La Chronique Matières premières agricoles au 3 février 2022

 La Chronique Matières premières agricoles au 3 février 2022
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Les résultats jugés décevants de Meta Plaforms, la maison mère de Facebook, et les décisions de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE) pour lutter contre l’inflation ont démoralisé les marchés financiers hier. Ainsi, “Les résultats de Meta ont un gros impact, c’est comme un véritable tremblement de terre”, observe Mikael Jacoby, responsable du trading Europe continentale chez Oddo Securities. Côté BCE, sa présidente Christine Lagarde a reconnu hier que l’inflation en zone euro était plus forte qu’anticipé et que les risques étaient orientés à la hausse. Elle s’est par ailleurs abstenue de déclarer qu’un relèvement des taux d’intérêt cette année était improbable, contrairement à ses déclarations antérieures. La Banque d’Angleterre, de son côté, a de nouveau relevé son principal taux d’intérêt, à 0,5%.

Sur le marché des changes, l’euro a terminé hier soir à $ 1,1443.

Quant au pétrole, les cours ont remonté après la décision de l’Opep et de ses alliés de s’en tenir à leurs quotas de hausse de la production. Le baril de Brent a terminé à $ 89,8 et le brut léger américain WTI à $ 88,7.

CACAO  CAFÉ  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

Le cacao a pris des couleurs cette semaine ! Partie de £ 1 696 à Londres vendredi dernier, la tonne de fèves a clôturé hier soir à £ 1 754. New York a eu le même succès, les fèves passant de $2 494 à $ 2 634 la tonne également.

Le marché s’inquiète du temps sec chez le n°1 mondial de la fève, la Côte d’Ivoire étant effectivement dans sa saison sèche qui dure du mois de novembre jusqu’en mars. Le manque de pluies conjugué aux températures élevées pourraient réduire la taille des fèves à partir du mois prochain et impacter aussi la récolte intermédiaire.

Pour l’instant, les arrivages de cacao aux ports de San Pedro et d’Abidjan ont totalisé 1,34 Mt entre le 1er octobre et le 30 janvier, selon les chiffres des exportateurs, en hausse de 1,5% par rapport aux 1,32 Mt enregistrés sur la même période la campagne dernière. Quant aux exportations de fèves, les statistiques portuaires font état d’une baisse importante, de l’ordre de 15% à 382 864 t, des expéditions sur la période d’octobre à décembre.

Sur les huit premiers mois de l’année calendaire 2021, le Nigeria a enregistré une hausse de 43,5% de ses exportations de fèves par rapport à la même période l’année précédente, à 100 779 tonnes (t), selon les statistiques de la Federal Produce Inspection Service (FPIS). A noter que ses exportations de janvier à août 2020 n’avaient totalisé que 70 202 t mais ont plus que doublé à fin décembre 2020 avec 142 092 t exportées sur l’année. Elles ont aussi augmenté de 9,2% par rapport aux 130 071 t en 2019, selon le FPIS. Selon l’analyste matières premières Robo Adhuse, certaines expéditions qui devaient être faites en 2020 se sont reportées sur 2021 en raison de la congestion portuaire à Lagos. L’association de l’industrie du cacao estime la récolte 2021/22 (octobre/septembre) du n°5 mondial à 280 000 t.

Vendredi dernier, le Groupe de travail d’experts sur les stocks (EWGS, de son sigle anglais) de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a estimé qu’au 30 septembre 2021, soit à la fin de la campagne 2020/21, les stocks mondiaux estimés de cacao ont atteint 1,764 million de tonnes (Mt) contre 1,315 Mt la campagne précédente, en hausse de 34,1% (lire nos informations : Les stocks mondiaux de cacao auraient atteint 1,7 à 1,9 Mt fin 2020/21). Une hausse due en partie par la disponibilité des statistiques asiatiques, ce qui n’était pas le cas pour les statistiques précédentes. Ceci pourrait conduire l’ICCO à réviser son estimation de 212 000 t d’excédent mondial de cacao dans sa prochaine publication fin février.Côté entreprises, les ventes nettes du géant américain des confiseries Hershey ont bondi de 10,1% pour totaliser $ 8,971 millions sur l’ensemble de l’année 2021. Son revenu net a atteint $ 1 477,5 millions. Ainsi, le revenu par action augmente de 14,3% à $ 7,19. Quant à 2022, le groupe souligne que la volatilité devrait être plus forte qu’habituellement en raison, certes, de la Covid mais aussi des coûts logistiques plus élevés et de la hausse des matières premières et du coût de la main d’œuvre (lire : Fort d’excellents résultats sur 2021, Hershey relève de 14% son dividende).

