La Chronique matières premières agricoles au 29 juillet 2021

 La Chronique matières premières agricoles au 29 juillet 2021
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Les solides bénéfices des géants des matières premières, du pétrole et des groupes technologiques ont fait grimper les places financières européennes à la clôture hier soir, Wall Street terminant aussi dans le vert soutenu par la hausse de 6,5% du PIB nord-américain au deuxième trimestre en rythme annualisé, selon la première estimation du département du Commerce. En outre, la Federal Reserve a tenu des propos rassurants jeudi, soulignant que l’économie américaine progressait vers ses objectifs même s’il restait encore du chemin à faire – en particulier sur le marché de l’emploi – avant d’envisager un resserrement de sa politique monétaire.

En Allemagne, la hausse des prix a été plus forte que prévue en juillet pour atteindre son plus haut niveau en 13 ans, dépassant l’objectif fixé par la Banque centrale européenne. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,1% sur un an, après +2,1% en juin en rythme annuel, ce qui suscite des interrogations sur la poursuite d’une politique accommodante de la part de la BCE. On attend aujourd’hui les chiffres français de l’inflation.

Sur le marché des devises, l’euro est remonté hier au-dessus de $ 1,18 dollar.

Quant au pétrole, les cours du brut ont encore progressé hier avec un baril de Brent au-dessus des $ 75 et un brut léger américain WTI à environ $ 73 dollars, en réaction à une baisse des stocks aux Etats-Unis la semaine dernière, selon les données de l’Energy Information Administration.

CACAOCAFECAOUTCHOUCCOTON – HUILE DE PALME  – RIZ  – SUCRE

CACAO

C’est une belle envolée que le cacao a dessinée cette semaine. Partie de £ 1 591 vendredi dernier à Londres, la tonne a terminé à £ 1 698 hier soir après avoir touché la veille son niveau de prix le plus élevé depuis la mi-mai. A New York, la tendance a été la même avec une tonne de fèves qui a grimpé de $ 2 321 à $ 2 484 sur la même période.

Curieux cette évolution des prix dans la conjoncture actuelle où les fèves abondent… Certains négociants l’expliquent par une demande mondiale en cacao qui s’améliorerait, permettant de compenser quelque peu cette offre pléthorique de cacao actuelle et attendue pour 2021/22.

En Côte d’Ivoire, la semaine dernière, le niveau de pluviométrie était inférieur aux moyennes historiques dans de nombreuses régions de production mais cela n’inquiète guère car jusqu’à maintenant, il a bien plu ce qui permet un bon développement des cabosses qui sont déjà très belles.

Les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 2,097 millions de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 25 juillet, estiment les exportateurs, en hausse de 4,2% par rapport à la même période la campagne dernière.

A noter la hausse impressionnante de livraisons de cacao dans les entrepôts au Brésil, de l’ordre de +55%, entre le 1er mai et le 18 juillet par rapport à la même période l’année dernière, indique la Bahia Commercial association. Ces livraisons totalisent 104 182 sacs de 60 kg contre 67 362 sacs l’année dernière.

CAFE

Le café est pris de folie sur fond de gelées brésiliennes. On estime qu’entre 3 à 5 millions de sacs de 60 kg (Ms) ont été endommagés par les gelées la semaine dernière. Ceci représente environ 10 à 11% de la récolte totale d’Arabica du n°1 mondial du café ! Et le marché reste sur le qui-vive car de nouvelles gelées sont attendues aujourd’hui et demain mais seraient moins fortes que celles de la semaine dernière.

Lundi, l’Arabica a touché un plus haut en 7 ans ! Rappelons que, la semaine dernière, il était déjà à des sommets qui n’avaient plus été enregistrés depuis 6 ans et demi : son prix sur le marché à terme de New York avait gagné 18,5%. Quant à cette semaine écoulée, l’Arabica a encore fait très fort même s’il y a eu des prises de bénéfices, terminant proche des $ 2, à $ 1,965 la livre (lb) hier soir contre $ 1,89 la livre vendredi dernier. En revanche, les prises de bénéfices sur le Robusta ont été plus nettes, la tonne terminant à Londres hier soir à $ 1 885 contre $ 1 899 en fin de semaine dernière. Rappelons qu’elle avait alors touché son niveau de prix le plus élevé en 4 ans en touchant le pic de $ 1 993.

