La Chronique Matières premières agricoles au 30 septembre 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 30  septembre 2021
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Le mois de septembre se solde par une baisse de 3% pour la plupart des grands indices boursiers que ce soit le S&P 500 après sept mois consécutifs de progression, le Stoxx 600 en baisse mensuelle de 3,41% (la première depuis janvier) ou encore le CAC 40 avec un repli de 2,4%. Le mois qui s’achève aura aussi été dominé par la perspective d’un resserrement des politiques monétaires des grandes banques centrales, les tensions inflationnistes, les inquiétudes suscitées par le groupe chinois Evergrande et le risque d’un “shutdown”, une fermeture des administrations fédérales américaines faute de crédit, qui perturbe les discussions sur le plan Biden pour les infrastructures, résume Reuters.

Même en Chine, l’activité du secteur manufacturier s’est contractée en septembre, selon une enquête officielle auprès des directeurs d’achats.

Côté monétaire, l’euro a terminé à $ 1,1575 après être tombé en cours de séance hier à 1,156, son plus bas niveau depuis juillet 2020.

Côté pétrole, il a baissé hier après l’annonce d’une hausse des stocks la semaine dernière aux Etats-Unis. Le Brent a terminé à $ 78,52 le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à $ 75,11. Un prix des hydrocarbures qui pousse le taux d’inflation en Europe à son niveau le plus élevé depuis 2008, à 3,4% en septembre. Une situation qui met sous pression les marchés financiers.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Alors que s’ouvre aujourd’hui la campagne 2021/22 en Afrique de l’Ouest, le cacao a encore enregistré une belle semaine sur les marchés à terme mondiaux. A Londres, la tonne a clôturé hier soir à £ 1 854, ayant gagné £ 65 sur la semaine.  New York n’a pas connu une progression aussi forte mais le cacao s’est hissé au-dessus des $ 2 600, clôturant hier soir à $ 2 605 contre $ 2 591 vendredi dernier.

Dès ce matin, le ministère de l’Agriculture au Ghana, Owusu Afriyie Akoto, annonçait maintenir le prix garanti bord champ à 10 560 cedis la tonne de fèves pour la campagne principale qui s’ouvre. Ceci équivaut à FCFA 989,4 le kilo. Quelques heures après, la Côte d’Ivoire déclarait par la voix du directeur général du Conseil du café cacao (CCC), Yves Brahima Kone, un prix garanti bord champ 2021/22 en baisse, comme prévu, à FCFA 825 (€ 1,26 ou $ 1,46) à compter d’aujourd’hui. Il était à FCFA 1 000 (€ 1,52 ou $ 1,77) la campagne principale précédente. Le CCC avait laissé entendre il y a quelques semaines que cette baisse aurait lieu (lire : Le prix garanti cacao en Côte d’Ivoire devrait baisser en 2021/22).

Sur le terrain, les pluies ont persisté ces derniers jours dans la ceinture cacaoyère ivoirienne, les avis étant partagés quant aux bienfaits ou méfaits de celles-ci sur les cacaoyers car ils ont besoin d’eau mais trop d’eau provoque des maladies.

Les arrivages en Côte d‘Ivoire totalisent 2,189 millions de tonnes (Mt) du 1er octobre au 26 septembre, soit trois jours avant la fin de la campagne, estiment les exportateurs. Ceci représente une hausse de 5,5% par rapport à la même période la campagne précédente. 

CAFÉ

L’Arabica termine en léger retrait par rapport au début de la période sous revue sur le marché à terme de New York, à $ 1,9425 sur l’échéance décembre contre $ 1,9435 la livre (lb). Le Robusta lui a emboité le pas, le marché à terme de Londres accusant la réouverture du Vietnam après les mesures de confinement face au coronavirus : il a clôturé hier soir à $ 2 128 sur novembre contre $ 2 148 la tonne vendredi dernier.

En effet, un peu de pluie est prévue pour les journées à venir dans les zones de production au Brésil, ce qui va faire du bien après la rudesse de la météo, les gelées s’étant conjuguées à la sécheresse cette année.