CAFÉ

Le café est robuste ! La livre (lb) d’Arabica est passée de $2,359 en fin de semaine dernière à $ 2,439 hier soir, tandis que la tonne de Robusta clôturait à $2 234 contre $ 2 193 en fin de semaine dernière. Mais la semaine n’a pas été un long fleuve tranquille, le Robusta tombant lundi à son plus faible prix en trois mois.

C’est le faible rythme d’expéditions du Brésil qui soutient les cours ainsi que la baisse rapide des stocks certifiés. En effet, les exportations du Brésil sur le mois de janvier ont chuté de 19% à 178 093 t de café vert contre 221 966 t en janvier 2020, selon le ministère du Commerce. Quant aux stocks certifiés sur l’ICE de New York, ils ne cessent de baisser à 1 149 999 sacs contre 1 218 627 sacs le 31 janvier. On s’achemine vers les plus bas enregistrés en 2020 et qui eux étaient les plus bas en 20 ans.

En revanche, l’inquiétude provoquée par le risque de hausse des taux d’intérêts aux Etats-Unis ce qui renforce le dollar renchérit toutes les matières premières dont le café puisque les transactions se font en billet vert. En outre, le négoce n’a guère envie d’emprunter pour acheter des matières premières si les taux augmentent.

Côté Asie, il n’y a pas de ventes de café cette semaine car on célèbre le Nouvel an. En revanche, des nouvelles nous viennent du Honduras (plus important producteur d’Arabica d’Amérique centrale) dont les exportations de café ont augmenté de 12,3% en janvier par rapport à janvier 2020, à 522 865 sacs de 60 kilos. Les ventes cumulées depuis le début de la campagne en cours, soit depuis début octobre, totalisent 1 003 680 sacs, en progression de 34,9%. Le pays a pour objectif d’exporter 5,8 Ms sur l’ensemble de la campagne 2021/22.

Côté Afrique, la Côte d’Ivoire n’a exporté que 28 026 t de café sur l’année calendaire 2021, en chute libre de 58% par rapport à 2020, selon les données provisoires portuaires du pays (lire : Les performances coton & caoutchouc vs. café & cacao en Côte d’Ivoire en 2021)

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont plongé hier sur l’Osaka Exchange, les investisseurs prenant leurs bénéfices après quatre jours de hausse tandis qu’une baisse des prix du pétrole et des actions de Tokyo ont également érodé l’appétit pour le risque des investisseurs. Mais les cours finissent la semaine sous revue en hausse avec une clôture hier à 241 yens ($2,1) le kilo contre 239,4 yens vendredi dernier.

Les marchés de la Chine continentale sont fermés pour une semaine de vacances du Nouvel An lunaire à partir du 31 janvier.

Au Japon, les ventes de voitures neuves ont chuté de 14,2% en janvier par rapport à janvier 2021, marquant le septième mois consécutif de baisse en raison de perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement et d’une hausse des cas de coronavirus Omicron. Une augmentation des cas de COVID-19 a contraint certains fabricants de pièces détachées à arrêter la production, provoquant des perturbations de la production et des retards de livraison chez des géants de l’automobile tels que Toyota Motor Corp. Suzuki Motor Corp a également annoncé mardi qu’elle interromprait certaines opérations dans ses usines nationales en raison de pénuries de pièces. “La demande est ferme, mais les contraintes d’approvisionnement pèseront probablement sur les ventes de voitures neuves à partir de février”, a déclaré Yoshimasa Maruyama, économiste en chef chez SMBC Nikko Securities

La Côte d’Ivoire, premier producteur africain de caoutchouc, a exporté 1 229 947 tonnes de caoutchouc naturel en 2021, en hausse de 2% par rapport à 2020, selon les données provisoires des ports.

COTON

Les cours du coton sont toujours sur des sommets. Hier, ils ont clôturé sur l’ICE à 123,33 cents la livre contre 123,76 cents vendredi dernier. Etonnamment à de tels prix, la demande est forte. Etonnamment encore,  le rapport hebdomadaire des exportations de coton américain montre des ventes soutenues alors que se profilait l’arrivée du Nouvel An Lunaire. Et la Chine tenait la corde. Le prix du coton américain est aussi compétitif face aux prix élevés en Chine et en Inde.

