La Chronique Matières premières agricoles au 29 octobre 2020

 La Chronique Matières premières agricoles au 29 octobre 2020
Partager vers

Mardi les élections aux Etats-Unis auront lieu, demain en Côte d’Ivoire qui est le n°1 mondial du cacao, les pays notamment européens se reconfinent les uns après les autres, les ministres de la Santé de l’Union européenne (UE) vont discuter d’éventuelles limitations aux voyages considérés comme non essentiels en Europe. Economiquement, on sait que le coût sur l’ensemble de 2020 sera effroyable mais on se met du baume au cœur en contemplant le rebond spectaculaire du troisième trimestre lorsque la bride a été laissée sur le cou dans la plupart des pays occidentaux en attendant la seconde “vague” du coronavirus. Ainsi, le PIB américain a fait un bond de 33,1% en rythme annualisé sur la période juillet-septembre, une croissance sans précédent depuis le début de cette statistique en 1947 ; en outre, il y a eu une baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage. Dans la zone euro, toujours au troisième trimestre, le rebond a été moins spectaculaire mais tout aussi net, de l’ordre de +12,7 % par rapport au deuxième lorsqu’il avait reculé de 11,4 % par rapport au trimestre précédent et baissé de 13,9 % sur un an. Depuis le début de la semaine, l’euro a perdu plus de 1,5% face au dollar terminant hier soir à $ 1,1673 après que la Banque centrale européenne (BCE) ait maintenu ses taux bas et préparé les esprits à un renforcement de ses soutiens à l’économie.

Après avoir déjà chuté de plus de 5% mercredi, le marché pétrolier a encore perdu 3,7% hier pour terminer à $ 37,69 le baril, au plus bas depuis quatre mois, tandis que le brut léger américain (WTI) terminait à $ 36,07.

 

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

Le coronavirus rattrape le cacao alors qu’on retient son souffle en Côte d’Ivoire, n°1 mondial de la fève, qui tient ses élections présidentielles demain, samedi 31 octobre. La chute des broyages, baromètre de la demande mondiale, a notamment pour conséquences que la Côte d’Ivoire ne parvient pas à placer son cacao à venir durant la récolte intermédiaire, à compter du mois de mars prochain (lire nos informations : La Côte d’Ivoire peine à vendre son cacao sur la campagne intermédiaire). Les entrepôts des multinationales sont bien remplis en fèves et la demande à venir est on ne peut plus incertaine avec un monde, du moins, une Europe -première région mondiale de consommation de produits dérivés du cacao- qui se reconfine. Les Etats-Unis craignaient l’impact de la Covid sur Halloween qui a lieu ce week-end, maintenant,  c’est au tour des ventes de Noël d’être menacées.

La conséquence sur les marchés est radicale. La tonne de cacao est passée de £ 1 702 la tonne vendredi dernier à £ 1 633 hier soir tandis qu’à New York, elle chutait de $ 2 479 à 2 338. Une perte d’environ $ 150 en une semaine…

Le cours du cacao à Londres depuis le début de la campagne 2020/21, au 1er octobre

En Côte d’Ivoire, les arrivages de fèves entre le 1er octobre et le 25 octobre ont totalisé 317 000 t, en hausse de 10,4% par rapport à la même période en 2019/20, selon les estimations des exportateurs.

Les exportations ivoiriennes de fèves de cacao sur la campagne 2019/20, qui s’est achevée le 30 septembre, ont totalisé 1 567 446 tonnes (t), selon les données portuaires provisoires ; la baisse est de 1,4% sur la campagne précédente. Quant aux produits semi-transformés, comme la poudre et le beurre de cacao, les exportations ont totalisé 446 568 t, en hausse de 1%.

L’Indonésie a maintenu son taux de 5% de taxe à l’export sur les fèves de cacao pour le mois de novembre, a annoncé mardi le ministère du Commerce.

Pour la première fois, la province de Hainan au sud de la Chine a exporté des fèves de cacao. les 500 kg ont été vendues en Belgique  pour environ $ 3 600, a annoncé l’Académie chinoise des sciences agricoles tropicales (CATAS). Ce cacao a été produit à Xinglong, une ville de Hainan. Du monde entier, c’est le point de culture de cacao le plus au nord.  

