La Chronique Matières premières agricoles au 2 décembre 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 2 décembre 2021
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Dans un contexte d’incertitudes quant à la dangerosité du variant Omicron et ses éventuelles répercussions sur l’économie, alors même que l’Europe fait déjà face à une cinquième vague de l’épidémie de la Covid-19, les marchés d’actions évoluent en dents de scie depuis la fin de la semaine dernière. Les marchés financiers européens ont terminé hier en baisse comme Wall Street la veille suite à la détection du premier cas du variant Omicron aux Etats-Unis. Mais les marchés américains se sont ressaisis hier dans l’attente de bons chiffres de l’emploi qui devraient être publiés aujourd’hui.

Tant que l’histoire du variant Omicron restera une inconnue, nous allons rester dans ce schéma de hausse un jour et de baisse le lendemain et nous ne retesterons pas en Europe les pics de novembre“, commente David Madden, analyste marchés chez Equiti Capital.

Les ventes au détail dans les 19 pays de la zone euro ont augmenté de 0,2% en octobre par rapport au mois de septembre et de 1,4% en glissement annuel, conformément aux attentes, selon les statistiques d’Eurostat publiées aujourd’hui. Mais face à la hausse des prix de l’énergie et à la résurgence des cas de Covid-19 qui ont entraîné de nouvelles restrictions, les consommateurs pourraient se montrer plus prudents dans les prochains mois.

L’euro a terminé hier soir à $ 1,1319 tandis que le pétrole baissait après la décision de statu quo de l’Opep et l’annonce de la Maison blanche selon laquelle elle n’envisage pas pour le moment de revoir son projet d’un déblocage des réserves stratégiques de brut. Le Brent a clôturé à $ 69,65 et le brut léger américain (WTI) à $ 66,54 le baril.

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CACAO

La fève a bien rebondi en cette fin de semaine malgré la lourdeur sur l’ensemble des marchés qu’a provoqué l’annonce du nouveau variant de la Covid : mardi, le cours de la fève était au plus bas en quatre mois. Mais sur l’ensemble de la période, partie de £ 1 675 en fin de semaine dernière sur le marché à terme de Londres, la tonne a clôturé hier soir à £ 1 683, tandis qu’à New York, la même échéance mars passait de $ 2 396 à $ 2 453.

En effet, certains voient des signes de baisse d’approvisionnement en Afrique de l’Ouest ce qui compense la crainte de voir la consommation baisser pour des raisons sanitaires. Mais peut-être faut-il davantage voir une grande volatilité des marchés au gré des spéculations.

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports ont totalisé 667 000 t entre le 1er octobre et le 28 novembre, en baisse de 9,9% sur la même période la campagne dernière. Dans les zones de production, les planteurs sont plutôt satisfaits des conditions météorologiques, de légères pluies alternant avec de beaux ensoleillements. La qualité des fèves est bonne et l’humidité du sol laissent présager d’une récolte qui devrait se renforcer ces prochains mois, confient des producteurs à Reuters.

Quant à la situation sur le marché mondial, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a révisé à la baisse son estimation d’excédent sur la campagne 2020/21 qui s’est achevée le 30 septembre, à 212 000 tonnes (t) contre les 230 000 t avancées précédemment (Lire : L’excédent mondial de cacao moins important que prévu sur 2020/21). La production mondiale est maintenant estimée à 5,175 millions de tonnes (Mt), en hausse de 34 000 t sur les précédents chiffres avancés et 9,3% supérieurs aux dernières prévisions. C’est l’Afrique qui fait exploser les chiffres avec les récoltes records enregistrées en Côte d‘Ivoire mais aussi au Ghana. Ainsi, la production ivoirienne 2020/21 est maintenant estimée à 2 ,248 Mt contre 2,225 Mt auparavant, et le Ghana à 1,047 Mt contre 1,040 Mt. En revanche, la production indonésienne n’aurait été que de 180 000 t et non les 200 000 t attendues.

Quant à la consommation -les broyages, elle a aussi été révisée à la hausse, de 51 000 t, pour atteindre 4,911 Mt, soit 4,3% de plus que la campagne précédente. « Malgré les défis soulevés par la Covid-19, l’ouverture des économies à travers le monde en 2021 a stimulé le redressement global observé durant la campagne 2020/21 des broyages », a indiqué l’ICCO.

