La Chronique Matières premières agricoles au 29 août 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 29 août 2019
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Pékin et Washington discutent d’une reprise de leurs négociations commerciales, ce qui a  fait grimper les marchés financiers tant aux Etats-Unis qu’en Europe, l’Europe étant par ailleurs rassérénée par la perspective d’un nouveau gouvernement en Italie. Par ailleurs, Aux Etats-Unis, la croissance de l’économie a ralenti légèrement plus qu’estimé initialement au deuxième trimestre à 2,0% en rythme annualisé et les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté aux Etats-Unis à 215.000, conformément aux attentes. En Europe, le sentiment économique s’est légèrement amélioré en août, contrairement aux attentes, soutenu par l’optimisme dans l’industrie et la distribution Suir le marché des devises, l’euro poursuit son repli face au dollar et évolue autour de 1,1055, proche d’un plus bas d’un mois. Quant au pétrole, les cours sont en hausse: le Brent monte à $ 60,84 tandis que le brut léger américain remonte à plus de $ 56,60, toujours soutenu par la baisse importante des stocks aux Etats-Unis annoncée mercredi.

 

CACAO

Le mois d’août n’a pas été bon pour le cacao, à l’instar de nombreuses autres marchés de matières premières agricoles, la fève perdant environ £ 100 la tonne au mois d’août dont une trentaine de livres sur la seule dernière semaine.  Fin juillet, le marché de Londres cotait £ 1 823, en fin de semaine dernière  £ 1 717 et hier soir £ 1 687 la tonne. Idem à  New York où la tonne a glissé de $ 2 329 à $ 2 238 vendredi dernier et $ 2 185 hier soir. Juillet avait aussi été un mois médiocre en termes de prix.

Les cours du cacao à Londres depuis janvier 2019

Rien de vraiment étonnant car la perspective d’une récolte abondante à venir en Afrique de l’Ouest se confirme et se précise ; les pluies abondantes la semaine dernière devraient encore booster des arbres qui sont déjà très beaux.  La nouvelle campagne 2019/20 démarrera officiellement le 1er octobre mais les cacaoyers sont très beaux et la récolte démarre déjà dans certaines régions, comme à Soubré. A Daloa, les cacaoculteurs disent démarrer la récolte la semaine prochaine. En outre, ces bonnes pluies devraient permettre un nouveau cycle de floraison et assurer d’une bonne récolte tard dans la période de campagne principale qui court d’octobre à mars.

Quant aux arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro depuis le début de la campagne 2018/19, le 1er octobre dernier, ils s’élèveraient à 2,143 Mt jusqu’au 25 août, estiment les exportateurs, contre 1,916 Mt sur la même période la campagne dernière.

Côté entreprises, Barry Callebaut, nouveau propriétaire de la vieille marque chocolatière hollandaise Bensdorp a introduit un nouveau produit , 100% naturel, Bensdorp Natural Dark.

CAFÉ

L’Arabica a davantage perdu au mois d’août que la Robusta qui a glissé d’un peu plus de 3% contre -7% pour le premier. Si cette dernière semaine d’août a enregistré une amélioration pour le Robusta qui est passé de $ 1 314 la tonne à Londres vendredi dernier à $ 1 325 hier soir, l’Arabica quant à lui cotait 96,05 cents la livre (lb) contre 95,25 cents à New York. Il a même touché 94,75 cents en cours de séance.

Les cours du café Robusta à Londres depuis janvier 2019

L’Arabica subit la faiblesse du real face au dollar, ce qui accentue les volumes sur les marchés et donc affaibli les prix, alors que le Robusta profite de la faiblesse des volumes sur le marché vietnamien alors que l’offre indonésienne demeure stable malgré une récolte principale qui tire sur la fin.

Au Vietnam, les planteurs dans les Central Highlands ont vendu leur kilo de café à 35 000 dongs environ ($ 1,51), soit au même prix que la semaine dernière. Ils ont quasiment vendu toute leur récolte et ne veulent pas se défaire à vils prix de ce qui leur reste. La prime à l’export par rapport aux cotations sur le marché à terme de Londres a atteint $ 250 au dessus de l’échéance novembre pour du Robusta Grade 2, 5% brisures et grains noirs, contre une fourchette allant de $ 220 à $ 250 la semaine dernière. A noter que cette prime pour le Robusta vietnamien est plus élevé que celle versée pour l’Indonésien qui a été de l’ordre de $ 150 cette semaine.

