La Chronique Matières premières agricoles au 2 mai 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 2 mai 2019
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Une semaine perturbée sur les marchés mondiaux par un certain nombre de jours fériés dans plusieurs pays, dont le 1er mai, Fête du Travail, à l’exception des Etats-Unis. En Europe, l’activité du secteur manufacturier s’est contractée pour le troisième mois consécutif en avril, affectée par l’affaiblissement de la demande mondiale, les tensions commerciales et les inquiétudes autour du Brexit, selon les résultats définitifs des enquêtes d’IHS Markit auprès des directeurs d’achat. Aux Etats-Unis, le nombre d’inscriptions au chômage n’a pas varié la semaine dernière, sans remettre en cause le constat d’un marché du travail qui reste tendu. La productivité a augmenté au premier trimestre à son rythme le plus soutenu depuis plus de quatre ans, exerçant une pression baissière sur les coûts du travail et plus largement sur l’inflation. Les prix du pétrole baissent, réagissant encore à une hausse plus forte que prévu des stocks de brut américains. Le brut léger américain WTI a perdu hier 4%, retombant autour de $ 61 le baril, tandis que le Brent s’est retrouvé hier soir à $  70, reculant de 3% sur la séance.

 

CACAO

A Londres, la tonne de cacao sur l’échéance juillet a terminé hier soir en hausse, à £ 1 798 la tonne, partie de £ 1 736 vendredi dernier. La place de New York s’est fait peur mais a finalement terminé dans le vert après trois séances consécutives dans le rouge, à $ 2 374 la tonne contre $ 2 335 en fin de semaine dernière.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports entre le 1er octobre et le 28 avril ont totalisé 1,841 Mt, estiment les exportateurs, en hausse de 14% sur la même période la campagne dernière. Au 31 mars, soit à la fin de la campagne principale, la récolte a totalisé 1,66 Mt, ont indiqué à Reuters des exportateurs et des sources du CCC. La campagne intermédiaire l’année dernière avait été de 500 000 t, et on s’attend à ce que ce soit plus élevé cette année.

Le Conseil du café-cacao (CCC) ivoirien a vendu les contrats ayant des risques de faire défaut aux cinq grands exportateurs que sont Barry Callebaut, Cargill, Sucden, Olam et Touton, ces derniers détenant ainsi  80% de l’ensemble des contrats d’exportation de fèves de Côte d’Ivoire cette campagne, contre 60% il y a deux ans (lire nos informations Barry, Olam, Cargill, Sucden, Touton détiennent 80% du cacao ivoirien à l’export).

En Indonésie, de la province de Lampung à Sumatra, 22,4 t de cacao ont été exportées en avril, en chute libre de 98% par rapport à avril 2018 lorsque 1 066 t avaient été recensées. Lampung est une petite région de production en Indonésie mais ses fèves fermentées  sont normalement de belle qualité.

Côté entreprise, Mondelez International a réaffirmé sa volonté de sourcer l’intégralité de son cacao dans le cadre de son programme de durabilité, Cocoa Life, d’ici 2025. Pour l’instant, 43% de son cacao entre dans ce cadre. “Ceci va augmenter le nombre d’agriculteurs et de communautés que Mondelez International soutient dans six pays cacaoyers, comprenant, le Ghana, la Côte d’Ivoire, l’Indonésie, la République dominicaine, l’Inde et le Brésil”, précise le communiqué.

CAFÉ

Le café Robusta a terminé hier soir à Londres en baisse, à $ 1 364, après être tombé en cours de séance à son plus faible prix depuis février 2016, à $ 1 362. Vendredi dernier, il était encore au-dessus des $ 1400 à $ 1410 lors de la clôture. Quant à l’Arabica à New York, parti de 94,10 cents la livre (lb)) en fin de semaine dernière, il est tombé à 91,55 cents hier soir.

Il  y a de quoi s’inquiéter car c’est la septième séance négative sur dix, avec une abondance de produit, toutes variétés de café confondues ; les perspectives de bonne récolte actuellement au Brésil pèse sur les fondamentaux.

En Asie, on retrouve le même scénario que les semaines précédentes, avec des prix proposés aux producteurs trop faibles, ce qui les conduit à geler leurs ventes, espérant que les prix remontent, même si, apparemment aucun facteur à court terme les y inciterait. Ceux qui ont tout de même vendu hier l’ont fait dans une fourchette de prix allant de 30 300 à 31 000 dongs ($ 1,30-$ 1,33) contre 30 500 à 31 400 la semaine dernière. Les traders à l’export ont, quant à eux, offert le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 45 par rapport au marché de Londres.

