Sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne, le poids de la démographie

 Sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne, le poids de la démographie

@OCDE-FAO

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Dans un contexte d’incertitudes croissantes générées par les tensions géopolitiques, le changement climatique, la volatilité des prix et des contraintes plus grandes en matière d’environnement et de durabilité, les perspectives agricoles de l’Afrique subsaharienne (ASS) sur la prochaine décennie seront encore marquées, en dépit d’une hausse substantielle de la production, par une dégradation de l’autosuffisance alimentaire et une hausse des importations des principaux produits alimentaires. Par rapport aux autres régions du monde, l’ASS a une dynamique bien spécifique, en raison de son taux de croissance démographique soutenu mais aussi de la faiblesse de ses revenus, comme le montre les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2023-2032 qui recensent les principales évolutions mondiales en matière de production, de consommation et de commerce.

Doublement des rendements en ASS

Des progrès très significatifs devraient se réaliser lors de la prochaine décennie en ASS avec un changement de taille, la diminution de l’expansion des superficies comme moyen pour accroître la production agricole. En effet, l’OCDE et la FAO anticipent que la croissance des rendements devrait presque doubler pour atteindre 16 % au cours de la prochaine décennie, contre 8 % au cours de la précédente. Un rythme plus élevé que dans les autres parties du monde mais partant d’un niveau souvent inférieur à la moitié de la moyenne mondiale. « Les investissements dans des variétés de cultures adaptées et améliorées au niveau local, l’accès accru aux engrais, mais aussi la consolidation des titres de propriété́ foncière permettant une agriculture mécanisée à plus grande échelle stimuleront la croissance de la production agricole » affirme le rapport.

Au cours des 10 prochaines années, la production végétale, animale, halieutique et aquacole en Afrique sub-saharienne devrait croître de 24% en valeur ajoutée nette. Une progression qui viendra essentiellement de la production végétale, qui représentera plus de 70% de la valeur agricole totale en 2032. Une hausse de la production vivrière consécutive à la fois de l’intensification des pratiques, de gains de productivité́ et de modifications apportées au panachage des cultures.  Les superficies n’augmenteront que de 7% en faveur des racines et tubercules, du maïs, riz, des légumineuses et céréales secondaires. Ce qui veut dire que le taux d’extension des superficies cultivées sera divisé par deux par rapport à celui de la décennie précédente.

La valeur nette de la production de l’élevage devrait croître de 27 % dans les dix prochaines années. Une grande partie de cette croissance sera due au secteur laitier, qui gagnera 10 millions de tonnes (Mt) supplémentaires d’ici 2032 alors que celui de la viande progressera de presque 3 Mt. Une croissance qui sera essentiellement tirée par l’agrandissement du cheptel. La croissance de la production halieutique et aquacole sera plus faible de l’ordre de 8,7%.

Conséquence de la hausse de la production, d’ici 2032, l’Afrique subsaharienne connaitra la plus forte croissance des émissions directes de gaz à effet de serre (GES) par an (1,7 %), représentant 16 % des émissions directes mondiales de GES dues à l’agriculture, mais seulement 7 % de la production végétale et animale.

Donc une nette progression de la production agricole mais le rythme de hausse annuel ne sera que de 2,2% par an et donc inférieure à la croissance démographique. Ainsi, la tendance observée depuis 2015 se confirma sur les dix prochaines années avec une baisse de la valeur de la production par habitant.

Creusement du déficit commercial pour les principaux produits alimentaires

En dépit de la hausse de la production agricole au sens large dans les prochaines années, sa croissance restera insuffisante pour répondre aux besoins d’une population croissante, la dépendance aux importations sera donc plus grande lors de la prochaine décennie. Les importations de produits alimentaires, principalement de maïs, riz, blé et soja, devraient atteindre $82 milliards en 2032, soit 44% de plus qu’en 2020-22.

En parallèle, les exportations de ces mêmes produits progresseront mais moins vite, de 18%. Ainsi, le déficit commercial de la région devrait se creuser d’encore de 77 % entre 2022 et 2032.

Si la part du revenu disponible des ménages consacrée à l’alimentation devait continuer à décroître dans toutes les régions du monde, elle resterait la plus élevée en ASS, représentant en moyenne 18% des dépenses en 2032 mais beaucoup plus dans les pays les moins avancés ce qui rendra vulnérables les ménages aux chocs des revenus et des prix alimentaires dans les pays les plus touchés par l’insécurité́ alimentaire. Toutefois, l’OCDE et la FAO anticipent une légère baisse tendancielle des prix agricoles réels durant la prochaine décennie.

 

Principaux indicateurs de l’Afrique subsaharienne

Source : Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2023-2032
Source : Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2023-203

 

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