CAFE

Cette semaine encore, les cafés ont connu une fortune diverse. L’Arabica, côté à New York, est passé de $ 1,056 la livre (lb) à $ 1,046 à la clôture hier soir, tandis que le Robusta grimpait à $ 1 337 la tonne à Londres, parti de $ 1 305 en fin de semaine dernière. On retrouve les deux mêmes facteurs que la semaine dernière :  la faiblesse de la monnaie brésilienne, le real, face au dollar ce qui conduit le n°1 mondial du café à vendre car son café est très compétitif, tandis que sur le segment du Robusta, le champion en la matière, le Vietnam, connait de graves intempéries climatiques, menaçant la récolte. En outre, la pandémie et les confinements qui se multiplient ont plus d’impact sur l’Arabica, très largement consommé au restaurant, dans les cafés et de façon générale à l’extérieur, que le Robusta dont l’utilisation est plutôt au sein des foyers.

Au Vietnam, leader mondial du Robusta, le typhon Molave a frappé très fort mercredi ; il s’agit du plus fort depuis deux décennies. Il a touché des régions caféières majeures, endommageant des arbres et inondant des plantations dans des basses terres. Il devrait pleuvoir encore au cours des dix prochains jours dans la ceinture caféière des Central Highlands. On n’a pas encore d’estimation des dégâts mais la pluie à elle seule empêche les cerises de mûrir et d’être récoltées. “De nouveaux grains risquent de ne pas être disponibles avant la deuxième moitié du mois de novembre“, explique à Reuters un trader sur place. Par conséquent, les prix aux planteurs ont grimpé cette semaine, le kilo étant acheté à 32 400-34 000 dongs ($ 1,40-1,47) contre 31 100-33 000 dongs la semaine dernière. Les traders à l’export ont proposé le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, avec une prime de $ 170à $ 200 la tonne au dessus de la cotation de Londres contre $ 170 à $ 180 la semaine dernière.

Sur les 10 premiers mois de l’année, le Vietnam a exporté 1,34 Mt de café ou encore 22,3 millions de sacs de 60 kg, en baisse de 1,3% par rapport à la même période l’année dernière. Les revenus pour le pays baissent de 0,7% à $ 2,3 milliards.

En Indonésie, les prix du café de Sumatra sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière car l’activité est calme : la récolte a pris fin. La prime sur le contrat janvier à Londres a été de $ 170 et de $ 270 la tonne sur le contrat de novembre. Beaucoup de café reste entre les mains des intermédiaires, indiquent à Reuters des sources biens informées.

La Côte d’Ivoire a exporté 55 530 t de grains de café vert entre le 1er janvier et el 30 septembre, accusant une chute de 28%, selon les données provisoires portuaires.

CAOUTCHOUC

C’est la chute ! Après avoir grimpé pendant neuf séances consécutives et atteint un plus haut de douze ans, les cours ont perdu hier plus 12,3 yens sur l’Osaka Exchange pour clôturer à 262 yens ($2,509) le kilo. Mais ils demeurent supérieurs à ceux de vendredi dernier – 231,1 yens- qui avaient progressé de près de 16% sur la semaine. Même tendance sur le marché à Shanghai où les cours sont passés de 14 840 yuans la tonne vendredi à 15 570 yuans ($2 328,01) hier avec un moindre recul (2,8%). Les raisons de cette contreperformance sont la résurgence des cas de la Covid-19 qui s’accompagne de perspectives plus pessimistes quant à la reprise économique en 2021 et puis également une activité manufacturière en Chine qui aurait probablement augmenté à un rythme légèrement plus lent en octobre. Toutefois la reprise de la Chine a été le facteur principal du rebond du marché de près de 40% ces derniers jours. Pour 2021, un sondage de Reuters auprès de 37 analystes estime que la croissance de la Chine sera de 8,4%.

En Chine, le ministère du Commerce a déclaré vendredi dernier qu’il imposerait temporairement, à partir du 28 octobre, des mesures antidumping sur certaines importations de caoutchouc en provenance des États-Unis, de la Corée du Sud et de l’Union européenne. Dans un communiqué publié sur son site, le ministère a précisé que ces mesures faisaient suite à une enquête lancée en juin 2019.

La Côte d’Ivoire a exporté 843 913 tonnes de caoutchouc naturel sur les neuf premiers mois de l’année, en hausse de près de 40% par rapport à la même période en 2019.

