La Chronique matières premières agricoles au 3 janvier 2019

 La Chronique matières premières agricoles au 3 janvier 2019
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En cette fin de première semaine de la nouvelle année -que nous vous souhaitons excellente !, et après un jeudi morose, les marchés financiers reprennent espoir aujourd’hui avec l’annonce de nouvelles discussions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, celle de mesures de soutien au crédit en Chine et des indicateurs économiques rassurants. Ceci a également un effet favorable sur les cours du brut qui bénéficient aussi de l’annonce d’une réduction de 460 000 barils par jour du pompage dans les pays de l’Opep en décembre, selon une enquête de Reuters. Il s’agirait de la plus forte baisse de production en  deux ans. En outre, l’American Petroleum Institute fait état d’une diminution de 4,5 millions de barils des stocks aux Etats-Unis la semaine dernière. A noter, enfin, que l’or a atteint hier son plus haut niveau depuis la mi-juin, jouant pleinement sur le registre de la valeur refuge.

Pour l’évolution des prix des matières premières sur l’ensemble de 2018, vous pouvez lire notre article “Chute des cours mondiaux des produits agricoles africains en 2018, hors cacao et blé“.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE PALMERIZSUCRE

CACAO

Le cacao a terminé 2018 en beauté à New York, enregistrant au 28 décembre sa cinquième semaine consécutive de hausse, après avoir gagné 6% sur la seule semaine de Noël, sa meilleure performance depuis la mi-octobre. Et la fève se maintient ! A Londres, partie de £ 1 682 le 21 décembre, elle a clôturé le 28 décembre à £ 1 764, gagnant 4,9% sur la dernière semaine de l’année. Hier soir, elle a terminé à £ 1 760. A New York, elle est passée de $ 2 271 la tonne le 21, à $ 2 408 vendredi dernier et $ 2 400 hier soir.

Si l’activité physique a été réduite durant ces périodes de fêtes (de toute façon, l’industrie est bien couverte), les achats spéculatifs ont pris le dessus. En outre, l’impact que pourrait avoir l’harmattan sur la récolte intermédiaire à partir du mois de mars inquiète de plus en plus. Ce vent chaud, venu du désert, est en train de descendre vers le sud de la Côte d’Ivoire et du Ghana.

Ceci dit, pour l’heure, la météo demeure favorable pour la récolte en cours et les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro demeurent élevés. Au 31 décembre, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens ont dépassé le million de tonnes, à 1,051 Mt depuis le 1er octobre, en hausse de 19% par rapport aux 882 000 t enregistrées sur la même période la campagne dernière, selon l’industrie.  Quant aux exportations de fèves des deux ports ivoiriens, du 1er octobre au 30 novembre, elles ont augmenté de 15%, à 196 103 t, selon les données provisoires portuaires. En revanche, les ventes à l’international de produits semi-finis ont baisse de 2,4% à 69 627 t.

L’Indonésie, quant à elle,  a annoncé le 26 décembre maintenir à 5% sa taxe d’exportation sur le cacao durant le mois de janvier.

Côté entreprises, Mondelez India, connu notamment pour ses chocolats Cadbury et détenant 67% du marc hé indien des chocolats, a annoncé le 23 décembre un bénéfice en hausse de 47% sur son exercice 2017/18, à 3,26 milliards de roupies (€ 41 millions) contre 2,22 milliards l’exercice précédent. Nestlé en est au deuxième rang, avec 14% de parts du marché indien du chocolat, en hausse de 4,3% en 2017 (les chiffres sur 2018 ne sont pas encore connus), tandis que Hershey est en troisième position avec une croissance de 18% en 2017/18, à 3,18 milliards de roupies. Rappelons que la consommation de chocolat en Inde est en constante croissance maïs demeure faible à l’aune internationale, avec 110 à 120 grammes consommés par an et par habitant en moyenne. Toutefois, l’augmentation de cette consommation a été de 11 à 12% par an ces dernières années, et même de 20 à 25% pour les chocolats de qualité supérieure.

CAFÉ

Le marché mondial du café est toujours lourd en ce début d’année, ployant sous les volumes notamment brésiliens et vietnamiens, mais les cours se redressent quelque peu, s’inscrivant dans le sillage d’une certaine fermeté des prix des matières prmeières en fin d’année. Ainsi, la dernière semaine de l’année, l’Arabica a grimpé de 1,3% après avoir essuyé sept semaines consécutives de baisse.

