La Chronique Matières premières agricoles au 1er décembre 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 1er décembre 2022
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Les Bourses européennes ont fini en ordre dispersé hier tandis que Wall Street clôturait quasi stable, à l’exception du Dow Jones plombé par la chute de l’action Salesforce. Tout le monde s’attend à un assouplissement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine, souligne Reuters. Pour la première fois en deux ans et demi, l’activité manufacturière américaine s’est contractée.

Le dollar a reculé hier au plus bas depuis mi-août face aux autres grandes devises alors que le scénario d’une modération de la Fed en matière de taux se précise, ce qui a permis entre autres à l’euro de remonter à $ 1,0494.

Les cours du pétrole sont en hausse avec l’assouplissement des restrictions sanitaires dans deux métropoles chinoises, Canton et Chongqing. Le Brent a clôturé hier soir à $ 88,2 le baril et le brut léger américain (WTI) a grimpé de 2,12% à $ 82,26.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

En cette fin de semaine, les cours du cacao à Londres ont davantage été impactés par la fermeté de la livre sterling par rapport à un panier de monnaies, notamment le dollar, que par l’annonce par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) d’un deficit mondial plus élevé que précédemment estimé (lire nos informations : La demande mondiale en cacao en hausse de 2% malgré la conjoncture). Le marché à terme du cacao à New York, au contraire, a davantage accusé le coup.

Ainsi, partie de £ 1 985 vendredi dernier, la tonne de cacao a clôturé hier soir à £ 1 980. A New York, au contraire, la tonne de fèves est passée de $ 2 484 à $ 2 519 sur l’échéance mars, stimulée par cette perspective de déficit plus important.

L’ICCO a annoncé hier que le déficit en 2021/22 serait de 306 000 tonnes (t) et non de 230 000 t comme elle l’avait précédemment estimé. En effet, l’ICCO voit maintenant la production à 4,823 millions de tonnes (Mt) au lieu des 4,89 Mt attendues à cause de rendements plus faibles suite à une météorologie défavorable ainsi que la propagation de maladies dans la plupart des pays producteurs de cacao. La demande est, quant à elle, révisée à la hausse de près de 10 000 t, à 5,081 Mt contre 5,071 Mt estimées précédemment.

En Côte d’Ivoire, n°1 mondial de la fève, les exportations en octobre, premier mois de la nouvelle campagne, ont totalisé 24 759 t, en chute libre de 67% par rapport à octobre 2021, a annoncé mercredi les autorités portuaires, précisant que ces chiffres étaient provisoires. En revanche, les exportations e produits semi-transformés du cacao, essentiellement de la poudre et du beurre, ont bondi de près de 10,5% à 46 729 t en octobre.

Du 1er octobre au 27 novembre, les arrivages aux ports ivoiriens ont totalisé 718 000 t, selon les exportateurs, en hausse de 1,1% par rapport à la même période la campagne dernière. Le rythme des arrivages s’accélère donc puisque depuis le début de la campagne, les volumes étaient nettement inférieurs à un an auparavant.

CAFÉ

Le marché du café Arabica n’a pas été de tout repos cette semaine. Partie vendredi dernier de $ 1,6505 sur l’échéance mars, la livre a clôturé hier soir à $ 1,6575 après avoir touché en cours de séance $ 1,7435, son niveau de prix le plus élevé en quatre semaines. A noter que les stocks certifiés de l’ICE atteignaient 605 192 sacs au 1er décembre, soit très très loin des 382 695 sacs comptabilisés le 3 novembre, ce qui était leur niveau le plus faible en 23 ans. Toutefois, des volumes particulièrement importants sont en attente d’être gradés ce qui, selon certains analystes, laisse supposer que la tendance à la hausse des volumes stockés pourrait prochainement se renverser.

Quant au Robusta, sur l’échéance janvier, la tonne est passée de $ 1 875 en fin de semaine dernière à $ 1 892 hier soir.