Ceci dit, il faut raison garder en matière de gelées brésiliennes, conseille Rabobank. « Normalement, ce sont les mêmes parcelles -sujettes aux gelées- qui gèlent à nouveau. Donc, même si cette nouvelle vague de froid cause des gelées, cela va surtout impacter des feuilles et branches qui ont déjà été endommagées. »

Pour sa part, l’agence brésilienne Conab souligne que plus de 60% des plantations de café ont déjà été récoltées dans des conditions météorologiques favorables.

De leur côté, les marchés asiatiques du Robusta ont continué de profiter de l’envolée.  Au Vietnam, les quelques volumes restant auprès des planteurs des Central Highlands, ont été vendus à 36 900-38 000 dongs le kilo ($ 1,61-1,65) contre 36 500-37 200 dongs la semaine dernière. Ceci dit, les mesures de restrictions liées à la nouvelle vague de la Covid ont considérablement réduit la demande ce qui, conjugué à de très faibles volumes disponibles à la vente, a donné un marché plus qu’atone ces derniers jours. A noter que les exportations de café du Vietnam sur les 7 premiers mois de la campagne ont chuté de 9,3% par rapport à la même période l’année dernière, à 953 000 t, selon les statistiques gouvernementales. L’impact sur les revenus n’a cependant pas eu cette ampleur, glissant de seulement 1,7% à $ 1,25 milliard sur ces 7 mois.

En Indonésie, la fourchette des niveaux de décote par rapport aux cotations à Londres s’est sensiblement élargie cette semaine car l’offre est abondante face à une demande affaiblie. Pour le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, la décote cette semaine a été de $ 80 à $ 120 sur les échéances septembre et novembre respectivement, relativement similaire aux décotes de la semaine dernière.

CAOUTCHOUC

Les attentes d’une reprise économique aux Etats-Unis ont boosté les cours du caoutchouc qui avaient démarré la semaine en petite forme. Les cours ont clôturé hier à 215,1 yens ($1,96) sur l’Osaka Exchange contre 209,9 yens mercredi dernier et à 13 200 yuans ($2033,74) la tonne hier à Shanghai.

Les actions américaines ont atteint des sommets records jeudi, aidées par de solides bénéfices des entreprises et de bonnes données sur la croissance économique.

Au Vietnam, de nombreuses sociétés de caoutchouc ont enregistré une croissance exceptionnelle de leurs revenus et de leurs bénéfices au deuxième trimestre en raison de la hausse des prix du caoutchouc. Ainsi sur le 2ème trimestre, Dong Phu Rubber a enregistré une hausse de 11% de son chiffre d’affaires net à 218 milliards dongs ($9,5 millions) et de 41% de son bénéfice après impôts pour atteindre plus de 34,77 milliards de dongs. De même, Daklak Rubber a enregistré un bénéfice net de plus de 32 milliards de dongs. Le bénéfice de Tan Bien Rubber a également bondi au deuxième trimestre, de 99,3% à plus de 84,1 milliards de dongs

L’Agence du commerce extérieur, relevant du ministère vietnamien de l’Industrie et du commerce, estime qu’au cours des six premiers mois de 2021, les exportations de caoutchouc atteindront environ 681 000 tonnes pour une valeur de $1,15 milliard, en hausse de 41,3% en volume et de 79,9% en valeur par rapport à la même période l’année dernière.

Selon le rapport publié par Allied Market Research, le marché mondial des gants en caoutchouc a généré $34 milliards en 2020 et devrait atteindre $122,5 milliards d’ici 2030 avec un taux de croissance moyen annuel de 12,2% de 2021 à 2030.

Côté entreprise, le groupe français de pneumatique Michelin a réalisé un chiffre d’affaires de €11,2 milliards au premier semestre 2021, en hausse de 20% (Lire : Michelin se porte bien et vise les pneus 100% durables d’ici 2050).

COTON

C’est fait le seuil psychologique des 90 cents la livre a été dépassé hier avec une clôture à 90,36 cents contre 89,66 cents vendredi dernier. Un marché surtout dirigé par les spéculateurs qui sont longs, aidé par une demande mondiale robuste et un complexe céréalier élevé ainsi qu’un dollar plus faible.