En Asie, la filière vietnamienne piaffe d’impatience à l’ouverture imminente de la campagne 2021/22. Les producteurs dans les Central Highlands ont vendu quelques lots à des prix inférieurs à ceux de la semaine dernière, à 39 300-41 000 dongs le kilo ($ 1,73-1,80) contre 39 900-41 400 dongs auparavant. « La baisse des cours à Londres est liée à la réouverture du Vietnam après les mesures de confinement et la hausse mensuelle des exportations de café du Vietnam, apaisant les craintes mondiales », a expliqué à Reuters un trader vietnamien. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une décote de $ 250 à $ 280 la tonne sur les contrats de novembre et décembre à Londres, soit sensiblement la même décote que la semaine dernière. Cette décote pour le café indonésien de la province de Lampung a été légèrement supérieure, de l’ordre de $ 280 à $ 300, voire $ 330 sur les contrats novembre, décembre et janvier car la récolte est terminée et la demande est faible, précise un autre trader.

S’agissant du Vietnam, ses expéditions à l’international en septembre ont atteint 120 000 t, soit 20,3 % de plus qu’en septembre 2020. Ceci dit, de janvier à fin septembre, les volumes exportés ont baissé de 4,2%, à 1,2 Mt soit 19,95 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon le Bureau général des statistiques. Quant aux recettes, la hausse a été légèrement supérieure, de l’ordre de 4,4% à 2,25 milliards.

Pour sa part, l’Indonésie aura exporté 7 187 t en septembre de la province de Lampung sur l’île de Sumatra, une chute de 70% par rapport à septembre 2020.

Côté Afrique, la Tanzanie ouvre aujourd’hui un festival du café qui durera 3 jours afin de dynamiser la production. Organisé par les acteurs de la filière, l’évènement est coordonné par le Tanzania Coffee Board. En 2019, le pays a produit 51 529 t, selon le ministère de l’Agriculture.

CAOUTCHOUC

Rebond du marché du caoutchouc dont les cours ont clôturé hier sur l’Osaka Exchange à 211,8 yens ($1,9) le kilo contre 196,7 yens mercredi dernier et à 14 190 yuans ($2201) la tonne  à Shanghai contre 13 300 yuans. Une remontée impulsée pa  les attentes de nouvelles mesures de relance budgétaire du nouveau Premier ministre au Japon et la levée de l’état d’urgence dans toutes les régions du pays ainsi que la hausse des prix pétroliers. Mais, le rebond semble fragile au regard du ralentissement  de la croissance économique en Chine avec la contraction de l’activité manufacturière au mois de septembre – la première depuis le début de 2020 – consécutive aux coupures d’électricité et aux prix élevés des matières premières.  

Le Cambodge a exporté 194 525 tonnes de caoutchouc sec au cours des huit premiers mois de 2021, en hausse de 8% par rapport à la même période l’an dernier, selon un rapport de la Direction générale du caoutchouc publié lundi. Des exportations qui ont généré  $325 millions sur la même période, en progression de  40,5% en glissement annuel.« Une tonne de caoutchouc sec a coûté en moyenne $1 673 dollars au cours des huit premiers mois de cette année, soit environ $386 de plus que celle de la même période l’année dernière », a déclaré Him Oun, directeur général de la Direction générale du caoutchouc, dans le rapport.

En Malaisie, la Malaysian Rubber Glove Manufacturers Association (Margma) a appelé mardi le gouvernement à autoriser les travailleurs étrangers à entrer dans le pays pour répondre à la demande croissante cette année et l’année prochaine, citant une grave pénurie de 25 000 travailleurs depuis 2019. Des travailleurs supplémentaires sont nécessaires de toute urgence et les entreprises sont prêtes à respecter les conditions et les exigences du processus d’embauche, y compris les procédures liées à la COVID-19, a déclaré le président de la Margma, Supramaniam Shanmugam, dans un communiqué. “Nous avons la capacité de production, mais pas assez de travailleurs pour utiliser la capacité de production à son maximum“, a-t-il déclaré, ajoutant qu’un programme de recrutement local avait un taux de participation bien inférieur à son objectif de 10 000 travailleurs. En outre, le président  a pointé une « concurrence intense » de la Chine obligeant l’industrie malaisienne à maintenir leurs capacités pour répondre aux commandes

La fabrication en Malaisie, comme le secteur de l’huile de palme, dépend fortement de la main-d’œuvre migrante qui n’a pas pu entrer dans le pays depuis le début de la pandémie.