En effet, l’Arabica s’est amusé à se faire une petite frayeur hier avec les perspectives brésiliennes, ce qui a fait rebondir les cours. Cependant, la tendance lourde est bel et bien à la baisse des cours face à la récolte record attendue au Brésil la campagne prochaine. C’est cette perspective qui, le mois dernier, avait fait chuter les cours à un plus bas en 16 mois.

D’ailleurs, la Colombie, premier fournisseur de café Arabica lavé au monde, s’inquiète des répercussions de cette récolte record brésilienne à venir sur les cours à venir du café. Roberto Velez, directeur de la Fédération nationale colombienne des producteurs de café, s’est fait l’écho de cette inquiétude lors d’une conférence de presse hier, appelant une fois encore la Colombie à fixer son prix du café, sans dépendre du marché financier new-yorkais. Un prix fixe déterminé au niveau national pourrait éventuellement être plus élevé que celui établi en fonction du marché de New York, a-t-il indiqué, mais sans expliquer comment la Colombie pourrait insister pour que les acheteurs l’acceptent. Notons que les producteurs colombiens reçoivent une prime de qualité de 60 à 70 cents US sur le prix de New York. Sa production est attendue à près de 12 millions de sacs de 60 kg (Ms) en 2022, son plus faible volume en huit ans en raison des intempéries. Le pays, troisième plus grand producteur de café au monde, après le Brésil et le Vietnam, pourrait commencer à revenir à des niveaux de production normaux au début de l’année prochaine lorsque la pluie se calmera, selon le responsable.

Le Brésil a exporté 216 443 t de café vert en novembre contre seulement 175 104 t en novembre 2021.

Côté Robusta, au Vietnam, les prix sont demeurés stables par rapport à la semaine dernière, la récolte commençant à prendre son rythme. Les producteurs dans les Central Highlands ont vendu leurs grains à 40 000-40 800 dongs le kilo ($ 1,63-$ 1,66) contre 39 200-40 200 dongs la semaine dernière. « La qualité des grains est bonne », déclare un trader. Le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a été offert à l’export avec une décote de $ 60 à $ 70 la tonne sur le contrat mars à Londres, inchangé par rapport à l’année dernière.

Les volumes exportés du Vietnam ont augmenté de 10,2 % au cours des 11 premiers mois de cette année par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,5 Mt, soit 25,6 millions de sacs de 60 kg, a annoncé mardi le Bureau général des statistiques. Les revenus d’exportation ont bondi de 31,5 % pour atteindre $ 3,5 milliards entre janvier et novembre. L’Indonésie, quant à elle, a exporté 32 290 t de Robusta en octobre, en hausse de 15,6% par rapport à il y a un an, selon le bureau local des statistiques à Sumatra.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a rebondi cette semaine avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 217,8 yens ($1,6) le kilo contre 212,3 yens vendredi dernier. A Shanghai, ils sont passés de 12 735 yuans la tonne à 12 870 yuans ($1 823) la tonne hier. Après une semaine de manifestations historiques, la Chine est sur le point d’annoncer un assouplissement de ses protocoles de quarantaine Covid-19 dans les prochains jours et une réduction des tests de masse, ce qui devrait libérer l’économie. En effet, l’activité des usines chinoises s’est contractée à un rythme plus rapide en novembre, selon une enquête officielle publiée mercredi, alourdie par les restrictions liées au Covid-19 et le ralentissement de la demande mondiale. Au Japon, l’activité manufacturière s’est contractée pour la première fois en près de deux ans en novembre, alors que la chute de la demande et de la production s’est aggravée, principalement en raison d’un ralentissement de l’économie mondiale et de pressions inflationnistes toujours élevées.

Au Sri Lanka, le gouvernement français et le groupe Michelin vont soutenir 6 000 producteurs de caoutchouc de Badalgama et Medagama dans le district de Moneragala pour améliorer leurs chaînes d’approvisionnement. Le projet d’un coût de € 726 700 sera mis en œuvre par le groupe français Ksapa sous la direction du ministère srilankais de l’Industrie. Le groupe Michelin est entré en 2019 sur le marché srilankais en faisant l’acquisition de Camso Lodestar, le leader dans la fabrication de pneus en caoutchouc plein.