En Thaïlande, les exportations de gants en caoutchouc en septembre ont augmenté de 154,9% par rapport à la même période de l’année dernière, tandis que les exportations au cours des neuf premiers mois de 2020 ont progressé de 61,4% d’une année sur l’autre, grâce à la demande croissante en raison de la Covid-19.

COTON

Après sa folle remontée, le marché du coton s’est contracté cette semaine avec une clôture hier à 69,82 cents contre 71,29 cents vendredi dernier. Alors que les conditions météorologiques continuent d’être défavorables pour la récolte américaine – tempête Zeta en Louisiane, froid et pluies dans l’ouest du Texas –  la fermeté du dollar mais surtout la propagation du coronavirus avec le retour du confinement dans certains pays européens, fait peser une incertitude sur la reprise de la demande.

La Côte d’Ivoire a exporté 215 426 tonnes de coton de janvier à septembre 2020, en recul de 36,2% par rapport aux neuf premiers mois de 2019, selon les données des douanes.

En Iran, la production de coton est attendue à 81 000 tonnes au cours de l’année fiscale en cours (débutée le 20 mars), pour enregistrer une augmentation de 15,71% par rapport à l’année dernière, selon une déclaration d’Ebrahim Hezarjaribi du ministère de l’Agriculture. Ainsi, l’Iran devrait être en mesure de répondre à 68% de sa demande intérieure contre 58% l’année dernière.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme s’est légèrement affaissé mercredi, accusant une deuxième session de perte, avec la prise de bénéfices juste avant un jour férié et après avoir atteint un plus haut d’un mois au cours de la semaine. De 2943 ringgits la tonne vendredi dernier, les cours ont clôturé mercredi à 3007 ringgits ($723,95) la tonne.

En Malaisie, les exportations d’huile de palme du 1er au 25 octobre ont augmenté de 7,2% à 1,4 million de tonnes par rapport à la même période en septembre, selon Intertek Testing Services.

L’Indonésie a fixé la taxe d’exportation d’huile de palme brute à $3 la tonne pour novembre, inchangée par rapport à octobre, selon le ministère du Commerce. Le premier producteur mondial d’huile de palme devrait toutefois annoncer une nouvelle structure de taxes à l’exportation d’ici la semaine prochaine, et la portera probablement à un maximum de $120 à $122,50 la tonne, a déclaré Marcello Cultrera, directeur chez Phillip Futures. En effet, l’Indonésie a annoncé en septembre qu’elle prévoyait de réviser ses règles de prélèvement sur les exportations d’huile de palme dans le cadre de mesures visant à soutenir son mandat de biodiesel B30, alors que la baisse des prix du brut rendait le programme insoutenable.

En Chine, le Dalian Commodity Exchange envisage d’ouvrir son contrat à terme sur l’oléine de palme (DCPcv1) aux investisseurs étrangers en décembre prochain. Jusqu’à présent, la Chine n’a ouvert que cinq de ses contrats à terme sur matières premières – pétrole brut, fioul à faible teneur en soufre, caoutchouc TSR 20, minerai de fer et acide téréphtalique purifié. Le pays lancera son sixième contrat internationalisé, les contrats à terme sur cuivre, sur la bourse internationale de l’énergie de Shanghai le 19 novembre.

En Inde, face à la hausse des prix des huiles comestibles dans le pays, la Solvent Extractors’ Association of India (SEA) a exhorté le gouvernement à ne pas réduire les taxes à l’importation sur les huiles comestibles ni à encourager les entreprises du secteur public à importer des huiles comestibles à des droits concessionnels. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas pris une telle mesure mais il l’a déjà fait par le passé et la SEA juge qu’elle serait contreproductive et nuirait aux agriculteurs locaux qui tentent d’accroitre la production.

En Europe (y compris en Grande-Bretagne), les importations d’huile de palme en 2020/21 (saison démarrée au 1er juillet) ont atteint 1,95 million de tonnes au 25 octobre en hausse de 3% par rapport à la même période en 2019/20.

Côté entreprise, le malaisien Golden Land prévoit de développer ses plantations en Indonésie en les portant à 13 000 hectares d’ici 2023 et à 18 000 hectares d’ici 2024, selon son dernier rapport annuel. Actuellement, la superficie totale plantée de Golden Land en Indonésie est de 7 011 hectares, tandis que celle de la Malaisie est de 218 hectares.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz vietnamien ont augmenté cette semaine, les approvisionnements ayant été réduits par les inondations et les glissements de terrain, tandis que les contraintes logistiques ont ralenti les exportations de l’Inde.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont progressé à $495 la tonne contre $485-$495 la semaine dernière avec de faibles approvisionnements tandis que la demande intérieure est en hausse alors que des millions de personnes dans le centre du Vietnam ont été affectées par des inondations et d’inondations et glissements de terrain, estime un négociant basé dans la province d’An Giang.

