Caoutchouc et déforestation : attention danger !

 Caoutchouc et déforestation : attention danger !

@ CommodAfrica

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Jusqu’à présent, le caoutchouc était un problème relativement mineur en matière de déforestation, comparé à des produits comme le soja ou l’huile de palme ou encore le cacao pour certains pays africains comme la Côte d’Ivoire. Mais un article paru dans la revue Nature, High-resolution maps show that rubber causes substantial deforestation, montre que la perte de forêt dans les pays d’Asie du Sud-Est (90% de la production mondiale) associée à la production de caoutchouc est plus de deux à trois fois supérieure à ce que suggéraient des recherches antérieures.

Ce sont plus de quatre millions d’hectares de forêt qui auraient été perdus depuis 1993, dont au moins 2 millions d’hectare depuis 2000. L’article montre également qu’un million d’hectares de plantation d’hévéas sont établis dans les zones clés pour la biodiversité. Les plus grandes pertes de forêts se sont produites en Indonésie, en Thaïlande et en Malaisie, selon l’étude. Mais au Cambodge, plus de 40 % des plantations d’hévéas étaient associées à la déforestation, dont 19 % dans des zones clés pour la biodiversité.

Pourquoi les chercheurs sont-ils parvenus à une telle conclusion ? Tout d’abord, la signature spectrale des plantations d’hévéas est similaire à celle de la forêt, ce qui rend difficile l’identification depuis l’espace de la conversion d’une forêt naturelle en plantations d’hévéas. D’autre part, la culture du caoutchouc est largement pratiquée par des petits exploitants – environ 85% de la production mondiale – dans des parcelles dispersées avec une superficie souvent inférieure à 5 hectares les rendant autrefois difficiles à repérer en imagerie.

Ces biais qui contribuaient à sous-estimer la déforestation liée à la culture du caoutchouc ont été levés avec l’utilisation de données satellitaires pour produire des cartes à haute résolution de la perte des forêts due au caoutchouc en Asie du Sud-Est.

Les scientifiques ne souhaitent pas pour autant que le caoutchouc soit diabolisé mais ils estiment qu’il mérite plus d’attention dans la politique intérieure, dans les accords commerciaux et dans les futures législations sur le devoir de diligence. Rappelons que le caoutchouc a été ajouté à la loi européenne sur la déforestation importée qui entrera en vigueur fin 2024 et obligera les importateurs à fournir des informations prouvant que les produits ne proviennent pas de terres déboisées après 2020.

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