Conséquence de cette politique de rétention pratiquée depuis plusieurs semaines maintenant, entre début janvier et fin avril, les exportations vietnamiennes de café sont estimées avoir chuté de 13,5% par rapport à la même période l’année dernière, à 629 000 t. Conséquence de la baisse des volumes mais aussi des prix, les revenus vietnamiens découlant de l’exportation de café chutent, quant à eux, de 22,6% depuis le début de l’année, à $ 1,09 milliard.

En Indonésie, la situation n’est guère meilleure dans la province de Lampung avec des volumes exportés sur le seul mois d’avril en chute de 49% par rapport à avril 2018, à 4 326 t.  Cependant, côté prix, les nouvelles sont plutôt bonnes : le Grade 4, 80 défauts, s’est vendu cette semaine avec une prime qui a atteint $ 170 par rapport à Londres contre $ 130 la semaine précédente.  Mais en réalité, les traders ont augmenté la prime pour compenser la chute des cours à Londres. Car, rappelons-le, à Londres mercredi, le Robusta est tombé à son plus faible niveau de prix depuis février 2016.

En mars, les exportations mondiales de café ont glissé de 3,8%, à 10,98 millions de sacs de 60 kg, a annoncé mercredi l’Organisation internationale du café (OIC) ; les exportations d’Arabica ont  augmenté de 2% à 6,79 Ms mais les Robusta ont chuté de 12,1% à 4,19 Ms. Sur les premiers six mois de l’actuelle campagne 2018/19, qui a démarré le 1er octobre, les exportations tous cafés confondus ont grimpé de 4,1%, à 63,15 Ms, avec une hausse de 7,1% des Arabica à 41,08 Ms mais un recul de 0,8% des Robusta à 22,07 Ms.

CAOUTCHOUC

Un marché du caoutchouc naturel pris en tenaille cette semaine par, d’un côté, l’affaiblissement du ringitt face au dollar, le produit devenant ainsi, meilleur marché, et d’un autre côté des cours du pétrole qui baissent car les Etats-Unis ont ouvert leurs vannes et l’OPEP a aussi annoncé augmenter leur production.

Aujourd’hui, le prix officiel du Malaysian Rubber Board pour le produit physique est de 621,5 sen le kilo de SMR-20 et de 481,5 sen le kilo de latex vrac contre, respectivement, 615 sen et 487 sen vendredi dernier.

Dans les pays producteurs africains, la Côte d’Ivoire a annoncé vendredi dernier avoir exporté 201 904 t de caoutchouc naturel entre le 1er janvier et le 31 mai, soit une progression de 14% par rapport à la même période l’année dernière, selon les données portuaires (lire nos informations Des exportations ivoiriennes de cacao et de caoutchouc en hausse, mais chute du coton)

COTON

Parti de 77,7 cents la livre (lb) sur la position juillet, le coton a terminé hier soir à New York à son plus faible niveau de prix en sept semaines, à 75,45 cents. Les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine seraient sur le point d’aboutir et les opérateurs sur le marché attendent le résultat. D’autre part, la fermeté du dollar face à un panier de monnaie a pénalisé le coton nord-américain face à la fibre d’autres origines.

Côté production, la Côte d’Ivoire s’acheminerait vers une hausse de 14% en 2019/20, selon l’Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d’Ivoire (Aprocot-CI) et le Département américain de l’Agriculture (USDA), à plus de 200 000 t de coton fibre (lire nos informations: L’USDA confirme le dynamisme de la filière coton en Côte d’Ivoire).

Au Mali, la production a baissé de 10%, à 656 548 t, durant la campagne 2018/19 qui s’est achevée en mars, a déclaré mardi le directeur général de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), Baba Berthé. Les fortes pluies qui ont inondé nombre de plantations auront empêché le pays d’atteindre son objectif de 750 000 t, avait souligné le responsable le mois dernier.

Pour sa part, l’Inde devrait enregistrer cette campagne (octobre 2018-septembre 2019) une véritable envolée de 80% de ses importations de coton étant donné la faiblesse des approvisionnements nationaux en fibre de qualité.  Ses importations sont estimées atteindre 2,7 millions de balles de 170 kg chacune contre 1,5 million la campagne dernière, a calculé Cotton Association of India (CAI). L’entité industrielle Confederation of Indian Textile Industry les estime, quant à elle, à 2,4 millions de balles.  Rappelons que l’Inde, premier producteur mondial de coton, a vu ses estimations de production réviser à la baisse en avril par la CAI, à 32,1 millions de balles contre les 32,8 millions estimés auparavant. Mais, en fait, les volumes ne sont pas au cœur du problème des industries ; en revanche, la qualité l’est, mise à mal cette dernière campagne par la sécheresse.

