La Chronique matières premières agricoles au 30 juillet 2020

 La Chronique matières premières agricoles au 30 juillet 2020
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La crise est bien là. Le PIB américain a chuté de 32,9% en rythme annualisé au deuxième trimestre, les mesures prises pour tenter d’enrayer la pandémie de coronavirus ayant paralysé la première économie du monde. La contraction est de 10,1% pour le PIB allemand sur ce même deuxième trimestre, un chiffre plus mauvais qu’attendu.

Aux Etats-Unis où l’administration Trump et les parlementaires démocrates ne sont pas parvenus à s’entendre cette semaine sur le plan de relance de $ 1 000 milliards présenté par le camp républicain, alors que les allocations chômage de millions d’Américains arriveront à expiration vendredi, souligne Reuters. Des chômeurs dont le nombre d’inscription a été en hausse la semaine dernière. Dans ce climat tendu, Donald Trump a évoqué l’éventualité d’un report de l’élection présidentielle prévue le 3 novembre, évoquant le risque de fraude dans les votes par correspondance. Ce serait une première dans l’histoire de cette démocratie.

Tout ceci a fait chuter le dollar au plus bas depuis deux ans face à un panier de monnaies, l’euro se stabilisant à $ 1,179 hier soir à la clôture des marchés. Cette crise impacte bien sur les cours du pétrole : le baril de brut léger américain (WTI) a perdu hier 4,60% à $ 39,37 et le Brent de mer du Nord a glissé de 3,5% à $42,22.

 

CACAO

Un mois pour rien…. A Londres, le prix de la tonne de cacao est environ au même niveau que fin juin  après deux plongeons ; la semaine dernière, il était au plus bas en deux ans. Quant à la période hebdomadaire sous revue, partie de £ 1 546 à Londres, la tonne a repassé la barre des £ 1 600 pour clôturer hier soir en hausse à £ 1 617. A New York, elle est passée de $ 2 224 à $ 2 344.

Fitch Solution avait sans doute raison dans son analyse à la fin de la semaine dernière: après avoir touché un plancher, les cours du cacao se consolident pour l’instant. Mais toute le question est de savoir de combien. Car le cacao en Afrique de l’Ouest devrait bel et bien abonder la prochaine campagne qui démarre début octobre. En outre, Rabobank n’est pas optimiste : pour la banque néerlandaise, les broyages de fèves -baromètre de la consommation- en Europe, en Amérique du Nord et en Asie devraient encore baisser de 4,5% à 5% au troisième trimestre car nombre d’économies peinent à rouvrir complètement en raison du coronavirus et de la fameuse deuxième vague dans nombre de pays ; aux Etats-Unis, c’est une véritable catastrophe sanitaire. Selon Rabobank, la demande devrait lentement reprendre l’année prochaine, augmentant de seulement 1,6%, estime-t-elle, car cette seconde vague pourrait persister. Face à cela, la production augmenterait de 2% à 3%.

Les arrivages de fèves de cacao aux ports ivoiriens ont atteint 2,025 millions de tonnes (Mt) au 26 juin et ce depuis le 1er octobre, en baisse de 5,8% par rapport à la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs. En Côte d’Ivoire où les pluies la semaine dernière étaient inférieures à la moyenne pour cette période de l’année mais où les conditions de production demeurent bonnes pour le bon développement de la prochaine récolte principale d’octobre 2020 à mars 2021.

L’Indonésie a maintenu sa taxe à l’exportation à 5% pour le mois d’août, basé sur un prix de référence le mois prochain de $ 2 196 la tonne en baisse par rapport aux $ 2 369 en juillet.

CAFÉ

La volatilité est forte sur les marchés mondiaux du café; c’est le moins que l’on puisse dire. Partie de $ 1 358 à Londres vendredi dernier, la tonne de Robusta a terminé hier soir à $ 1 340 mais après avoir atteint en cours de séance un pic de 7 mois et demi à $ 1 381. Quant à l’Arabica, la livre (lb) est passée de $ 1,084 en fin de semaine dernière à New York à $ 1,1535.

Sur les marchés asiatiques du Robusta cette semaine, les producteurs dans la ceinture caféière des Central Highlands au Vietnam ont vendu leur café à 33 000-33 200 dongs ($ 1,41-$ 1,43) le kilo contre 31 800-32 000 dongs la semaine dernière. Les exportateurs ont trouvé preneur pour le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, avec une prime sur Londres de $ 130 la tonne contre $ 160 la semaine dernière. Notons que les exportations de café du Vietnam baisseraient de 1,4% sur les sept premiers mois de l’année à 1,06 Mt soit 17,68 Ms, selon la General Statistics Office. Ses revenus glisseraient de 0,5% à $ 1,8 milliard.