Au Brésil, dans une déclaration commune inhabituelle, 19 coopératives ont signé une déclaration rendue publique lundi et soulignant que les conditions météorologiques avaient été néfastes pour les caféiers ces derniers mois et conduiraient à une récolte plus faible que prévu sur la campagne prochaine 2020 et, en tous les cas, en-deçà des 62 Ms engrangés en 2018. 2020 devait, normalement, être une année haute dans le cycle végétatif biennal du caféier.

CAOUTCHOUC

Le mois d’août n’a pas été propice au caoutchouc. Nous avons pris congé avec un marché en dégringolade et la chute s’est poursuivie. De 175,3 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) le 1er août, les cours ont clôturé hier à 159,6 yens (€1,499) le kilo et se dirigeaient vers une troisième perte hebdomadaire. A la faiblesse des fondamentaux s’ajoute toujours la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis qui est montée d’un cran la semaine dernière.

Sur les fondamentaux, un support au marché viendrait de la Chine, qui a  a dévoilé mardi des mesures visant à stimuler la consommation, y compris la levée éventuelle des restrictions sur les achats d’automobiles, alors que la croissance de la deuxième plus grande économie mondiale faiblissait face aux pressions croissantes du commerce américain.

Quant aux trois principaux producteurs de caoutchouc – la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie – représentant 70% de l’offre mondiale, ils ne renouvelleraient pas leur accord au sein du Conseil tripartite international du caoutchouc (ITRC) pour limiter les exportations. En mars, l’ITRC avait convenu de limiter la consommation d’environ 240 000 tonnes de caoutchouc sur une période de quatre mois pour tenter de doper les prix. L’Indonésie et la Malaisie, qui ont mis en œuvre l’accord au 1er avril, ont achevé leur programme tandis que la Thaïlande, qui n’a commencé à réduire ses exportations qu’à partir du 20 mai, finira en septembre. Si les cours de référence de Thaïlande (RSS3) ont atteint leur plus haut niveau en 20 mois au cours des trois premières semaines qui ont suivi la réduction des exportations, ils ont depuis chuté de 25% depuis lors.

L’Indonésie et le Mozambique ont signé un accord commercial préférentiel supprimant les droits de douane sur des centaines de produits, y compris le caoutchouc, afin de stimuler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays (Lire Le Mozambique et l’Indonésie signent un accord commercial préférentiel).

COTON

L’intensification de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis en fin de semaine dernière avec un nouveau round de tarifs douaniers de part et d’autre a  propulsé le marché du coton à un plus bas de trois ans et demi à 56,59 cents la livre. Une certaine accalmie et la perspective d’une reprise des négociations en septembre ont donné un petit coup de pouce au coton qui a clôturé hier à 59 cents la livre. Depuis le début de l’année les cours ont perdu plus de 20% de leur valeur et ils devraient enregistrer en août leur cinquième mois de baisse.

Les cours du coton à New York depuis janvier 2019

Les analystes ne sont guère optimistes pour les mois à venir,  les stocks mondiaux, revus à la hausse compte tenu d’une moindre demande, pèsent sur le marché. Plexus Cotton estime « que le marché restera bloqué dans une fourchette de négociation entre 57 et  62 cents dans un avenir proche ». Pour Mambo Commodities, « il y a un soutien autour du niveau 57 cents la livre bien que tout rebond dans les 60 cents  semble lointain à moins que bien sûr que Trump tweete quelque chose de positif au sujet de la guerre commerciale ».

De son côté Rabobank table sur des prix proches des 60 cents la livre à moyen terme. « L’escalade commerciale du président Trump entre les États-Unis et la Chine de la semaine dernière, associée à la mousson indienne «normale», maintient le sentiment des prix à court terme à la baisse. Alors que les importations hebdomadaires chinoises de coton américain ont fortement diminué, la principale préoccupation – en particulier pour les contrats plus tardifs – est l’annulation des engagements actuels de la Chine, pour un total de 1,76 million de balles ». Cependant, Rabobank voit une hausse à court terme – à $60 la  livre au troisième trimestre 2019 – « grâce aux programmes de soutien américain et indien, au risque météorologique et à un potentiel spéculatif à court terme risquant d’être couvert ». Elle ajoute « En outre, des prix inférieurs à 60 cents la livre devraient naturellement améliorer la demande américaine des importateurs de l’Asie du Sud-Est. À plus long terme, les perspectives médiocres de la demande pour 2018-2019, conjuguées à des disponibilités importantes en provenance des États-Unis et du Brésil, maintiennent les perspectives à moyen terme neutres à baissières ».

