La deuxième Boutique Paysanne ouvre en Côte d’Ivoire

 La deuxième Boutique Paysanne ouvre en Côte d’Ivoire
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Neuf mois après l'ouverture de la première Boutique paysanne dans la commune de Yopougon, dans le district d'Abidjan, une deuxième boutique a été ouverte hier au siège de la Chambre nationale de l'agriculture, en plein quartier des affaires du Plateau, à Abidjan. Elle a été inaugurée par le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Mamadou Sangafowa Coulibaly, et par l'ambassadeur de France Georges Serre, la France soutenant financièrement l'initiative (lire nos informations).

La Boutique Paysanne est un groupement d'intérêt économique (GIE) géré par les producteurs et transformateurs, commercialisant et faisant valoir le "Made in Côte d'Ivoire" en produits agricoles et alimentaires.

Une interview exclusive accordée à CommodAfrica par Madame Kouassi Flore Lago, directrice du développement agricole et des organisations professionnelles agricoles à la Chambre nationale d'agriculture de Côte d'Ivoire, et présidente du Comité de gestion de La Boutique paysanne.

 

Comment est né le concept de La Boutique paysanne?

Je suis à la direction centrale de la Chambre nationale de l'agriculture de Côte d'Ivoire, chargée du développement des organisations professionnelles. C'est de là qu'est parti le concept de La Boutique paysanne. Car chaque fois qu'on parle d'appui à la production, on aide à produire mais pas à commercer. Or, il est souvent difficile de conserver des produits et des quantités très importantes notamment de produits vivriers sont jetées.

Vous estimez à combien ces pertes ?

Il est difficile de l'évaluer mais on peut dire entre 50 et 60%. Les volumes jetés dépassent ce qui est utilisé.

Nos mamas se sont donc mises à la transformation. Elles faisaient de bons produits mais on a dû les accompagner en terme d'emballage, de conditionnement, de commercialisation. On a constaté que la demande était forte mais que leurs produits n'étaient pas réellement accessibles. Il fallait donc créer le cadre et c'est ainsi qu'est née le concept de La Boutique paysanne.

Quel est le profil type de vos clients? La classe moyenne ?

Le 4 août 2016, nous avons installé notre boutique pilote à Yopougon car c'est une commune populaire où toutes les classes sont mélangées. Un véritable melting pot ; c'est l'une des plus grandes communes d'Afrique de l'Ouest. A Yopougon, nous avons installé la boutique devant un marché pour voir si, malgré tout, elle allait être fréquentée. On voulait voir comment la boutique allait se comporter dans une telle commune. En cinq mois, on a dégagé un chiffre d'affaires de FCFA 3,5 millions (€ 5 320, Ndlr).

Mais tout le monde n'aime pas aller à Yopougon. Les clients de Cocody, d'Anyama, souhaitaient vivement que la boutique du Plateau s'ouvre. En attendant, on a mis la Boutique en ligne : on nous appelle, on passe des commandes et on livre.

Avez-vous un cahier des charges en termes de produits commercialisés?

Oui. Tout d'abord, il faut que ce soit des produits agricoles, naturels, sans conservateurs. C'est l'un des principes fondamentaux. C'est pourquoi on travaille avec des laboratoires d'analyses. Il faut aussi être une société coopérative car c'est du dépôt-vente ; c'est un peu  comme le circuit-court en France. Donc, on produit, on transforme et on a un espace pour vendre ses produits. Il faut aussi accepter des contrôles car on garantit la santé de nos clients.

Un de nos objectifs est de sensibiliser l'Ivoirien à changer ses habitudes alimentaires, à manger plus sain, plus naturel.

Le ministère a financé la boutique à Yopougon?

Non! C'est la coopérative qui loue les locaux. D'où sa petite échelle. Quand le ministre a vu cela, il a voulu soutenir l'initiative et nous a permis d'être au Salon de l'agriculture de Paris en février ; il a pris l'engagement de nous aider ici, en Côte d'Ivoire. Le président de la Chambre d'Agriculture nous a donné une plus grande salle et le ministre s'est engagé à nous accompagner pour l'aménager.

Après, on envisage d'ouvrir une boutique par région en Côte d'Ivoire. Puis, on pourra ouvrir des boutiquer dans la sous-région, notamment au Mali .

Pensez-vous ouvrir une boutique pour la diaspora à Paris?

Avant toute chose, je veux arriver à maîtriser l'approvisionnement ici. Il faut procéder pas à pas car on tient à ce que cela reste vraiment des produits du terroir, naturels ; on ne veut pas concurrencer les grandes surfaces.

Qui fixe les prix?

C'est du dépôt-vente, sans intermédiaires. Nous avons des coopératives fondatrices mais aussi d'autres sociétés coopératives ou individuelles qui fournissent des produits. On leur demande de fixer les prix en fonction de leurs charges ; c'est le prix dépôt.  Puis, on applique une marge, habituellement de 20%, et c'est le prix de vente. Ce qu'on recherche c'est qu'il y ait de grosses commandes pour que la coopérative, le fournisseur, s'en sorte.

A la fin de chaque mois -ou avant si les produits sortent très vite, les femmes productrices viennent récupérer le produit des ventes de leurs produits. Comme on sait qu'elles n'ont pas d'accompagnement en terme de transformation, elles tournent avec le même capital. Donc il faut vraiment leur donner leur argent chaque fois qu'elles arrivent à produire.

Développez-vous les produits frais?

Oui. On entend développer le frais sur commande, comme je l'ai vu à Saulieu, en Bourgogne, à l'initiative de la Chambre d'Agriculture. Si chaque semaine vous avez besoin de tomates fraîches pour 15 euros, je contacte des producteurs qui me livreront. Car il faut développer une autre façon de faire les achats ; ça élimine les intermédiaires.

 

 

 

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