En Indonésie, dans la province de Lampung, le Robusta de Sumatra a été offert cette semaine à $ 240-250 la tonne au-dessus de la cotation de Londres soit sensiblement les mêmes valeurs que la semaine dernière face à une bonne activité à l’export.  

Un Robusta qui est soutenu essentiellement par une forte demande découlant du confinement avec une forte consommation à domicile de mélanges comprenant du Robusta, en raison de la crise économique et d’une baisse de pouvoir d’achat. En outre, le Vietnam inquiète car le nombre de Covid positif est en très forte hausse. Toutefois, ceci ne devrait guère avoir d’impact sur la filière car on est à la fin de la campagne et peu de volumes de café restent à expédier ; on attend plutôt le démarrage en octobre de la nouvelle campagne.  

S’agissant de l’Arabica, la progression de son prix est le fruit de deux facteurs : la hausse de la valeur de la monnaie brésilienne -le real- ce qui réduit les volumes brésiliens mis sur le marché, d’autre part des stocks d’Arabica dans les entrepôts de l’ICE qui étaient en fin de semaine dernière au plus bas en trois ans, en dessous de 1,6 million de sacs (Ms) de 60 kg.

En Colombie, le confinement est prolongé jusqu’à fin août ; c’est la huitième fois que les autorités prolongent la mesure. Le pays compte 267 300 cas et 9 074 décès.

Côté entreprises, le géant américain Starbucks a indiqué que ses activités se redressaient progressivement après une chute de 40% de ses ventes au second trimestre ; la plupart de ses coffee shops sont maintenant rouverts. Quant à son rival chinois, Luckin Coffee, c‘est la déchéance. A près avoir été délisté du Nasdaq américain, c’est au tour du ministère chinois des Finances d’annoncer lui infliger des pénalités administratives en Chine suite aux importantes fraudes fiscales démasquées. La chaîne de cafés chinoise, fondée à Pékin en 2017, comptait plus de magasins que Starbucks en Chine en janvier 2020 avec 4 507 points de vente de son côté.

CAOUTCHOUC

Les contrats du caoutchouc ont atteint un sommet de plus de sept semaines hier sur l’Osaka Exchange (OSE) suite à de nouveaux achats provoqués par un rallye sur le marché de Shanghai et  la baisse du yen par rapport au dollar américain malgré  des inquiétudes croissantes concernant une augmentation des cas de coronavirus dans le monde. Les cours ont clôturé hier sur l’Osaka Exchange (OSE) à 164,8 yens ($1,57) le kilo, gagnant 3,4 yens tandis que sur le marché de Shanghai, ils ont bondi de 140 yuans pour terminer à 10 885 yuans ($1 554) la tonne.

La négociation des contrats de caoutchouc de référence du Japon RSS 3 et TSR 20 a été transférée lundi du Tokyo Commoditiy Exchange (Tocom) à l’OSE dans le cadre d’un réarrangement des négociations après que le Japan Exchange Group Inc ait repris le Tocom l’année dernière. Japan Exchange, qui gère la bourse de Tokyo, est également propriétaire de la bourse d’Osaka.

En Chine, pour le troisième mois consécutif, les exportations  de pneus se sont abaissées pour atteindre 36,3 millions d’unités, soit une chute de  21,2% par rapport à il y a un an et $998 millions en valeur, soit une baisse de 27,9%, selon l’Administration générale chinoises des douanes. Le poids de ces exportations a chuté de 20,7% à 460 000 tonnes métriques. Au cours du premier semestre 2020, les exportations chinoises de pneus ont chuté de 21,1% à 155 millions d’unités, contre 196 millions au cours des six premiers mois de 2019. La valeur des exportations au cours de la période a diminué de 24,9% à 5,6 milliards de dollars, tandis que les volumes en tonnage ont glissé de 19,2% à 2,5 millions de tonnes.

Côté entreprise, le fabricant français de pneumatiques Michelin accuse le coup de l’arrêt du marché automobile suite à la pandémie du Covid-19 avec une chute de 78,4% de son résultat opérationnel au premier semestre à seulement €310 millions contre 1,438 milliard un an plus tôt. Le chiffre d’affaires s’est contracté de 20,6% à 9,357 milliards. Craignant qu’une crise économique succède au second semestre à la crise sanitaire du premier, Michelin s’est engagé prudemment à délivrer sur l’ensemble de 2020 un résultat opérationnel supérieur à €1,2 milliard, très loin des €3 milliards de l’année précédente.

