Raphaël Gallais, PMI Sénégal-BWT : une offre de ré-utilisation de l’eau, très adaptée à l’agriculture

 Raphaël Gallais, PMI Sénégal-BWT : une offre de ré-utilisation de l’eau, très adaptée à l’agriculture
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BWT France, filiale du groupe autrichien Best Water Technology, leaders européens du traitement de l’eau, a annoncé la semaine dernière racheter PMI Sénégal. Fin 2020, BWT était entrée dans son capital à hauteur de 25% puis en avril 2022, 26% supplémentaires. Aujourd’hui, PMI est devenue une filiale à part entière, le montant de la transaction n’ayant pas été dévoilé.

BWT poursuit ainsi sa stratégie d’implantation en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. Etant donné l’importance de l’eau dans le développement agricole et agroindustriel, CommodAfrica a interrogé le directeur des opérations BWT France, Raphaël Gallais, qui est aussi le directeur général PMI Sénégal.

Explication d’un industriel et d’un investisseur dans un segment aussi vital que l’eau alors que les changements climatiques impactent de plein fouet le monde industriel et agricole.

 

Quelle incidence l’achat de l’intégralité du capital de PMI Sénégal par BWT France peut avoir sur l’agro-industrie et l’agriculture au Sénégal, étant donné le rôle vital de l’eau ?

Nous sommes un industriel du traitement de l’eau, c’est-à-dire qu’on n’a pas d’activité liée à l’adduction d’eau, par exemple. Nous ne traitons pas l’eau pour ensuite la distribuer dans des villes ou villages. Nous sommes une société qui prenons une eau de ville, de surface, de forage, et nous la traitons pour lui donner une configuration physico-chimique qui la rende propre à un usage, en l’occurrence, industriel.

On n’a pas attendu d’acquérir PMI pour être actif au Sénégal. Cela fait déjà plus de 30 ans que nous sommes présents dans ce pays à travers une implantation locale qui est PMI. En tant que distributeur à l’époque, nous avions déjà un certain nombre de clients dont certains clients dans l’agroalimentaire.

Pour l’instant, nous sommes actifs sur les eaux de process, c’est-à-dire des eaux qui rentrent dans la composition finale du produit fabriqué par le client. Nous avons relativement peu de prestations à offrir aux marchés de l’agriculture si ce n’est des prestations de filtration ou d’affinage d’eau pour l’élevage par exemple. Mais ceci reste relativement marginal dans notre activité globale. Nous avons un client au Sénégal qui est embouteilleur à qui on fournit des installations pour qu’il affine la qualité de l’eau de forage afin de rendre cette eau propre à être embouteillée et consommée.

L’industrie laitière est une autre application qui, historiquement, traque une bonne partie de notre activité dans l’agroalimentaire. 

Hormis les eaux de process, là où nous intervenons surtout dans l’agroalimentaire, ce sont les eaux d’utilité industrielle qui servent à réchauffer ou a refroidir les process de fabrication de nos clients. Par exemple, dans l’industrie laitière, des procédés thermiques servent à pasteuriser le produit final et, à un moment, cette pasteurisation se fait à base d’eau qu’on appelle surchauffée. Cette eau surchauffée doit être traitée pour pouvoir être portée à une température assez importante et éviter que les minéraux ne se précipitent dans les installations.

Donc nous intervenons au niveau de l’usine, sur des procédés de traitement d’eau.

Avec le développement de l’élevage en Afrique de l’ouest et au Sénégal, voyez-vous l’offre évoluer ou progresser ?

On a vu progresser cette sans qu’elle soit traduite par des opportunités. La raison en est qu’à un moment donné, derrière ces solutions, on doit apporter des services. Les utilisateurs de cette eau n’ont pas, en général, une culture technique d’installation de traitement d’eau. Nous-mêmes avons été limités dans notre développement sur ce segment car nous n’avions pas le personnel pour assurer le service. C’est une des raisons pour lesquelles on a procédé à l’acquisition de PMI qui an une cinquantaine de techniciens sur les 80 personnes qui composent cette entreprise. Ceci nous permettra de déployer une offre beaucoup plus complète que celle qu’on a pu offrir au marché jusqu’à maintenant. L’offre actuelle se limite à la fourniture de matériel, voire à une mise en route de matériel. Avec le personnel qu’on a désormais sur place, nous allons évoluer vers une offre de services à 360° pour nos clients dont ceux dans l’agroalimentaire.

Face au réchauffement climatique, aux besoins en irrigation, etc. envisagez-vous une application ou une utilisation de vos techniques dédiés l’agriculture stricto sensu ?

La problématique du stress hydrique se retrouve dans l’agriculture et dans toutes les industries, en Afrique mais aussi partout ailleurs dans le monde.  La ressource en eau disponible dans les nappes phréatiques se raréfie.

Donc l’offre que nous avons développée est une offre de « re-use », c’est-à-dire la réutilisation de l’eau. Cela consiste à utiliser l’eau, à lui appliquer un certain nombre de procédés de traitement pour la re-cylcer et la ré-utiliser et éviter ainsi de devoir ponctionner de l’eau dans le milieu naturel ou à consommer l’eau qui provient du réseau d’adduction public. Ces applications sont parfaitement adaptées pour les applications en agriculture.

Sur ces segments, des entreprises, notamment israéliennes, sont présentes. Quelle est votre « touche maison » ?

Notre touche maison c’est d’apporter la solution à 360° à nos clients. Car les entreprises, en particulier au Sénégal, sont implantées comme nous nous l’étions historiquement à travers des revendeurs, des agents, des distributeurs mais n’offrent pas une qualité de service durable, pérenne en assistance technique à nos clients. A partir du moment où on des équipes, locales et bien formées, on peut le faire. Ce sera un avantage concurrentiel important pour nous et c’est une grosse valeur ajoutée pour le marché.

Quelle est votre stratégie sur l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique en général ?

On est ailleurs en Afrique tout court ! PMI va nous servir de base arrière à Dakar pour attaquer d’autres marchés limitrophes comme la Côte d‘Ivoire et le Cameroun. Derrière l’acquisition de cette entreprise, nous avons l’ambition de devenir leader en Afrique de l’Ouest en cinq ans.

Ailleurs en Afrique, nous sommes implantés à Casablanca qui drive le business sur toute la partie nord-africaine, et avons une filiale à Johannesburg.

Nous avons aussi en projet de nous implanter n Afrique de l’Est.

En termes de projets et stratégie, l’Afrique est un continent qui nous intéresse beaucoup.

 

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