En Inde, le Rubber Board  a ouvert une foire commerciale virtuelle pour présenter le caoutchouc

COTON

Le marché du coton flambe. Après neuf séances de hausse, les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 105,8 cents la livre contre 95, 99 cents vendredi dernier. Un tel niveau de prix n’avait pas été atteint depuis 10 ans.  Et les cours pourraient encore monter !

Au départ de la hausse, souligne un négociant, la confrontation entre deux positions.  D’une part, la gigantesque position ouverte (on call, ventes non fixées) sur le mois de décembre à environ 15 millions de balles. La filature pensant que les cours allaient baisser n’a pas fixé.  Et d’autre part, des fonds qui vont pouvoir continuer à augmenter leur position longue puisqu’ils ne courent aucun risque.

Et puis depuis hier d’une situation technique on est passé à une situation plus incertaine qui pourrait conduire à une modification des fondamentaux, c’est à dire à une remise en cause d’un équilibre entre l’offre et la demande, souligne le négociant. La Chine est au cœur de cette incertitude. Pourquoi est-elle tant aux achats ? Depuis le mois de juillet, les Chinois vendent leurs réserves et ont déjà déstocké 600 000 tonnes au 30 septembre. Et puis,  ils ont demandé à continuer à se servir sur les stocks qui étaient en entrepôt en Chine. Enfin, le dernier rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) montraient des ventes à l’exportation de coton américain très élevé, plus de 500 000 balles, dont plus de 400 000 balles vers la Chine. La récolte chinoise, estimée à 5,2 millions de tonnes (Mt), aurait été mal anticipée et se situerait à un niveau plus bas ?  « Bien malin qui peut dire ce qui va se passer » affirme le négociant.

Aux interrogations sur la production chinoise, s’ajoutent quelques incidents climatiques dans d’autres régions de production. Aux Etats-Unis, des précipitations ont frappé le Texas, l’Oklahoma et les zones de production alors que les agriculteurs récoltent le coton. En Inde, les fortes pluies apportées par le cyclone Gulab ont endommagé les cultures semées en été comme  le soja, le coton, les légumineuses et les légumes juste avant la récolte dans les principales régions de culture.

La Chine interroge le marché mais la Golden Week qui a démarré aujourd’hui et se poursuivra 7 octobre avec des marchés fermés pourraient apporter un répit à cette surchauffe.   

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est toujours soutenu dans le sillage des huiles rivales sur le Dalian Commodity Exchange et le Chicago Board of Trade. Hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont clôturé à 4 597 ringgits ($ 1099,99) la tonne, un plus haut depuis 1980, contre 4442 ringgits vendredi dernier. Les cours ont été dopés cette semaine par la forte hausse des exportations de la Malaisie – entre  40 et 42% selon les inspecteurs -au mois de septembre. Sur le mois de septembre, les cours ont gagné  8%.

Fitch Ratings estime que les prix de l’huile de palme brute malaisienne se situeront en moyenne à $1000 la tonne en 2021, soit un niveau similaire à la moyenne depuis le début de l’année, en tenant compte d’une baisse progressive à partir du quatrième trimestre 2021. L’agence de notation financière constate que si la production indonésienne d’huile de palme s’est améliorée, la tendance à une production malaisienne plus faible devrait se maintenir jusqu’à la fin de l’année à moins que la pénurie de main d’œuvre soit moins forte.