HUILE DE PALME

La dégringolade ! Sur six séances, le marché à terme de Kuala Lumpur a clôturé six fois en baisse, dont hier soir. Des 2 157 ringgits ($521,77) enregistrés jeudi dernier, la tonne cotait hier soir 2 010 ringgits ($ 485,39). Entre lundi et hier soir, l’huile a perdu 5,1% de sa valeur et avait déjà glissé la semaine dernière. Face à cette morosité du marché, la Malaisie, n°2 mondial derrière l’Indonésie,  a annoncé mercredi suspendre ses taxes à l’export jusqu’à la fin de l’année.

En cause ? La lourdeur des fondamentaux. La production en Malaisie ne cesse d’enregistrer des records de production depuis le mois de janvier et aurait encore  augmenté de 8,3% en mars par rapport à février, à 1,67 Mt. Mardi, l’analyste Dorab Mistry  a révisé à la hausse ses prévisions de production pour la Malaisie en 2019, à 20 Mt contre 19 à 19,5 Mt avancé précédemment. Il estime également que les stocks baisseront d’avril à juin mais se reconstitueront après ; rappelons que fin décembre, ils étaient à leurs plus hauts niveaux depuis 19 ans.

Dorab Mistry maintient, par ailleurs, ses estimations de production du leader mondial, l’Indonésie, à 44 Mt pour 2019, la production mondiale devant croître de moins de 3 Mt cette année.  Face à cela, côté demande, il révise légèrement ses prévisions d’importation de l’Inde sur 2018/19 (novembre/octobre), à 15,5 Mt contre 15,7 Mt avancé en janvier et 15 Mt importées en 2018. “Les importations indiennes sur 2018/19 augmenteront de 500 000 t et la hausse sera essentiellement en huile de palme”, estime-t-il.

Pour sa part, le gouvernement indien a annoncé mercredi augmenter sa taxe à l’importation de l’huile de palme brute de $ 5 la tonne et de $ 9 sur l’huile raffinée, blanchie, désodorisée (RBD), entre autres produits qui voient leurs impositions augmenter aussi. Cette nouvelle fiscalité se base sur un prix d’huile de palme brute de $ 545 la tonne, de RBD de $ 577 et d’oléine RBD de $ 582. Rappelons que l’Inde est le plus important importateur mondial d’huiles végétales avec des achats mensuels, toutes huiles confondues, de 1,9 Mt. S’agissant de l’huile de palme, ses achats à l’international en mars ont atteint 802 443 t, soit 6,7% de plus qu’en février, selon les statistiques des industriels.

Quant à l’Union européenne, entre juillet dernier, démarrage de la campagne 2018/19, et le 28 avril, ses importations d’huile de palme ont totalisé 5,3 Mt, quasiment inchangées par rapport aux volumes enregistrés sur la même période la campagne précédente.

RIZ

Sur les marchés d’Asie cette semaine, les prix du riz en Thaïlande ont augmenté face à une demande qui s’est redynamisée après que les prix aient glissé la semaine précédente. Le 5% brisures s’est vendu entre $ 385 et $ 402 la tonne FOB contre $ 385 à $ 388 la dernière semaine d’avril. Une demande émanant essentiellement des pays du Proche-Orient. En revanche, on s’attend à ce que le marché soit clame en mai en raison du Ramadan.

En Inde, le 5% brisures parboiled a baissé pour la quatrième semaine consécutive, à $ 373-376 la tonne contre $ 375-378 auparavant. Mardi, New Delhi a annoncé que ses exportations sur la campagne 2018/19 avaient baissé de 7,2% par rapport à la campagne précédente, à 11,95 Mt face à une demande timide de la part des pays africains et du Bangladesh pour du riz autre que du Basmati. En cause aussi, la politique très agressive de vente de la Chine pour écouler ses vieux stocks notamment auprès d’acheteurs africains, expliquent à Reuters des exportateurs.

Enfin, au Vietnam, le prix du 5% brisure est demeuré assez stable, à $ 365 la tonne, la semaine ayant été perturbée par deux jours fériés. Ses exportations en avril sont attendues en baisse de 10,6% par rapport à mars, à 620 000 t, selon les statistiques gouvernementales.

Côté entreprises, Olam s’est vu interdire pendant un an le marché du riz en Côte d’Ivoire après que les  autorités aient dû détruire une cargaison avariée de 18 000 t (lire nos informations : Olam interdit d’exporter du riz en Côte d’Ivoire pendant un an).

SUCRE

Parti de 12,65 cents la livre (lb) vendredi dernier à New York, le sucre roux a clôturé hier soir en baisse, à 12,23 cents, tandis que le roux suivait la même trajectoire terminant la période sous revue à $ 329,60 contre $ 340 la tonne en fin de semaine dernière. Depuis le début du mois de mars, les prix du sucre blanc oscillent dans cette fourchette étroite entre 12 et 13 cents/lb.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets : une monnaie brésilienne faible ce qui incite les opérateurs à exporter car leur sucre est compétitif sur le marché mondial, tandis que, sur le marché mondial, le sucre abonde.

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