31 octobre 2019 - 14:44 |

Une actualité agricole qui foisonne au Nigeria

L'actualité agricole au Nigeria est  très riche, traitant de la fermeture des frontières, des OGM, de la sortie prochaine du premier site de commerce électronique pour les semences, de l’appel à la jeunesse dans l’agriculture, des conflits entre éleveurs et agriculteurs, ou encore des évènements dans l’Etat de Kano.

La satisfaction des riziculteurs et éleveurs de poulets

La fermeture des frontières a provoqué un séisme dans les échanges entre le Nigéria et ses proches voisins. Ces conséquences ont été longuement commentées. Lundi encore, le gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, sortant d’une réunion avec le président Muhammadu Buhari , soulignait : « Une semaine après la fermeture des frontières, l’association des moulins à riz a appelé pour nous dire qu’elle avait vendu tout le riz dans ses entrepôts et que les associations de la volaille avaient également vendu leurs œufs, leurs poulets transformés et que la demande augmentait ».

Le gouverneur fait remarquer le changement de discours chez les  producteurs de riz et les éleveurs de volailles dans la mesure où leurs profits a considérablement augmenté et que la relance de l’économie du pays est en bonne voie.

Les OGM surveillés à la frontière

L’actualité aux frontières du pays ne s’arrête pas ici. L'Agence nationale de gestion de la biosécurité (NBMA) a signé un protocole d'accord avec l'Agence nationale pour l'administration et le contrôle des aliments (NAFDAC) ainsi que d'autres agences et ministères afin de garantir la sécurité des organismes génétiquement modifiés (OGM) importés dans le pays. En d’autres termes, l’AMNB s'est assurée auprès des différentes administrations du pays que seuls les OGM demandés par l’Agence soient importés au Nigéria.

Rappelons qu'en 2018, le Nigeria approuve officiellement sa première culture de coton modifié génétiquement (Bt). En janvier 2019, le pays a commercialisé une variété de niébé également modifié génétiquement. D’autres cultures tapent à la porte de ce cercle très fermé des OGM au Nigeria. Le maïs résistant à la sécheresse a été en lice en 2016 suite à la demande de Monsanto (actuel Bayer) mais les essais n’ont pas encore commencé. En outre, un permis a été délivré pour un premier essai de soja tolérant aux herbicides encadré par le Service de quarantaine agricole du pays (NAQS). Par ailleurs, le manioc résistant aux virus et amélioré sur le plan nutritionnel (le projet VIRCA Plus) est en cours de réflexion. Le projet vise à produire du manioc résistant à deux maladies : le virus de striure brune du manioc (CBSD), qui détruit les racines comestibles, et la maladie de la mosaïque du manioc (CMD) qui peut retarder ou même tuer les plantes. Ces deux maladies sont propagées par les mouches blanches qui ne peuvent pas être contrôlées par des pesticides. Enfin, les dernières cultures telles que le sorgho bio-fortifié et le riz à l’azote et à l’utilisation efficace de l’eau et tolérante au sel (NEWEST) en sont à différents stades d’essais.

Bientôt l’achat de semences sur internet

Alors que le secteur agricole se dynamise, l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) annonce une nouvelle très intéressante pour les seuls Nigérians. L’institut lancera le 4 novembre prochain au Nigéria, le premier site de commerce électronique de semences de variétés améliorées qui vont pouvoir être disponibles en ligne, commandées dans l’ensemble du pays et être livrées à l’endroit souhaité. Ces semences portent sur les bananes et les plantains, le manioc, le niébé, le maïs, le riz, le soja et l’igname. Il est possible de consulter le site www.iitagoseed.com dès le 1er novembre.

« Avec notre solution de commerce électronique, nous espérons contribuer à éliminer le problème de l'accès aux semences de qualité supérieure, quelle que soit la localisation de nos clients en Afrique […] à des prix abordables », souligne IITA GoSeed. En outre la première plateforme de e-commerce dispose du Tracker Seed Tracker qui est intégré à la plateforme pour la mise à jour en direct des inventaires sur le terrain. Cela permet le suivi en temps réel de la gestion de l'inventaire des graines.

Le Tracker Seed Tracker est une application web intégrée au site web d’IITA GoSeed destiné à montrer les domaines, productions, et champs de la fondation qui assurent à l’agriculteurs qu’il a accès à des semences améliorées.

En outre, ces nouvelles technologies visent la jeunesse, sera-t-elle sensible à un tel intérêt ?

Un programme pour attirer les jeunes chômeurs vers l’agriculture

Le gouverneur de l’Etat d’Ondo, Rotimi Akeredolu, souhaite lutter contre la faim et réduire le taux de chômage des jeunes grâce à la mise en place de programmes visant à les encourager à se lancer dans l'agriculture.

