La Chronique Matières premières agricoles au 31 janvier 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 31 janvier 2019
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On attend aujourd’hui le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis, mais d’ores et déjà les clignotants sont à l’orange en terme d’économie mondiale. La croissance de l’activité manufacturière dans la zone euro a été quasi nulle en janvier et les nouvelles commandes ont subi leur plus forte baisse depuis près de six ans, selon l’enquête de IHS Markit. En Allemagne, l’activité du secteur manufacturier s’est contractée pour la première fois en plus de quatre ans en janvier. L’indice PMI italien a pour sa part accusé sa plus forte baisse mensuelle depuis 2013, alors que le pays est techniquement entré en récession économique. Même le géant du commerce en ligne Amazon devrait enregistrer un chiffre d’affaires au premier trimestre inférieur aux attentes des analystes. L’euro est retombée hier soir sous 1,1440 dollar tandis que le baril de Brent de la mer du Nord est aux alentours des $ 60 et celui du brut léger américain vers les $ 53..

CACAO

Pas une bonne semaine pour le cacao et, d’ailleurs, pas un bon mois. Partie de £ 1 623 à Londres à la clôture lundi, la tonne de fèves a terminé hier soir à £ 1 589, tandis qu’à New York elle passait de $ 2284 (ayant même touché $ 2 336 en cours de séance lundi) à $ 2 168 hier.

En janvier, la valeur de la fève a dégringolé de 10% faisant du cacao un des plus mauvais performers des matières premières sur le mois. En effet, malgré le ralentissement depuis la fin décembre des arrivages de ports en Côte d’Ivoire, le marché s’attend à une récolte record cette campagne.

Actuellement, chez le n°1 mondial de la fève, la pluviométrie est en dessous de la moyenne mais les sols sont bien humides, ce qui est de bon augure pour le développement de la récolte intermédiaire qui court d’avril à septembre. C’est toujours la saison sèche en Afrique de l’Ouest, qui dure de novembre à fin février. Les planteurs constatent que les cacaoyers ont beaucoup de fleurs et de petites cabosses, avec un bon feuillage vert et de nouvelles feuilles. Tout se développe bien.

En outre, la situation côté opérateurs s’apaise avec l’octroi, mardi, par le Conseil du café-cacao (CCC) ivoirien d’une licence d’exportation à la Société agricole du café-cacao (SACC) qui a acheté la semaine dernière les avoirs de SAF-Cacao. Une opération d’un coût de FCFA 165 milliards ($ 289 millions), dont FCFA 15 milliards pour l’entreprise en tant que telle et FCFA 150 milliards pour rembourser les dettes sur une période de 10 ans après une décote qu’il reste encore à finaliser avec les autorités et les banques (lire nos informations). Avant sa liquidation, SAF-Cacao achetait environ 200 000 t de fèves par an.

Selon les données provisoires portuaires, la Côte d’Ivoire a exporté 458 060 t de cacao entre le 1er octobre et le 31 décembre, en hausse de 14% par rapport à la même période en 2017. Quant aux produits semi-finis (poudre, beurre et chocolat), les volumes sont en hausse de seulement 1,1%, à 114 386 t.

Les exportateurs estiment à 1,31 Mt les arrivages de cacao aux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre et le 27 janvier, en hausse de 9% environ par rapport à la même période la campagne dernière (1,2 Mt).

Quant au Ghana, sur 2018, les recettes d’exportation de cacao ont totalisé $ 2 milliards contre $ 2,6 milliards en 2017, soit une baisse de 19,6%, selon les chiffres de la banque centrale du Ghana.

Côté entreprise, le leader suisse de produits chocolat Barry Callebaut a conclu le rachat de la société russe Inforum. L’opération permet au groupe zurichois de renforcer ses capacités de production sur le deuxième marché mondial de confiserie de chocolat, lequel affiche une vigoureuse croissance,  indique Barry Callebaut dans un communiqué  publiéaujourd’hui. Fondé en 1989 par quatre entrepreneurs, Inforum s’est fait une place sur le marché russe en commençant à vendre des produits à base de cacao. L’entreprise, qui dispose d’un site de production à Kasimov, à 285 km au sud-est de Moscou, fournit du chocolat, des enrobages et des produits de fourrage à ses clients commerciaux, des marques de chocolat russes grand public bien connues.

