Robrigue Zabsonre de Yup Burkina Faso « Nous allons de plus en plus accentuer notre stratégie vers le monde agricole »

 Robrigue Zabsonre de Yup Burkina Faso « Nous allons de plus en plus accentuer notre stratégie vers le monde agricole »
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En 2017, la Société Générale a lancé Yup, une solution « Mobile Money », en Côte d’Ivoire et au Sénégal, puis dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. Elle a pour ambition d’ouvrir 1 million de wallets d’ici à 2020 et d’étendre considérablement son maillage en recrutant 8000 agents sur la même période. Au Burkina Faso, Yup a démarré ses opérations en mars 2018. Entretient avec Rodrigue Zabsonre, directeur général de Yup Burkina Faso pour CommodAfrica.

Le lancement de Yup est-il une réponse aux opérateurs de téléphonie mobile qui se sont incrustés dans le paysage bancaire ?

Sur les marchés africains, le constat général est que le taux de bancarisation est très faible. Au Burkina Faso, nous avons environ 10% de la population active qui est bancarisée. Comment bancariser les 90% restants ? La Société Générale a longtemps cherché la solution. Aujourd’hui grace à notre partenariat avec Tagpay, nous disposons d’une plate-forme qui permet d’offrir du Mobile Money sans dépendre d’un opérateur de téléphonique mobile.

YUP est une offre de Mobile Money simple, sécurisée et accessible à tous enrichie grâce aux synergies avec les réseaux bancaires. L’ambition de YUP est de démocratiser l’inclusion financière et la rendre accessible à tous.

Notre objectif est d’avoir l’agilité et la proximité des Telco en ayant de nombreux points de transactions, d’avoir la rigueur et la sécurité des banques et d’offrir une expérience et un parcours clients proches de celui des opérateurs de transferts d’argent comme Western Union et Wari.

Par rapport aux opérateurs de téléphonie mobile, avez-vous ciblé des services spécifiques pour vous différencier de cette concurrence ?

Nous proposons l’ensemble des services offerts par les opérateurs de téléphonie mobile. C’est à dire le transfert d’argent, le retrait, le paiement de factures. Mais au-delà nous permettons le paiement mensuel des salaires pour les salariés non bancarisés via le téléphone mobile dans le cadre de partenariats avec un certain nombre d’entreprises clientes ou non de la Société Générale. De plus, en tant que banque, ce que nous savons le mieux faire c’est d’offrir des services financiers, et nous sommes donc en train de développer l’épargne et le crédit, qui vont venir s’ajouter à notre offre. Le tout avec l’ensemble des garanties et la sécurité qu’offre le monde bancaire.

Quel est votre réseau de distribution au Burkina Faso ?

Nous avons lancé Yup au Burkina Faso en mars 2018. Aujourd’hui, nous sommes présents sur l’ensemble du territoire. Nous avons noué des partenariats avec des institutions comme la FAO pour le paiement des aides sociales. Traditionnellement, la FAO donnait des vivres aux populations les plus démunies pour les aider notamment à traverser la période de soudure. Aujourd’hui, la FAO décide d’octroyer ces aides non plus en nature mais en numéraire. Yup est le canal par lequel passe la FAO pour verser ces aides dans la région du Nord et du Centre-Nord du Burkina Faso. Ce sont environ 7 000 personnes qui en bénéficient pour un montant supérieur à FCFA 1 milliard (€1,5 million). Nous avons également un partenariat avec la société d’intrants agricoles Cipam, basée à Bobo-Dioulasso, qui nous permet aujourd’hui de toucher les agriculteurs. Les réseaux de distribution des intrants de Cipam nous aident à distribuer Yup et nous communiquons aussi sur leurs sacs d’engrais. Ainsi, Yup entre dans les ménages des agriculteurs.

Nous avons aussi un réseau d’agents tiers, ceux qui font traditionnellement le transfert d’argent, comme les stations services, les commerces de distribution, les chaînes de boulangeries mais aussi les écoles, les associations de jeunes et de femmes, etc.

Quel est le coût du service pour les utilisateurs de Yup ?

Nous avons choisit de manière stratégique de nous positionner sur des tarifs très abordables et aujourd’hui nous sommes les moins chers du marché. Ce choix est motivé car nous sommes des nouveaux entrants sur le marché mais aussi parce que notre créneau c’est l’inclusion financière ce qui veut dire que nous offrons à tout un chacun la possibilité de se développer grâce à YUP.

Quel est le profil des premiers clients Yup ?

Nous avons 2 profils de clients . Le mass market qui regroupe les jeunes, les étudiants mais aussi les associations de femmes qui passent par YUP pour faire leur tontine et puis les corporates que sont les groupements d’agriculteurs et autres entreprises partenaires de la Société générale a qui nous proposons des services tels que le payement des salaires, le versement/réception de subvention, le règlement de prestations etc…

Des clients donc différents, mais clairement nous allons de plus en plus accentuer notre stratégie vers le monde agricole pour intégrer ses populations dans les services financiers.

Des produits spécifiques sont-ils élaborés pour cette cible ?

Nous ne souhaitons pas concevoir des choses pour les imposer. Au fur et à mesure que l’on pénètre ce monde-là, on identifie avec ces populations leurs besoins. Nous avons une plate-forme très flexible et modulable et donc nous allons développer des produits qui répondent aux besoins spécifiques de ces populations.

Travaillez-vous avec des coopératives ?

Oui, c’est déjà effectif dans notre partenariat avec la Cipam. Nous allons poursuivre notre travail avec les coopératives notamment en adressant les différentes filières – coton, anacarde, sésame, karité, etc. – pour identifier avec elles quelles réponses peut apporter Yup.

Vous avez parlé de paiement de salaire viaYup. Peut-on imaginer, par exemple, que non seulement les salaires de la Sofitex soient payés par Yup, mais aussi l’achat du coton ?

Nous sommes actuellement en négociation avec la Sofitex. Nous sommes déjà en tant que Société Générale, une banque partenaire de la Sofitex. Les propositions ont été faites à deux niveaux. Le premier est de payer les salaires de ses employés temporaires. L’autre niveau, qui va se faire avec la Sofitex mais également l’Union nationale des producteurs de coton burkinabè (UNPCB) est de permettre le paiement de l’achat du coton. Nous allons aussi contacter au-delà de la Cipam, l’association nationale des distributeurs d’intrants pou formaliser un partenariat.

Le monde rural est une cible importante ?

L’ambition c’est l’inclusion financière et c’est l’une des priorités de Société Générale en Afrique.

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