La Chronique Matières du Jeudi (30 juillet 2015)

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Les fonds d'investissements chinois envisagent de se tourner davantage vers les marchés des matières premières suite à la chute des marchés financiers en Chine mais aussi parce que la perspective d'El Niño fait grimper les cours, notamment des matières premières agricoles. Outre El Niño, les cours de nombreux produits agricoles sont actuellement bas, ce qui offre de belles opportunités de placement aux spéculateurs.

Hier, pour la deuxième journée consécutive, l'indice Thomson-Reuters CoreCommodities Index, qui comprend 19 matières premières, s'est inscrit à la hausse après avoir touché son plus bas depuis 2009.

 

CACAO

Le cacao s'inscrit en baisse aujourd'hui, tant sur le marché à terme de Londres que sur celui de New York. Mais hier, mercredi, il a terminé en hausse, à $ 3 217 la tonne à New York et £ 2 139 la tonne à Londres.

Une filière chahutée en Côte d'Ivoire ces derniers jours. Tout d'abord, les multinationales boycottent les ventes anticipées sur la nouvelle campagne 2015/16, qui s'ouvre début octobre, pour protester contre l'allocation de tonnages à des exportateurs locaux qui, estiment-ils, n'ont ni l'expertise, ni la surface financière pour mener à bien de telles opérations (voir nos informations).

D'autre part, un rapport de Tulane University aux Etats-Unis, publié aujourd'hui, fait état d'une augmentation du nombre d'enfants travaillant sur les plantations en Côte d'Ivoire. Leur nombre  aurait augmenté de 51%, au cours des 12 mois précédent, à 1,3 million en 2013/14 par rapport à 2008/09, date de la dernière enquête. Au Ghana, en revanche, ce pourcentage aurait baissé de 7%, à 960 000 enfants. Cette nouvelle tombe alors que la Côte d'Ivoire et les grands groupes cacaoyers ont démarré d'importants projets ces derniers années pour lutter contre ce travail des enfants.

Enfin, les arrivages aux deux ports ivoiriens totaliseraient 1 625 000 t au 26 juillet et depuis le 1er octobre, démarrage de la campagne 2014/15, quasiment à égalité par rapport à la campagne précédente (1 654 000 t), selon les estimations des exportateurs.

En Asie, les broyages au second trimestre ont chuté de 12% par rapport à la même période en 2014, à 142 325 t, a annoncé vendredi dernier la Cocoa Association of Asia (CAA) qui regroupe la Malaisie, Singapour et l'Indonésie. Ceci est également en légère baisse par rapport au 1er trimestre 2015 (144 783 t). Sur le premier semestre 2015, les broyages ont totalisé 287 063 t, en chute de 11% par rapport au 1er semestre 2014.

CAFE

Sur le marché à terme du café Robusta à Londres, l'échéance juillet expire demain, ce qui fait grimper les cours aujourd'hui à $ 1 648 la tonne. Ceci dit, les cours demeurent très faibles: mardi, ils sont revenus à leurs plus bas d'il y a deux mois. A New York, l'Arabica aussi est en hausse, à $ 1,2365 la livre, mais de façon limitée car la perspective d'une belle récolte au Brésil met un frein à la tendance.

En Ouganda, les exportations ont fait un bond de 26,8%, à 335 405 sacs de 60 kg, en juin par rapport à il y a un an. Une météorologie favorable a permis de sécher et de transporter facilement les grains, selon un rapport de l'Uganda Coffee Development Authority (UCDA).

Au Kenya, les prix du café ont baissé aux ventes aux enchères à Nairobi mardi. Le Grade AA s'est établi entre $ 154 et 255 le sac de 50 kg contre $ 94 à 262 la semaine précédente. L'AB s'est vendu entre $ 141 et 220 contre $ 113 et 234.

Au Vietnam, le café demeure cher et les acheteurs étrangers rechignent. Les vendeurs établissent maintenant  leur prix contre l'échéance octobre, vendant à prime de $ 70 à 85 la tonne par rapport aux cotations de Londres. Certains vont jusqu'à $ 100 de prime. Rappelons que le Vietnam a exporté 1,09 million de tonnes de café, soit 18,24 millions de sacs de 60 kg (Ms) depuis le début de la campagne en octobre 2014, en chute de 22,7% par rapport aux volumes sur la même période en 2013/14. Une baisse liée à la rétention faite tant par les spéculateurs locaux que par les producteurs qui veulent ainsi faire grimper les prix ou qui attendent, tout simplement, des jours meilleurs. Une politique peu probante à ce jour puisque les prix ont baissé.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc sur la bourse de Tokyo ont grimpé jeudi pour la deuxième séance consécutive, les investisseurs couvrant leur position courte après l’annonce de la Federal Reserve américaine mentionnant un renforcement de l’économie américaine et de son marché de l’emploi. Le contrat pour une livraison en janvier a clôturé à 206 yens ($ 1,66) le kilo.