CAFÉ

L’Arabica et le Robusta ont suivi des trajectoires de prix opposées cette semaine. Si la livre (lb) d’Arabica est passée de $ 2,4295 à $ 2,3660 hier à New York sur l’échéance mars, le Robusta à Londres grimpait de $ 2 308 à $ 2 335 sur l’échéance janvier, face aux évènements au Vietnam.

Ceci dit, les deux marchés -Arabica et Robusta- continuent à connaître les mêmes difficultés d’acheminement car on manque toujours de conteneurs et les coûts du fret demeurent très élevés. Ceci continue d’inciter les acheteurs à se tourner vers les stocks dans les pays occidentaux plutôt que vers les pays producteurs de l’hémisphère sud, plus lointains géographiquement.

Alors, que s’est-il passé sur les Robusta ? Le marché a réagi à la situation dramatique cette semaine au Vietnam, n°1 mondial de cette variété de café, où des pluies torrentielles ont entrainé inondations et éboulements de terrain dans plusieurs régions dont la ceinture caféière du Dak Lak. Si des périmètres de riz ont été impactés, apparemment les caféiers ne seraient pas endommagés, selon Reuters.

Dans ces zones de production des Central Highlands au Vietnam, les producteurs ont vendu leur café à 40 700-41 500 dongs le kilo ($ 1,79-1,83) contre 40 200-42 000 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, a trouvé preneur avec une décote de $ 250 à $ 270 la tonne sur le contrat mars, contre $ 300 la semaine dernière.

Notons que sur les 11 premiers mois de l’année calendaire, le Vietnam a enregistré une baisse de 4,4% de ses volumes de café exporté, à 1,36 Mt. Quant à l’Indonésie, 8 811 t de Robusta ont été exportées en novembre de la province de Lampung, en chute de 70,8% par rapport à novembre 2020, selon les services statistiques locaux.

Côté Amérique latine, le Brésil a enregistré une très forte baisse de ses exportations de café vert en novembre, à 175 104 tonnes (t) contre 275 841 t en novembre 2020. La plus importante coopérative du pays et leader à l’export de café, Cooxupé, a révisé hier à la baisse ses prévisions d’exportation sur 2021 à 4,8 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre les 6,5 Ms avancés précédemment. Pour la première fois, Cooxupé revient à l’exportation en sacs de 1 000 kg (appelés couramment « big bags ») en lieu et place des conteneurs. « Nous allons ainsi expédier plus de 100 000 sacs », a indiqué son président Carlos Augusto Rodrigues de Melo. « C’est une façon d’esquiver le coût élevé des conteneurs et le manque de conteneurs sur le marché. »

Mais les questions de transport ne sont pas les seules raisons de cette chute des volumes à l’export. La production est effectivement en chute libre mais aussi les producteurs préfèrent ne pas honorer leurs contrats conclus il y a des mois plutôt que vendre leur café aux prix contractuels inférieurs de 60% aux cours actuels du marché. Conséquence, Cooxupé a reçu 2 millions de sacs en moins de ses membres producteurs.

Conséquence, Cooxupé estime qu’elle traitera au total 5,8 Ms sur 2021, tant sur le marché national qu’à l’export, contre les 7,2 Ms initialement estimés. Et, malheureusement, 2022 ne se présente pas bien, souligne Carlos Augusto Rodrigues de Melo : la sécheresse cette année a abîmé les caféiers qui sont difficilement passés de la floraison à la formation de cerises.

CAOUTCHOUC

Le variant Omicron a eu raison du marché du caoutchouc. Après avoir fait plongé les cours vendredi dernier à 246,3 yens le kilo sur l’Osaka Exchange et à 15 240 yuans la tonne sur le marché de Shanghai, les cours ont poursuivi leur baisse pour clôturer hier à 243,6 yens ($2,2) et à 14 745 yuans ($2313). Toutefois, sur le mois de novembre, les cours ont progressé de 3,5%, enregistrant une troisième hausse mensuelle consécutive.

