Les ministres de l’Agriculture du G20 inquiets des distorsions au commerce

 Les ministres de l’Agriculture du G20 inquiets des distorsions au commerce
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Les ministres de l’Agriculture des pays du G20, réunis à Buenos Aires en Argentine, se sont déclarés samedi préoccupés par le recours de plus en plus fréquent à des mesures de protectionnisme incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans leur communiqué commun, les ministres, parmi lesquels ceux des Etats-Unis et de la Chine, ont affirmé leur volonté de ne pas dépasser des « obstacles intitules » au commerce et souligné les droits et les obligations découlant des accords conclus dans le cadre de l’OMC.

Les tensions commerciales depuis le début de l’année, entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que l’Europe, impactent directement les marchés des produits agricoles. L’imposition de droits de douanes de la Chine et de l’Europe sur les produits agricoles américains, comme le sorgho, la viande, les produits laitiers, le coton, feraient subir des pertes financières estimées à $11 milliards aux agriculteurs américains, selon une estimation du département américain de l’Agriculture (USDA). Une aide de $12 milliards sera débloquée par l’administration Trump pour faire face à ces pertes (cf. nos informations). 

Des soutiens publics à l’agriculture, encore élevés, et surtout mal orientés

Au delà du conflit commercial en cours, les politiques agricoles menées dans les principaux pays [1] faussent encore la production et les échanges. Les mesures de soutien à l’agriculture sur 2015-17 ont représenté en moyenne €556 milliards par an pour les pays de l’OCDE et les dix grandes économies émergentes, selon le dernier rapport Politique agricoles : suivi et évaluation 2018 de l’OCDE. Ce soutien public va à près de 80% aux producteurs agricoles, 14% allant au financement des services d’intérêt général comme la recherche-développement ou les infrastructures. Ainsi, en moyenne les soutiens ont représenté jusqu’à 15% des revenus bruts des agriculteurs.

Certes le montant du soutien a globalement baissé en 20 ans. Si les pays de l’OCDE soutiennent plus leur agriculture que les dix pays émergents – à noter que l’inde n’est pas intégrée dans cette évaluation -, Ã  hauteur de €285 milliards, les pays émergents ont augmenté significativement leur aide sur la période pour représenter €266 milliards.

La Suisse, le Japon et la Corée sont les champions en terme de soutien rapporté à la taille de leur secteur agricole. Au bat de l’échelle, on trouve l’Australie, le Chili et la Nouvelle Zélande.

Par secteur, le riz est le produit agricole qui perçoit le plus de soutien, puis  le coton, le sucre, le lait, le blé, le colza.

L’OCDE souligne que dans la plupart des pays, la majeure partie des aides aux producteurs repose sur des mesures qui faussent gravement la production et les échanges. Elles les estiment à près de deux-tiers du soutien total aux agriculteurs en 2015-17, avec un poids souvent plus important dans les pays émergents. L’OCDE estime que les pays doivent réorienter leur soutien à l’agriculture vers l’innovation agricole, les infrastructures et les systèmes de biosécurité pour faire face aux défis et risques d’aujourd’hui et demain comme l’accroissement de la productivité, le changement climatique, les performances environnementales.

 

 

[1]Les 35 pays de l’OCDE, plus les six Etats membres de l’UE mais non membres de l’OCDE, et dix économies émergentes : Afrique du Sud, Brésil, Chine, Colombie, Costa Rica, Kazakhstan, Philippines, Russie, Ukraine et Vietnam.

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