie à la plante et augmente les rendements. Mais cela s’accompagne d’un ensemble de savoir-faire sur le moment d’irriguer et la quantité à irriguer à chaque fois. Ce sont deux questions cruciales pour que les systèmes d’irrigation fonctionnent.

Ce qu’Israël fait habituellement, c’est fournir un package qui comprend le matériel et le logiciel pour s’assurer que le matériel fonctionne correctement et est exploité à son plein potentiel.

Vous étiez à la réunion de la COP15 à Abidjan. Selon vous, comment les choses se sont-elles passées et comment pensez-vous que ce message d’Israël est passé ?

À mon avis, le message d’Israël est très bien passé. Il y avait plus de 60 participants à l’excursion sur le site de la ferme expérimentale de Mashav à côté de Yamoussoukro et c’est un nombre inhabituellement élevé de personnes. Ils ont été très impressionnés par ce qu’ils ont vu.

Quant à la façon dont la COP s’est déroulée, je pense que dans l’ensemble ça s’est bien passé. Certains sujets ne changeront pas le mode d’action de la Convention mais fixeront de nouveaux objectifs. Par exemple, l’initiative sécheresse sera d’une grande importance pour un très grand nombre de pays qui sont de plus en plus touchés par la sécheresse. L’adoption de cet agenda sera extrêmement importante pour un très grand nombre de pays.

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