Les investisseurs sont inquiets de l’impact sur la demande de la propagation du variant Omicron identifié la première fois le 8 novembre en Afrique du Sud et aujourd’hui présent dans au moins 24 pays tandis que plusieurs pays resserrent leur contrôle aux frontières et  restreignent les déplacements. En outre, l’activité des usines mais aussi de services en Chine  est en retrait au mois de novembre.

La Côte d’Ivoire a exporté 993 664 tonnes de caoutchouc naturel de janvier à octobre, en hausse de plus de 2% par rapport à la même période en 2020, ont montré mardi les données provisoires du port.

COTON

Le marché du coton est nerveux et volatil perdant plus de 8 cents la livre cette semaine pour clôturer hier à 103,7 cents la livre pour le contrat de mars sur l’ICE (111,78 cents vendredi dernier). Le marché s’est totalement renversé vendredi dernier,  juste après Thanksgiving, dans le sillage des marchés boursiers, avec la nouvelle souche de la Covid-19. La propagation du variant Omicron a pesé sur le marché tout au long de la semaine avec la crainte d’une baisse de la demande de coton avec les restrictions de voyager et plus généralement de nouvelles restrictions qui puissent entraver la reprise mondiale.  

A trois reprises, le contrat a perdu plus 4%, la limite de négociation quotidienne tandis que les fonds ont réduit leur position longue. Une correction du marché alors que les analystes estimaient que depuis plusieurs semaines il était surévalué ou le début d’un mouvement plus baissier ? Pour Plexus Cotton  « Beaucoup dépendra de la situation macroéconomique et de la capacité des marchés financiers à garder leur sang-froid »  ajoutant que « Pour l’instant, cela doit toujours être traité comme une correction dans une tendance haussière primaire, qui ne sera pas menacée tant que les prix ne chuteront pas  au milieu de 90 cents la livre ».

Pour le Comité consultatif international du coton (ICAC), les prix du coton devraient rester à des niveaux élevés tout au long de la campagne 2021/22. Toutefois,  « les prix devraient être volatils pendant le reste de la saison 2021/22, mais il est peu probable qu’ils grimpent beaucoup plus haut que le point actuel. Le secrétariat de l’ICAC ne s’attend pas à ce que les prix ou la volatilité atteignent ceux de la tristement célèbre saison 2010/11, lorsque les prix ont grimpé jusqu’à 243,65 cents la livre ».

En Chine, la China Cotton Reserves Management Company a annoncé mercredi qu’elle suspendait ses ventes à partir du 1er décembre. Le 10 novembre dernier, la Chine avait lancé une nouvelle série de vente à partir de ses réserves en coton avec un total de 600 000 tonnes de coton importé et national à vendre aux enchères quotidiennes. Un deuxième lot libéré de ses réserves pour répondre à la demande de fibre des entreprises de la  filature.

En Turquie, la production de coton est attendue en hausse en 2021/22 à 825 00 tonnes, contre 630 000 tonnes en 2020/21 suite à de meilleurs rendements dans la région sud-est du pays où est cultivé la majorité du coton et à une zone plus petite touchée par sécheresse dans la région égéenne. La consommation sera dynamique à 1,850 million de tonnes (Mt) contre 1,650 Mt en 2020/21 avec la reprise, les capacités de production de l’industrie textile se situant à 81% en octobre, soit le taux le plus élevé depuis 2018. Les importations seront en légère hausse à 1,180 Mt. En 2020/21, les Etats-Unis ont été le premier fournisseur de coton à la Turquie (25% des importations), suivis par le Brésil (24%), la Grèce (15%) , l’Azerbaïdjan (11%) et le Tadjikistan (5%).

La Côte d’Ivoire a exporté 350 112 tonnes de coton de janvier à octobre, en hausse de 40% par rapport à la même période l’année dernière, selon les données portuaires provisoires publiées mardi.

