L’huile de coque de noix de cajou alliée de la transition énergétique en Afrique

 L’huile de coque de noix de cajou alliée de la transition énergétique en Afrique

@ Nitidae

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Le marché  de l’huile de coque de noix de cajou ou encore CNSL (Cashew Nut Shell Liquid) est encore embryonnaire en Afrique mais le potentiel de développement et de valorisation est bien réel tant comme matière première pour l’industrie de la chimie que comme biocombustible. Tour d’horizon avec Julia Artigas Sancho, chargée de projet énergie à Nitidae, et Simon Villard de Funteni. Ils animeront un panel l’économie circulaire dans la transformation de l’anacarde, le cas de la valorisation des coques en CNSL lundi 2 octobre à 14H00 sur le pavillon des Pays-Bas au Salon de l’agriculture et des ressources animales (SARA) d’Abidjan en Côte d’Ivoire.

L’Afrique, en particulier l’Afrique de l’Ouest et la Côte d’Ivoire, regorge de noix de cajou représentant environ les 2/3 de la production mondiale. Une matière première disponible en abondance, qui depuis quelques années est de plus en plus valorisée en amande, même si la majorité des noix est encore exportée brutes. Ces quatre dernières années, la Côte d’Ivoire a multiplié par quatre sa transformation de noix de cajou en amande et est récemment devenue le deuxième exportateur mondial d’amande de cajou (Lire : Amande de cajou : la Côte d’Ivoire se hisse à la 2ème place mondiale des exportateurs). Qui dit transformation, dit coques, qui représentent 70% des noix.

Ces coques étaient jusqu’à récemment pour partie brulées pour les besoins thermiques des usines, de l’ordre de 10 à 15%, et pour une autre rejetées, soit plus de 150 000 tonnes en 2022 pour la Côte d’Ivoire. Outre les aspects environnementaux et sociaux négatifs, ces coques représentent une opportunité de compétitivité et de profit pour les transformateurs, car elles contiennent environ 30% d’huile ou CNSL obtenue par presse mécanique. Le CNSL est un substitut du pétrole, utilisée come matière première dans l’industrie de la chimie – vernis, résine, polymère, embrayage, etc. – et comme biocombustible.

Le signal prix

Disponibles en grandes quantités aux portes des usines de transformation – de 7 000 tonnes par an jusqu’à 35 000 tonnes pour certaines usines – les coques sont depuis l’année dernière en partie valorisées. Actuellement quatre usines de transformation ivoiriennes – Dorado Ivoire, Denia Ivoire, Ivory Nuts et Novarea- produisent du CNSL pour l’exportation, environ 5 000 tonnes sont expédiées en Europe.

Depuis deux ans,  les prix du CNSL se sont envolés sur le marché international, ce qui a incité les usines de transformation ivoiriennes à investir ce nouveau marché. Car contrairement à l’Asie, le plus important producteur mondial de CNSL, où les transformateurs, se concentrent sur la production d’amandes et vendent leurs coques à des usines de traitement de la coque, en Côte d’ivoire, c’est le transformateur qui doit investir. Les prix FOB Abidjan se situent actuellement à $450 la tonne contre $250-$300 auparavant. « Actuellement le CNSL se vend au prix fort car il lié au cours du pétrole mais aussi il est de plus en plus considéré comme un biocombustible », souligne Julia Artigas Sancho. Une demande soutenue par l’Union européenne (UE), et dans une moindre mesure les Etats-Unis, qui se rue vers les énergies de substitution, dont le CNSL, pour se passer de la Russie et pour accélérer la transition énergétique. Ainsi, les importations de l’UE de CNSL sont passées d’une moyenne de 10 000 tonnes par an avant 2020 à 40 000 tonnes en 2021 et 100 000 tonnes en 2022.

Un marché donc porteur pour les pays africains, et intéressant pour les usines de transformation qui gagnent entre 3 et 5% du coût de revient de leur noix. Mais pour Julia Artigas Sancho, le CNSL pourrait être une manière d’aider l’Afrique à atteindre aussi ses objectifs d’énergies renouvelables et une opportunité pour les producteurs locaux de CNSL de le vendre localement aux d’industriels comme combustibles.

 

 

 

 

 

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