Pour Rabobank, les prix du coton devraient demeurer élever dans les prochains mois et seront testés avec l’arrivée des récoltes brésilienne et américaine. Elle note également que la demande d’importation chinoise pourrait surprendre à la hausse en 2021/22. « Les prix pourraient commencer à se modérer avec l’arrivée des récoltes au quatrième trimestre 2021, mais ils resteront probablement élevés par rapport à niveaux historiques. Malgré les inquiétudes croissantes concernant de nouvelles épidémies de la Covid-19, il semble peu probable que les prix chutent de manière significative, compte tenu de l’adaptation des chaînes d’approvisionnement » conclut Rabobank.

Cotlook a revu en juillet à la hausse ses estimations de la consommation mondiale de coton pour la campagne 2021/22 (+100 000 tonnes) avec une augmentation au Bangladesh et en Turquie. Avec une production mondiale en progression de 60 000 tonnes (Australie) les stocks mondiaux de coton sont abaissés de 241 000 tonnes.  

La demande de coton biologique devrait grimper de 84% d’ici 2030 selon la première enquête réalisée début 2021 sur ce sujet par Textile Exchange auprès de ses membres et ceux de la communauté de la Table ronde sur le coton biologique (OCRT). Une hausse qui devrait profiter à certains pays d’Afrique de l’Ouest, le Bénin et le Burkina Faso (Lire : Saut de la demande de coton biologique d’ici 2030, le marché y répondra-t-il ?).

Côté entreprise, le groupe français agro-industriel Advens-Geocoton et le britannique Bboxx, expert dans la fourniture de services solaires off-grid, ont créé une joint-venture française à 50% chacun pour développer l’accès à une énergie propre au Burkina Faso, en particulier dans les zones cotonnières (Lire : Advens-Geocoton créé une joint-venture avec Bboxx pour l’accès à l’énergie au Burkina Faso).

HUILE DE PALME

Les prix de l’huile de palme caracolent toujours se dirigeant vers une sixième semaine consécutive de hausse. Les cours ont clôturé hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 431 ringgits ($1 045,79) la tonne contre 4 255 ringgits vendredi dernier.  Une hausse des cours toujours alimentée par le scénario d’une production plus basse en Malaisie en raison du manque de main d’œuvre suite à la pandémie de la Covid-19. Le marché est aussi soutenu par le complexe oléagineux, en particulier la fermeté de l’huile de soja, ainsi que les prix du pétrole qui ont grimpé au-dessus de $75 le baril.

Toutefois, la hausse des prix pourrait heurter la demande.

En Indonésie, la production de biodiesel s’est élevée à 4,56 millions de kilolitres de janvier à juin, selon les données de l’association des producteurs de biodiesel du pays (Aprobi). Sur la même période, la consommation intérieure s’est s’élevée à 4,17 millions de kilolitres, tandis que les exportations se sont établies à 21 809 kilolitres.  

L’Indonésie a baissé le prix de référence de l’huile de palme brute en août, à $1 048,62 la tonne, abaissant les taxes à l’exportation à $93 la tonne, tandis que les prélèvements à l’exportation pour l’huile de palme brute restent inchangés à $175 dollars la tonne.

Au Ghana, Artisanal Palm Oil Millers and Outgrowers Association a développé une application, Artisanal Palm Oil, pour permettre aux clients de commander et de se faire livrer chez eux de l’huile de palme mais aussi et surtout de vérifier la source de l’huile de palme à l’aide d’un QR Code pour réduire la consommation du colorant alimentaire Soudan IV, considéré comme cancérigène (Lire : Au Ghana, l’huile de palme passe au digital pour lutter contre le colorant Soudan IV).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Thaïlande ont chuté à leur plus bas niveau en deux ans cette semaine en raison d’un manque d’acheteurs et d’un affaiblissement du baht, tandis que les restrictions dues au coronavirus au Vietnam ont poussé les prix à un creux de près d’un an et demi.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $385-$408 la tonne contre $395- $410 il y a une semaine, leur plus bas depuis juillet 2019. La dépréciation du baht thaïlandais par rapport au dollar américain continue de faire baisser les prix à l’exportation cette semaine. S’échangeant à 32,86 contre le dollar américain, le baht s’est affaibli de 10 % depuis le début de l’année. En outre, les acheteurs marquent peu d’intérêt alors que les prix thaïlandais sont plus compétitifs.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont aussi chuté à $390 la tonne, soit leur plus bas niveau depuis février 2020, contre $395- $400 une semaine plus tôt. “Les ventes sont lentes car les restrictions de mouvement consécutives à la pandémie de la Covid-19 en vigueur dans la majorité du sud du Vietnam continuent d’entraver les transports et les transactions“, selon un commerçant basé dans la province d’An Giang dans le delta du Mékong.