Partie de 99,70 cents la livre (lb) le 22 décembre, l’Arabica a clôturé à $ 1,0095 le 28 décembre et à $ 1,0215 hier soir à New York. Le Robusta, quant à lui, a terminé hier à $ 1 556 la tonne contre $ 1 528 en fin de semaine dernière et $ 1 491 le 22 décembre.

Les volumes d’exportation de café Robusta du Vietnam ont augmenté de 20,1% en 2018, selon des données statistiques gouvernementales publiées le 27 décembre, à 1,88 Mt soit 31,37 millions de sacs de 60 kg (Ms). Ceci dit, les revenus d’exportation du café n’ont progressé que d’un maigre 1,2% à $ 3,54 milliards.

Les marchés du physique en Asie cette semaine du Nouvel An ont été calmes, avec des prix en baisse pour les producteurs étant donné la faible demande, à 33200-33700 dongs le kilo ($ 1,43-1,45) contre 33800-34000 dongs la semaine précédente. Les traders ont offert leur café avec une décote de $ 45 à $ 50 la tonne par rapport à la cotation à Londres contre $ 30 à $50 la semaine précédente.

En Afrique, l’Ouganda a enregistré une baisse de 7,5% de ses exportations  de café, du Robusta, en novembre par rapport à il y a un an, à 409 940 sacs de 60 kg, a annoncé hier Uganda Coffee Development Corporation (UCDA).

Quant à la Côte d’Ivoire, si ces volumes exportés -du Robusta aussi-  sont loin d’égaler ceux d’Ouganda, ils progressent à vive allure : sur les 11 premiers mois de l’année, le pays a vendu 68 677 t à l’étranger, en progression de 81,4% sur la même période l’année dernière, selon les données provisoires portuaires.

Côté entreprises, Coca-Cola a obtenu hier le feu vert de la Commission européenne pour acheter à Whitbread sa chaîne britannique Costa Coffee. La transaction avait démarrée en août dernier ; elle est d’une valeur de $ 4,9 milliards. Rappelons qu’avec la baisse de consommation de sodas, à cause de leur teneur en sucre et d’une image détériorée, le géant des boissons gazeuses se tourne vers le segment du café, voulant -lui aussi- concurrencer directement Starbucks, mais à l’échelle mondiale.

En Chine, on surveille de près l’évolution de la start-up Luckin Coffee qui a pour ambition de battre Starbucks sur son propre marché. Luckin entend ouvrir 2 500 magasins cette année, la nouvelle chaîne comptant déjà 4 500 points de vente alors qu’elle souffle seulement sa première bougier.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a connu en 2018 une deuxième année de recul, les cours sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) enregistrant une perte de plus de 17% pour clôturer l’année à 170,2 yens ($1,54) le kilo (lire notre articleChute des cours mondiaux des produits agricoles africains en 2018, hors cacao et blé“). Même évolution sur le marché de Shanghai qui a cédé 20% en 2018 à 11 305 yuans ($1 649,33) la tonne. Principal facteur de cette baisse, le ralentissement de la croissance économique en Chine, premier consommateur mondial de caoutchouc. A la faiblesse de la demande s’ajoute des stocks élevés sans compter les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Le Tocom était fermé jusqu’au 4 janvier, mais le marché malaisien du caoutchouc a démarré l’année 2019 sur une notre plus élevée avec toutefois des gains limités par la baisse du prix du pétrole.

En Inde, la production de caoutchouc en 2018/19 devrait tomber en dessous de l’objectif révisé de 600 000 tonnes fixé par le Conseil du caoutchouc, les fortes précipitations pendant les mois de la mousson ayant fait chuter la production de latex.

COTON

Les fêtes de fin d’année n’ont pas été profitables au marché du coton. Après avoir chuté, pour la première fois en quatre ans,  de 8,2% sur l’année 2018, les cours commencent l’année 2019 sur une note négative perdant 2% mercredi et clôturant jeudi à 70,83 cents la livre contre 72,2 cents la livre le 31 décembre dans un climat de grande incertitude sur les marchés mondiaux des matières premières et financiers. Le marché manque aussi de données avec l’arrêt partiel des activités gouvernementales aux Etats-Unis suite au shutdown. 