 

En début de semaine, les cours ont été aussi stimulés par les fixations des usines. « Il y a une quantité considérable d’achats de fixation d’usines qui sont entrés dans les contrats à terme sur coton et entraînent le mouvement à la hausse. La tendance du marché est haussière“, a déclaré Keith Brown, directeur de Keith Brown and Co en Géorgie.

La question de la poursuite de la consommation de coton peut toutefois se poser avec l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat des consommateurs et les prix du textile et vêtements, biens non indispensables,  qui vont certainement augmenter.

La Côte d’Ivoire a vu ses exportations de coton grimper de 24,4% en 2021 pour s’établir 400 238 tonnes, selon les données provisoires des ports. Ce chiffre comprend également les exportations du Burkina Faso et du Mali.

HUILE PALME

Folle semaine sur le marché de l’huile de palme. Les prix de l’huile de palme se sont certes  légèrement infléchis hier après la pause du Nouvel An lunaire pour clôturer à 5 523 ringgits ($1 314,68) la tonne et sont en retrait par rapport aux 5 633 ringgits atteint vendredi dernier.  Mais, ils demeurent à des niveaux très élevés.  En cause, la décision de l’Indonésie, premier producteur et exportateur mondial, de restreindre ses exportations (Lire notre précédente Chronique) avec toujours en toile de fonds des problèmes persistants de production en Malaisie suite à la pénurie de main d’œuvre dans les plantations.

Une flambée des cours de l’huile de palme qui bouleverse le marché des huiles végétales. L’huile la moins chère du monde ne l’est plus. Elle a progressé de 60% en une année et de 19% rien que sur le mois de janvier. L’huile de palme est la principale huile végétale représentant environ 63% des exportations mondiales contre 15% chacune pour les huiles de soja et tournesol et 7% pour celle de colza.

L’Inde, le premier importateur mondial d’huile végétale, a déjà intensifié ses achats d’huiles concurrentes telles que l’huile de soja et l’huile de tournesol. Mais les autres huiles atteignent aussi des niveaux élevés. La sécheresse qui sévit en Argentine et au Brésil soutient les prix du soja. L’huile de soja à Chicago a progressé de près de 15% sur le mois de janvier, portée également par les perspectives du diesel renouvelable aux Etats-Unis.  L’huile de colza a été frappée en 2021/22 par la récolte désastreuse de canola du Canada, la plus faible en 14 ans.  Quant à l’huile de tournesol, la production et les exportations ont été réduites en Ukraine, qui représente 50% du commerce mondial, en 2020/21. Si la récolte 2021/22 s’annonce record, des incertitudes géopolitiques pèsent sur l’Ukraine, situation qui pourrait affecter les exportations.

La Malaisie prend à bras le corps le problème du travail forcé. Le ministère malaisien des Ressources humaines a déclaré dimanche qu’il appellerait toutes les entreprises confrontées à des interdictions d’importation américaines en raison de pratiques présumées de travail forcé pour discuter d’une action immédiate pour répondre aux allégations. Les usines malaisiennes, qui comprennent les principaux fournisseurs d’huile de palme et de gants médicaux, ont fait l’objet d’une surveillance accrue en raison d’allégations d’abus de travailleurs migrants, qui constituent une part importante de la main-d’œuvre manufacturière du pays. Une déclaration qui intervient après que le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) a annoncé vendredi qu’il interdirait une septième entreprise malaisienne,  le  fabricant de gants jetables YTY Group  et que les biens du producteur malaisien d’huile de palme Sime Darby Plantation Bhd, déjà interdit, ont fait l’objet d’une saisie.

Le ministre malaisien rencontrera toutes les entreprises confrontées à des interdictions d’importer aux États-Unis, ainsi que deux fabricants de gants – WRP Asia Pacific et Top Glove Corp. – qui avaient vu leurs interdictions levées par le CBP. Saravanan a déclaré qu’il avait également ordonné une enquête immédiate sur les allégations du ministère des Ressources humaines et du Département du travail, et a mis en garde contre des mesures sévères contre les entreprises qui n’ont pas réussi à améliorer leurs pratiques.