Tout d’abord, une aide financière sera attribuée aux agriculteurs qui ont été touchées par les inondations dans cet Etat. Ensuite, il a chargé l’Agence nationale de gestion des urgence (NEMA) d’aider les riziculteurs dont les exploitations ont été touchées par les inondations et souhaite accorder des prêts à hauteurs de 200 millions de nairas ($ 550 000) dans un programme d'élevage de volaille. Le riz et la volaille de nouveau.

En outre, la culture d’arbre est favorisée grâce à la distribution gratuite de plants de cacao et de palmier à huile aux agriculteurs de l’Etat. Enfin, le gouvernement a commandé à Palm Elite (Cirad – France) 30 000 noix améliorées afin de soutenir la production de palmier à huile des petits agriculteurs. Il est à noter également que les centres agroalimentaires sont en complète rénovation, destinées à la formation de jeunes agriculteurs.

Toutefois, ces conflits entre agriculteurs et éleveurs sont-ils une bonne publicité pour la jeunesse ?

18 fermes auraient été détruites par des éleveurs

La tension est palpable dans l’Etat de Jigawa où les agriculteurs de la région de Miga craignent la migration massive des éleveurs de bétail. En effet, 18 fermes de la région auraient été détruites par les bergers ;  les fermes rizicoles et de maïs de Guinée seraient les plus touchées.

La tension et les inquiétudes montent chez les agriculteurs dont les cultures doivent encore être récoltées.

« Les agriculteurs sont de plus en plus anxieux après la migration massive de bergers vers la région de Miga. Les agriculteurs sont déjà en train de paniquer à cause du devenir de leurs cultures. Les éleveurs ont depuis détruit 18 fermes de riz et de maïs de Guinée », peut-on lire sur Agro Nigeria. Depuis l’annonce, la sécurité dans la région est renforcée, et le gouvernement exhorte les agriculteurs de la région à se tenir à l'écart des zones touchées par les éleveurs.

Serait-il possible d’apaiser ces tensions ? Et bien oui. La paix par le lait.

Création d’un centre de collecte de lait dans l’Etat de Kano

Dans le but d'aider les vendeurs de lait, le gouvernement fédéral a ouvert un mini-centre de collecte de lait dans l’Etat de Kano, dans le village de Tassa. En outre, le ministre de l'Agriculture, Alhaji Muhammed Sabo Nanono, souhaite reproduire ce schéma dans d’autres Etats, comme les villages de Gujungu et Ringim dans l'État de Jigawa par exemple, afin de fournir du lait frais et de qualité dans le pays du lait en poudre.

S'exprimant sur les affrontements entre agriculteurs et éleveurs, le ministre a révélé que le gouvernement fédéral avait décidé de créer des colonies peules, où les éleveurs se regrouperaient. Il a ajouté que cette mesure contribuerait à réduire le fossé entre les éleveurs et les agriculteurs, mais aussi à améliorer la vie des affaires et la vie économique des éleveurs de la région.

Le ministre, qui a également visité le marché boursier de Gezawa, a identifié le besoin d'inspecteurs de la quarantaine et des fruits et légumes, affirmant qu'il s'agissait d'un des problèmes majeurs du marché des exportations. En effet des produits exportables ne peuvent pas traverser la frontière à cause de la falsification et de la mauvaise utilisation d'engrais. On pense instinctivement au haricot sec nigérian qui est interdit dans l’Union européenne.

Mais il y a certains légumes et autres fruits qui ont une bien belle image dans l’Etat de Kano, il s’agit de la tomate.

Les plants de tomates de Dangote commencent à arriver

Et elles arrivent à la pelle ! La ferme Dangote a commencé à livrer les plants de tomates hybrides aux producteurs de l’Etat de Kano. L’entreprise prévoit de distribuer l'équivalent de 6 500 hectares de plants de tomates aux agriculteurs avant la fin de l'année. L’objectif était d’accroitre la production de tomate dans l’Etat afin de satisfaire à la demande de l’usine de transformation.

C’est une information a signaler dans la mesure où mardi a été le premier jour de livraison, qui sera continue et quotidienne pour une superficie de 28 hectares ; 10 000 agriculteurs bénéficieront de ces plants d’ici la fin de l’année, et 100 000 à travers le pays d’ici l’année prochaine. L’usine s’est engagée à acheter tous les plants de tomates à un bon prix (sans le préciser). Les agriculteurs doivent être rassurés, d’autant que la version hybride permet d’obtenir une production 4 à 10 fois supérieure à une production normale. Chaque bénéficiaire de ce projet se verra attribuer une valeur d'un hectare de plants, tandis que les grands agriculteurs recevront de trois à quatre hectares de plants. Il s’agit d’une superbe opportunité pour les agriculteurs de l’Etat de Kano.

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