La majorité des prix de produits agricoles échappe au marasme économique

 La majorité des prix de produits agricoles échappe au marasme économique
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La pandémie de la Covid-19 a fortement touché les marchés de matières premières mais l’impact n’a pas été uniforme ce qui contraste avec la récession mondiale de 2008/09 où l’ensemble des produits de base avait chuté. Globalement, on constate un net rebond au troisième trimestre mais pour certaines matières, le niveau reste en dessous de celui avant le coronavirus, en particulier pour les produits énergétiques indique l’édition semestrielle du Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale, publiée à la fin du mois d’octobre. 

Ainsi, les prix de l’énergie ont rebondi d’un tiers au troisième trimestre de 2020 après leur forte baisse au deuxième trimestre de 2020, mais restent près d’un tiers en dessous de leurs niveaux d’avant la pandémie. Les prix du pétrole brut ont presque doublé pour atteindre en moyenne $41 le baril en septembre contre à un plus bas de $21 en avril. Les prix du gaz naturel ont également fortement augmenté au troisième trimestre de 2020, tandis que ceux du charbon étaient globalement stables.

Hors produits énergétiques, les prix ont progressé de 10% au troisième trimestre de 2020, avec des augmentations dans presque tous les produits de base. Ainsi, avec la solide reprise en Chine et une certaine résistance dans les économies avancées, l’indice des prix des métaux et des minéraux a augmenté de 20%  et la plupart des prix des métaux sont au-dessus de leur niveaux pandémiques. Quant aux prix des produits agricoles, ils ont gagné 6% au troisième trimestre mais avec une divergence entre les prix des céréales globalement stables et la hausse des prix des autres produits agricoles.

Des prix agricoles en hausse par rapport à 2019

Aujourd’hui, les prix agricoles sont 6% plus élevés qu’il y a un an et pour une majorité devraient encore progresser d’ici à la fin de l’année avec des pénuries d’approvisionnement de certaines huiles et farines, une forte demande de matières premières et une dépréciation du dollar américain, indique la Banque mondiale. Elle estime que les prix agricoles gagneront 3% sur l’année.

Si l’indice des prix des céréales (blé, maïs, riz) de la Banque mondiale est globalement stable, l’indice des huiles et tourteaux se situe à un niveau de 17% plus élevé qu’au 3ème trimestre 2019 avec notamment un bond de 22% des prix du soja et de l’huile de palme au 3ème trimestre 2020, reflétant les déficits de production la saison dernière. Toutefois, la Banque mondiale observe que les perspectives de production d’huile alimentaire pour 2020/21 (octobre-septembre) sont plus prometteuses avec une hausse de 1,7% de la production des 10 principales huiles dont la croissance sera majoritairement tirée par le soja (+4,5%) et l’huile de palme (+3%).

Café et thé en hausse, stabilité du cacao

La plupart des prix des produits de base des boissons – cacao, café et thé – ont affiché des gains appréciables depuis juillet, mais ont récemment perdu de leur élan avec la perspective d’une production plus élevée que prévu pour la saison en cours. L’indice des prix des boissons de la Banque mondiale a progressé de 8% au troisième trimestre de 2020 et est presque 11% plus élevé qu’il y a un an. L’augmentation a été tirée par les prix du café et du thé, même si le premier s’est affaibli récemment. L’indice devrait afficher un gain modéré en 2021, après une augmentation prévue de près de 7% au cours de l’année en cours.

Les prix du café Arabica et Robusta ont suivi des trajectoires similaires au cours des derniers mois. A une baisse modérée au 2ème trimestre de 2020 en raison de la pandémie a succédé une reprise au 3ème trimestre. Néanmoins, les prix se sont affaiblis ces dernières semaines avec une consommation mondiale légèrement inférieure en 2020/21 tandis que la production mondiale, en revanche, progresserait de plus de 4% en 2020-2021. La Banque mondiale estime que les prix de l’Arabica se stabiliseront en 2021, après un gain estimé de 16% en 2020. Quant au Robusta, il devrait gagner 3% en 2021, après avoir baissé de 7,5% en 2020.

Pour le cacao, les prix sont restés globalement stables au cours des six derniers mois, après avoir chuté de 14% en mars en raison des inquiétudes concernant l’impact de la Covid-19 sur la demande. Avec la reprise de la demande de cacao, les prix devraient augmenter de 1,6% en 2021, après une augmentation prévue de 2,5% en 2020.

Enfin, les prix du thé ont suivi diverses trajectoires avec une hausse sur le marché aux enchères de Kolkata (Inde) suite au strict confinement mais une baisse à Mombasa (Kenya) en raison d’une offre abondante. Avec la reprise des approvisionnements en thé en Inde, les prix du thé devraient rester globalement stables en 2021, après une hausse prévue de 7,4% en 2020.

Coton et caoutchouc, après une forte chute, une reprise modeste

L’indice des prix des matières premières (caoutchouc – coton) a progressé de plus de 6% au 3ème trimestre, entrainé par un fort rebond des prix du caoutchouc naturel. L’indice est supérieur de 3% à celui du troisième trimestre de 2019. Les prix des matières premières devraient enregistrer un gain de 1,6% en 2021, après une baisse marginale estimée cette année.

Après une chute de 20% entre janvier et avril, les cours du coton se sont repris mais restent inférieurs de 4% par rapport au 3ème trimestre 2019. En dépit d’une baisse de l’offre estimée à 5% en 2020/21 et d’une reprise de la demande de 6%, les prix du coton ne devraient augmenter que de 3% en 2021 compte-tenu du fort niveau des stocks (9 millions de tonnes). Pour 2020, la Banque mondiale table sur un recul de 10% des prix.

Les cours du caoutchouc ont suivi la même trajectoire que ceux du coton avec l’effondrement de la demande suite à la fermeture de nombreuses usines de fabrication de pneumatique pour ensuite se reprendre. Après une baisse marginale anticipée en 2020, les prix du caoutchouc devraient gagner plus de 3% en 2021.

Pour 2021, la Banque mondiale estime que les prix du pétrole devraient augmenter très progressivement par rapport aux niveaux actuels et atteindre en moyenne $44 le baril en 2021, contre $41 estimé en 2020. Les prix des métaux et des produits agricoles devraient enregistrer des gains modestes de 2% et 1% respectivement en 2021. Pour la Banque mondiale, le principal risque pesant sur les prévisions de prix est la durée de la pandémie, y compris le risque d’une deuxième vague s’intensifiant dans l’hémisphère nord, et la vitesse à laquelle un vaccin est développé et distribué.

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