COTON

Les cours du coton ont rebondi avec la chute du dollar, tombé à un creux de deux ans, et des ventes encourageantes à l’exportation des Etats-Unis. De 61,92 cents la livre vendredi dernier, les cours ont atteint hier 63,18 cents. Le rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) a montré que les ventes nettes de coton sont de redevenues positives pour la première fois en trois semaines. Et puis, aux  conditions météorologiques défavorables – un temps sec et chaud – dans les principales régions productrices de coton aux  Etats-Unis s’est ajouté l’ouragan Hanna qui a laissé des traces de destruction le long de la côte du Texas pendant le week-end.

Toutefois, la détérioration des relations entre la Chine et les Etats-Unis crée de la nervosité. Tandis que la destruction de la demande est bien réelle.  “Les infections en cours, la baisse de confiance des consommateurs et une récession économique mondiale maintiennent des perspectives difficiles. Nous ne nous attendons pas à une reprise complète de la demande de coton avant le COVID 19 avant 2021/22 au plus tôt“, estimait Rabobank.

L’Inde, qui détient d’importants stocks de coton,  cherche à stimuler ses exportations de coton vers le Bangladesh et le Vietnam avant la prochaine saison de récolte. Un protocole d’accord est en cours d’élaboration pour exporter 1,5 à 2 millions de balles (de 170 kilogrammes) de coton vers le Bangladesh, tandis que la Cotton Corporation of India (CCI),  gérée par l’État, ouvrira également son propre entrepôt au Vietnam pour stimuler les exportations de coton.

La CCI a déjà commencé à offrir des rabais aux acheteurs nationaux, alors que le pays table sur  une nouvelle production exceptionnelle grâce à la bonne progression des pluies de mousson.  Les dernières estimations de la Cotton Association of India (CAI) pour la campagne 2019/20(1er octobre au 30 septembre)  tablent sur une production de coton  de 33,55 millions de balles et prévoit un stock de report de 5,55 millions de balles. Cependant, l’industrie de la filature n’est pas pressée d’acheter du coton, l’offre étant abondante et la demande modérée du secteur textile.

HUILE DE PALME

Les prix de l’huile de palme se sont abaissés cette semaine passant de 2777 ringgits la tonne vendredi dernier à 2678 ringgits ($631,90) la tonne hier, veille de fermeture du marché pour la fête de l’Aïd al-Adha. Les cours ont été volatiles, les prises de bénéfices après de fortes hausses au cours des derniers jours ont fait chuter les prix.  Hier, les prix ont grimpé enregistrant leur plus forte hausse mensuelle depuis près de cinq ans, alors que les négociants anticipaient une hausse des exportations d’huile de palme de la Malaisie. Elles pourraient progresser de près de 6% en juillet par rapport à juin. En outre, l’Indonésie a annoncé qu’elle avancerait la mise en œuvre de son ambitieux programme de biodiesel, B40,  à juillet 2021.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde ont augmenté cette semaine alors que l’aggravation de la crise des coronavirus dans le pays a provoqué des problèmes logistiques, tandis que des inondations généralisées au Bangladesh ont gravement endommagé les cultures.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont grimpé à $380-$385 la tonne cette semaine, contre $377-$382 la semaine dernière. Les exportateurs de riz indiens ont du mal à honorer les commandes en raison de la disponibilité limitée de conteneurs et de travailleurs dans les usines et dans le plus grand port de manutention de la côte Est Kakinada après la survenue de nouveaux cas de coronavirus dans la région. Le ralentissement des expéditions du plus grand exportateur de riz au monde pourrait permettre à des concurrents comme la Thaïlande et le Vietnam d’augmenter leurs approvisionnements à court terme, et pourrait également faire grimper les prix mondiaux. “Le taux de chargement des navires au port de Kakinada a baissé de près de 30%”, a déclaré B.V. Krishna Rao, président de l’Association des exportateurs de riz à Reuters. Kakinada est situé dans le district de East Godavari, dans l’État sud de l’Andhra Pradesh – un district qui a signalé plus de 1 000 nouvelles infections virales chaque jour – représente plus d’un quart des expéditions de riz de l’Inde.