Les exportations vietnamiennes au cours des 10 premiers mois de cette année devraient avoir chuté de 4% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 5,29 millions de tonnes.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont fléchi à $370- $ 375 la tonne, contre $372- $ 377 la semaine dernière. La dépréciation de la roupie a permis aux exportateurs d’offrir des prix très compétitifs mais les exportations ont ralenti suite à des problèmes logistiques.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont appréciés à $452-$480 la tonne contre $435-$440 la semaine dernière sous l’effet d’une demande intérieure plus élevée.

Le Bangladesh, aux prises avec une diminution des approvisionnements et une flambée des prix intérieurs dans un contexte d’aggravation de la pandémie de la Covid-19, est sur le point de doubler ses achats de riz. Le gouvernement achètera 650 000 tonnes de riz pluvial Aman aux agriculteurs, contre environ 380 000 tonnes achetées l’année dernière, a indiqué le ministère de l’Alimentation.

En Chine, les négociants en céréales et les usines de transformation souffrent d’une pénurie de riz nouvellement récolté, car les intempéries et la pandémie de coronavirus ont fait des ravages dans les provinces du centre-sud, faisant grimper les prix de gros – une tendance qui devrait durer au moins jusqu’à la fin de l’année, indique South China Moming Post. Néanmoins, le gouvernement central garantit que la récolte de riz dans les provinces du nord sera l’une des meilleures de l’histoire – suffisamment importante pour empêcher une forte hausse des prix du riz au niveau des consommateurs avant les vacances du Nouvel An lunaire qui commencent le 12 février.  La Chine produira cette année plus de 670 millions de tonnes de céréales pour la sixième année consécutive, a déclaré Wei Baigang, chef de la division du développement et de la planification du ministère de l’Agriculture et des affaires rurales, lors d’un point de presse à Beijing la semaine dernière.

SUCRE

Le sucre roux a crevé le plafond des 15 cents la livre (lb) cette semaine, touchant mardi les 15,04, avant de redescendre hier soir à New York à 14,40 cents ; il était à 14,72 cents à la clôture vendredi dernier. Le sucre blanc a aussi perdu sur l’ensemble de la période sous revenue, passant de $ 395,60 la tonne à Londres à $ 386,69 hier soir.

Les forces adverses étaient pourtant bien là cette semaine. La chute des cours du pétrole a pour conséquence habituelle de consacrer davantage de canne à la production de sucre plutôt que d’éthanol, ce dernier peinant à concurrencer le brut bon marché. D’ailleurs, le groupe industriel brésilien Unica a déclaré que la production de sucre dans le centre sud sur la première quinzaine d’octobre totalisait 2,61 Mt, soit 36% de plus que début octobre 2019.D’autre part, la faiblesse de la monnaie brésilienne incite, comme toujours, les exportateurs à mettre davantage de sucre brésilien sur le marché mondial, voulant profiter de sa compétitivité.

Ceci dit, le marché demeure dans l’expectative car l‘Inde n’a pas encore annoncé sa politique en matière de subvention, un sujet délicat en période électorale et alors que les coffres de l’Etat fondent comme neige au soleil en cette période de crises sanitaire et économique.

Au Brésil, le temps très sec entre juillet et septembre devrait provoquer une baisse de la production de canne l’année prochaine, souligne le consultant Datagro. La récolte dans la ceinture de production au centre-sud du pays est estimée à 575 Mt entre avril 2021 et mars 2022 contre 596 Mt la campagne précédente.

Côté entreprise, le français Tereos a annoncé hier qu’une grande partie des stocks de sucre au Brésil, des stocks historiquement élevés, avaient été vendus et étaient sur le point d’être acheminés. Selon Datagro, ces stocks de sucre s’élevaient à 13,8 Mt à fin septembre, soit 27% de plus qu’au même moment en 2019. Mais ce serait précisément ces volumes qui auraient été tout dernièrement vendus, selon Tereos, les opérateurs voulant profiter du real compétitif. Le real a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l’année.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *