Chocolat & cacao : le consommateur sifflerait la fin des super profits des multinationales

 Chocolat & cacao : le consommateur sifflerait la fin des super profits des multinationales
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Les multinationales du chocolat seront confrontées à des conditions commerciales plus difficiles au cours de l’année prochaine car les consommateurs en Europe et en Amérique du Nord commencent à réduire la quantité de chocolat qu’ils achètent alors que les multinationales tentent de continuer à répercuter la flambée des prix du cacao sur eux. Vendredi, sur le marché à terme de Londres, les cours du cacao ont encore touché leur plus haut niveau depuis 46 ans et ceux du sucre sont aussi très élevés.

D’ores et déjà, les prix au détail du chocolat et confiseries ont augmenté en Europe et aux États-Unis de 13 % et 20 % respectivement au cours des deux dernières années, selon des données extraites par Reuters des études de marché de Nielsen IQ, période durant laquelle l’industrie a enregistré des bénéfices exceptionnels. “L’augmentation du sucre et du cacao en particulier est importante”, a déclaré en juillet, le directeur financier de Mondelez, Luca Zaramella, qui avait estimé que le prix du cacao avait augmenté de plus de 30% ces 12 derniers mois, voire plus. En réponse, la société a déclaré qu’elle veillait à une couverture significative et qu’elle continuait à stimuler la productivité.

Rien d’étonnant, alors, qu’aujourd’hui, le consommateur cherche davantage « la bonne affaire », a déclaré le mois dernier Dirk Van de Put, PDG de Mondelez, qui s’attend à ce que l’inflation du cacao et du sucre se poursuive, rappelle Reuters.

Dans ce contexte inflationniste, les multinationales se portent bien. Le mois dernier, Mondelez a relevé ses prévisions de croissance annuelle de ses revenus et Hershey ses prévisions de bénéfices.

De leur côté, après plus de deux ans de hausse des prix, les détaillants réagissent, selon les analystes, ce qui entraîne une bataille qui met en péril les marges et la rentabilité des industriels du chocolat. L’une de ces batailles a conduit Mondelez à retirer les barres Cadbury et Milka des rayons de la chaîne de supermarchés belge Colruyt après avoir échoué à s’entendre sur les prix, souligne Reuters. Le différend a ensuite été réglé.

Signe des temps, la croissance du volume des ventes de chocolat de Mondelez s’est considérablement affaiblie cette année, passant de 14,8 % sur les 4 semaines précédant le 25 février par rapport à l’année précédente à 3,2 % sur les 4 semaines précédant le 15 juillet. Ceci dit,  l’entreprise a maintenu ses hausses de prix au cours de l’année. Chez Hershey, les volumes de ventes auraient diminué au fur et à mesure que la multinationale augmentait ses prix.

Nous constatons que les consommateurs commencent à réagir plus qu’avant, je serais très prudent face aux augmentations de prix”, a déclaré Dan Sadler, expert en confiseries chez l’analyste américain des marchés IRI.

Le suisse Barry Callebaut, le plus grand chocolatier mondial fournissant la plupart des grandes marques, ne s’attend pas à une croissance de ses volumes de ventes cette année, après une chute de 2,7 % de fin octobre au 31 mai. En revanche, le chocolat des marques distributeurs ou de marques discount continue de gagner des parts de marché. Aux États-Unis, les volumes de ventes de marques de distributeur ont augmenté de près de 9 % au cours de l’année jusqu’à la mi-juin, malgré des hausses de prix proches de deux chiffres, selon les données de l’IRI analysés par Reuters.

L’américain Hershey envisage de ralentir son rythme de hausse des prix, notamment en misant sur l’automatisation de ses chaines de fabrication pour maintenir ses coûts de production à un niveau bas, a-t-il déclaré. Ses hausses de prix déjà annoncées pour le reste de l’année 2023 seraient encore élevées mais celles pour l’année prochaine seraient « dans la fourchette basse », a déclaré la PDG Michele Buck en juillet.

Une filière qui risque d’être encore sous pression l’année prochaine en termes de prix et de coûts en raison du phénomène climatique El Nino en Afrique de l’Ouest et du manque de producteurs alternatifs capables d’augmenter rapidement leur production, indique Rabobank.

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