Au cours des prochains mois, l’Inde pourrait exporter environ 100 000 tonnes de riz en moins par mois, car la pénurie de main-d’œuvre signifie que les rizeries fonctionnent à une capacité inférieure, a précisé B.V. Krishna Rao. Les exportateurs de riz opérant en dehors de l’État d’Andhra Pradesh ont également été touchés par la disponibilité limitée des conteneurs, a déclaré Ashwin Shah, directeur de Shah Nanji Nagsi Exports Pvt. Ltd,. «Il y a des problèmes logistiques dans l’exécution des commandes d’exportation » a-t-il affirmé. Sinon, la demande est bonne car le riz indien est moins cher », a ajouté  Ashwin Shah. La semaine dernière, le différentiel de prix entre la même variété de riz était de $80 la tonne entre l’Inde ($380 la tonne) et la Thaïlande ($460).

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont aussi progressé pour atteindre $465-$483 la tonne contre $450-$482 la semaine dernière. Une hausse consécutive au renforcement du bath face au dollar américain. “Le marché attend un nouveau lot de riz de contre-saison le mois prochain, et si la production est bonne, les prix pourraient baisser … mais pour le moment, l’offre reste une préoccupation”, a déclaré un négociant basé à Bangkok.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine précédente dans la fourchette de $440 à $450 la tonne. “Le prix intérieur du paddy, cependant, a considérablement augmenté ces derniers jours alors que les commerçants stockent le grain en prévision d’une hausse des prix due au retour de la Covid-19 au Vietnam”, a déclaré un négociant basé dans la province du delta du Mékong de la province d’An Giang.  “Les activités d’exportation sont calmes cette semaine car de nombreux commerçants hésitent à signer de nouveaux contrats d’exportation, craignant de ne pas pouvoir acheter suffisamment de riz pour remplir les contrats”, a ajouté le négociant.

Les exportations de riz du Vietnam au cours des sept premiers mois de 2020 devraient chuter de 1,4% par rapport à l’année précédente pour s’établir à 3,9 millions de tonnes, selon les données du gouvernement. En revanche, en valeur elles progresseraient de 10,9% à $1,9 milliard. En juillet, les exportations se sont élevées à 300 000 tonnes pour une valeur de $109 millions.

Au Bangladesh, de fortes inondations ont submergé près de 50 000 hectares de rizières, ont déclaré des responsables du ministère de l’Agriculture du pays.

SUCRE

Le sucre roux est repassé au dessus des 12 cents la livre (lb), clôturant hier soir à New York à 12,11 cents contre 11,49 cents vendredi dernier. Quant au sucre blanc, il a évolué de $ 350,30 la tonne à $ 368,20.

Le marché s’inquiète de la baisse de production de la Thaïlande, deuxième plus important exportateur mondial de l’édulcorant naturel. Parallèlement, les ventes de sucre au sein de l‘Union européenne retrouvent les niveaux anticipés d’avant la Covid-19, a souligné hier le français Tereos, n°2 mondial derrière l’allemand Suedzucker. Malgré une baisse anticipée de 3% de la consommation européenne de sucre liée à la Covid-19, Tereos prévoit une année prochaine déficitaire car les superficies ont baissé et les rendements sont faibles. Des facteurs qui ont soutenu le prix du sucre ces derniers mois.

Au Brésil, Tereos devrait bénéficier de la hausse des volumes de cannes broyées ; 85% de ses ventes d’éthanol sur 2020/21 étaient couvertes sur les marché à terme avant que le prix de l’éthanol ne dégringole, a-t-il été précisé dans une déclaration du groupe.

Au premier trimestre, ses revenus EBITDA (excédent brut d’exploitation) a grimpé à € 94 millions contre € 33 millions un an auparavant. En revanche, ses ventes ont baissé de 4% à € 967 millions contre € 1 milliard. L’endettement net du groupe s’est élevé à € 2,63 milliards au 30 juin, en baisse de € 249 millions par rapport à il y a un an, mais en hausse par rapport à fin mars lorsque sa dette était de € 2,56 milliards.

A noter que l‘Egypte prévoit de produire entre 2,5 et 2,6 Mt de sucre durant l’exercice fiscal 2020/21, a annoncé cette semaine le Conseil du sucre du ministère de l’Agriculture. De son côté, le Comité de coordination économique au Pakistan a donné mardi son feu vert pour que le pays importe 300 000 t ; rappelons que le pays était encore exportateur en début d’année.

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