Le Comité consultatif international du coton (CCIC/ICAC) a d’ailleurs révisé à la baisse ses prévisions de prix pour la campagne 2018/19, à 86,45 cents la livre (lb) contre 89 cents anticipé en décembre, avec une consommation mondiale à 26,7 millions de tonnes (Mt), une production à 26,16 Mt, des stocks de clôture à 18,21 Mt et des exportation de 9,42 Mt. Les importations de coton de la Chine sont estimées par l’ICAC à 1,6 Mt et ses stocks de clôture à 7,66 Mt.

En Chine, la production de coton a augmenté de 7,8% en 2018 pour s’établir à près de 6,1 Mt, selon le Bureau national de la statistique (NBS). La superficie totale des champs de coton a progressé de 4,9% pour atteindre 3,35 millions d’hectares et le rendement par hectare a légèrement augmenté de 2,8%. La région du Xinjiang, la plus grande région productrice de coton du pays, a enregistré une hausse de 11,9% de sa production et a représenté 83,8% de la production totale nationale cette année, en hausse de 3% par rapport à 2017.

En Inde, la baisse de la production, conjuguée aux fluctuations monétaires, est susceptible de nuire aux exportations de coton indien. Selon les experts du secteur, les exportations de coton devraient diminuer de 20 à 23% et s’établir entre 5,1 et 5,3 Mt au cours de la campagne 2018/19 qui a débuté en octobre. En 2017/18, l’Inde a exporté 6,9 Mt de coton.

HUILE DE PALME

Après une année 2018 plus que morose avec une baisse de 15,3% des cours (lire notre article Chute des cours mondiaux des produits agricoles africains en 2018, hors cacao et blé“) , le marché de l’huile de palme a bien démarré l’année grâce à l’Inde. Si les cours ont légèrement chuté jeudi avec la prise des bénéfices à 2 151 ringgits ($519,44) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange,  ils ont atteint la veille un plus haut de 15 jours. Le premier consommateur mondial d’huiles végétales, l’Inde a annoncé lundi la réduction de la taxe sur les importations d’huile de palme brute de 44% à 40% et  celles l’huile  de palme raffinée de 54% à 50%. Une  réduction qui devrait stimuler la demande, léthargique sur une grande partie de l’année 2018, et contribuer à doper les exportations de la Malaisie et réduire ses stocks et in fine faire remonter les prix.  

En outre, les exportations d’huile de palme de Malaisie ont renversé la tendance en décembre avec une hausse de 7,9%  à 1,340 million de tonnes (Mt), selon les données de SGS, et de 4,4% selon ITS.

L’Indonésie maintiendra la taxe à l’exportation sur l’huile de palme brute à zéro en janvier, a déclaré mercredi Oke Nurwan, haut responsable au ministère du Commerce.