HUILE DE PALME

Le variant Omicron a aussi eu raison du marché de l’huile de palme, qui pourtant dispose de fondamentaux plutôt haussiers. Hier sur  la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont enregistré leur plus forte baisse hebdomadaire en plus de trois mois à 4 642 ringgits  ($1 100,28) la tonne contre 4 851 ringgits vendredi dernier. Ainsi, l’huile de palme chute pour la deuxième semaine consécutive avec une perte de 4,1%, sa plus forte baisse depuis le 20 août. Pourtant les exportations d’huile de palme sur le mois de novembre ont progressé entre  8% et 13,6% selon les inspecteurs et la production marque toujours le pas.

Lors d’une conférence sur l’huile de palme, les principaux analystes ont estimé que la production d’huile de palme restera probablement faible au moins jusqu’au premier semestre 2022. “Les prix seront soutenus au cours des six prochains mois, ils continueront d’être soutenus par la situation mondiale et des stocks toujours bas“, a déclaré Thomas Mielke, directeur d’Oil World. Cependant, a-t-il ajouté,  les prix ont peut-être atteint un sommet et une correction des prix peut intervenir d’ici le mois de juin, ce qui pourrait ramener les contrats à terme sur l’huile de palme à un niveau aussi bas que 4 000 ringgits ($946,07) la tonne. Dorab Mistri, analyste chez Godrej International Ltd, estime aussi que les prix de l’huile de palme brute, qui ont oscillé au-dessus d’une moyenne de $1000 la tonne cette année, connaîtront potentiellement une correction l’année prochaine.

En termes de production, Thomas Mielke estime que la production en Malaisie sera au « mieux « à 18 millions de tonnes (Mt) en 2021 et 19 Mt en 2022. Quant à l’Indonésie, elle devrait être en hausse d’au moins 1Mt en 2022. De son côté, James Fry, président de LMC International, indique «Ce n’est que vers la toute fin de 2022 que (la production) devient positive. C’est pourquoi j’anticipe trois ans, de 2019 à 2022, sans croissance de la production d’huile de palme en Malaisie et en Indonésie“. Les raisons sont à rechercher dans des conditions météorologiques défavorables et des interruptions de travail en Malaisie. La production malaisienne ne devrait se redresser qu’après le mois de jeûne du Ramadan, ou d’ici mai de l’année prochaine, après que le deuxième producteur mondial aura autorisé l’entrée de nouveaux travailleurs migrants, a déclaré Dorab Mistry.

En Inde, les raffineurs indiens ont réduit leurs achats d’huile de palme et augmenté leurs importations d’huile de soja et de tournesol, la flambée de l’huile de palme réduisant son avantage comparatif. Une baisse des achats du premier importateur mondial d’huile comestible qui pourrait peser sur les prix de l’huile de palme qui ont déjà cédé 10 % par rapport à un record du mois dernier, mais pourraient soutenir les contrats à terme sur l’huile de soja. « Les raffineurs donnent généralement la préférence à l’huile de palme, car elle se négocie à un rabais substantiel par rapport à l’huile de soja et à l’huile de tournesol. Comme il n’y a pratiquement aucune différence de prix actuellement, ils se tournent vers l’huile de soja et l’huile de tournesol », a déclaré Govindbhai Patel, directeur général de G.G. Patel & Nikhil Research Company.

L’huile de palme brute est proposée à environ $1 395 la tonne CAF en Inde pour les expéditions de décembre, contre $1 415 pour l’huile de soja brute et $1 445 pour l’huile de tournesol brute. Les importations indiennes d’huile de palme en novembre sont tombées à 585 000 tonnes contre 693 000 tonnes en octobre, a déclaré Sandeep Bajoria, directeur général de Sunvin Group tandis que celles de soja ont bondi à environ 400 000 tonnes contre 217 000 tonnes il y a un mois et celles d’huile de tournesol sont passées de 117 000 tonnes à 200 000 tonnes.

 

L’ Indonésie devra augmenter la teneur en bio de son biodiesel à base d’huile de palme à 40 % d’ici 2024 pour respecter ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, a déclaré mercredi Dadan Kusdiana, directeur général du ministère de l’Énergie du pays. Aujourd’hui, le pays dispose d’un programme de biodiesel obligatoire avec une teneur en huile de palme de 30% (B30). Les plans de longue date visant à augmenter la teneur en palmier à 40 % d’ici 2021 ont été retardés en raison des coûts de carburant moins élevés et des prix record du palmier. Le ministère indonésien de l’Énergie a annoncé mercredi qu’il augmenterait son allocation de biodiesel en 2021 pour répondre à la demande accrue de carburant. La consommation de biodiesel de l’année prochaine devrait passer à plus de 10 millions de kilolitres.