CAFÉ

Le café se redresse en ce début d’année. L’Arabica et le Robusta ont gagné quelques points depuis lundi : parti de $ 1,0265 la livre (lb) et $ 1 508 la tonne respectivement, le premier a terminé hier soir à $ 1,059 et le second à $ 1 551. Sur le mois de janvier, l’Arabica aura grimpé de 4% et le Robusta de 3%.

Une hausse ces derniers jours qui est liée à la fermeté du réal brésilien, ce qui renchérit à l’export le café brésilien et donc limite les volumes mis sur le marché mondial ce qui, à son tour, fait grimper les cours. A ce facteur monétaire se greffent des considérations météorologiques, en l’occurrence un temps très sec au Brésil, mais dont l’impact est atténué par l’annonce de pluies ces prochains jours.

Les festivités prévues au Vietnam la semaine prochaine, en raison du Nouvel An Lunaire, vont faire baisser les volumes de café que le n°1 mondial du Robusta mettra sur le marché mondial, ce qui soutient les cours mondiaux de cette variété de café. Jeudi, les caféiculteurs dans les Central Highlands ont vendu leur kilo de café à 32400-33600 dongs ($ 1,41-1,46) contre 32600-33800 dongs la semaine dernière. Les négociants l’ont offert à l’export avec une décote de $ 50 la tonne sur le marché à terme de Londres pour du Robusta Grade 2, 5% brisures et grains noirs.

Notons que dans cette région des Central Highlands, la ceinture caféière du Vietnam, les planteurs ont déjà vendu à peu près la moitié de leur récolte, estiment les traders interrogés par Reuters. Selon les statistiques gouvernementales, les exportations auraient baissé de 19,1% en janvier par rapport à il y a un an, à 175 000 tonnes (t). C’est donc en-deçà des 200 000 t que les traders avaient estimées la semaine dernière. On estime que les recettes d’exportations du café sur ce même mois de janvier chuteraient de 27,2% par rapport à janvier 2018, à $ 305 millions.

Côté Indonésie, il n’y a quasiment plus de café dans les entrepôts depuis déjà plusieurs semaines et il faut attendre le mois de mars pour que les ventes reprennent. Les exportations de Robusta de la province de Lampung à Sumatra n’ont été que de 6 134 t en janvier, soit 84% de plus qu’en janvier 2018, mais 26% de moins qu’en décembre.

En Côte d’Ivoire, les exportations de café ont totalisé 76 539 t sur l’année calendaire 2018, en hausse de 92,3% par rapport à 2017 (39 802 t), selon les données provisoires portuaires.

En Amérique centrale, la forte chute des cours mondiaux ne devrait pas permettre au Honduras -n°1 du café de cette région, star du redressement après l’hécatombe de la production lorsque la maladie de la rouille avait sévi- d’atteindre ses prévisions pour la campagne 2018/19 (octobre/septembre). En effet, soit les producteurs se sont détournés de la caféiculture, pas assez rémunératrice, soit ils ont exporté frauduleusement leurs grains. Ainsi, les exportations devraient chuter de 11,5% par rapport aux prévisions initiales, a expliqué à Reuters Omar Funez de l’Institut du café, Ihcafé. La récolte est maintenant estimée entre 7,2 et 7,6 Ms contre les 8,1 Ms attendus à l’origine. Depuis le démarrage de la campagne, les exportations ont baissé de 22% par rapport à la même période l’année dernière.

CAOUTCHOUC

Alors que le marché du caoutchouc a enregistré une perte hebdomadaire de 1,8%, les cours sont à nouveau en baisse cette semaine avec une clôture jeudi à 177,8 yens ($1,63) contre 182,8 yens vendredi dernier. Même tendance sur le marché de Shanghai à 11 330 yuans ($1690,53) jeudi contre 11 610 yuans vendredi dernier. La faiblesse des fondamentaux du caoutchouc et le ralentissement de l’économie mondiale pèsent sur les prix tandis que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont démarré mercredi.

Sur les onze premiers mois de l’année 2018, la demande mondiale de caoutchouc naturel a cru de 5% pour atteindre 12,852 millions de tonnes (Mt) contre 12 243 Mt sur la même période en 2017 selon l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC). Quant à la production, elle a progressé de 5,4% à 12, 816 Mt. L’ANRPC estime que le marché en novembre a été volatil en raison de facteurs externes tels que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, la hausse des taux d’intérêt de 25 points de base et le développement des marchés à terme régionaux du caoutchouc tandis que le marché du pétrole a été baissier pour clôturer autour de $ 60 le baril.