Même analyse de la banque néerlandaise Rabobank qui estime que les prix se maintiennent par la faiblesse des stocks en Malaisie. Le MPOB a révisé à la baisse ses prévisions de production à 18 Mt en 2021 contre 19,1 Mt précédemment. Du côté de la demande, la décision de l’Inde d’abaisser les taxes sur les importations d’huiles comestibles apporte un soutien au marché. Toutefois, souligne la banque, « le rétrécissement de l’écart entre les prix de l’huile de soja et de l’huile de palme limitera la hausse des prix de l’huile de palme ». L’écart de prix s’est réduit à $200 la tonne en septembre contre $500 la tonne en juin.

De son côté, l’analyste James Fry a estimé, lors de la conférence Globoil India, que les prix de l’huile de palme pourraient passer de niveaux presque records à une moyenne légèrement inférieure à 4 000 ringgits la tonne l’année prochaine. Il a également prévu un « léger assouplissement » des prix des huiles alimentaires dans les six à douze prochains mois grâce à l’amélioration des approvisionnements.

L’Indonésie, premier exportateur mondial d’huile de palme, a fixé son prix de référence pour l’huile de palme brute à $1 196,6 la tonne pour le mois d’octobre. La taxe à l’exportation de $166 la tonne et le prélèvement  à l’exportation de $175 sont inchangés par rapport à septembre.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz vietnamien ont atteint jeudi leur plus haut niveau en deux mois et demi, la hausse de la demande intérieure faisant grimper les coûts d’approvisionnement, tandis que les fortes précipitations dans les principaux États indiens producteurs de riz font craindre une baisse de la production.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont atteint un plus haut depuis la mi-juillet à $425-$430 la tonne contre $415- $420 il y a  une semaine. La demande intérieure augmente alors que le gouvernement achète du riz aux agriculteurs pour compléter les réserves nationales, se traduisant par des taux intérieurs plus élevés. Mais l’activité à l’exportation reste modérée.  Sur les 9 premiers mois de l’année, les exportations de riz ont chuté de 9,5% par rapport à l’année précédente à 4,5 millions de tonnes (Mt), selon les données du gouvernement. Les exportations en septembre devraient atteindre 530 000 tonnes.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont légèrement baissé à $358 -$363  la tonne contre $360- ​​$365 la semaine dernière. En cause, une roupie plus faible. Toutefois, les fortes précipitations  en Inde ces derniers jours, en particulier dans les Etats de l’Est et du Sud,  suscitent  des inquiétudes sur de potentiels dommages sur la production du riz.

En  Thaïlande, les prix du Thaï 5% se situent à $385-$386  la tonne contre $380-$386  la semaine dernière. La demande s’est légèrement améliorée, mais le coût élevé de l’expédition reste un obstacle aux exportations.

SUCRE

Le sucre s’est contracté, le roux repassant en-dessous de la barre des 19 cents à New York pour clôturer hier soir à 18,87 cents contre 19,10 cent vendredi dernier tandis que le sucre blanc glissait de $ 504,30 à $ 501,90 la tonne à Londres.

Quant à la campagne 2021/22 qui s’ouvre, la Citi estime qu’elle sera déficitaire de 3,7 Mt en raison de la chute de production au Brésil.

En Inde, le gouvernement fédéral a décidé de doubler à partir d’aujourd’hui l’incitation fiscale à produire de l’éthanol à partir de la canne plutôt que du sucre. En effet, New Delhi s’est fixé pour objectif d’atteindre un seuil de 10% d’éthanol dans son mix de carburant d’ici 2022 (9,2% en juillet) et a ramené de 2025 à 2023 son objectif d’atteindre 20%. Rappelons que le pays produit environ 32 à 33 Mt de sucre chaque campagne alors que sa consommation n’est que de 26 Mt. Ceci créé d’énormes stocks et de très importantes difficultés aux raffineries pour écouler leur sucre, comme cela fut le cas en particulier ces deux dernières années. Face à cela, le pays est le troisième plus important importateur mondial de carburant et importe environ 85% de ses besoins énergétiques. L’équation est donc rapide…  En conséquence, les capacités nationales de production d’éthanol seront plus que doublé d’ici 2025

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