RIZ

Le riz indien a dû faire face à des origines plus compétitives entrainant une baisse des prix.  Au Vietnam, les marchés sont fermés et en Thaïlande l’activité est faible avec les  vacances du Nouvel An lunaire.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont chuté, une deuxième baisse hebdomadaire consécutive, à $370-$376 la tonne contre de $372-$379 la semaine dernière. “Le Myanmar et le Pakistan proposent du riz à un prix compétitif. Certains acheteurs se dirigent vers ces destinations”, a déclaré Himanshu Agarwal, directeur exécutif du principal exportateur Satyam Balajee.  En outre, la disponibilité des trains de marchandises est encore limitée, ce qui a retardé les expéditions pour les accords signés le mois dernier.

En Thaïlande, les prix du Thaï à 5 % ont peu changé à $408-$417 la tonne contre $408-$415  la semaine dernière. Le marché est en sourdine depuis les vacances du Nouvel An Lunaire,  la plupart des entreprises n’avaient pas repris. Certaines commandes passées avant la nouvelle année ont été exécutées la semaine dernière et de nouveaux accords ont été conclus avec des acheteurs de pays d’Asie du Sud-Est tels que les Philippines, Singapour et la Malaisie, a déclaré un autre commerçant.

La Thaïlande compte reconquérir sa place de deuxième exportateur mondial  et exporter 7 millions de tonnes de riz cette année, soit 14,6 % de plus qu’en 2021 (Lire : La Thaïlande passerait n°2 du marché du riz devant le Vietnam en 2022 ?).

Au Vietnam, les marchés sont fermés pour les vacances du Nouvel An lunaire cette semaine.

SUCRE

Le sucre roux a terminé la période sous revue en flirtant avec les 18 cents la livre (lb) à la clôture hier soir à New York, parti de 17,86 cents vendredi dernier. En revanche, le sucre blanc coté à Londres a baissé à $ 492,50 la tonne contre $ 495,20 en fin de semaine dernière.

Globalement, le marché est lourd avec de bonnes récoltes ailleurs qu’au Brésil. Ainsi, l’Indian Sugar Mills Association a annoncé hier que les raffineries nationales avaient produit 18,7 Mt sur les quatre premiers mois de la campagne commerciale 2021/22, en hausse de 5,6% par rapport à la même période l’année dernière.

En outre, le marché mondial est hésitant car les producteurs brésiliens réfléchissent à l’action à mener lors de l’ouverture en avril de la prochaine campagne et face à la flambée des prix des carburants fossiles mais aussi de l’éthanol : actuellement, au Brésil, l’éthanol est à des prix records. Donc il n’y a pas urgence à se positionner sur le marché pour les pays producteurs. Ceci se traduit par des opérations de couverture –« hedging »- des pays producteurs en nette baisse par rapport à l’année dernière à la même époque. Les raffineries brésiliennes -qui constituent l’essentiel de l’activité des ventes courtes sur le marché de New York- n’ont hedgé que 52% de la production estimée sur 2022/23 (avril/mars) contre 70% à pareille époque l’année dernière, selon les projections d’Archer Consulting qui conseillent de nombreux producteurs sur leur stratégie de couverture. On estime qu’un déplacement d’un pourcent de la production de sucre vers l’éthanol représente environ 700 000 t de sucre en moins dans le centre-sud du Brésil. Selon Unica, les raffineries ont utilisé 45% de la canne à fabriquer du sure, le reste allant à l’éthanol. En outre, les ventes d’éthanol au Brésil ont baissé de 30% sur la première quinzaine de janvier, selon les chiffres du groupe industriel, ce qui conduit les raffineries à davantage produire du sucre à parti des cannes disponibles.

A noter, selon un expert interrogé par Reuters, une raffinerie fait quasiment la même marge bénéficiaire en produisant du sucre et de l’éthanol. Toutefois, le marché de l’éthanol est plus liquide avec un paiement immédiat tandis que les paiements des exportations de sucre prennent plus longtemps.

Ceci dit, des négociants interrogés par Reuters estiment que le sucre roux ne descendra pas en-dessous des 17,50 cents à court terme car on ne sait pas encore dans quelle mesure la récolte brésilienne s‘est redressée après les très mauvaises conditions météorologiques l’année dernière.

En outre, les pays producteurs vendent peu en ce moment et les spéculateurs sont frileux à l’achat puisque le sucre n’était pas parvenu à se hisser au-dessus des 18 cents.

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