La Chine a lancé lundi des options sur le caoutchouc naturel, augmentant les outils dérivés disponibles pour faire face à la volatilité des prix et aux risques (voir La Chine veut mieux se protéger contre les fluctuations du caoutchouc, coton et maïs).

La Côte d’Ivoire, qui a lancé la campagne de récolte de l’hévéa 2019 la semaine dernière avec un prix fixé à FCFA 252 le kilo, a exporté 709 816 tonnes de caoutchouc en 2018, en hausse de 1,6% par rapport à 2017 (voir nos informations). 

COTON

Stabilité sur le marché du coton qui a terminé jeudi à 74,4 cents la libre contre 74,13 cents la livre vendredi dernier. Les investisseurs sont dans l’attente des résultats des négociations en cours entre la Chine et les Etats-Unis. Avec la fin du shutdown, les premières statistiques du départements américain de l’Agriculture (USDA) sont tombées hier avec les chiffres des exportations américaines de coton au 20 décembre ; le rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiale des produits agricoles (WASDE) est attendu pour le 8 février. L’Asie entrera la semaine prochaine dans une période de vacances avec un net ralentissement de l’activité.

La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis a permis au Brésil de sortir du lot et quelque soit l’issue des négociations, le pays sud-américain pourrait conserver cette position et ainsi remettre en cause la suprématie du coton américain a estimé Joe Nicosia, responsable de la plateforme cotonnière de Louis Dreyfus Co, lors d’une réunion du Conseil des marchés de produits de base à Miami.  Même si un accord est conclu, il pourrait y avoir des changements permanents dans la chaîne d’approvisionnement, le Brésil ayant saisi cette opportunité pour renforcer sa position en augmentant la production et en investissant dans les infrastructures, a déclaré Joe Nicosia. « Ce que nous avons fait aux États-Unis, c’est créer un concurrent de longue date, et nous l’avons présentés à la Chine pour prendre notre propre place » ajoutant « Cela ne disparaîtra pas. Cela ne devrait pas disparaître pour les années à venir ». Néanmoins, les Chinois n’ont pas encore totalement quitté les marchés américains. Bien que les ventes à court terme se soient taries et que certaines cargaisons aient été annulées, les ventes de l’année suivante se portent bien.

Cotton Outlook dans ses prévisions pour le mois de janvier a revu à la baisse la production mondiale de coton en 2018/19 (-260 000 tonnes) imputable surtout à l’Inde, et dans une moindre mesure à la Turquie et à la Chine. Du côté de la consommation mondiale, elle est également diminuée (-260 000 tonnes) essentiellement en provenance de l’Inde. Ainsi la réduction des stocks de clôture est moindre.

La Chine a lancé lundi des options sur le coton, augmentant les outils dérivés disponibles pour faire face à la volatilité des prix et aux risques (voir La Chine veut mieux se protéger contre les fluctuations du caoutchouc, coton et maïs).

La Côte d’Ivoire a exporté 366 871 tonnes de coton en 2018, en hausse de 13% par rapport à 2017.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a maintenu son élan cette semaine avec une clôture jeudi à 2 299 ringgits ($561,55) la tonne contre 2 294 ringgits la tonne vendredi dernier où une hausse hebdomadaire de 3% avait été enregistrée. La force du ringgit a toutefois limité les gains. Les marchés malaisiens sont fermés vendredi et le seront les 5 et 6 février pour les célébrations du nouvel an lunaire.

Si les chiffres des exportations malaisienne d’huile de palme étaient inférieurs aux attentes du marché, elles progressent tout de même  en janvier de  14,7% pour Intertek Testing Services et de 15,5% pour AmSpec Agri Malaysia.

L’Indonésie a l’intention de contester la directive européenne sur les énergies renouvelables – RED II – au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) estimant que le plan visant à limiter l’utilisation de cultures qui causent de la déforestation ciblait injustement l’huile de palme, selon une déclaration d’un haut responsable au ministère des Affaires étrangères, Mahendra Siregar. L’UE, deuxième marché de l’Indonésie, a importé environ 15% des exportations totales d’huile de palme indonésienne en 2018 pour une  valeur de plus de $15 milliards.

En Russie, les importations d’huile de palme de janvier à novembre 2018 ont grimpé de 24,1% par rapport à la même période en 2017 pour atteindre 946 000 tonnes. Quant aux importations de tournesol, de carthame ou de coton, elles ont progressé de 13,1% à  24 900 tonnes au cours de la période considérée et celles d’huile de noix de coco de palmiste ou de babassu de 6,6% à 68 900 tonnes.