En Côte d’Ivoire, les planteurs de palmier à huile réunis au sein de la fédération nationale des unions des sociétés coopératives planteurs de palmier à huile de Côte d’Ivoire ont entamé mercredi une grève de 72 heures pour protester contre la fixation jugée trop bas du prix du régime de palmier. Il est  plafonné en décembre à FCFA 73,570 le kilo, au même niveau depuis plusieurs mois, alors qu’il devrait se situer en prenant les cours internationaux autour de FCFA 100. En outre, les planteurs réclament à l’Etat neuf mois d’arriérés.

Côté entreprise,  le plus grand producteur mondial d’huile de palme brute, la société malaisienne FGV Holdings a vu son  bénéfice du troisième trimestre (juillet-septembre) presque triplé par rapport à l’année précédente, à  399 millions de ringgits ($95 millions de dollars) et son  chiffre d’affaires augmenté  de 33% à 5,3 milliards de ringgits. La hausse des prix de l’huile de palme brute a compensé la baisse de la production tandis que ses performances dans le sucre et la logistique se sont améliorées, a déclaré FGV. « Malgré le problème aigu prolongé de pénurie de main-d’œuvre et les perturbations opérationnelles liées à la pandémie de la Covid-19 qui continuent d’affecter la productivité du groupe, nous nous attendons à ce que la situation s’inverse à partir du deuxième trimestre 2022 », a déclaré le PDG du groupe, Mohd Nazrul Izam Mansor. Il a  indiqué que le gouvernement visait à faire venir 32 000 travailleurs migrants pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre dans les plantations. FGV prévoit que les prix de l’huile de palme brute seront en moyenne de 4 420 ringgits par tonne cette année contre 2 686 ringgits l’année dernière.

RIZ

Baisse généralisée cette semaine des prix à l’exportation du riz en Inde, en Thaïlande et au Vietnam. En cause, la dépréciation des monnaies nationales et la hausse des approvisionnements locaux.

En Inde,  les prix du riz étuvé 5% ont reculé à $353-$358 la tonne contre $354-$360 la semaine dernière avec la hausse des approvisionnements des cultures d’été. Toutefois,  les  fortes précipitations enregistrées cette semaine pourraient retarder le traitement dans certains États de l’Est.

A  noter que l’Inde réalisera en décembre ses premiers envois de riz basmati vers l’Amérique latine. Ces pays, qui s’approvisionnaient auprès des Etats-Unis, se tournent vers l’Inde, selon Vinod Kaul, directeur exécutif de la All India Rice Exporters Association. Ce nouveau marché est  un soulagement pour les exportateurs indiens avec les importants problèmes de paiement de l’Iran, un important marché pour l’Inde.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $380- $397  la tonne contre $390-$403  la semaine dernière avec l’affaiblissement du bath qui a perdu 1,5% par rapport au dollar depuis une semaine. La  nouvelle récolte est abondante, mais des défis logistiques subsistent en raison des taux de fret élevés et de la rareté des navires. La Thaïlande a exporté 4,59 millions de tonnes de riz entre janvier et octobre de cette année, selon les données du ministère du Commerce.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont chuté à $415-$420 la tonne contre $425-$430 la semaine dernière. “Les prix ont légèrement baissé après l’annonce de la semaine dernière que les Philippines prenaient des mesures pour limiter temporairement les importations de riz en provenance du Vietnam“, a déclaré un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les exportations de riz du Vietnam en 2021 pourraient atteindre 6,2 à 6,5 millions de tonnes, ont indiqué les médias d’État citant l’Association alimentaire vietnamienne.

Au Bangladesh, la flambée des prix du riz se poursuit en dépit des importantes importations – près de 800 000 tonnes depuis juillet – et de  bonnes récoltes.