Le coton est la troisième culture OGM cultivée au niveau mondial après le soja et le maïs. Des cultures OGM qui progressent à nouveau en 2018 (Lire Toujours plus de cultures OGM dans le monde).

HUILE DE PALME

Après un mois de juillet affichant un gain mensuel de plus de 6%, les cours de huile de palme ont globalement continué  leur progression au mois d’août avec une clôture hier à 2 221 ringgits ($530) la tonne contre un peu plus de 2 000 ringgits fin juillet. Une hausse impulsée par une croissance plus lente qu’anticipée de la production au cours des 20 premiers jours d’août et un certain dynamisme des exportations, qui ont progressé de plus de 21% sur la période du 1er au 25 août selon les données de AmSpec Agri Malaysia.

Toutefois, Rabobank estiment que la hausse de la production d’huile de palme – saisonnière – en Indonésie et en Malaisie au second semestre limitera la reprise des cours et ce malgré l’amélioration des perspectives d’exportation  vers la Chine et l’Inde au troisième trimestre. En outre, la réduction de l’écart entre les prix de l’huile de soja et de l’huile de palme – $151 la tonne mi-juillet à $120 la tonne mi-août – limitera aussi la hausse des prix de l’huile de palme la rendant moi attractive. .

En Inde, le ministère indien du Commerce a recommandé de relever de 45% à 50% la taxe sur les importations d’huile de palme raffinée en provenance de Malaisie pour une durée de six  mois afin de soutenir ses producteurs. L’Inde, premier importateur mondial d’huile comestible, impose actuellement une taxe à l’importation de 40% sur l’huile de palme brute et de 50% sur les huiles de palme raffinées. Toutefois, les expéditions d’huiles de palme raffinées en provenance de Malaisie ont été taxées à 45% depuis janvier en vertu du Comprehensive Economic Cooperation Agreement conclu avec la Malaisie. La modification de la structure des droits a ramené pour les raffineries indiennes la différence entre les droits de douane réels entre l’huile de palme brute et  l’huile de palme raffinée de 11% à 5,5% pour les importations en provenance de Malaisie rendant ainsi les achats d’huile raffinée plus lucratifs que l’huile de palme brute. Ainsi, les exportations d’huile de palme raffinée de la Malaisie vers l’Inde ont grimpé de 727% au premier semestre de 2019 pour atteindre 1,57 million de tonnes (Mt)  par rapport à la même période de l’année précédente, selon les données du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Face à cette augmentation, Solvent Extractors ‘Association (SEA) en Inde avait déposé une demande d’enquête auprès de la Direction générale des recours commerciaux (DGTR). Dans ses conclusions préliminaires, la DGTR, le service d’enquête du ministère du Commerce, a donné raison SEA et estimé que les importations d’huile de palme raffinée en provenance de Malaisie causaient d’importants dommages aux producteurs nationaux.

La Commission européenne a décidé début août d’imposer des droits de douanes qui iront de 8 à 18%  sur les biocarburants en provenance d’Indonésie. « Une enquête poussée de la Commission a mis en lumière que les producteurs de biocarburants indonésiens bénéficient de subventions, d’avantages fiscaux et d’accès à des matières premières à des prix inférieurs à ceux du marché. Cela fait peser une menace de préjudice économique sur les producteurs de l’UE », souligne la Commission européenne. Une décision qui a fait monté d’un cran la tension entre l’UE et l’Indonésie, cette dernière menaçant d’augmenter les taxes douanières sur les importations de produits laitiers européens mais aussi demandant à ses compagnies aériennes de cesser l’achat d’avions Airbus. Selon les chiffres de la Commission, le marché européen du biocarburant pèse €9 milliards par an, et les importations en provenance d’Indonésie représentent jusqu’à €400 millions.

L’Indonésie et le Mozambique ont signé un accord commercial préférentiel supprimant les droits de douane sur des centaines de produits, y compris l’huile de palme, afin de stimuler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays (lLire Le Mozambique et l’Indonésie signent un accord commercial préférentiel).