La  Côte d’Ivoire a exporté 1 209 371 tonnes de caoutchouc naturel de janvier à octobre 2022, en hausse d’environ 22% par rapport à la même période un an plus tôt, selon des données portuaires provisoires publiées mercredi.

Côté entreprises, l’usine de Volkswagen à Chengdu, en Chine a interrompu la production la semaine dernière en raison de l’augmentation des cas de coronavirus, et deux des cinq chaînes de production de son usine de Changchun sont suspendues, a déclaré lundi un porte-parole de VW.  Toyota Motor Corp a annoncé mardi une augmentation de 23 % de la production mondiale de véhicules en octobre, dépassant son propre objectif pour un troisième mois consécutif, alors que l’industrie s’efforce de surmonter les pénuries persistantes de puces qui ont entravé la production.

COTON

Sur un  marché volatil, les prix du coton se sont redressés pour clôturer hier à 84,85 cents la livre pour le contrat de mars sur l’ICE contre 80,18 cents vendredi dernier. Les fondamentaux n’ont guère changé avec une demande toujours amorphe mais le marché a été soutenu ces derniers jours par un dollar plus faible et l’espoir de meilleures perspectives de la demande en Chine avec l’assouplissement des restrictions Covid après des manifestations historiques à travers tout le pays.

Les dernières estimations du spécialiste Cotlook en date du 25 novembre soulignent une augmentation des stocks mondiaux en 2022/23 avec une nouvelle réduction de la consommation mondiale, de 170 000 tonnes, due à l’Inde et une hausse de la production (+48 000 tonnes), la baisse de la production australienne ne compensant pas l’augmentation de celles des Etats-Unis et de la Turquie.

En Chine, la production de coton cette année devrait augmenter de 5,8% en glissement annuel pour atteindre 6,138 millions de tonnes (Mt), malgré une baisse significative de la production dans la région du fleuve Yangtze frappée par la sécheresse, selon le  rapport du China Cotton Market Monitoring System. Près de 92% de la production est issue de la région autonome ouïgoure du Xinjiang. L’enquête a été menée à l’échelle nationale de fin octobre à début novembre par le ministère chinois de l’Agriculture et la China National Cotton Reserves Corporation.

Le prix de livraison moyen du coton chinois est en baisse de 44,6% sur un an, les stocks de coton devant atteindre 8,467 Mt, en hausse de 1,8% sur un an, selon les données publiées mardi par l’Association chinoise du coton. Les stocks de coton en Chine devraient subir de nouvelles pressions, la demande s’affaiblissant en octobre en raison du ralentissement de l’économie mondiale, de la morosité de l’industrie textile et de l’inflation mondiale. “La baisse des importations de fil et de la consommation intérieure de coton est en partie due aux blocages nationaux de Covid, aux politiques de commerce extérieur interdisant les importations de produits en coton chinois et au ralentissement de la demande mondiale de vêtements“, a déclaré l’USDA dans sa mise à jour de novembre.

La Côte d’Ivoire a exporté 381 570 tonnes de coton de janvier à octobre, en hausse d’environ 9 % par rapport à la même période l’an dernier, ont révélé mercredi des données portuaires provisoires. Le principal port d’Abidjan est également le principal point d’exportation du coton produit par les voisins enclavés de la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso.

Au Tchad, la CotonTchad Société nouvelle, devrait dès mars 2023, ouvrir une nouvelle usine d’égrenage de coton à Gounou-Gaya dans l’est du pays. Cette unité va disposer d’une huilerie-savonnerie, d’une usine de délintage pour la production de semences délintées et traitées, selon Eco Matin. La production de coton en 2022/ 23 est attendue en forte baisse à 135 000 tonnes.

HUILE DE PALME

Légère progression de l’huile de palme avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 081 ringgits  ($927,50) contre 4 134 ringgits la tonne vendredi dernier. L’huile de palme a gagné 4,5% sur le mois de novembre. Mais ces derniers jours, ils se sont contractés sous la pression de la force du ringgit et la faiblesse des oléagineux apparentés. Le gouvernement américain a proposé des exigences de mélange de biocarburants plus faibles que prévu, qui pourraient être fabriquées à partir d’huile de soja. En outre, la remise de l’huile de tournesol par rapport à l’huile de soja rivale s’est élargie cette semaine pour atteindre son plus haut niveau en plus de 9 mois, les principaux exportateurs ukrainiens et russes ayant proposé agressivement l’huile pour réduire leurs stocks selon Reuters.

