Des Etats très motivés à reforester mais pas vraiment encore dans l’action

 Des Etats très motivés à reforester mais pas vraiment encore dans l’action
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Enfin une bonne nouvelle ! Ou presque… Les engagements de restauration et de reforestation suite au Défi de Bonn -“Bonn Challenge”- lancé il y a près d’une décennie, en 2011, par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’Allemagne dépassent les objectifs initiaux.  L’objectif central fixé en 2011 était de restaurer 150 millions d’hectares (Mha) de forêts à travers le monde d’ici 2020 et 350 millions d’ici 2030. Aujourd’hui, on parle de 210 Mha soit plus que les 150 Mha visés pour 2020, ce qui représente six fois la taille de l’Allemagne, avec des engagements de 61 pays, huit Etats au Brésil, au Mexique et au Pakistan ainsi que cinq groupes environnementaux. Toutefois, il s’agit d’engagements pris et non encore de réalisations

C’est le message encourageant qui a été lancé hier par le secrétariat du Défi de Bonn a l’occasion de son événement digital sur 24 heures #RestoreOurFuture. Certes, nous n’en sommes qu’aux engagements et non contraignants… Mais selon Stewart Maginnis, directeur mondial du Groupe des solutions à partir de la nature de l’UICN, on peut parler de succès et celui-ci est dû à ce que la démarche vise à “résoudre des problèmes” et non pas seulement à replanter des arbres. Une démarche qui se décline à travers la Méthodologie d’évaluation des opportunités de restauration des paysages forestiers (ROAM).

L’impact de la démarche est prometteur car pour chaque dollar dépensé à restaurer la forêt, ceci génèrerait au moins $ 9 en retombées économiques. Ainsi, près de $ 76 trillions pourraient être gagnés chaque année en luttant contre la dégradation des terres, estime Stewart Maginnis. Or, chaque million de dollars investi dans la plantation d’arbres créé six fois plus d’emploi que si on investissait $ 1 million dans d’autres secteurs économiques comme cela été le cas dans l’industrie automobile lors de la crise financière de 2008, a-t-il précisé hier à Reuters. L’agroforesterie est une solution au cœur des efforts déployés.

Quid de l’Afrique ?

En 2015, dans le cadre du défi de Bonn, 10 pays africains ont lancé l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100). Il est entendu que l’effort doit être mené au plan national avec pour objectif continental de restaurer 100 Mha de paysages déboisés et dégradés en Afrique d’ici 2030, soit un peu moins du tiers de l’objectif mondial.

Qu’en est-il de la situation dans divers pays d’Afrique de l’Ouest ?

Le Ghana s’est engagé en 2015 à restaurer 2 Mha. Parallèlement, selon des fiches méthodologiques d’évaluation des opportunités de restauration établies par l’UICN, 14 Mh ont été identifiés comme des terres potentiellement “reforestables” L’UICN a calculé que chaque hectare d’agroforesterie peut générer 346 00 cedis ghanéens (€ 50 500). Rappelons que 70% de la population ghanéenne dépend des forêts pour vivre. Les autorités nationales ont ciblé la Northern Savannah Ecological Zone et collabore avec la West Africa Biodiversity and Climate Change. Dans le cadre du Bonn Challenge, le Ghana s’est engagé à restaurer 2 Mha d’ici 2030.

En 2015 aussi, le Niger s’engageait sur 3,2 Mha, le Togo sur 1,4 Mha et le Liberia sur 1 Mha. L’année suivante, la Guinée et le Sénégal metaient sur la table un objectif de 2 Mha chacun à restaurer.

La Côte d’Ivoire s’est engagée en 2016 à reforester 5 Mha d’ici 2030. Il est noté que 98 000 ha de forêts naturelles peuvent être protégées, 556 000 ha offrent l’opportunité de créer des forêts et plantations productives et l’agroforesterie peut être pratiquée sur 4,4 Mha. Rappelons que la Côte d’Ivorie a perdu plus de 80% de son couvert forestier ces 50 dernières années. La Côte d’Ivoire a effectué un ROAM en 2016.

Egalement en 2016, le Bénin s’est engagé à restaurer 0,5 Mha. Selon la FAO, le Bénin a l’un des taux de déforestation annuelle les plus élevés au monde, à 2,5%. Il n’a pas de forêts primaires intactes et a perdu 29% de sa couverture forestière depuis 1990.

L’effort du Nigeria est modeste étant donné l’importance de sa superficie, avec un engagement pris en 2017 sur 4 Mha. L’année suivante, le Burkina Faso évoquait 5 Mha de terres dégradées et la prévention de la dégradation dans les terres non-dégradées.

Le Mali a tardé à prendre un engagement et ne l’a fait qu’en 2019 mais il porterait sur 10 Mha. La Sierra leone a, cette année, pris un engagement sur 0,7 Mha et.

Peut encore nettement mieux faire

Cependant, rien n’est gagné. On en est encore, dans beaucoup de pays à travers le monde et notamment en Afrique, à l’état des lieux et aux engagements. En outre, même à ce stade, l’UICN souligne que 70% des objectifs gouvernementaux fixés dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, en 2015, ne comprennent pas d’objectifs de restauration d’un paysage forestier. En d’autres termes, 117 des 166 pays qui ont soumis des plans nationaux d’action pour le climat n’ont pas fixé d’objectifs de restauration de forêts. Selon le rapport de l’UICN, si les pays qui ont signé le Défi de Bonn incorporait des objectifs de restauration de forêts, ceci permettrait à terme de retirer 15 milliards de tonnes additionnelles de CO2 de l’atmosphère chaque année.

Rappelons que le thème cette année du Forum Economique de Davos qui s’est tenu en janvier était le changement climatique et la durabilité. A cette occasion une plateforme a été lancée pour mener à bien la plantation d’un trillion d’arbres, une initiative soutenue très largement au plan mondial même par le climato-sceptique Donal Trump.

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