Côté entreprise, Sime Darby Plantation Bhd et l’autorité de consolidation et de réhabilitation des terres du Sarawak (Sarawak Land Consolidation and Rehabilitation Authority / Salcra) ont signé un protocole d’accord sur un cadre de collaboration visant à établir une coopération commerciale synergique le long de la chaîne de valeur de l’huile de palme. La collaboration vise notamment à élever les normes de l’industrie de l’huile de palme du Sarawak en termes d’efficacité opérationnelle et de productivité grâce aux meilleures pratiques agronomiques.

RIZ

L’Inde et la Thaïlande, principaux exportateurs de riz en Asie, ont enregistré une activité modérée cette semaine et les prix sont stables, tandis qu’ils progressent au Vietnam.  

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant entre $390-$402 la tonne. « Actuellement, le baht fort est le principal facteur influant sur les prix, mais cela ne nous a pas aidés à vendre du riz », a déclaré un négociant basé à Bangkok. Le baht a gagné près de 3,4% par rapport au dollar depuis le début de l’année.

Alors que la demande n’a pratiquement pas changé, l’offre devrait bondir le mois prochain.

Les exportations de riz de la Thaïlande devraient chuter de 14% en 2019, à 9,5 millions de tonnes (Mt), une monnaie plus forte rendant les expéditions plus chères pour les acheteurs étrangers, a estimé mercredi l’association des exportateurs de riz du pays. Le deuxième exportateur mondial de riz a expédié 11 Mt l’an dernier, mais la demande des acheteurs étrangers a ralenti au cours des derniers mois, à la suite du renforcement du baht thaïlandais. Les producteurs thaïlandais sont également confrontés à une concurrence accrue de l’Inde, premier exportateur mondial de riz, et du Vietnam a déclaré Chookiat Ophaswongse, président d’honneur de l’association, lors d’une conférence de presse. « Notre compétitivité est plus faible, mais notre production reste la même », a déclaré Chookiat, soulignant l’amélioration de la qualité au Vietnam. Il a exhorté le gouvernement à se préoccuper de l’appréciation et de la volatilité du baht. « Nos concurrents se renforcent alors que nous régressons … Cela empire chaque année tant que nous n’avons pas de stratégie à long terme pour non seulement le riz, mais également les autres produits agricoles” a-t-il conclu.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont également restés inchangés, se situant entre $381-$386 la tonne, en raison d’une demande stagnante.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont progressé à $350 la tonne contre $340 la tonne la semaine dernière, mais le commerce est calme tandis que se profile la semaine prochaine  les vacances du Nouvel An lunaire. Les exportations de riz vietnamien en janvier ont probablement diminué de 18,5% par rapport à l’année dernière, selon les données gouvernementales.

SUCRE

Une dernière semaine de janvier en demi-teinte pour le sucre, le roux ayant terminé hier soir à New York à 12,73 cents la livre (lb), parti lundi soir de 12,79 cents, tandis que le blanc clôturait à $ 341,30 la tonne contre $ 345,8 lundi soir.

Dans sa première prévisions pour la campagne 2019/20 rendue publique aujourd’hui , le spécialiste australien des matières premières Green Pool estime que le marché mondial sera déficitaire de 1,36 Mt. Ce déficit serait essentiellement du à une baisse de production en Thaïlande, au Pakistan et en Inde. Dans ce dernier pays, il attend une production de 29,5 Mt en 2019/20 contre 33,5 Mt en 2018/19, en légère baisse par rapport aux 34,1 Mt attendues initialement. Au Brésil, la production dans la région du centre-sud serait de 29,6 Mt en 2019/20 contre 26,6 Mt en 2018/19. Toutefois, un temps beaucoup plus sec que de coutume en décembre et janvier pourrait conduire à revoir encore ces chiffres.

Green Pool a également révisé à la baisse ses estimations d’excédent mondial en 2018/19 qui ne seraient plus que de 2,64 Mt et non de 3,6 Mt comme il l’avait initialement anticipé. Quant à 2017/18, l’excédent était de 19,6 Mt.

Pour Green Pool, il est inhabituel que le marché mondial revienne à une situation déficitaire après seulement deux campagnes excédentaires, mais les prix sont tombés si bas, se situant en dessous des coûts de production, que l’impact a été massif.

Côté industrie, le n°1 du sucre en Europe, l’allemand Suedzucker a annoncé hier fermer deux unités en Allemagne, à Brottewitz et Warburg, ce qui représente un total d’environ 200 000 tonnes par an.

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