L’ICAC à Abidjan : “Remontada” ou feu de paille sur le marché du coton ?

 L’ICAC à Abidjan : “Remontada” ou feu de paille sur le marché du coton ?
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A l’aune des discussions entre les présidents Xi Jin Ping et Donald Trump, ce weekend en Argentine durant le G20, tout le marché du coton retient son souffle quitte à suffoquer. En effet, depuis des mois, le marché du coton s’est littéralement arrêté. Seuls deux événements ont réussi à faire oublier la morosité ambiante. Le premier sont les tempêtes qui ont frappé les États Unis et provoqué une baisse tant quantitative que qualitative de la récolte. Et puis, les incertitudes qui pésent sur la récolte indienne et son corollaire le prix minimum garanti instauré par le gouvernement pour tenter d’endiguer la chute des cours sous l’effet de la spéculation.

Mais le moratoire décidé pour trois mois par les deux super puissances suffira-t-il à faire repartir le marché ?

Si les enjeux n’étaient pas si importants pour tous les acteurs de la filière, on pourrait s’enthousiasmer pour ce scénario qui intervient à la veille d’une des plus importantes réunions interétatiques cotonnières, celle l’International Cotton Advisory Committee (ICAC-CCIC), qui se tient toute la semaine à Abidjan, en Côte d’Ivoire. 

En effet, durant toute cette intersaison les bruits de réduction d’effectifs, de fermetures et d’arrêts d’activité ont rythmé l’attente de la fin de la guerre commerciale sino-américaine. Les survivants devront trouver des réponses à nombre de questions fondamentales pour éviter de subir les mêmes avanies.

Nous serons en direct d’Abidjan toute la semaine et tenterons de répondre aux principales interrogations qui pèsent tel un plafond de verre sur ce marché en espérant qu’il ne s’agisse pas d’un couvercle.

La première est de savoir si les estimations de consommations mondiales, très optimistes, pourront être maintenues dans le climat économique actuel.  Je ne pense pas être le seul à en douter. En outre, les quantités de cotons encore disponibles aux Etats Unis (on parle maintenant d’une récolte en deçà de 18,5 millions de balles) pourront-elles être vendues sans une forte décote compte tenu de leur mauvaise qualité ? Une mévente viendrait inexorablement peser sur le marché.

Du côté de l’Asie, les questions sont aussi nombreuses. Le Bangladesh et le Vietnam, les deux nouveaux très grands acteurs du marché cotonnier, vont-ils pouvoir poursuivre au même rythme l’augmentation de leurs consommations malgré la pression sociale qui risque de leur faire perdre de leur compétitivité ? Quelle sera l’attitude de la Chine ? Va-t-on assister à une reconstitution des stocks stratégiques afin de rééquilibrer la balance commerciale avec les Etats-Unis ? Autre incertitude, le niveau de la production indienne. Habituée à vendre ses surplus l’Inde devra-t-elle une nouvelle fois importer du coton pour satisfaire l’appétit de ses industriels ?

Le poids des devises, dans un tel environnement, est crucial. Le renforcement du dollar face aux principales devises fait craindre de gros désordres dans tous les pays importateurs comme l’Inde ou la Turquie…

Dans un tel environnement, l’Afrique semble avoir réussi à éviter les écueils cette campagne,  pour autant que quantité et qualité soient bien au rendez-vous malgré une pluviométrie capricieuse.

Les réponses à tout ou partie de ces interrogations permettront de savoir si l’embellie tant escomptée sera un feu de paille avant une descente aux enfers ou si, au contraire, il s’agira d’un redémarrage durable.

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