Parole d’expert – Edward George

Edward George,

directeur de Recherche à Ecobank et directeur d'Ecobank UK

Brexit, une opportunité pour le Royaume Uni en Afrique

Le 'Brexit' voté par référendum le 23 juin dernier au Royaume Uni pourrait offrir une opportunité considérable aux Britanniques d'accroître leur business dans les pays anglophones africains, mais aussi dans les pays francophones, à l'instar de la Côte d'Ivoire ou encore du Sénégal, deux économies parmi les plus intéressantes d'Afrique actuellement.

Car l'idée sous-jacente au Brexit est bien de moins investir en Europe et de faire plus avec d'autres partenaires, notamment au travers d'accords commerciaux. Il est d'ailleurs assez curieux que l'Union européenne (UE) n'ait toujours pas conclu d'accords bilatéraux avec la Chine, l'Inde, les Etats-Unis, l'Australie le Canada ou encore la Nouvelle Zélande. Il est donc clair que le Royaume Uni pourrait négocier quelque chose avec ces pays. Et ces pays pourraient être très intéressés car si le Royaume Uni ne représente que 3% du PIB mondial, 40% des échanges commerciaux mondiaux se réalisent à Londres, que ce soit les transactions sur les devises, sur le Brent ou sur le cacao. 

Dynamiser les échanges et les IDE

S'agissant de l'Afrique, les opportunités données par le Brexit sont considérables. Actuellement, 3% seulement des investissements directs étrangers (IDE) totaux des entreprises britanniques vont vers l'Afrique, les entreprises s'étant concentrées sur l'UE qui captent 54% de leurs IDE. En 2014, le Royaume Uni était au dixième rang des investisseurs en Afrique, avec $ 2,6 milliards d'IDE, soit un septième des flux provenant de France.

Parallèlement, le Royaume Uni ne représente que 3% du commerce extérieur de l'Afrique soit la moitié des échanges de l'Afrique avec la France et un septième avec le reste de l'UE. La faiblesse du commerce Royaume Uni-Afrique s'explique par les années passées à développer le commerce Royaume Uni-UE qui représente aujourd'hui 45% des exportations britanniques.

Il est donc vital pour Londres de travailler ces prochaines années à développer ses relations commerciales et ses accords commerciaux avec l'Afrique. Des opportunités vont émerger, notamment dans les technologies financières, la pharmacie, la machinerie et l'ingénierie. Le Royaume Uni pourrait également largement accroître son aide financière vers le continent.

Négocier des accords bilatéraux

La clé pour transformer les flux commerciaux et d'IDE est de négocier des accords bilatéraux. Dans un premier temps, ce devrait être avec les partenaires traditionnels du Royaume Uni , comme l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, le Ghana. Puis, il s'agit de négocier avec des pays qui montent en puissance, comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal.

Des accords taillés sur mesure et non les accords de partenariat économique (APE) types que l'UE propose aux régions africaines. Le Royaume Uni maintenant débarrassé des contraintes de la Politique agricole commune (PAC) peut se montrer également plus ouverte aux importations de produits agricoles africains. Des accords commerciaux bilatéraux qui, cependant, ne pourront être négociés qu'après le départ officiel et négocié du Royaume Uni de l'UE, donc au plus tôt dans 2 ans.

Parallèlement, les 18 pays africains membres du Commonwealth et le Commonwealth de façon globale sont amenés à jouer un rôle plus important dans ce nouveau cadre commercial international liant Londres au reste du monde.