L’Afrique a le potentiel de combler le futur fossé dans l’approvisionnement mondial en caoutchouc naturel

 L’Afrique a le potentiel de combler le futur fossé dans l’approvisionnement mondial en caoutchouc naturel
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Avec un environnement favorable, l’Afrique peut exploiter son grand potentiel dans la production de caoutchouc naturel et combler le déficit prévu de l’offre mondiale de caoutchouc, ont conclu les experts lors de la cinquième Conférence africaine sur le palmier à huile et le caoutchouc à Accra au Ghana.

L’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC) estime que l’industrie devrait à nouveau faire face à un déficit de l’offre à partir de 2022. De 1,3%, il atteindra 4,34% en 2023 et 7,27% en 2023. «La production de caoutchouc naturel devrait augmenter au taux de croissance annuel composé (TCAC) de 3,2% sur une période de 10 ans jusqu’en 2025, tandis que la consommation progresserait de 3,7% sur la même période» a affirmé Ranveer Singh Chauhan, directeur général et chef de la direction de la division des huiles comestibles et du caoutchouc naturel d’OLAM International.

Sur l’ensemble de l’offre mondiale annuelle de 13 millions de tonnes de caoutchouc naturel, l’Afrique ne produit qu’un maigre 5%, soit moins d’un million de tonnes, et la Côte d’Ivoire à elle seule en compte pour 600 000 tonnes et ambitionne un million de tonnes d’ici 2020. Du chemin reste à faire mais c’est le plus court chemin vers l’Europe. « Le caoutchouc est un produit ancien en Afrique, il existe depuis plusieurs décennies. Je vois une prise de conscience croissante et cela peut vraiment créer une bonne opportunité pour l’Afrique. Le caoutchouc à ce stade est un produit destiné au marché international », a-t-il déclaré dans une interview à CommodAfrica.

Comme pour le cacao, la noix de cajou ou le café, la question n’est pas la nature du marché international, mais plutôt de savoir si l’Afrique peut répondre à la demande mondiale, précise Ranveer Singh Chauhan. « La pression sur la production dans les pays asiatiques est lourde avec la baisse de la production en Chine, en Inde et en Malaisie tandis que l’Afrique dispose de tous les facteurs pour augmenter sa production » indique-t-il.

Si les plus importants marchés du caoutchouc se situent aujourd’hui en Chine et en Europe, Ranveer Singh Chauhan exhorte les planteurs africains à se concentrer sur le marché européen. « Il y a environ 18 pays où l’on peut pratiquer la culture de l’hévéa en Afrique et le Ghana en fait partie, et vous devriez être en mesure d’avoir un très bon retour sur l’emploi, l’économie rurale et la croissance générale du PIB pour l’Afrique ».

Parmi ces 18 pays, OLAM compte 11 000 hectares au Gabon grâce à son partenariat avec le gouvernement tandis que Ghana Rubber Estates Limited (GREL) est le principal propriétaire de plantations d’hévéas au Ghana. En Côte d’Ivoire, le plus grand producteur est SAPH, société soeur de GREL au Ghana, tandis que Firestone domine au Liberia et Hevecam au Cameroun. Dans une moindre mesure, le Nigeria, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone produisent également du caoutchouc.

Des défis à surmonter

Pour Ranveer Singh Chauhan, l’Afrique doit surmonter un certain nombre de défis. Parmi ceux-ci, le manque de financement bancaire adapté pour développer des plantations, l’hévea ne commençant à produire qu’au bout de six années. Un autre concerne les droits fonciers. « Si nous pouvons inciter même des petites entreprises à venir développer des milliers d’hectares, cela encouragent les agriculteurs de la région à développer des parcelles plus petites, mais celles-ci sont entravées par les régimes fonciers » affirme-t-il.

En écho, Emmanuel Akwasi Owusu, directeur de projet à GREL, convient que le système foncier au Ghana est un frein sérieux pour amener les investisseurs à développer des plantations de caoutchouc en Afrique en ajoutant que les 5% produit par le continent demeureront pour quelques temps.  Il a appelé à créer une structure de financement pour prendre en charge cette longue période de maturité tout en soulignant que l’investissement dans le caoutchouc était rentable et que l’agriculteur, contrairement à d’autres cultures plus saisonnières, perçoit des revenus chaque mois sur toute l’année.

Toutefois, Emmanuel Akwasi Owusu souligne que la faiblesse des prix mondiaux est un problème majeur. « En 2011, le prix du caoutchouc était de $5 000 la tonne, mais en 2018 il est tombé entre $1 300 et $1 400 la tonne» a-t-il noté, ajoutant que cela décourage les investissements dans le secteur.

Autre défi, le manque de stabilité politique sur le continent. Au Ghana et en Sierra Leone, par exemple, la production de caoutchouc a été abandonnée vers 1967, lorsque le gouvernement a changé pour ensuite redémarrer ces dernières années. Au Libéria, la guerre civile de la fin des années 1980 et 2000 a contraint Firestone à abandonner la production.

Enfin, l’absence de petites et moyennes entreprises qui transforment le caoutchouc en produits finis sur le continent constitue l’un des défis de la consommation locale de caoutchouc. « Si vous voulez construire une usine de pneus, les géants vont vous combattre. Mais, si nous engageons une politique gouvernementale avec une industrie pneumatique locale, tous les ministères, départements et agences devraient acheter leurs pneus auprès cette entreprise. Une telle de politique assurera que l’usine locale fonctionne », a souligné Emmanuel Akwasi Owusu. 

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