En Guinée, la part de l’agriculture passe de 3, 7% à 7, 2 % du budget

 En Guinée, la part de l’agriculture passe de 3, 7% à 7, 2 % du budget
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En Guinée, la campagne agricole 2015/16 vient de démarrer et devrait être prometteuse à l'aune de la prise de conscience de son importance par les autorités qui ont reconnu, de facto, que la Guinée est un "scandale agricole".

Rappelons que l’exercice budgétaire 2015 fait la part belle à l'agriculture qui se voit allouer 7,2% du budget total contre 3,7% au début de la décennie. Ainsi, les recettes de l'année en cours sont estimées à 9 706,01 milliards de francs guinéens (FNG ; € 1,2 milliard), soit une  augmentation de FNG 804,08 milliards (€ 100,4 millions) par rapport à 2014, dont FNG 682,34 milliards (€ 85,2 millions) ont été consacrés au budget agricole. Cet effort à l'égard du secteur primaire se confirme depuis 2010,  le monde agricole ayant bénéficié d'un total de GNF 700 milliards (€ 87,4 millions) au  titre des provisions budgétaires, selon les statistiques du ministère des Finances,

Profitant du lancement de la caravane (http://www.commodafrica.com/18-05-2015-les-ambitions-agricoles-de-la-guinee-reaffirmees-alors-que-s’ébranle-la-caravane, la ministre de l’Agriculture Jacqueline Sultan a plaidé pour que l'agriculture atteigne le seuil des 10% du budget, le chef de l’Etat, pour sa part, lui ayant recommandé d'absorber les "importants fonds" déjà à sa disposition.

Ainsi, début mai, la ministre de l’Agriculture a précisé que le gouvernement avait investi  GNF 76 milliards (€ 9,5 millions)  pour honorer une commande de 16 485 tonnes (t) d’urée, de sulfate de potassium, d’engrais en provenance de Lettonie et destinées aux cultures d’arachide et de coton. Pas moins de 470 gros porteurs ont été mobilisés pour convoyer cette cargaison débarquée au port de Conakry le 28 avril. Une commande donc majeure mais plus de moitié moins ce qui avait été importé l'année dernière, le gouvernement ayant alors consacré GNF 166 milliards pour ses commandes d'intrants. Cette baisse en 2015 résulte de ce que toute la quantité importée lors de la dernière campagne n'a pas été consommée. 

La caravane agricole, dotée d'un laboratoire mobile offert par la Maroc, vise justement à procéder à l'étude des sols agricoles pour déterminer les besoins en fertilisants  et orienter les décideurs. Les techniciens ont relevé que ce ne sont pas toutes les terres arables qui ont besoin d'engrais et la carte pédologique qui va être établie fournira de données précises en la matière. Il est donc fort possible que cette réduction de la facture des engrais bénéficie à d'autres segments agricoles.

Par ailleurs, l’Etat a consacré GNF 2 milliards (€ 250 000) à la Haute Guinée, bassin rizicole par excellence, pour remettre en état 50 tracteurs "Universal" de marque roumaine, précieux vestiges des brigades mécanisées des années 70. Et dans la région, l'achèvement annoncé de l’aménagement de 1 000 ha de riz dans la plaine de Koundian, sur financement du budget national de développement, susciterait beaucoup d’engouement de la part des producteurs. Ceci a contribué à une augmentation d'un million d'hectares des superficies en riz entre 2013 et 2014, ce qui a permis d'enregistrer une production de 2 millions de tonnes (Mt) de riz paddy. Conséquence, depuis trois ans le prix du kilo de riz local sur le marché s’est stabilisé  à GNF 6 500 (€ 0,81) contre GNF 10 000 (€ 1,25) auparavant.

Ainsi, malgré l’éprouvant épisode d’Ebola, les producteurs ont retrouvé le sourire face à une campagne agricole d'autant plus favorable qu'on a enregistré une bonne répartition spatio- temporelle des pluies.
Pour le Département de l’Agriculture, il s'agit maintenant de consolider les acquis et de s'attaquer aux dossiers majeurs dont la maîtrise de l'eau, la poursuite du désenclavement des zones de production,  la valorisation de la recherche agronomique, la structuration des acteurs et leur appui technique.

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