Les exportations de riz du Vietnam au cours des sept premiers mois de cette année ont chuté de 10,6 % par rapport à l’année précédente à 3,6 millions de tonnes (Mt). Les expéditions en juillet ont totalisé 500 000 tonnes pour une valeur de $289 millions.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont restés inchangés à $361- $366 la tonne cette semaine, leur plus bas niveau en 16 mois. “La demande des pays asiatiques et africains est stable. Les prix pourraient augmenter si la roupie s’apprécie davantage”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’État méridional de l’Andhra Pradesh.

Le Burkina Faso a reçu l’appui financier de la FAO, du Canada et de la Suède pour la mise en valeur de 750 hectares de bas-fonds dans plusieurs régions du pays pour la campagne 2021/22 (Lire : Au Burkina Faso, la FAO, le Canada et la Suède appuient l’initiative présidentielle sur le riz).

SUCRE

Le sucre continue sur sa lancée…. Le roux, parti de 18,17 cents la livre (lb) vendredi dernier, a clôturé hier soir à 18,30 cents après avoir atteint en cours de séance son plus haut en cinq mois, à 18,81 cents. En revanche, la tonne de blanc a glissé, passant de $ 457,70 vendredi dernier à $ 451,40 hier soir.

Selon le négoce, si les gelées prévues pour aujourd’hui et demain au Brésil devraient être moins fortes que celles de la semaine dernière, elles permettent de soutenir les cours qui, sinon, pourraient glisser. En effet, la demande est plutôt molle et certains spéculateurs ont vendu pour prendre leurs bénéfices suite aux récentes hausses de prix.

« L’attention du marché est restée focalisée sur le froid et les gelées annoncées pour la fin de la semaine », indique l’analyste Tobin Gorey de la Commonwealth Bank of Australia.

Selon l’agence brésilienne Conab, la vague de froid a impacté des cannes dans le centre-sud du pays qui avaient déjà été touchées par la sécheresse, sous-entendant qu’elles n’auraient de toute façon pas donné grand-chose.

Les raffineries au centre-sud du Brésil ont produit 2,94 Mt de sucre durant les quinze premiers jours du mois de juillet, soit 2,8% de moins qu’il y a un an, selon le groupe industriel Unica. De façon générale, les rendements sont inférieurs de 14% à ceux enregistrés l’année dernière. Une des raisons est la coupe prématurée de certaines canes en juin par crainte des gelées.

Hier, Fitch Solutions a révisé à la hausse ses prévisions de prix du sucre sur 2021, les prix actuels étant plus soutenus que ce à quoi s’attendait initialement l’agence de notation financière internationale, notamment en raison des gelées brésiliennes. Ainsi, pour Fitch, le prix moyen du sucre serait cette année de 16,5 cents la livre contre les 14,7 cents avancés précédemment. Cette nouvelle révision implique que les prix rebaissent ces prochains mois car Fitch prévoit toujours que le marché sera excédentaire en 2021/22. En effet, après le bond de 16,2% des volumes indiens en 2020/21 à 33,7 Mt, Fitch estime que sa production augmentera encore de 1,5% pour atteindre 34,2 Mt. Ceci dit, on est en pleines incertitudes tant s’agissant de l’Inde que du Brésil et leurs évolutions risquent de mettre à mal ces estimations, soulignent certains traders. Il est à noter que le premier ministre indien continue à largement soutenir ses producteurs de canne qui continuent de planter à tour de bras. Bémol : la mousson 2021, qui va de juin à septembre, a été de 1% moins élevé que la moyenne à long terme sur juin-juillet, ce qui peut impacter les rendements.

Fitch estime que la demande mondiale en sucre augmentera à un rythme ralenti en raison de la Covid. C’est ainsi qu’il parvient à la conclusion d’un excédent qu’on retrouverait aussi sur les prochaines campagnes, avec un ratio stock/utilisation qui augmenterait.

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