Toutefois, cette reprise n’oblitère par les inquiétudes sur la Chine et son marché des actions maintenu artificiellement par des mesures gouvernementales. Si ces mesures venaient à être supprimées, le caoutchouc pourrait tomber en dessous du niveau de soutien psychologique clé de 200 yens le kilo estime Satoru Yoshida,  analyste commodités à Rakuten Securities. Sur le marché de Shanghai Futures, le contrat pour une livraison en janvier clôturait jeudi en baisse à 12 695 yuans ($2044,74) la tonne.

Le fabricant français de pneumatique Michelin a fait état mardi de résultats en hausse au premier semestre, la progression des volumes et l'impact positif des changes et des matières premières éclipsant un prix-mix négatif dans un environnement toujours très concurrentiel. Michelin a réalisé sur les six premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de €10,497 milliards, en hausse de 8,5%, et dégagé un bénéfice opérationnel de €1,26 milliard (+9%) ainsi qu'un bénéfice net de €707 millions (+11,7%). Sur la période, les devises ont eu un impact favorable de €302 millions  et les matières premières – pétrole et caoutchouc en tête – un effet positif de €228 millions. En revanche, l'impact prix-mix a atteint -€426 millions, reflet des clauses d'indexation sur les matières premières mais aussi des baisses de prix.

Autre fabricant de pneumatique, l’américain Goodyear, a publié mercredi un bénéfice trimestriel meilleur que prévu, soutenu par une augmentation de la demande en Amérique du Nord et une baisse des coûts. Le bénéfice net part du groupe a baissé de 9,9% à $192 millions. Son chiffre d'affaires a baissé de 10% à $4,17 milliards. L’augmentation des ventes sur son marché intérieur a légèrement compensé l'impact négatif du dollar fort sur le chiffre d'affaires en Europe, Asie et Amérique latine.

COTON

Les cours du coton sont tombés à un plus bas de trois mois lundi, le contrat de décembre clôturant à 63,80 cents la livre, suite aux pertes boursières en Chine. Un mouvement qui a mis sous pression de nombreuses matières premières. La baisse de cours a engendré des achats physiques mardi, mais la reprise a été de courte durée, les cours ont perdu leur élan mercredi avec notamment le renforcement du dollar.

GOMME ARABIQUE

Au Soudan, premier producteur de gomme arabique au monde, les prix FOB de la gomme arabique dure et friable ont augmenté face à une demande soutenue. Ils  se situent respectivement à $ 3 457 (€ 3 155,82) et $ 1 574 (€ 1 436, 84) la tonne, face à une bonne demande, souligne le Bulletin de N'kalo publié aujourd'hui.

Tous les stocks se trouveraient maintenant à N'Djamena et déjà vendu aux importateurs, souligne encore le spécialiste.

HUILE DE PALME

Grosse morosité sur le marché déprimé de huile de palme, qui a perdu 5% de sa valeur en juillet. Jeudi, les cours ont enregistré une sixième séance consécutive de baisse clôturant à 2 112 ringgits ($554) la tonne sur le Malaysia Derivatives Exchange. La baisse des exportations de la Malaisie en juillet devrait l’emporter sur les baisses de production enregistrées durant la période du Ramadan. En outre, les turbulences sur les marchés boursiers chinois devraient avoir un impact sur la demande d’huile de palme, la Chine étant un des principaux importateurs. Et tant du côté des huiles concurrentes, comme le soja, que du pétrole, la situation n’est pas porteuse pour l’huile de palme.

RIZ

Dans un marché calme avec une demande faible, les cours du riz se sont affaissés cette semaine en Asie. En Thaïlande, la faiblesse du bath contre le dollar a été la principale raison de la baisse des prix. Les achats ont été réalisés en petites quantités, avec des volumes échangés autour de 250 tonnes cette semaine contre 10 000 t la semaine précédente. La Thaïlande aurait toutefois signé un contrat pour vendre 765 000 t de riz à des pays africains, selon les propos du ministre du Commerce rapportés par le journal Bangkok Post.

Au Vietnam, face à une offre croissante et une demande mince, mécaniquement les prix se sont orientés à la baisse. Les exportations de riz vietnamien sur les sept premiers mois de 2015 ont diminué de 3,5% à environ 3,7 millions de tonnes, selon le ministère de l’Agriculture. En valeur, les exportations s’élèvent à $1,59 milliard, en recul de 8,3% par rapport à janvier-juillet 2014. Le Vietnam pourrait expédier 5, 910 Mt de riz  cette année, en recul de 6,5% par rapport à 2014, selon  la  Vietnam Food Association. De son côté, la FAO anticipe des exportations de 6,3 Mt pour le Vietnam.

SUCRE

La remontée du real, la monnaie brésilienne, a entraîné à la hausse le sucre roux, hier, sur le marché à terme de New York qui a gagné près de 4%. Il demeure toutefois à un faible niveau, les importants stocks en Inde et en Thaïlande continuant de peser sur les prix. Le blanc sur l'échéance octobre était autour de $ 360 la tonne et le blanc à 11,58 cents la livre ce matin.

Un niveau de prix très faible qui ne surprend guère au regard de la situation en Inde. Le géant asiatique devrait enregistrer sa sixième campagne consécutive excédentaire en sucre en 2015/16, avec seulement 1% de baisse de la production par rapport aux campagnes précédentes, selon l'organisme privé Indian Sugar Mills Association (ISMA).

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