En Côte d’Ivoire, l’investisseur d’impact spécialisé dans les investissements agroalimentaires en Afrique sub-saharienne, AgDev Co, a investi €8,7 millions dans le groupe DekelOil présent dans l’huile de palme et la noix de cajou (lire nos informations).

RIZ

Relative stabilité des prix à l’exportation cette semaine en Asie avec des hausses et des baisses marginales, avec uen belle progression des cours à Chicago depuis le début de l’année.

Les cours du riz à Chicago depuis janvier 2019

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont légèrement progressé à $374-$378 la tonne contre $372-$375 la semaine dernière. « La production de riz pourrait chuter dans des États clés comme le West Bengal et l’Andhra Pradesh en raison de la baisse des précipitations”, a déclaré un exportateur basé à Kakinada. L’Inde a reçu 14% de moins de précipitations que la moyenne des 50 dernières années de la semaine précédant le 28 août, selon les données du Département météorologique indien (IMD).

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement diminué à $410-$430 la tonne contre  $415-$430 la semaine dernière.  Un baht plus ferme a maintenu les prix élevés, tandis que les pénuries d’approvisionnement dues à la sécheresse persistante – la pire de la décennie – ont également joué un rôle majeur dans le maintien des prix. Le gouvernement thaïlandais a annoncé cette semaine une subvention de 21 milliards de bahts ($682 millions) pour aider les agriculteurs touchés par la sécheresse et la vigueur du baht (Lire La Thaïlande approuve un nouveau régime d’assurance riz pour $682 millions).

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangés  par rapport à la semaine dernière à $335 -$340 la tonne dans un contexte commercial calme du à la faiblesse de la demande.

Les données gouvernementales publiées jeudi montrent que le Vietnam a exporté 4,53 millions de tonnes (Mt) de riz au cours des huit premiers mois de cette année, soit un montant quasi-identique à la même période en 2018 (+0,1%). En valeur, les exportations progressent de 14,2% à $1,96 milliard. Sur le mois d’août, elles se sont élevées 580 000 tonnes, contre 598 619 tonnes en juillet.

Au Bangladesh, le ministre de l’Agriculture, Abdur Razzaque, a déclaré que le gouvernement envisageait de fournir des incitations financières pour encourager les exportations de riz. Dacca n’a pas été en mesure de conclure des accords d’exportation depuis la levée de l’interdiction d’exporter en mai, son riz étant plus cher que les autres origines en provenance d’Inde ou de Thaïlande, malgré la récente chute des prix locaux.

Le Nigeria a partiellement fermé sa frontière occidentale avec le Bénin afin de mettre un terme à la contrebande de riz qui menace la politique d’autosuffisance en riz (lire C’est le riz qui bloque la frontière Nigeria-Bénin, jetant le doute sur la ZLEC).

Le Japon, lors de la 7eme Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (TICAD7),  s’est engagé à doubler la production de riz en Afrique à 50 millions de tonnes d’ici 2030 (lire nos informations).

SUCRE

Le sucre roux aura perdu 8,5% de sa valeur en août, les prix ne parvenant pas à franchir la barre des 11,50 cents la livre (lb), tandis que le blanc a glissé de 6%. Et sur cette dernière semaine, la tendance mensuelle se confirme puisque le sucre roux a terminé hier soir à New York à 11,21 cents contre 11,47 cents vendredi dernier, et le blanc à $ 304,30 la tonne contre $ 310,40.

Les cours du sucre roux à New York depuis janvier 2019

C’est encore et toujours l‘Inde qui pèse sur le marché du blanc, avec une politique qui se mord la queue. En effet, la faiblesse des cours mondiaux a conduit le gouvernement indien, mercredi, à approuver une enveloppe de $ 876 millions pour aider les raffineries à exporter 6 Mt de sucre sur la campagne à venir 2019/20 qui démarre le 1er octobre. La subvention est de $ 146,14 (10 448 roupies) la tonne à l’export. Or, cette incitation à exporter pèse sur les cours mondiaux et le gouvernement indien doit d’autant compenser. En outre, cela ne satisfait même pas, apparemment, les industriels indiens qui s’attendaient à une subvention excédant 12 000 roupies. Rappelons qu’en 2018/19, l’objectif d’exportation avait été fixé à 5 Mt.

Côté entreprises, le français Tereos et Tereos Commodities vont fermer leurs bureaux et leurs activités de négoce au Kenya et en Afrique du Sud à compter de mars 2020.

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