Les négociations commerciale entre  l’Association européenne de libre-échange (AELE) et la Malaisie pourraient être fortement être compromises  par les projets de la Norvège visant à interdire les biocarburants contenant de l’huile de palme à partir de 2020, a estimé la ministre des Industries primaires de la Malaisie, Teresa Kok, dans un communiqué.  Une recommandation du Parlement norvégien visant à interdire le biodiesel “présentant un risque élevé de déforestation” a été incluse dans un budget pour la Norvège, membre de l’AELE, approuvé à Oslo au début du mois. “La position prise par la Norvège contre l’huile de palme aura des conséquences néfastes sur les relations commerciales bilatérales entre la Malaisie et l’Association européenne de libre-échange“, a déclaré la ministre. La dernière série de négociations commerciales de la Malaisie avec l’AELE a eu lieu en mai 2017. “Nous considérons cela comme injuste et injuste, allant à l’encontre du commerce libre et équitable, et ce n’est certainement pas une chose que nous allons prendre à la légère”, a souligné Teresa Kok, ajoutant que cela constituerait un obstacle majeur à la conclusion fructueuse des négociations de partenariat.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde ont baissé par rapport au sommet de quatre mois enregistré la semaine dernière en raison d’une dépréciation de la roupie et d’une demande stagnante, tandis que les négociants thaïlandais s’attendent à une chute des prix au cours des prochaines semaines, à mesure que les approvisionnements commencent de la nouvelle récolte arrivent  avec une demande stable.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont légèrement baissé  à $376-$383 la tonne contre $378-$384 la semaine dernière. « Les prix se modèrent en raison de la faiblesse de la roupie mais la demande des pays africains reste faible », a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh. Les prix à l’exportation en Inde ont monté en flèche au cours de la deuxième moitié du mois décembre après que l’État central du Chhattisgarh, l’un des principaux producteurs de riz, ait relevé le prix d’achat minimum du paddy.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont légèrement appréciés à  $380-$400 la tonne, contre $380-$390 la semaine dernière, alors que le baht se renforçait par rapport au dollar. La demande de riz thaïlandais a stagné en 2018 ont estimé les négociants tandis que disponibilités de la nouvelle récolte feraient probablement baisser les prix au cours des prochaines semaines.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont chuté à  $370-$375 la tonne contre $385 la semaine dernière, en raison de la faiblesse de la demande. “Cette année devrait être difficile pour les exportateurs de riz vietnamiens en raison de la faiblesse de la demande, ainsi que de la décision de la Chine d’imposer des obstacles techniques aux exportations du Vietnam“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. La Chine a limité à 21 le nombre d’entreprises vietnamiennes autorisées à exporter du riz en Chine, et le Vietnam demande à la Chine d’ajouter davantage d’entreprises à la liste, a rapporté le journal vietnamien Nong Nghiep. Les données gouvernementales publiées la semaine dernière ont montré que les exportations de riz du Vietnam en 2018 ont augmenté de 4,6% à 6,09 millions de tonnes tandis que les recettes d’exportation du riz ont progressé  de 16% pour atteindre $3,05 milliards.

Au Bangladesh, les importations de riz ont ralenti pour s’établir à 106 000 tonnes en juillet-décembre en raison de l’imposition d’une taxe  de 28% en juin, ont montré les données du ministère de l’Alimentation. Le pays a importé un record de 3,9 millions de tonnes de riz au cours du dernier exercice clos au mois de juin 2018.

En Corée du Sud, le gouvernement a annoncé fin décembre qu’il avait décidé de majorer le prix d’achat du riz destiné aux réserves d’urgence afin de soutenir les agriculteurs locaux. Le ministère de l’Agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales à fixé à 67 050 wons ($59,76) le prix d’un sac de 40 kg de riz, en hausse de 27,5% par rapport à l’année dernière.

En Chine, Pékin a donné fin décembre son feu vert à l’entrée du riz américain sur le territoire chinois. “Selon les lois chinoises applicables et les conditions énoncées dans le protocole phytosanitaire convenu, les États-Unis sont autorisés à exporter du riz en Chine”, a déclaré l’agence des douanes. Des responsables d’un groupe de réflexion gouvernemental à Beijing ont déclaré que le prix du riz américain n’était pas compétitif, comparé aux importations en provenance de l’Asie du Sud, et que la décision d’autoriser formellement les importations en provenance des États-Unis devrait être interprétée comme un geste de bonne volonté de la part de Pékin.

La Chine a ouvert son marché du riz lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce en 2001, mais l’absence de protocole phytosanitaire entre la Chine et les États-Unis a effectivement interdit les importations, selon USA Rice. Néanmoins, en juillet, la Chine a formellement imposé des droits de douane supplémentaires de 25% sur le riz en provenance des États-Unis, bien que les importations ne soient pas autorisées à ce moment la.

SUCRE

Le sucre roux commence mal l’année. Il est repassé en dessous de la barre des 12 cents la livre (lb), clôturant hier soir 11,69 cents. Le blanc a touché son plus bas depuis le mois d’octobre, à $ 323,60, pour terminer hier soir à $ 324,20 la tonne contre $ 339 vendredi dernier. On l’avait laissé, le 21 décembre, à $ 337,60, et le roux à 12,39 cents.

Les principaux acteurs sur ces marchés ont été les fonds d’investissements et les spéculateurs. Or, les disponibilités sont toujours aussi abondantes et l’Inde s’apprête, ces prochains mois, à exporter une grande partie de son excédent. En outre, face à la baisse des cours du pétrole, la production d’éthanol, notamment au Brésil, devient moins attractive et on peut supposer que davantage de canne se réoriente vers la production de sucre, ce qui pèsera encore un peu plus sur ce marché.

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