Le géant des plantations FGV Holdings prévoit que les prix de l’huile de palme brute atteindront en moyenne environ 4 000 ringgits ($894,65) la tonne au quatrième trimestre 2022.

Cette semaine s’est déroulée la réunion annuelle de la Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) sur le thème Développer la chaîne de valeur durable de l’huile de palme par l’action collective. A cette occasion, a été présenté le rapport d’impact 2022 soulignant les avancées réalisées ces 20 dernières années.  Parmi celles-ci, l’augmentation de la superficie mondiale certifiée, qui est passée de  125 000 hectares dans trois pays en 2008 à 4,5 millions d’hectares répartis dans 21 pays, dont 301 020 hectares ont été conservés et protégés grâce à la certification RSPO. Environ un demi-million de travailleurs dans les plantations et les usines du monde entier sont désormais représentés dans le cadre des principes et critères de la RSPO (P&C) par le biais de la certification. Les émissions de gaz à effet de serre évitées depuis 2015 équivalent à près de 400 000 voitures conduites chaque année. Et souligne également la RSPO, un groupe de petits exploitants d’environ 5 000 agriculteurs en Sierra Leone est devenu le premier groupe de petits exploitants indépendants à obtenir la certification en Afrique, l’une des frontières émergentes de la production d’huile de palme.

En Malaisie, les exportations d’huile de palme en novembre ont augmenté entre 1,7% et 5,6% par rapport au mois précédent, selon les données des inspecteurs de fret Intertek Testing Services, Amspec Agri et Société Générale de Surveillance.

L’Indonésie a fixé le prix de référence de son huile de palme brute à $824,32  la tonne pour les expéditions du 1er au 15 décembre, maintenant la taxe à l’exportation à $33 la tonne et la taxe à $85 la tonne, selon le règlement du ministère du Commerce,

RIZ

Hausse généralisée des prix chez les principaux pays exportateurs de riz en Asie avec une demande soutenue.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  ont grimpé à $440-$445 la tonne contre $438 il y a une semaine soutenus par une forte demande, notamment en provenance de l’Indonésie. Les prix devraient se maintenir à des niveaux élevés au cours des prochaines semaines, les approvisionnements intérieurs s’épuisant.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont légèrement progressé à $375-$380  la tonne, contre $373-$378 la semaine dernière. Compétitif le riz indien est sollicité par les acheteurs. Les exportations indiennes de riz basmati de qualité supérieure devraient bondir de 15 % par rapport à l’année dernière, les principaux acheteurs du Moyen-Orient constituant leurs stocks.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont augmenté à $427-$440 la tonne contre  $419 -$425 la semaine dernière, les négociants attribuant les gains à de nouveaux accords sur la table.

 

SUCRE

Le sucre roux s’est maintenu cette semaine, la livre (lb) étant partie de 19,33 cents vendredi dernier pour clôturer hier soir à New York à 19,62 cents. Quant au sucre blanc, la tonne est passée de $ 529,70 en fin de semaine dernière à $ 538,40 sur mars.

Ce sont les pluies persistantes au Brésil qui ont soutenu les cours car elles pénalisent les opérations de récolte de la canne et le chargement dans le deuxième port du pays, à Paranagua. Ceci dit, le pays a totalisé en novembre 4,07 Mt de sucre exporté contre 2,66 Mt en novembre 2021.

Ceci dit, les négociants estiment que les prix ne devraient guère grimper davantage car les fonds détiennent désormais une position longue importante. “Le marché pourrait maintenant être bloqué dans une fourchette de 19 à 20 cents pendant un certain temps“, a déclaré un courtier américain, ajoutant que les achats de fonds semblaient limités à l’avenir et que les usines brésiliennes termineraient probablement la campagne en force car il y a encore une importante quantité de canne à traiter.

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