SUCRE

Les sucres se sont rétractés cette semaine, face à la menace d’Omicron et au fait que « des spéculateurs commencent à s’éloigner du marché », estime le Syndicat des betteraviers français, la CGB. Le sucre roux à New York a chuté de 19,35 cents la livre (lb) en fin de semaine dernière à 18,46 cents à la clôture hier. Le blanc, quant à lui, a glissé de $ 501,40 à $ 484,70 la tonne après avoir touché en cours de séance hier son niveau de prix le plus bas en deux mois et demi, à $ 482,50.

« Les fondamentaux n’ont pas changé, mais la baisse du pétrole s’est propagée sur le marché domestique brésilien de l’éthanol », explique aujourd’hui le Syndicat français dans sa note mensuelle de marché. « Et, même si la baisse reste réduite pour l’instant, cela provoque des craintes pour la prochaine campagne. Le pays va-t-il augmenter sa part de canne dédiée au sucre, et limiter ainsi le prochain déficit mondial attendu ? C’est probablement l’avis des spéculateur, qui commencent à s’éloigner du marché. » Et la CGB de poursuivre : « La situation, toujours robuste sur les marchés, devient donc plus trouble. Si le fret se calme, les monnaies, et notamment le Réal brésilien, souffrent. Les analystes commencent à se questionner si la dernière quinzaine n’est qu’une correction après des mois euphoriques, ou si l’on assiste aux prémices d’une tendance plus durable. En tout cas, décembre sera décisif sur ce point, et lié, une fois encore, aux évolutions de la crise Covid. »

Mais revenons à la situation dans les pays, côté offre. En Inde, les raffineries ont accéléré leurs cadences de broyages de canne et ont produit 10% de plus sur les deux premiers mois de la campagne 2021/22, en octobre et novembre, à 4,72 Mt, a annoncé hier l’Indian Sugar Mills Association (ISMA). Jusqu’à maintenant, sur l’actuelle campagne, 3,5 Mt de sucre ont été contractées à l’export. Rappelons que l’Inde est le deuxième producteur mondial de sucre et cette abondance pourrait contribuer à peser sur les cours déjà mis à mal par la Covid.

Le Brésil, quant à lui, a enregistré une baisse de ses exportations en novembre, à 2,6 Mt contre 2,9 Mt en novembre 2020.

En France, la production sucrière se ressaisit. Selon la CGB, la production de betteraves atteindrait 35 Mt en 2021 contre les 27,4 Mt enregistrées en 2020 lorsque les champs ont été ravagés par les maladies. De cela, la production de sucre atteindrait 3,9 Mt en 2021/22 contre 3,5 Mt la campagne précédente ainsi que 9 millions d’hectolitres d’alcool et d’éthanol contre 8 millions la campagne dernière.

« Du côté européen », note encore la CGB, « il est confirmé que le rendement moyen communautaire devrait être supérieur à près de 3 % de sa moyenne quinquennale, sans prendre en compte la désastreuse campagne 2020-2021. Avec des surfaces dans la moyenne de ce qui était en période de quota (moins de 1,4 Mha), l’Union européenne à 27 ne devrait produire qu’un petit 15,9 Mt. Cela signifie que, pour la quatrième campagne consécutive, nous serons déficitaires en sucre – alors même que le marché mondial reste tendu. Importer du sucre se paiera au prix fort. Cela se lit sur les derniers chiffres publiés par la Commission : en septembre dernier, l’Espagne a importé presque 90,000 t de sucre à raffiner, à 400 €/t. Si on y ajoute le coût du raffinage, cela signifie qu’elle compte bien écouler son sucre, une fois raffiné, autour de 480-500 €/t sur son marché”. « Or », poursuit la CGB, « selon la Commission européenne, les stocks restent bien bas : deux fois moins que leur niveau moyen sous quota. Et encore : cette estimation se base sur une utilisation stable des betteraves vers l’éthanol, alors que ce marché, certes en correction, reste rémunérateur – et porteur : avec 53 % de part de marché en octobre dernier en France, l’E10 y atteint une part de marché record et la consommation d’E85 augmente de presque 18 % en un an ! De quoi tendre encore le bilan communautaire… »

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